Chapitre 08: Dilemme.

Alexia ouvrit faiblement les yeux et essaya de retrouver ses esprits. Elle n'était pas dans sa chambre, elle ne reconnaissait pas l'endroit et les murs étaient noirs. Le sol était dur et elle avait froid. L'étudiante se redressa rapidement lorsqu'elle comprit qu'elle était toujours dans les limbes.


Surtout là où les esprits commencent leur vie en tant qu'âme ! Alexia se leva et s'est précipitamment qu'elle fonça contre le mur, elle s'effondra au sol à la rencontre de l'un d'eux. Elle n'était qu'une idiote. La peur la faisait faire n'importe quoi ! Se relevant en grimaçant et effrayée, elle colla son corps contre l'un des murs et avec son poing frappa de toute ses forces :


— S'il vous plait !! Laissez-moi partir !! Je ne suis pas un fantôme !! DÉLIVREZ-MOI ! Cria-t-elle.


Malheureusement, aucune voix et aucun bruit ne lui répondit à sa détresse. Alexia s'effondra et senti une boule d'angoisse asséché sa gorge tandis qu'au même moment des larmes coulèrent le long de ses joues. Un rire cristallin retentit derrière elle. Elle se retourna et revit Elwing suspendu dans les airs, assis contre une branche d'un arbre invisible :


— TOI !! Que m'as-tu fait ? Demanda Alexia la voix cassée.


— Moi ? Rien. Ria Elwing face au comportement d'Alexia qui l'amusait beaucoup.


C'était rare pour elle de voir une humaine s'agiter comme ceci. Alexia vit blanche-neige descendre de son perchoir et venir droit devant elle dans un vol gracieux. Elle sourit et pencha sa tête sur le côté gauche :


— Ça te va bien. Dit-elle

— Quoi ? Qu'est-ce qui me va bien ?


Elwing lui montra du doigt son cou et Alexia colla sa paume de main gauche sur son cou et le palpa. Mais ne sentit rien d'autre qu'une énième brûlure sur ce côté-là comme si on avait fait une marque au fer rouge. Pourtant, elle n'avait rien ressentit. La rousse fronça les sourcils et regarda Elwing qui ne faisait que sourire :


— Pourquoi souris-tu comme ça ? Qu'est-ce qu'il y a sur mon cou ?

— Oh, je t'ai juste marqué!

— Comment ça ? Je ne comprends pas, pourquoi ?

— Tu es la seule qui peut me faire sortir d'ici. C'est normal que je prévoie le coup d'avance. J'en ai marre de rester ici à ne rien faire.


Alexia recula et essaya d'enlever la marque en la frottant bien fort, mais elle ne fit qu'éprouver une vive douleur. La rousse grimaça et regarda de ses yeux vairons Elwing qui tapait dans ses mains, apparemment contente de son acte :


— J'en avais entendu parler, mais je n'avais jamais essayé et je suis contente que ça a marché sur toi du premier coup ! S'écria-t-elle.

— Mais de quoi ? S'énerva la jeune rousse.

— Tu ne connais pas assez le monde des esprits pour ça, je me trompe ?


N'obtenant pas de réponse, elle sut qu'elle avait touché un point sensible et Alexia baissa la tête. Bien sûre que non ! Elle ne s'était jamais intéressée au monde des esprits et ne le voulait surtout pas ! C'était l'enfer ! Elle le vivait assez chaque jour pour pouvoir en rajouter une couche ! Que devait-elle en pensée ? Elwing recula et s'assit sur le sol brumeux :


— C'est la première étape pour s'échapper de la prison des âmes. Marqué un être vivant. La deuxième, c'est de faire accepter le marquage à l'être vivant et la troisième étape est qu'on peut sortir de cette maudite prison pour hanter le monde des vivants ou le parrain qu'on a marqué. Tu comprends, mieux ?

— Pas vraiment et en quoi les êtres vivants ont un rôle dans ça ?

— Tu le sais bien... on peut s'alimenter grâce à ça. Ceux qui peuvent nous voir, dégage une énorme quantité d'énergie. Cela nous fait sentir plus fort et plus vivant. En capturant ces énergies, on n'a comme une deuxième vie. Déclara Elwing.


