La sonnerie du début des cours allait bientôt retentir, et pour une fois, Marinette n'avait pas eu à courir jusqu'à sa salle de classe. A la grande surprise de son amie Alya, elle était même arrivée avant elle.

- Tu es tombé de ton lit ou quoi ? se moqua Alya

Marinette ne pouvait clairement pas expliquer à son amie que sa ponctualité de ce matin était lié à la visite matinale de Chat noir dans sa chambre.

- Ne te moque pas pour une fois que je suis à l'heure, se défendit-elle

Pourtant Marinette mourrait d'envie de tout raconter à sa meilleure amie. Depuis trois ans qu'elle était devenue Lady Bug, la super héroïne de Paris, elle n'avait jamais eu envie de révéler son secret à Alya, mais là, la situation était tellement compliquée et la découverte qu'elle avait fait la nuit dernière était si incroyable, qu'elle aurait aimé une oreille attentive à qui se confier. Et puis surtout, elle avait embrassé Adrien. Si Alya savait ça, elle en serait tombé de sa chaise, c'est certain. Malgré le bonheur dans lequel elle nageait en ce moment, Marinette était inquiète. Adrien lui avait avoué qu'il l'aimait. Au début, ces quelques mots l'avait remplis d'une immense sensation de bonheur, mais plus elle y pensait, plus elle se demandait si cette déclaration était destiné à Marinette ... ou à son alter ego ? Est-ce qu'Adrien était amoureux de Lady bug ou de Marinette ? La question tournait en boucle dans sa tête, elle n'arrivait pas à être totalement heureuse de cette situation. Il y avait toujours cette petite voix dans sa tête qui l'empêchait de se réjouir pleinement.

- Salut ! fit une voix très familière.

Marinette se retourna et se trouva nez à nez avec Adrien Agreste. Son coeur manqua un battement, avant de s'accélérer de plus belle dans sa poitrine. Le voir là, dans les couloirs du lycée, alors que quelques minutes plus tôt, ils échangeaient un baiser passionné dans sa chambre, le cerveau de la jeune héroïne avait du mal à suivre le rythme.

- Sa - salut ... Adrien. bégaya t-elle

Adrien la regarda d'un air surpris. Il se demanda pourquoi Marinette avait d'un coup l'air aussi stressée. Alya regardait la scène, amusée et haussa les épaules. Elle se demandait comment après toutes ces années à côtoyer Adrien, Marinette avait l'air toujours aussi paniqué quand elle devait lui parler. Pourtant, il passait beaucoup de temps tous les quatre, avec Nino, mais la réaction de son amie la désespérait. Adrien adressa un sourire charmeur à Marinette, espérant la rassurer. Il n'avait pas vraiment discuté de leur situation depuis l'autre nuit, et les choses n'étaient pas très claires. Est-ce qu'il sortaient ensemble ? Est-ce qu'ils devaient l'afficher au grand jour ? Est-ce qu'ils devaient en parler à leurs meilleurs amis ? Comment allaient-ils expliquer ce rapprochement soudain ? Toutes ces questions en suspend devait trouver des réponses avant d'agir. Adrien choisit de faire comme si de rien n'était en attendant de pouvoir en parler avec Marinette. Et il se jura que la prochaine fois qu'il lui parlerai seul à seul, il garderais le contrôle.

Nino arriva en trombe à cet instant, et salua les deux amies avant d'attraper Adrien par le bras pour lui raconter quelque chose qui a priori ne pouvait pas attendre et l'entrainer un peu plus loin.

- Alya ... Adrien et moi, on s'est embrassés hier soir.

Ces quelques mots brulaient tellement les lèvres de Marinette qu'elle n'avait pu s'empêcher de les prononcer. Le poids sur son coeur était bien trop lourd pour le garder pour elle. Elle redoutait la réaction de son amie et s'apprêtait à devoir modifier les explications qu'elle allait lui donner, et surtout à répondre à un interrogatoire en règle. 

