2 | Diabolo cerise

Cette femme aime se faire désirer. Mais j'ai mérité cette attente, mon message était loin d'être cordial. Je suis juste plus à l'aise à l'oral qu'à l'écrit, écrire m'ennuie.
À présent je termine ma douche et m'habille pour retrouver Ophélie au café où Léandre travaille. J'ai choisi cet endroit pour qu'elle se sente plus à l'aise puisqu'elle y connait quelqu'un.

J'ai beaucoup cogité cette nuit, essayant d'imaginer à quoi elle pourrait ressembler. Je me suis également posé la question si elle serait capable des mêmes remarques que Cassandra... Je pense que je n'aurai plus le courage avant un bon moment de montrer mon sexe à quelqu'un.

Mon téléphone se met ensuite à sonner.
Ophélie qui s'impatiente ? Non, c'est Cassandra.
Je raccroche et la maudit de me mettre de si mauvaise humeur avant un tel rendez-vous. Je sais qu'elle souhaite s'excuser mais je n'ai pas le temps pour son hypocrisie car, la connaissant un minimum, je sais qu'au fond c'est uniquement pour que je la reprenne comme soumise. Et il en est hors de question, ma fierté en prendrait encore une fois un coup.

~

Je dois l'avouer je suis très nerveuse, je n'ai pas l'habitude de ce genre de situation.

Ce n'est pourtant pas la première fois que tu rencontres une personne avec laquelle tu vas potentiellement coucher.

Oui ma conscience mais c'est la première fois depuis mon accident. Certes je n'ai plus vraiment honte de mon corps mais je sais qu'à la moindre remarque, à la moindre expression de dégoût, j'aurais envie de me barrer et me terrer six pieds sous terre. Cela me blesserait plus que je ne le voudrais.
J'ai beau essayer d'être forte, au fond la moindre critique me fait horriblement mal. La dernière fois j'ai éclaté en sanglots juste parce qu'une dame m'a engueulé car j'étais garée sur une place pour handicapés, alors que c'était la première fois car je refusais de le faire avant, je n'assumais pas ma différence. Évidemment elle s'est excusée après, heureusement.

Je jette encore un coup d'œil en direction de Léandre et je le vois discuter avec un homme. Son regard se porte dans ma direction et je comprends assez vite que c'est lui.

Allez calme-toi, respire un bon coup et tout va bien se passer.

« - Bonjour Ophélie, je voulais d'abord m'excuser pour mon message, je crois que vous avez mal pris mon impatience et je peux le comprendre.

- C'est à moi de m'excuser, j'étais occupée et je ne pouvais pas vous répondre sur l'instant. Cependant, après je pouvais et j'ai oublié. »

Il sourit puis me demande s'il peut s'asseoir en face de moi. Je lui réponds que oui, évidemment, et il s'installe puis commande un café.

« - Pour moi ce sera un diabolo cerise.

- Original.

- Vous voulez goûter ?

- Avec plaisir. »

Il me pose ensuite des questions sur mon quotidien et mon travail.
De son côté, il est chef de chantier et c'est apparemment lui qui dirige les travaux près de la rivière.
Ces travaux qui justement énervent Félicie car elle arrive toujours en retard à cause des bouchons et sa nouvelle cheffe la réprimande chaque matin. Pourtant elle sait que ce n'est pas son genre d'être en retard.

« - Et sinon vous ne m'avez toujours pas donné votre nom.

- C'est vrai, mais vous n'en aurez pas besoin. Je préfère que ma soumise me nomme Maître ou Monsieur plutôt que par mon prénom.

- Donc je n'ai pas le droit de le savoir ?

- Peut-être un jour. Si vous êtes sage. »

Je rougis instantanément et il le remarque puisqu'il a l'air satisfait. C'est gênant et en même temps je commence à être un peu excitée.

« - Vous recherchez quoi exactement ?

- De la nouveauté, tout simplement. Je veux tester tout ce qu'il est possible de tester pour découvrir ce que j'aime vraiment.

- Et vous pensez que c'est dans la soumission que vous trouverez ?

- Je ne suis pas à cent pour cent sûre mais ce dont je suis certaine c'est que j'ai envie d'essayer.

- Je vois... Et vous vous êtes renseignée sur ce que vous aimeriez tester en priorité ?

- Il y a tellement de pratiques différentes dans le BDSM et d'objets à utiliser... C'est si vaste que, honnêtement, je ne suis pas sûre de tout connaître malgré mes nombreuses recherches. Je ne sais pas vraiment par où commencer mais je me suis dit que ce serait bien d'y aller crescendo dans les pratiques, la douleur et le reste. Mais comme d'après Léandre vous avez l'air d'avoir de l'expérience, je me suis dit que je pourrais m'en remettre à vous pour m'apprendre et me guider.

- Et je suis d'accord pour le faire. »

Un immense sourire illumine mon visage. J'y crois pas, je vais enfin essayer le BDSM, avec un maître un vrai... C'est incroyable. J'ai hâte de me découvrir !

« - Merci.

- Avec plaisir. Et est-ce que je peux vous tutoyer maintenant ?