Alexia recula de nouveau, mais rencontra le mur et observa blanche-neige. Allait-elle mourir par une si belle jeune fille innocente ? Un nouveau rire remplit la prison des âmes et fit tressaillir l'adolescente. Alexia se tritura nerveusement les doigts et s'assit. Elle grimaçait puisque la marque contre son cou lui faisait mal et la brûlure dans ses paumes aussi. Son cœur tambourinait avec une forte pulsation dans sa cage thoracique et contractait son estomac :


— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Osa demander Alexia.

— Accepte ce qu'il t'arrive et on attend un signe. Répond Elwing en souriant.


Alexia releva les yeux vers la demoiselle et soupira. Elle s'était fait avoir. Comment avait-elle pu penser une seule fois qu'Elwing était une fille gentille ? Comment avait-elle pu penser que pour une fois, un esprit serait différent ? Ils étaient tous pareil...Peu importe si c'était des êtres morts ou vivants. À présent, elle était prisonnière comme une âme errante à attendre un signe qui ne viendra peut-être jamais.


Elles attendirent de nombreuse minutes et Alexia ne voulait toujours pas admettre ce qu'elle vivait. À quoi bon ? Elle n'en aurait rien à faire, mais être hantée par de nombreux esprits malveillants ne lui convenait pas du tout. Alexia soupira et ferma les yeux tandis que Pluie d'étoile commençait à fredonner une petite berceuse qui remplissait le silence mort qui lui faisait froid dans le dos.


Devait-elle recommencer à chercher une sortie ? C'était ridicule comme question. Elle avait beau chercher depuis tout à l'heure, la salle était verrouillée de partout. Aucune porte. Devait-elle seulement accepter ou continuer à refuser ce don qui n'allait sûrement jamais la quitter ? Autant l'accepter et y faire face.


Autant aider ces maudits esprits qui mangeaient son âme pour mourir plus vite, afin de ne plus ressentir la tristesse de se faire rejeter. Alexia soupira, las d'attendre pour rien. Soudain, la rousse sentit le froid l'envahir, plus puissant. La pièce se gelait et de la neige commençait à remplir l'habitacle comme par enchantement. Elle fut bientôt recouverte de neige, ses cheveux roux devenant blanches, vu qu'elle ne bougeait pas. Alexia soupira et frissonna. Fermant progressivement les yeux par le froid qui l'accaparait. Elle entendit un cri d'horreur. C'était elle. La jeune fille regarda Elwing qui l'observait sans émotion et écarquilla subitement les yeux lorsqu'elle les baissa sur elle-même :


— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi je disparais ? Elwing, c'était toi la dernière fois ?

— Hum... je ne vois pas de quoi tu parles. Dit, froidement, Elwing, je n'ai jamais quitté cet endroit.

— ELWING !!! AIDE-MOI ! JE T'EN SUPPLIE ! QUE DOIS-JE FAIRE ? JE NE VEUX PAS DISAPRAÎTRE ENCORE !


Pourquoi criait-elle son prénom ? Elle qui l'avait attaquée. Pourquoi lui demandait-elle de l'aide ? Peut-être parce qu'elle avait un moyen d'arrêter ce processus ? Peut-être parce qu'elle avait aimé discuter avec elle et malgré ce qu'elle lui avait fait, aimé avoir trouvé en elle, une amie agréable ? Alexia regarda, apeurée, son corps disparaître peu à peu et observa le comportement étrange d'Elwing :


— Que faire ? Je ne veux pas mourir !!! AIDE-MOI !


Elwing sourit et pencha la tête d'un côté :


— Tu disparais parce que tu ne dois pas être ici, de plus, tu es restée trop longtemps dans ce bas monde et tu n'acceptes pas le fait que tu sois différente. Accepte-le et tout redeviendra normal, je te le promets !


Alexia regarda avec effarement Elwing et son corps disparaître progressivement. Il ne restait plus que ses bras, sa poitrine, son cou, ses épaules et sa tête. Alexia ferma les yeux et sentait la froideur de la neige l'envahir. Ce qui restait de son corps tremblota et avec la peur qui cognait fortement dans sa cage thoracique, elle ne pouvait rien contrôler. Son esprit se bloquait et ses pensées se mélangeaient. Avec un dernier souffle, son corps disparut dans une poussière dorée sous les yeux gris de pluie d'étoile :


— Aannh... moi qui était contente de trouver un artefact. C'est raté. Dit Elwing, déçue.


Elwing se mit alors à voler dans la pièce sombre et continua à fredonner sa berceuse jusqu'à ce qu'un autre être vivant comme Alexia, réapparaisse afin de le tromper.

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