Alya manqua de s'étouffer avec sa propre salive. Elle se tourna vers son amie, la regardant avec des yeux aussi ronds des soucoupes, la mâchoire grande ouverte.

- Ferme ta bouche Alya, tu vas avaler des mouches ! se moqua Marinette. 

- Mari ... qu'est ce que tu viens de dire ?

- Tu as très bien entendu !

- J'ai entendu mais je suis pas sure d'avoir tout compris ... Comment ... Quand ... pourquoi je ne sais même pas par où commencer, comment tu peux m'annoncer ça comme ça Marinette ? Dans le couloir, entre deux portes, je peux même pas m'asseoir et ....

La sonnerie retentit, invitant tous les élèves à rejoindre leurs salles de classes.

- Tu as intérêt à tout me raconter à la pause !! Et je veux tous les détails, Marinette Dupaing-Cheng !!

Marinette se félicita d'avoir bien choisit son moment, cela lui laissait deux heures pour arranger l'histoire en oubliant les passages Lady bug et Chat noir.

Alya n'avait pas écouter un seul mot des deux heures de français qui venait de s'écouler. Elle s'était contenter de ruminer, de réfléchir et d'observer Marinette et Adrien. Adrien se rendit vite compte que Alya l'observait avec insistance mais il ne se doutait pas un instant de la révélation de Marinette à sa meilleure amie.  

Quand la pause arriva, Alya eut du mal à dissimuler son excitation. Elle emporta Marinette avec elle par le bras jusqu'au banc le plus à l'écart dans la cour. Elle fit asseoir son amie sur le banc, et Marinette se sentit comme un suspect en garde à vue, elle aurait parier que si Alya avait eu une lampe de bureau à proximité, elle lui aurait braqué en plein visage. 

- Et maintenant, tu vas tout me raconter dans les moindre détails ! 

- Je vois pas pourquoi tu en fais tout un événement Alya, il n'y a rien d'incroyable ! 

- Rien d'incroyable ? Tu te moques de moi, Mari ?? s'exclama t-elle. Ca fait 3 ans que je te vois te décomposer sur place et incapable d'aligner deux mots en face d'Adrien Agreste et aujourd'hui tu me sors, "Au faite Alya, je l'ai embrassé hier soir" Et tu me dis "je vois pas ce qu'il y a d'incroyable" C'est une blague ?

Marinette se leva et fit asseoir son amie qui ne semblait plus tenir en place. 

- Calme-toi Alya, je vais tout t'expliquer. Je revenais d'un baby-sitting et j'ai croisé Adrien dans le métro. Il a proposé de me raccompagner chez moi puisqu'il était tard, et j'ai accepté. Sur le chemin on a discuté, et de fil en aiguille, on s'est embrassés.

- Quoi ? C'est tout ? Tu te moque de moi ? Comme ça, tout d'un coup ça vous a pris ?

Alya n'était pas dupe, cela lui semblait un peu simpliste comme histoire.

- Bah oui, que veux-tu que je te dise, je n'ai pas compris non plus.

- C'est lui qui t'as embrassé ?

- Oui, c'est lui. Je sais pas Alya, tu vois l'ambiance romantique, Paris, les étoiles, la nuit tout ça ...

- Et il embrasse comment, Adrien Agreste ?

Alya donna un coup d'épaule à son amie. Elle semblait avoir retrouvé son calme. Marinette rougit en repensant à leurs baisers.

- Alya, c'était tellement ... Wouah ! Tu vois, il était à la fois tendre et passionné. C'était doux et pourtant il y avait une certaine force dans ses baisers ... je me sentais tellement faible dans ses bras, comme si il pouvait faire de moi ce qu'il voulait, et surtout, je ressentais toute la tension qu'il essayait de contenir en m'embrassant. Et en même temps, il me donnait cette impression que si je voulais, je pouvais lui faire perdre la tête ...

Alya regardait son amie bouche bée. La description de ce baiser lui avait donné des frissons.

