>> not today, imagine dragons.

Je suis en train de rédiger les résultats de mon expérience, quand une boulette de papier filtre, m'arrive en pleine figure. Je pose mon stylo, et cherche du regard, le responsable.
Je ne suis pas surprise de voir Will, mort de rire, à l'autre bout de la classe. En voyant mon air mécontent, il se ressaisit, et m'explique avec des gestes, que je dois ouvrir la boule de papier. Je m'exécute. Sur le centre de la feuille, est écrit :" Tu fais quelque chose ce soir ? " Je souris. Je relève le bout de mon nez, et fais non de la tête à son attention. Il hoche la tête, ravie de ma réponse, un sourire à fossettes sur les lèvres. Je hausse les sourcils, et articule :" Raconte". Il sourit de plus belle, et refuse de me dire ce qu il mijote. Je fais la moue. Il pouffe de rire et retourne à son expérience.

En le regardant, manipuler les éprouvettes et autres instruments, en blouse blanche, je repense à la semaine dernière.
Une semaine vient de s'écouler depuis ma rentrée au lycée St-Peter, et tant de choses se sont passées...

En effet, depuis le weekend dernier, Will et moi sommes devenus plus proches, presque des amis.
Parfois, il marche juste à mes côtés dans les couloirs, sans dire un mot, et ça me va.

J'essaye tout de même de m'habituer à la situation, car avoir quelqu'un qui m'attend tous les jours devant mon casier, est des plus inhabituelles pour moi.

Samedi soir, je me suis réveillée tard sur le canapé de Will, ne voulant pas me sortir du sommeil, il m'avait laissé dormir. Sur le coup, j'ai été touchée par son geste, mais lorsque j'ai vu l'heure, soit minuit passé, j'ai sérieusement commencé à paniquer, des dizaines de messages sur mon écran de la part de mes parents.
Il m'a donc raccompagnée en vitesse chez moi, et m'a même escortée jusqu'au perron. Mes parents semblaient surpris de me voir à ses côtés, mais surtout furax. Il faut dire que je suis rentrée à une heure, sans un mot d'excuse...

Mais ce que j'ai eu du mal à interpréter, c'est le regard de ma mère sur Will. À son expression, j'ai tout de suite vu qu'elle l'avait reconnu, étant la seule à avoir fait sa connaissance à l'hôpital, je m'attendais à ce qu'elle lui dise Bonjour, et le présente à mon père. Mais non. Elle est restée froide, de marbre, avec de la méfiance dans le regard. Elle ne lui a même pas dit un mot. J'ai été choquée, elle qui est si chaleureuse d'habitude.
Et puis, après avoir souhaité une bonne nuit à Will, je suis montée me coucher, les remontrances de mes parents en bruit de fond. Je me suis alors endormie rapidement, laissant mes interrogations derrière moi. Mettant l'attitude de ma mère sur le compte de l'inquiètude et du manque de sommeil.

Aujourd'hui,  Will se trouve à quelques tables de labo devant moi, aux côtés de Tomy, avec qui il semble très bien s'entendre, contrairement avec Jason. D'ailleurs, j'ai pu remarquer ces derniers jours, les regards glaciales qu'ils s'échangeaient en silence.
J'aimerais savoir quel est leur problème à la fin.

Lorsque la sonnerie retentit, je m'empresse de nettoyer la verrerie de ma paillasse, et de rendre mon compte rendu au professeur.
Quand je sors enfin de la salle, je sens quelqu'un me tirer sur le côté. Je pousse un juron, et me retrouve nez à nez devant le groupe que je connais bien maintenant. Sarah, Tomy, Thaïs, Luke et Will. En revanche comme ce dernier est là, Jason est aux abonnés absents. Sarah s'approche de moi, passe son coude sous le mien, en riant joyeusement. Ses boucles brunes volent sur ses épaules. Elle approche son visage de mon oreille et me chuchote:

- On t' embarque.

Je la regarde, les yeux écarquillés, perdue. Et son sourire s'élargit.

- Allez les mecs, on y va ! S'écrit Thaïs en frappant ses mains au dessus de sa tête, en commençant à marcher vers la sortie.

Je suis alors contrainte de les suivre, je jette un coup d'œil à Will. Celui-ci explose de rire en voyant ma mine déconfite. Il se glisse à mes côtés, et me murmure :

- Détend toi, on va s'éclater !

Cette phrase n'a pas du tout l'effet escompté, bien au contraire. Le rire de Will se fait plus fort. Je fronce les sourcils, il se reprend et me fait un clin d'œil discret.

Nous passons chacun à nos casiers respectifs, et j'envisage une seconde de fuir. Mais c'est peine perdue, étant donné que le casier de Thaïs se situe à deux pas du mien. Mais où ils m'emmènent ? Comptent-ils me faire subir une sorte de bizutage ?
Je chasse ma paranoïa d'un mouvement de tête, et passe la main dans mes longs cheveux. Il faut que je fasse confiance, que je lui fasse confiance.

