chapitre 5

Kai


Je prends Shirley par la main et l'emmène sur la piste de danse. Pendant tout ce temps où la musique entraîne nos corps et où l'atmosphère devient plus chaude, sa meilleure amie, alias miss Frida Kahlo, reste en retrait près de la fenêtre, à jouer avec l'opercule d'une canette de bière qu'un mec lui a offert un peu plus tôt dans la soirée.

    Je ne sais pas pourquoi, je sens comme un énorme mal-être brûler en elle. Elle n'est pas heureuse. Pas heureuse du tout. À qui la faute ? Je l'ignore. Et à vrai dire, là tout de suite, c'est le cadet de mes soucis.

    Je resserre mon étreinte sur Shirley de sorte que ses hanches se collent contre mes jambes. Je la fais onduler au rythme de la musique. Elle est juchée sur de hauts talons, mais je reste bien plus grand qu'elle. En ce qui concerne sa copine, la différence est plus flagrante car je la dépasse très facilement d'une tête et demie. En même temps, il n'y a pas de mal à trouver plus petit que moi, étant donné mon mètre quatre-vingt-dix. Je ne m'en plains pas. J'aime l'effet que cela procure d'être à un niveau plus haut que les autres.

    Shirley boit tout ce qu'elle trouve. Trois fois de suite, elle arrête quelqu'un pour lui piquer son verre, bien qu'elle ne sache ce qu'il y a à l'intérieur. Je la laisse faire en pensant qu'elle aime beaucoup trop l'alcool. Cependant je ne dis rien : nous deux, on n'en est pas encore au stade des remarques péremptoires de ce genre.

—     Ouaahhh, j'ai chaud ! s'exclame Shirley à un moment. Tu trouves pas que la pièce tourne, toi ?

—     C'est ton cerveau qui tourne, plutôt.

    Je lui conseille d'aller s'asseoir et nous prenons place sur un canapé en L, dans le salon de la maison. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, un petit groupe se forme autour de nous et quelqu'un propose un Action/Vérité. Ces conneries sont de notre âge, et Dieu sait combien j'ai fait de ces parties par le passé. Mais ce soir, je n'ai pas la tête à ça. Je ne suis pas assez saoul pour me laisser aller complètement.

    Shirley insiste à maintes reprises pour que je participe. Je m'apprête à lâcher un non définitif, quand je vois sa copine la timide rejoindre le panel.

—     Je joue, dit-elle d'une voix qui se veut ferme.

    Eh bien, eh bien ! Pour une surprise, c'en est une. Jamais je n'aurais pensé qu'elle aimerait se mêler aux divertissements du peuple.

—     Trop bien !!! piaille Shirley juste à côté de ma pauvre oreille. Ma petite Elisa veut jouer ! Attention, que personne n'abuse de sa gentillesse. Elle sait très bien montrer les crocs quand elle en a envie. Pas vrai ma poule ?

    Le teint de Frida devient rouge écrevisse, elle se ratatine littéralement dans le canapé. Comme ça, je la trouve très mignonne. Se rendant soudain compte que ce n'est pas comme ça qu'elle doit procéder, elle redresse la tête et arbore une expression de défi. Je glousse discrètement. Cette fille est aussi coincée qu'un balai à chiotte, malgré cela force est d'avouer qu'elle a du tempérament à revendre !

—     Bon, je crois qu'il y a suffisamment de personnes pour la partie. Allez, on commence ! déclare une nana parmi l'assistance – cheveux noirs, yeux soulignés d'un crayon bleu, bouche recouverte de gloss et fringues aussi petits qu'une taille pour enfant. Tout ce que je n'aime pas chez une fille, en définitive.

    Elle fait tourner la bouteille. Celle-ci fait au moins cinq tours sur la table avant de s'arrêter sur...

—     Chloe ! Action ou vérité ?