- Oh - mon - dieu ! Marinette, ça avait l'air ... parfait. Pour un premier baiser, tu ne pouvais pas rêver mieux !

- Ce n'était pas mon premier baiser, Alya !

- Non Mari, le pathétique bisou que tu as échangé avec Nat à la fête de fin d'année n'était PAS un premier baiser ... Mais visiblement, Adrien, lui a de l'expérience dans ce domaine ...

- Oh non Alya tu crois qu'il a déjà eu des aventures ??

- Bien sûre que oui, il est mannequin, ma chérie, n'oublie pas ! Ce mec a eu certainement plus de filles avant toi que toi tu n'auras de mecs dans toute ta vie ...

Marinette palit instantanément à cette idée qui ne lui avait même pas effleurer l'esprit.  

- Mon dieu, qu'est-ce que je vais faire Alya !! Je suis foutue, je suis tellement empotée, qu'est ce qu'il va penser de moi ?

Marinette avait caché son visage dans l'écharpe de son amie. Alya lui tapota gentiment l'épaule.

- Je pense qu'il préfère être avec une jolie et innocente jeune fille comme toi, qu'avec une trainée-couche-toi-là comme Chloé. Ne t'inquiète pas pour ça !

Une sombre idée venait de traverser l'esprit d'Alya. Que signifiait ce brusque changement de comportement de la part d'Adrien Agreste ? Est-ce qu'il ne voulait pas juste inscrire Marinette sur son tableau de chasse, à priori déjà conséquent ? Avant que Marinette ne soit blessée, elle devait s'assurer que les choses étaient claires, sa meilleure amie ne s'en remettrait jamais si Adrien se révélait être un salaud.

- Et donc vous êtes ensemble maintenant ? reprit Alya

- Je sais pas en faite, on a pas eu le temps d'en discuter vraiment ...

Quand la première sonnerie retentit, Marinette et Alya se dirigèrent vers la salle de classe. Au détour d'un couloir, une main puissante la saisie par le bras et l'entraina dans un coin du couloir moins fréquenté et à l'abri des regards.

- Adrien ?

- Je voulais te parler Mari ...

- Tu me dis toujours ça, et on sait comment ça finit ... répondit la jeune fille avec un sourire en coin.

Une fois de plus, Marinette avait parlé sans réfléchir et regretta sa phrase aussitôt. Elle écarquilla les yeux et attendit la réaction de son camarade. Adrien fut surpris par son sens de la répartie. Il découvrit à cet instant la personnalité très nuancé de sa partenaire, variant subtilement entre l'audace, la timidité et la provocation. Il avait toujours pensé Lady bug très sûre d'elle, et Marinette très discrète, il se rendait compte maintenant que sa personnalité était beaucoup plus complexe qu'il ne pensait. Ce qu'il trouva d'autant plus attirant.

- Décidément, Marinette Dupaing-Cheng, tu es une fille pleine de surprise.

Marinette l'observa avec attention. Son visage avait affiché toutes sortes d'émotions en l'espace de quelques secondes. Elle se rendit compte qu'elle avait déstabilisé Adrien par son franc parler, et l'expression qu'elle pouvait à présent lire sur son visage le rendait encore plus attirant. Elle se mordilla la lèvre inférieure par réflexe, mais ce geste n'échappa pas à Adrien. Le jeune homme s'approcha d'elle, faisant reculer peu à peu Marinette contre le mur. Quand elle sentit son dos toucher le mur, elle se figea, observant une lueur encore inconnue dans son regard. Une lueur qu'elle avait déjà remarqué dans celui de Chat noir. Le jeune homme posa sa main contre le mur, juste au niveau du visage de Marinette.

- C'est de ta faute, Mari. J'essaie de te parler depuis ce matin mais tu fais ou dis toujours quelque chose qui me rend fou.