Nous partons je ne sais où, et pour cela, nous utilisons deux voitures différentes, celle de Luke, et celle de Will. Sarah et Thaïs montent dans celle de Luke, et je me retrouve avec Tomy et bien sûr, Will.
Durant le trajet, je ne cesse de m'interroger et de les harceler sur notre destination. Aucun ne veut répondre. Super. Assise sur la banquette arrière, je cherche en vain une indication derrière la vitre.
Je souffle bruyamment, ce qui me vaut des gloussements de la part de l'avant du véhicule, et reconnais ma défaite. Je porte alors mon attention sur les deux garçons, qui sont en train de se payer ma tête. Mais leur rire est tellement agréable à entendre.
Mon regard est alors attiré par celui de Will  qui est réfléchi dans le rétroviseur. Il est concentré, rivé sur la route.
Je l'observe pendant un certain temps, quand, mon corps émet un sursaut presque imperceptible, sauf pour lui, lorsque  ses yeux gris me transpercent. Je m'enfonce un peu plus dans mon siège, et détourne mon regard vers l'extérieur, les joues en feu. Je me mords la lèvre inférieure, gênée d'avoir été prise en flagrant délit. Je regarde à nouveau le rétroviseur intérieur, les yeux de Will ne me quittent pas, il jette plusieurs coup d'œil vers moi quand il en a l'occasion. Moi non plus, je ne lâche pas. Notre échange silencieux dure encore quelques minutes, quand Tomy nous interrompt en toussant exagérément. Will reporte alors son attention sur la route, le sourire aux lèvres, et je rougis encore plus. Tomy se tourne vers moi, et me fait un clin d'œil. Oh non, c'est trop gênant. Qu'est ce qu'il vient de se passer là ? Tomy doit s'imaginer je ne sais quoi, mais vu son sourire, je crois bien savoir ce qu'il a derrière la tête. À cette pensée, mon cœur manque un battement.
Pour dissiper le malaise, je brise le silence :

- Vous pouvez allumer la radio ? Ma voix semble si forte dans la voiture, après tant de temps passé dans un silence olympien.

Tomy se tourne à nouveau vers moi.

- Quelle station ?

- Peu importe, je lâche, en essayant d'esquiver son regard malicieux.

Will presse le bouton, et une chanson punk-rock retentit dans le véhicule.

Après quelques minutes supplémentaires, nous nous garrons sur un parking. Je sors de la voiture, et, escortée par les garçons, je marche vers quelque chose qui me laisse bouche bée. L'entrée d'une fête foraine géante.
Je me retourne vers Will et Tomy.

- Naaaaan ??? On va vraiment LA ?

Will rit en remuant les mèches sur son front, le regard rivé sur moi.

-  À ton avis ? T'es vraiment bizarre, allez viens Sherlock.

Je lui jette un regard mauvais. Un sourire à fossettes apparaît alors sur son visage. Tomy observe notre échange, hilare. J'aime bien Tomy, il est gentil avec moi et ne me laisse jamais à l'écart dans le groupe, j'ai pu le remarquer tout au long de la semaine.
Je ne m'attendais pas à être appréciée par cette bande. Je suis agréablement surprise et... Bien. Ce bien être vient aussi du brun qui se tient à quelques pas de moi, j'ignore comment mais je le laisse entrer dans ma vie, bien qu'au fond de moi, je sais qu'un jour il faudra que je stoppe toute cette histoire. Avant qu'il n'aille trop loin. Que je m'attache. Je ne veux plus avoir mal à cause des autres, alors je les accepte mais... Pas plus.
C'est ainsi que je profite de la soirée qui m'est offerte, et tente de me faire des souvenirs. Will pose une main dans mon dos, et me sors donc de mes pensées. Je le regarde. Un sourire en coin se dessine sur sa bouche, il penche le visage vers mon oreille et me glisse d'une voix réconfortante :

- Ça va aller.

Puis il s'éloigne pour rejoindre le reste du groupe qui attend à l'entrée. Je distingue la chevelure blonde de Thaïs, et entends le rire de Sarah quand Tomy la surprend. Je les observe, à quelques mètres d'eux, n'esquissant pas le moindre geste. Oui, ça va aller. Je me répète cette phrase en boucle dans ma tête, et finis par avancer.

- Ah Nia, tu es là ! S'exclame Luke, quand je les rejoins enfin.

J'acquiesce en souriant.

- Allez, c'est parti ! S'enthousiaste Sarah.

Nous pénétrons sur le terrain de jeu géant.