   La prétendue Chloe fait mine de réfléchir (si, bien sûr, son cerveau est en mesure de le lui permettre) et pose un doigt sur son menton pour accentuer sa réflexion. Ainsi, on dirait la dernière des idiotes.

—     Action ! finit-elle par se décider.

—     Fais le tour de la maison trois fois de suite en sous- vêtements, décide un mec.

   Je lève les yeux au ciel. Prévisible. Il y a toujours un pervers pour se rincer l'œil d'une manière ou d'une autre à une party.

   Il n'a pas besoin de le lui demander une deuxième fois : Pamela Anderson s'empresse de faire son action comme si elle attendait ce moment depuis le début de la soirée. Nous la suivons à l'extérieur pour assister à ce spectacle. Le gros pervers s'extasie devant son cul dénudé et ses miaulements suggestifs. Les filles et le deuxième gars de la partie se marrent et la prennent en vidéo sur Snapchat. Frida et moi sommes les seuls à rester de marbre. Mouais, je peux vous assurer que j'ai vu mieux en termes de striptease.

    Chloe se rhabille et nous retournons à l'intérieur. La bouteille refait plusieurs tours sur elle-même. Cette fois-ci, elle atterrit droit sur moi. C'était à prévoir. Sur dix personnes, il y avait dix pour cent de chances qu'elle me désigne au moins une fois. Question de logique et de mathématiques.

—     Action, dis-je également.

    Le type à côté de moi se marre avant-même d'avoir dit son gage :

—     Embrasse une autre que ta meuf.

    Je lui coule un œil oblique. Sérieux, mec ? Entre lui et le pervers, je ne sais même pas qui j'ai le plus envie de frapper.

    Pendant que Shirley attend que j'agisse (on n'a pas non plus passé le cap de la jalousie), Elisa me regarde intensément, ce qui m'interloque.

    À quoi est-elle en train de penser ?





Elisabeth


    J'aimerais certifier que le gage de Kai m'importe peu. Qu'il peut faire tout ce qui lui plaît – embrasser une fille, se frotter à elle, faire du tam-tam sur son derrière si cela lui chante – sans que cela m'atteigne.

    Mais ce serait mentir.

    En réalité, si Kai embrasse l'une de nous, non seulement je serai en colère vis-à-vis de ma meilleure amie, mais en prime je devrai le voir faire le pitre et attirer l'assistance – ce qui, entre nous, serait très exaspérant à regarder.

    Mes yeux dévient vers le principal intéressé. Je m'aperçois alors que je le dévisage. Kai surprend mon regard et je détourne aussitôt les yeux.

—     Alors. Qui comptes-tu embrasser ? dit Grace-la-Garce en battant des cils.

    Elle doit s'attendre à ce qu'il la choisisse elle. Pas étonnant, c'est la plus belle du panel – en dehors de Shirley, bien évidemment. Moi, si j'étais à sa place, j'embrasserais la fille assise sur le fauteuil : posée, mignonne, discrète comme il faut et très polie. D'ailleurs, comment se fait-il que je ne la connaisse pas ? Je suis sûre qu'on pourrait bien s'entendre, elle et...

—     Elisabeth.

    Tout le monde se retourne vers moi. J'en ai un hoquet de surprise. C'est quoi ce délire ? Pourquoi... pourquoi m'a-t-il choisi ? Il cherche la guerre ou quoi ?

—     Elisabeth ? répète Shirley, plus par surprise que par possessivité.

—     Tu veux parler de la plouc au vélo ? ricane Grace.

—     Elle ne sait même pas embrasser ! renchérit Chloe d'un geste las.

—     Qu'est-ce que t'en sais, qu'elle ne sait pas embrasser ? attaque Shirley tout de go.

—     Oh, tu sais aussi bien que nous que ta copine est une petite coincée. Je mettrais ma main à couper qu'elle est vierge de partout.

    Silence dans l'assemblée.