Marinette eut l'impression d'avoir été pétrifié sur place. A cette distance, elle pouvait respirer pleinement le parfum d'Adrien, cette odeur si familière et si réconfortante, ce mélange subtil de gel douche et de parfum. Elle se sentait totalement envoutée par son odeur et son regard. Cette lueur dans son regard était si intense, elle se sentait comme accroché à lui par ce simple contact visuel. Leur visages étaient si proches, quelques centimètres seulement séparant leurs lèvres.

- Où est-ce que cela va nous mener Adrien ?

- J'allais te poser la même question, Marinette ...

La deuxième sonnerie, signifiant le début des cours les sortirent de leur bulle. Marinette posa alors ses mains à plats sur le torse d'Adrien ce qui le fit sursauter. Elle le repoussa légèrement pour se décoller du mur.

- Lady bug t'attendra chez toi, ce soir souffla t-elle en se penchant à son oreille, s'appuya légèrement sur son torse.

Adrien frissonna aussitôt en sentant le souffle chaud de Marinette caresser son oreille et sentit cette vague de chaleur si familière s'emparer à nouveau de son corps. 

Marinette s'éloigna d'Adrien sans se retourner et  disparut au détour du couloir, laissant Adrien comme figé sur place. Plagg sortit de la poche de sa veste à cet instant.

- On dirait que Marinette a pris le dessus sur toi mon pauvre Adrien. fit le kwami en s'étirant.

- Je peux pas te donner tort, Plagg ...

La fin des cours de la journée arriva. Marinette prétexta un baby-sitting pour abandonner Alya rapidement à la sortie du lycée. Adrien sortit à son tour. Il se demanda si Marinette tiendrai sa promesse de venir ce soir, ou si elle avait dit cela juste pour se débarrasser de lui.

Il commença à descendre les escaliers et salua nino qui partit de son côté. Il sentit soudain une main l'attraper par l'épaule.

- Alya ? s'étonna t-il

- On doit discuter, Agreste !

Adrien hocha la tête sans vraiment savoir ce qui l'attendait mais il n'osa pas refuser la proposition de sa camarade, vu le regard noir qu'elle lui lançait.

- A quoi tu joues avec Marinette ?

- De quoi tu parles, Alya ?

- Je sais tout pour toi et Marinette, je sais ce que vous avez fait hier soir.

Adrien sentit son coeur s'arrêter. Il se demanda de quoi Alya était vraiment au courant, de leurs baisers ou de leurs identités secrètes ? Il pria intérieurement pour que ce ne soit que la première partie.

- Qu'est ce que tu veux dire par là ?

- Ne fais pas le malin avec moi Adrien, tout le monde sait que tu es un coureur de jupon, mais je ne te laisserais pas jouer avec le coeur de Marinette ! Ce n'est pas parce qu'elle est amoureuse de toi depuis le collège que tu as le droit de profiter d'elle ! 

- Amoureuse ... de moi ?

- Oh, je t'en prie, ne fais pas comme si tu ne savais pas !

- Je ne savais pas, Alya.

- Tu es sérieux ?

Adrien hocha la tête.

- C'est pas vrai ! Vous les mecs, vous êtes vraiment aveugles !

Adrien posa ses mains sur les épaules d'Alya et la fixa droit dans les yeux. 

- Alya, je ne comprends pas vraiment de quoi tu veux me parler mais si tu as peur que je ne sois pas sérieux avec Mari, saches que ce n'est pas justifié. Je ne suis pas un coureur de jupon comme tu dis, et je n'ai jamais remarqué qu'elle avait des sentiments pour moi, mais ce qu'il se passe entre nous actuellement, s'il te plait, ne t'en mêle pas.

Alya sentit peu à peu son hostilité s'envoler et son ton se fit plus doux.

- Marinette est fragile tu sais, alors ...

- Crois-moi Alya, elle sait très bien se défendre, elle n'a pas besoin de ta protection.

Adrien s'éloigna de Alya comme pour tenter de mettre fin à cette conversation mais la jeune fille n'abandonnait pas si facilement et le rattrapa par la manche de sa veste. 

- Elle tient tellement à toi, Adrien ...   

- Je tiens encore plus à elle, Alya.