L'odeur de la cire d'abeille

Adrien était littéralement assommé. Gabriel était encore penché vers lui, son visage à quelques centimètres du sien, et cette odeur écoeurante de cire d'abeille lui emplissait les narines au point de lui donner la nausée. Adrien réprima un haut le coeur. Gabriel Agreste se redressa et observa une dernière fois son fils. Adrien n'osait plus croiser son regard. Son père lui tourna le dos lentement et retourna s'asseoir derrière son bureau dans le calme absolu. Et sans lancer un regard de plus à son fils, sans même remarquer son trouble, il conclu leur entrevue.

- Retourne dans ta chambre.

Adrien n'ajouta mot et s'exécuta. Tel un zombie, il grimpa les marches du hall d'entrée, lentement, une à une, jusqu'à sa chambre. Les pensées qui se bousculaient dans sa tête accaparaient totalement son cerveau, de telle sorte que le reste de son corps fonctionnait au ralenti. En poussant la porte de sa chambre, il vit Nathalie ranger des vêtements dans une valise posée sur son lit faisant mine de ne pas l'avoir remarqué. Adrien se dirigea vers la salle de bain, et s'y enferma. Le dos collé à la porte, il se laissa glisser le long de la porte et se prenant la tête dans les mains.

Son père. L'odeur de cire d'abeille. Le Papillon. Marinette. Chloé bourgeois. Queen Bee.

Ces mots tournaient en boucles dans sa tête, et son cerveau les associaient sans problèmes alors que son coeur les réfutaient de toute son âme. C'est un combat intérieur qui se jouait en lui, quelques tremblements agita ses mains, il avait l'impression d'être mort de froid tellement le stress l'assaillait.

- Marinette .... elle a dit que sa prison sentait la cire d'abeille. murmura t-il en fixant un point imaginaire sur le sol.  

L'ennemi ... se cache ... dans ... sa propre ... maison.

- Mari ?

- Oui Adrien, que se passe t-il ? Je te sens ... au bord de la crise de panique ? répondit Marinette quelques secondes plus tard. 

- Je ... je crois que je peux te retrouver.

- Vraiment ? Comment vas-tu faire ?

- Je ne sais pas encore, c'est trop long à t'expliquer. Tiens le coup encore un peu, je ...

- Adrien ...

- Oui, Mari ?

- Et si ... j'étais vraiment morte ?

- Ne dis pas ça Mari ! Je t'interdis de dire ça ! explosa Adrien. 

- Mais j'ai réfléchi Adrien, et ....  je ne vois rien, je ne ressens rien. Ni la faim, ni la soif, ni la douleur. Comment cela serait possible si je n'étais pas tout simplement morte ?

- Tu n'es pas morte Mari ! - il se mit à chuchoter pensant à Nathalie de l'autre côté de la porte - Le Papillon ... il a du ... je ne sais pas, faire quelque chose pour te maintenir dans cet état et ...

- J'aimerais que tu aies raison Adrien,

- Mari je t'en prie, pas toi ! Si même toi tu doutes alors je suis vraiment fou à enfermer !

- Adrien ... 

Adrien se leva péniblement, comme s'il était saoul, ses gestes étaient chancelants et imprécis. Les mains toujours tremblantes, il s'agrippa au rebord du lavabo et s'observa dans la glace en face de lui. Ses cheveux blonds en bataille étaient trop longs, sa barbe avait poussée depuis plusieurs semaines sans être taillée, son visage avait minci et des cernes habillaient désormais ses yeux verts. Son père avait raison, il ressemblait à un clochard, ou à un drogué.

- Je ne suis pas fou. La cire d'abeille .... Je l'ai senti aussi. dit-il en se fixant droit dans le yeux pour la première fois depuis des mois. 

- C'est ... C'est vrai ? Tu l'as senti aussi ? Mais où ça ?

- Aie confiance en moi ma Lady. Je t'ai promis de venir te sauver, je tiendrais ma promesse. 

Adrien retira son t-shirt, son jean, ses chaussettes, son boxer tellement vite qu'on aurait pu croire qu'ils étaient en feu et se rua vers la douche. Il alluma l'eau bouillante qu'il laissa ruisseler sur sa peau. L'eau brulante griffait sa peau et la rougissait. Il versa du savon dans sa main et frotta énergiquement tout son corps comme si sa peau était recouverte de boue. Puis se tourna vers le mitigeur, et tourna la poignée vers l'eau froide. Et une eau glacée s'abattue sur lui. Le choc thermique était des plus désagréables. Adrien espérait retrouver sa pleine capacité à réfléchir en faisant subir à son corps le même choc thermique qu'il avait ressenti au fond de lui.

Une fois parfaitement propre, il se rasa et attrapa un ciseau pour raccourcir la longueur de ses cheveux. Il s'habilla d'un jean noir et d'une chemise, noire également. Lorsque son apparence fut satisfaisante à ces yeux, il sorti de la chambre. Nathalie le vit sortir métamorphosé de la salle de bain.