    Puis soudain, fou rire général, auquel Shirley et Kai décident de ne pas participer. Je ne sais plus où me mettre. Oh. Mon. Dieu. Est-ce qu'on vient vraiment d'étaler un fait de ma vie privée devant tout un panel de personnes ? J'ignore si je dois pleurer ou rire de nervosité. Et puis, pourquoi les choses doivent-elles toujours tourner autour du sexe ? Ne pourraient-ils pas débattre sur d'autres sujets, comme la musique ou les chats, ou bien même les chats qui font de la musique ? Je suis certaine que cette perspective est possible.

    Je lance un regard vers les deux tourtereaux. Ils m'observent sans l'ombre d'un sourire. Je sais que Shirley ne rit pas car elle ne veut pas se moquer de moi. Mais Kai, ce maudit Kai qui n'en loupe jamais une pour me provoquer, j'ignore pour quelle raison il préfère ne pas en rajouter une couche. Au fond de lui, je suis certaine qu'il s'en donne à cœur joie.

    Je déteste cette soirée – je ne dis pas que j'ai aimé les rares autres où j'ai fait un saut mais, celle-ci, elle est dix fois pire ! Je déteste cette soirée, je déteste ce jeu bidon qui force la main et pousse à l'humiliation et les moqueries, et je déteste au plus haut point Grace-la-Garce et Chloe-la-Tarée, qui me fixent toutes les deux de leurs yeux de vipères.

    Kai les ignore tous, et vient se poster devant moi.

—     Lève-toi, dit-il.

—     Quoi ?

—     Je dois faire mon action. Tu veux le faire, oui ou non ?

    Il me donne l'opportunité de tous les faire taire. C'est une idée très alléchante, surtout si Grace et Chloe en crevaient de jalousie. Néanmoins, je ne peux pas m'y résoudre. Shirley est présente. Shirley est sa copine. Nous avons fauté une fois ; recommencer serait du suicide.

—     Non, dis-je alors.

    Derrière Kai, j'entends Grace exploser de rire. Aux premières loges, elle doit adorer assister à ce petit spectacle. Et elle n'est pas la seule ; même la fille mignonne-discrète-et-polie se fend d'un sourire cynique depuis son fauteuil. Traîtresse.

—     Non ? hasarde Kai.

—     Non. Désolée. Je ne peux pas.

—     Très bien.

    Il se plante devant Chloe et l'embrasse sans retenue. Avec la langue. Choquée, je me tourne vers Shirley pour voir comment elle le prend. À mon plus grand désarroi, elle secoue la tête et rit avec les autres.

    Alors là, je suis bouche bée. Ne devrait-elle pas piquer une crise ou, je ne sais pas, sauter sur Chloe et lui crêper le chignon ? Un jour ma mère m'a dit que le plus gros danger pour un homme était une femme jalouse. Je crois que Shirley est la preuve formelle que ma mère disait des bêtises.

    Le jeu reprend. La bouteille tombe sur Shirley (son gage étant de finir cul sec un verre de whisky), puis sur la fille mignonne-discrète-polie (qui tout compte fait, n'est pas si mignonne-discrète-polie...). Enfin, la partie s'arrête et de nouveaux joueurs prennent place sur le canapé. Je prends soin de m'éloigner de ceux avec qui j'ai joué et pars me poser en bas de l'escalier. Je suis surprise de constater que Shirley et Kai me suivent.

—     Je l'admets, cette partie de Action/Vérité est de loin la plus nulle que j'ai faite, déclare ma meilleure amie.

—     Je ne te le fais pas dire, concède Kai.

—     En plus, c'était genre trop bizarre quand...

    Soudain, sa phrase est noyée dans un haut le cœur plutôt écœurant.

—     Je... je crois que je vais vomir, souffle-t-elle alors.

    Kai et moi échangeons un regard entendu. OK, ça urge.

    Nous montons les escaliers sans perdre de temps et l'escortons jusqu'aux toilettes afin qu'elle rende tripes et boyaux. Avec tout ce qu'elle a bu, ce n'était qu'une question de minutes avant que son estomac se révolte. Bon sang, à quoi bon boire si on ne connaît pas ses limites ?

