Chapitre 9 : Un cadeau
J'attends, allongé sur le lit et les yeux posés sur mon téléphone, que mon cavalier sorte une énième fois de mon dressing vêtue d'un costume.
On cherche parmi mes fringues, celles qui lui irai le mieux pour un bal de cette ampleur. Il est tellement plus fin que moi que c'est difficile de trouver. Heureusement que je ne jette jamais mes anciennes fringues.
- Ka-Kacchan ! Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée, tu sais...
Je souris. « Kacchan » est le surnom qu'il m'a donné de manière totalement involontaire en bafouillant sur mon prénom, on a trouvé ça drôle alors c'est resté. Ou plutôt j'ai trouvé ça drôle alors qu'il s'est mis à rougir. J'aime bien l'embêter avec ça. Quand il est troublé il se met à bafouiller, c'est à la fois drôle et terriblement mignon.
Cet incident s'est produit il y a quelques jours, lorsque j'ai essayé de l'embrasser. Il semblait tenté autant que moi mais au dernier moment il s'est reculé en rougissant, prétextant qu'il a interdiction d'embrasser les clients. Ça m'a frustré plus que je n'aurai voulu l'admettre mais je ne lui ai rien dis. Je pensais être plus qu'un client à ses yeux depuis le début...
Sa voix, à l'instant traduit toute son anxiété concernant la soirée à venir. Il est stressé depuis que je lui ai dis que je devrais le présenter à mes proches. Et sans doute même à mes parents. Bizarrement il est stressé pour ça, mais pas par le fait de se retrouver pour la première fois entouré d'une centaine d'inconnu et parmi eux sans doute plusieurs Alphas. Je dois avouer que ça me fait rire, il devrait revoir l'ordre de ses priorités.
- Sors, qu'on voit ce que ça donne.
Il sort timidement du dressing, la tête basse et les mains jointes, triturant ses doigts nerveusement. Il porte un très beau costume noir et une chemise verte faisant écho à la couleur de ses yeux, mais la cravate, noire elle-aussi, retombe négligemment de chaque côté de son cou. J'en viens rapidement à une conclusion : cet empoté n'a pas réussi à la nouer.
Je me lève et le rejoint, un sourire aux lèvres. J'ai envie de rire.
- C'est pas drôle. Me reproche-t-il.
- Si un peu. Tu ne sais pas nouer une cravate, c'est quand même une base.
J'attrape la cravate et commence à la nouer autour de son cou. Une fois ma manipulation finie, je repousse le nœud contre son cou, finissant de l'installer correctement.
- Pas pour tout le monde. En plus ce truc on dirait une laisse pour chien, ça serre le cou et ça ne sert à rien.
Il n'a pas tort, j'avoue. Mais c'est un accessoire esthétique, et je le trouve bien plus mignon avec.
Je me mords la lèvre en l'observant avant de tirer doucement sur le bout de tissue pour le rapprocher encore plus de moi. Immédiatement il tourne la tête vers moi et rougis en constatant notre nouvelle proximité. J'approche un peu mon visage, faisant frôler ma joue contre la sienne et vient chuchoter contre son oreille :
- Ça sert à rien, c'est vrai, mais je te trouve bien plus sexy avec.
J'attrape entre mes dents le lobe de son oreille et tire doucement dessus, le faisant tressaillir avant de me reculer pour le laisser respirer.
Immobile, son visage concurrence la couleur du rubis et je constate qu'il se mord la lèvre inférieure d'un air fiévreux. Je souris mais fait comme si de rien n'était en repartant m'asseoir sur le lit.
- T'u.. T'as pas... le droit.
- Le droit ? demandais-je curieux.
- De me faire ça, c'est pas juste.
- Je ne ferais pas ça si tu savais nouer une cravate. Ou utiliser un téléphone. Ou jouer au jeux vidéo. Y'a tellement de chose que tu ne sais pas faire...
- Hey c'est pas juste !
- Une personne méchante pourrait même dire que tu ne sais rien faire, continuais-je gentiment moqueur, que t'es un bon à rien... Parce que ne pas savoir nouer une cravate franchement...
- Kacchan !
Pour se venger de mes propos, il se jette sur moi et nous tombons à la renverse sur le lit, lui au-dessus de moi alors que j'éclate de rire. J'aime sa petite bouille faisant semblant d'être vexé, il sait que je n'en pense pas un mot, mais c'est pour la forme.