- Adrien ? Où allez-vous comme ça ? interrogea t-elle suspicieuse.

- Je vais prévenir Nino de mon départ. dit-il d'un ton ferme sans permettre à Nathalie de lui poser plus de questions. 



A peine quelques minutes plus tard, Adrien était déjà devant la porte de l'appartement de Nino. Il frappa de toutes ses forces à la porte et son ami ne tarda pas à venir lui ouvrir.

- Adrien ? Ca va mon pote ? demanda Nino sans masquer l'inquiétude dans sa voix. 

- Il faut que je te parle Nino ! 



Adrien entra dans l'appartement sans demander l'autorisation. Nino le regarda surpris. Il constat immédiatement la transformation physique de son ami et en fut presque soulagé avant d'entendre ce qu'il avait à dire.

- J'ai besoin de ton aide Nino. Mais pour ça, il faut que tu me crois sur parole.

- Je t'écoute mon pote dit Nino toujours très inquiet.

- Je suis Chat noir. Enfin, j'étais Chat noir jusqu'à que Le Papillon vole mon miraculous et ne kidnappe Lady bug ...

Nino l'observa perplexe. Les yeux écarquillés, il avait du mal à comprendre ce qu'il était entrain d'entendre. 

- Quoi ? Attend Adrien, qu'est ce que tu me racontes là ?

- Lady bug qui est en réalité Marinette, tu l'auras compris, c'est Queen Bee qui l'a kidnappé, enfin, Chloé. Chloé et Le Papillon se sont alliés pour nous voler nos miraculous. Et Comme Marinette n'a pas voulut leur donner, ils la retiennent prisonnière. Et jusqu'à il y a encore quelques semaines, je n'avais aucun contact avec Marinette jusqu'à ce qu'elle se mette à me parler ... dans ma tête ! C'est fou, hein ?

Adrien avait débité ses révélations à une vitesse folle et Nino avait du mal à suivre son ami dans ses explications. 

- Euh ... oui, c'est fou, comme tu dis ....

- Marinette m'a dit qu'elle sent l'odeur de la cire d'abeille dans sa cellule. Et tu ne devineras jamais qui sent aussi la cire d'abeille ?

- Non, je pense que je ne devinerais pas Adrien.

- Mon père ! Mon père pue la cire d'abeille ! Ca veut dire que mon père, c'est Le Papillon en faite ! Je suis ... tu te rend compte Nino ? Dans ma propre maison, mon propre père, je n'arrives pas à y croire !

Nino resta figé sur place et regarda son ami avec de plus en plus d'inquiétude dans les yeux. Adrien s'était laissé emporter par un monologue hystérique et n'avait pas remarqué le regard terrorisé de Nino face à lui. Son discours pouvait paraitre dingue, pourtant cela n'était que la réalité. Mais Adrien comprit vite qu'il ne suffisait pas d'avouer la vérité pour qu'on le croit, même si c'était son meilleur ami.

- Donc ... tu es Chat noir, c'est ça ? fit Nino perplexe.

- Oui, je suis Chat noir.

- Et Marinette ... c'est Lady bug ... continua t-il de plus en plus septique.

- Oui, c'est ça !

- Et Chloé et ton père, ce sont les méchants ?

- Oui ! Bon sang Nino, tu ne me crois pas ou quoi ?

- Je t'avoue que c'est difficile à croire Adrien, surtout que tu as passé ces derniers mois dans un état second ...

- Mais je ne suis pas fou Nino, il faut que tu me crois ! Mon père veut m'enfermer dans un hôpital psychiatrique, si je vais là bas, je ne pourrais plus sauver Marinette !

Adrien s'était approché de lui et se saisit des épaules de son ami, plongeant son regard émeraude dans le sien. Il tentait par ce contact de le convaincre une dernière fois. Nino devait le croire, c'était sa seule option, il n'avait pas de le choix. 

- Je voudrais bien mon pote, mais ... tu te rend compte que ton histoire est complètement insensée ? 

Et puis, peut-être ... que ça te ferait du bien de te reposer un peu là bas ...

Adrien le regarda avec une déception que Nino n'avait jamais vu dans le regard de son meilleur ami. Adrien n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait. Nino pensait qu'il était fou. Son meilleur ami était convaincu qu'il avait perdu l'esprit et qu'il fallait qu'il se fasse soigner. Il était seul. Une fois de plus, seul face au reste du monde. Tout le monde voulait l'enfermer. Il avait deux options désormais. Soit il se laissait faire et partait "se soigner" l'esprit, soit, il allait se battre. Avec ou sans miraculous, il devra vaincre Le Papillon.   

- Laisse tomber, je me débrouillerais sans toi !

- Attends Adrien ! 



Mais Nino n'eut pas le temps de finir sa phrase que la porte d'entrée avait déjà claquée derrière lui. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top