    Shirley se pose par-dessus la cuvette des toilettes après avoir retiré ses talons et commence sa petite affaire. Je fais mine de lui retenir les cheveux comme je l'ai fait tant de fois après l'une de ses nombreuses soirées trop arrosées, mais cette fois-ci elle me congédie d'un geste de la main. Ses yeux parlent à sa place : elle est assez grande pour faire ça toute seule. Bien. Comme elle voudra.

    Je ressors des toilettes et lorsque Kai referme la porte derrière moi, je réalise que nous ne sommes plus que tous les deux. Plus de Shirley dans les parages, ni aucune autre personne dans le périmètre. Je me recroqueville dans ma bulle. Ne pas croiser son regard. Ne pas lui parler. Ne pas...

—     Ça va ? s'enquiert Kai.

—     Moi ? Oui, ça va.

    Bon bah, je n'aurai pas tenu longtemps.

    Il me jauge en silence comme s'il essayait de détecter la moindre de mes expressions.

—     Tu m'as l'air ailleurs, s'avise-t-il après un instant de réflexion.

    Je fixe les lacets de mes baskets. Ailleurs. Oui, sûrement. Mais pas que. Je suis déstabilisée, nerveuse, et aussi un peu paniquée, simplement parce que nous sommes l'un en face de l'autre.

    Décidément, je ne saurai jamais trouver la paix en présence de ce fichu Kai.

    De toute façon, pourquoi se préoccupe-t-il de moi ? Qu'est-ce que ça peut lui faire si je vais bien ou non ? Hormis pendant l'Action/Vérité, il a fait comme si j'étais transparente durant toute la soirée. Je n'ai même pas eu le droit à un bonjour de courtoisie. C'est peut-être présomptueux de penser ça mais, se pourrait-il qu'il m'en veuille... ? Je dois admettre que j'ai été vraiment odieuse avec lui au restaurant. Je n'étais pas dans mon assiette et j'ai lâché toute ma mauvaise humeur sur lui, alors qu'il ne le méritait pas, ou qu'à moitié. Maman m'a fait la remarque plus d'une fois après cela : Jamais je ne t'aurais cru capable de te conduire de façon aussi insolente avec un inconnu ! ; Ce n'est pas comme ça que j'ai élevé ma fille ; Elisabeth, tu devrais avoir honte de t'être montrée aussi brutale avec un aussi joli garçon ! Bref. Je la soupçonne de m'en vouloir encore – et la connaissant, elle m'en voudra tant que je ne me serai pas excusée auprès de l'intéressé.

    Argh. Je n'arrive pas à croire ce que je m'apprête à faire.

—     J'ai... j'ai quelque chose à te dire, Kai, commencé-je en éclaircissant ma voix.

    Kai hausse un sourcil et arbore un air circonspect.

—     Oui ?

—     Eh bien... en fait... le truc c'est que...

—     Tu peux en venir au fait, s'il te plaît ?

—     Deux secondes. (Je prends sur moi et souffle un bon coup.) Je voulais te présenter mes excuses pour la manière dont je me suis comportée au restaurant. Je n'aurais pas dû te parler ainsi. C'était puéril de ma part.

    Bien que ce soit difficile d'assumer mes torts, je pense sincèrement chacun de mes mots. En principe, je ne suis pas quelqu'un de foncièrement méchant. C'est pourquoi quand cela arrive, il est normal que j'en prenne conscience et que je m'en excuse.

    Kai s'appuie au chambranle de la porte. Il me fixe avec une lueur qui m'est difficile à déchiffrer.

—     Donc, si j'ai bien compris, reprend-il un peu théâtral, c'est à moi qu'il revient de juger si tu es pardonnée ou non. Quel privilège !

    Il n'y a pas à dire : Kai excelle dans l'art de chercher des noises.