***

Nous montons sur une plateforme censée nous amener aux sièges. La panique commence à s'emparer de mon être. Mon visage doit la refléter car Luke me donne un coup de coude et m'adresse un sourire rassurant.
Nous nous installons.
Lorsque nous commençons à rouler sur les rails, mon cœur s'emballe. Puis, nous décollons et sommes par la suite, propulsés vers le sol. Je ne respire plus. Et hurle.
En voyant que les autres ont la même réaction que la mienne, je ris aux éclats. Je profite du vent me fouettant le visage. Je n'ai jamais autant respiré de ma vie. Mes poumons se remplissent comme si je venais de pousser mon premier cri. Ce qui est le cas.
Je respire à nouveau, l'adrénaline circulant dans mon sang. Je ferme les yeux pour davantage apprécier les sensations, et les rouvre. Une paire d'yeux gris me sourit, puis rit avec moi.

***

Cela fait plus de deux heures que nous sommes ici, à enchaîner les manèges et attractions en tout genre.
Quand Tomy a proposé d'aller chercher à manger, je me suis à mon tour éclipsée. Mes pieds m'ont trainée ici. Sur la plage voisine de la fête foraine. Le soleil est en train de se coucher, et ses magnifiques couleurs pastels et vives se déposent sur l'eau.
Le vent frais de cette soirée de novembre me chatouille la peau, et face à l'océan qui s'étend à perte de vue devant moi, je retiens mon souffle.
Les larmes me piquent les yeux. Sentir le sable sous la peau de mes pieds nus, est trop à supporter. L'océan a bien failli m'engloutir il y a quelques mois, et le son de ses vagues me paralyse. Je sers plus fort mes bras autour de mon buste, assise sur le sable, les genoux repliés contre la poitrine. J'observe ce qui aurait pu être ma faucheuse. Et puis des dizaines de souvenirs joyeux viennent percuter mon esprit, et j'éclate en sanglots. Je me revois enfant, puis, plus âgée, en train de courir sur des plages similaires à celle-ci. À mes côtés, la personne qui comptait le plus dans ma vie, celle qui partageait une part de mon sang, mes fou- rires, mes chagrins, tout. Cette personne a fini par me détruire avec elle. À petit feu.

***

- Ah tu es là ! Je te cherchais partout... Nia ?

J'entends la voix, mais suis incapable de lui associer un nom, mon esprit est trop usé. Je relève cependant la tête de mes genoux, et tente de reconnaître le visage qui me fait face. J'ai tellement froid, que je tremble comme une feuille... Et pour la seconde fois depuis que l'on se connait, il me réchauffe. Il me donne sa veste à capuche, me l'ajuste. Je vois dans ses yeux gris que je connais bien à présent, une incompréhension totale. Puis un sourire, triste, lui barre les lèvres.

- Il y a une amélioration, chuchote-il.

Je plisse les yeux. Il prend conscience de mes questions silencieuses qui se bousculent dans ma tête, et répond doucement :

- Tu acceptes mon aide, maintenant.

Je détaille chacun de ses traits à travers la nuit, et répète tout bas, après un certain temps :

- Maintenant...

Il me regarde, en fronçant les sourcils, l'air grave.

- Qu'est ce qu' il se passe Nia ?

Ma tête retombe lourdement entre mes bras. Je sens immédiatement les mains de Will me redresser, puis encadrer mon visage. Les yeux mi-clos, je perçois son inquiétude.

- Nia ! Oh! Reste avec moi !

Ma voix est encore plus faible, lorsque je prononce difficilement :

- J'ai failli mourir, Will, tu t'attends à quoi, à ce que je m'amuse comme une gamine dans les montagnes russes ?

- Nia, qu' est ce que tu racontes ? Arrête tu me fais peur là !

Il semble de plus en plus inquiet. Son regard cherche une lueur de lucidité dans le mien, et c'est tout ce que je vois, lorsque je m'évanouis, engourdie par le froid.

***

La chaleur se répand dans mon corps, atteint chaque parcelle de mon être. Je sens son souffle me caresser la peau, cette chaleur me réveille.
Tout en gardant les yeux fermés, je prends conscience de mon environnement. Du chauffage qui siffle l'air, aux bruits lointains du parc d'attraction, au vent qui agite la voiture, aux battements de coeur que je ressens sous mon oreille, à sa main qui dégage mes cheveux de ma joue, et leurs voix :

- Tu lui diras un jour ?

- Non, c'est déjà bien assez dur pour elle...

J'entends une portière s'ouvrir, puis se refermer, ainsi que des pas s'éloigner.

- Je suis tellement désolé Nia, que tu es à subir tout ça...

Hey mes lecteurs ! Comment allez vous ? J'espère que la semaine s'est bien passée pour vous !
Qu'avez vous pensez du chapitre ?
J'attends vos commentaires ! Je vous retrouve la semaine prochaine pour un nouveau chapitre ! Xx