- Oui bien-sûr, et de mon côté ?

- À ton avis ?

- Non, évidemment.

- Tu apprends vite.

- Merci Monsieur. »

Il sourit puis me paye la boisson.

« - Vraiment très vite.

- Euh... Vous savez vous n'êtes pas obligé de payer...

- Vois celà comme une récompense pour ta discipline remarquable dès la première heure.

- C'est très gentil mais je vous assure que...

- Et ne me fais pas regretter. Surtout que ce n'est pas un diabolo cerise qui va me ruiner. »

Je me tais alors et hoche simplement la tête. Il se lève puis se place à mes côtés et me tend sa main. Je l'attrape et il m'aide à me lever de ma chaise.
Tout en marchant je repense à ma prothèse et au fait que je ne lui en ai pas parlé. Est-ce qu'il va mal le prendre ? Sûrement... Mais j'espère sincèrement qu'il va juste me punir et non s'enfuir en m'insultant.

Je jette un regard vers Léandre qui me lance un clin d'œil et un sourire bienveillant et encourageant. Si je n'ai pas encore totalement confiance en cet inconnu qui est devenu mon maître pour une durée indéterminée, je sais que je peux au moins faire confiance à Léandre.

~

Une fois dehors je lui demande si elle est d'accord pour continuer notre discussion tout en marchant. Elle a d'ailleurs une drôle de démarche, cela se voit à peine mais j'ai comme l'impression qu'elle boite légèrement.

Arrête de tout analyser et laisse-la parler.

Ah oui, je lui ai demandé si vraiment tout l'intéressait et s'il n'y aurait pas des choses qu'elle refuserait de faire.

« - Il y a le fait de se mettre dans la peau d'un enfant ou d'un bébé qui, très honnêtement, ne m'attire pas beaucoup.

- Y a-t-il autre chose ?

- Se mettre dans la peau d'un animal. Après je crois que tout me va... Ah si, j'ai vu que certains maîtres, ou maîtresses, pouvaient ordonner à faire faire un percing, même au niveau du clitoris. Alors je suis désolée mais il est hors de question de faire subir ce genre de chose à mon corps. Je veux bien être soumise mais j'ai des limites.

- Et il est tout à fait normal d'en avoir. Et puis je te rassure je ne demande pas à faire ce genre de choses.

- Je vois... Mais il y a des pratiques un peu... on va dire... hard, je trouve, mais que j'aimerais quand-même tester un jour.

- Un exemple ?

- C'est un peu gênant.

- Tu ne dois pas être gênée avec moi. Je suis la dernière personne qui pourrait te juger crois-moi.

- Très bien. Alors il y a par exemple le fait d'être enfermée dans une cage et...

- Et ? »

Il y a tellement de monde dans la rue qu'elle se met à chuchoter tout en regardant autour d'elle.

« - Je crois que c'est trop tôt pour en parler. Déjà j'aimerais essayer tout ce que vous voudrez, et ensuite on verra.

- Je comprends mais il y a des choses que je ne ferai jamais, soit parce que je n'y éprouve aucun plaisir moi-même soit parce que je n'ai jamais essayé et ce ne serait pas correct de tester seul comme ça avec une apprentie. J'aurais bien trop peur que cela tourne mal.

- Je comprends. Et qu'est-ce que c'est ?

- Je n'ai jamais tester le shibari, le fist-fucking anal et même le vaginal. Et il y a la pénétration qu'elle soit vaginale, anale ou orale que je refuse à présent de faire avec mon sexe. Après il y a des objets aussi que je n'utilise pas et quelques autres pratiques que tu ne connaîtras pas avec moi. Mais il y a énormément de choses déjà que je peux t'enseigner et te faire découvrir. Ça te va ?

- Ça me va Monsieur. »

Je la guide ensuite dans un coin tranquille dans le parc avant de lui poser une question importante pour moi.

« - Cela ne te dérange vraiment pas que je te refuse la pénétration ?

- Je ne connais que ça, à force j'en ai marre. Je veux découvrir d'autres façons d'éprouver du plaisir et pour l'instant à part recevoir des cunnilingus par certaines filles quand j'étais ado, et c'était il y a des années, je n'ai jamais rien reçu d'autre qu'un sexe masculin en moi. Et je sais qu'à l'époque ça me laissait.

- À l'époque ?

- Disons que ça fait plusieurs années que je n'ai pas eu de relation sexuelle. Et bizarrement la pénétration ne me manque pas tant que ça, contrairement au cunni par exemple. C'est pour ça qu'il faut que je comprenne qui je suis, sexuellement je veux dire. Savoir ce qui me donne vraiment du plaisir, être enfin épanouie. »

~

J'ai du mal à réaliser à quel point je suis à l'aise en ce moment, à parler de toutes ces choses si intimes et dont je n'avais parlé des détails à personne avant lui. J'espère réussir à être aussi à l'aise à l'avenir, car je sens qu'il voudra en savoir plus, et c'est normal.
De mon côté aussi je me pose quelques questions sur lui mais il est encore trop tôt pour en parler.

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