—     Je n'apprécie pas trop ton côté provocateur, avoué-je.

—     Raison de plus pour en jouer, dit-il.

    Je lève les yeux au ciel. Ce qu'il peut être fatiguant !

—     Tu ne peux pas être plus sérieux ?

—     Et toi, tu ne peux pas relâcher juste deux secondes la pression ? Tu es constamment sur les nerfs.

—     La faute à qui, Sherlock ?

    Face au silence qui suit, je force mon esprit à faire le vide. Que ça me plaise ou non, il va falloir que je m'habitue à son comportement, pour le bien de Shirley.

—     Allons, pas besoin de faire cette tête de cent pieds de long, remarque Kai. C'est bon, laisse tomber. J'ai déjà tout oublié.

—     Dois-je comprendre que mes excuses sont accordées ?

—     Ça m'en a tout l'air.

    Bien malgré moi, je ne peux m'empêcher de ressentir du soulagement en sachant que Kai me pardonne ; le contraire aurait été très frustrant.

—     Je vois que Frida est ravie de ma clémence.

—     Arrête de m'appeler comme ça.

—     Comment ?

—     Frida.

—     Je t'ai appelé comme ça ? Hum, j'en n'ai pas le souvenir.

    Et voilà qu'il se remet à me titiller. Qu'est-ce qu'une fille est censée faire quand un garçon l'embête, déjà ? Ah, oui : le frapper dans les parties intimes !

    Sans m'en rendre compte, mes yeux se rivent tous seuls vers l'endroit en question. Kai capte aussitôt mon regard. Au lieu d'être surpris, il esquisse un sourire lourd de sens. Horrifiée, je balance la première chose qui me vient à l'esprit pour faire diversion :

—     Mon frère est un homme bien. Il est... différent, mais ça reste une personne en or. Il ne faut pas avoir peur de lui.

    Un pli vient barrer le front de mon interlocuteur. Je me dis alors que parmi tous les sujets que j'avais en stock, je n'aurais certainement pas dû aborder celui-là. Ça ne le regarde pas, après tout. Plutôt que de faire la sourde oreille, Kai choisit de réagir. En trois enjambées, il est déjà devant moi, si près que je sens son souffle courir le long de mes joues. Mon cœur galope à travers ma poitrine.

—     Tu n'as pas besoin de te justifier, Frida. Si c'est ce qui te tracasse, je ne dirai rien à personne, tu n'as aucune raison de t'en faire.

    Sur ces mots, la honte me submerge. Pourquoi est-ce que je réagis ainsi quand il est question de mon frère ? Pourquoi suis-je toujours sur la défensive et ai-je ce besoin pressant de m'expliquer sur ce point ? J'ai l'impression d'être ma mère.

—     Eh, fait Kai, arrête de penser, OK ? Je ne te juge pas.

    Alors que sa main se lève pour venir caresser ma joue, la porte des toilettes s'ouvre. Une Shirley mi-bourrée mi-comateuse au teint verdâtre en ressort, les paupières plissées et la lèvre inférieure retombant sur le côté droit – un petit tic qui la prend quand elle est dans cet état. Kai pose brusquement son bras contre le mur, faisant mine de s'y accouder. En ce qui me concerne, je m'écarte de lui afin de laisser le plus d'espace possible entre nous. Je ne m'étais même pas rendu compte que nous nous étions rapprochés.

—     Je veux dormir, se lamente Shirley en passant devant nous.

    Elle a une démarche chaloupée, comme si elle marchait sur un bateau qui faisait des siennes et tanguait, tanguait, tanguait.

—     Maintenant ? Tu ne veux pas qu'on rentre à la maison, plutôt ? proposé-je tout en la suivant dans ce long corridor et en prenant congé de Kai.

—     Non. Beaucoup trop K.-O.

    Elle pénètre dans une chambre libre et s'affale de tout son long dans le lit. Deux minutes plus tard, elle ronfle déjà comme une forge.

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