- D'ailleurs ça me fait penser... tu savais qu'Izuku en kanji peut se lire aussi « Deku » ?
Il se fige une minute, réfléchissant à mes propos, mais lorsqu'il se rend compte que c'est de nouveau une moquerie déguisée, il me frappe gentiment sur le torse comme un enfant. Je trouve ça adorable et ne peut m'empêcher de rire à nouveau.
- Je vais t'appeler comme ça maintenant ! Deku !
- Quoi ?! Ah non hein ! T'as pas le droit !
- Et pourquoi je ne pourrais pas ? « Ka-Kacchan » ! Ajoutais en imitant grossièrement sa voix pour la deuxième partie.
Il se fige et rougit de nouveau. Puis il détourne le regard.
- Bon, ok, t'as gagné. Kacchan.
Puis, sans crier gare il se laisse tomber sur moi, m'immobilisant, et faisant semblant de dormir. J'essaie de le faire bouger mais en vain. Puis me vient alors une idée : je glisse mes doigts lentement sous sa chemise et les fait glisser lentement le long de ses côtes. Sa réaction ne se fait pas attendre, il se tortille au-dessus de moi en geignant. Alors comme ça monsieur est chatouilleux ? bien ! Intéressant ça !
Je continue mon petit jeu, mes doigts frôlant sa peau, provoquant des frissons jusqu'à ce qu'il craque et qu'il se torde au-dessus de moi. Involontairement son bassin entre en contact avec le miens, bousculant mes pensées jusque là (plus ou moins) pure. Par reflexe mes doigts s'agrippent à sa peau, le griffant légèrement. Immédiatement il se redresse vivement, ses yeux se plantant dans les miens alors que ses joues prennent de nouveau une couleur rosée en comprenant notre situation. Il est toujours assis sur mon bassin, il le sait mais ne bouge pas d'un pouce alors que je tente de garder le contrôle sur toutes les cellules de mon corps pour ne pas le prendre brutalement là, sur ce lit, à l'instant.
Constatant qu'il ne fait pas le moindre geste pour sortir de cette situation, je tente une approche, me redressant pour être à sa hauteur. Nos torses se touchent doucement et je sens sa respiration sur mon visage alors qu'un éclair de malice traverse ses yeux. D'un coup il donne un coup de rein, frottant son bassin contre le mien. Surpris, je retiens ma respiration quelque seconde. Ah oui, tu veux jouer à ça ?
Je glisse mes mains dans les poches arrière de son pantalon, malaxant ses fesses avant de le rapprocher de moi pour recommencer son action précédente. Cette fois c'est lui qui ferme les yeux un petit instant avant de se mordre la lèvre. Je vois dans ses yeux qu'il a envie de plus mais qu'il a peur.
Nos visages se rapprochent inexorablement, nos souffles se mélangent, nos lèvres se frôlent, je peux presque les sentir. Mais au dernier moment il ferme les yeux et détourne la tête, venant déposer un baiser sur ma joue. Et il reste là, sa joue contre la mienne, sans que je ne puisse voir son visage.
- Pourquoi ? Soufflais-je.
- Parce que t'es un client Kacchan...
- Tu sais bien que je suis plus que ça.
- Oui, mais tant que tu devras payer pour être avec moi, tu seras un client.
Sa voix est brisée. Je peux sentir dans ses mots toute la douleur qui transparait et ça me déchire le cœur. J'aimerai tellement que ce soit différent. Que toute cette situation de merde soit différente. Que je puisse faire quelque chose pour le sortir de là.
Il se lève, descend du lit et se dirige de nouveau vers le dressing.
- Et si je te faisais sortir le ce bordel ?
- Tu sais bien que c'est impossible.
- Pourquoi ?
Il se fige un instant, droit comme un i, mais ne se retourne pas. Je ne vois pas son visage, mais je devine ce qu'il ressent à l'odeur âcre que je sens. Il est triste et il a mal. Je sais à quel point il déteste ce travail, nous en avons déjà parler tout les deux.
Sa main droite rejoint son visage, essuyant sa joue. Il cherche à se contenir mais je sais qu'il pleure en cet instant mais qu'à l'intérieur il hurle de douleur.
- Parce que, Kacchan, c'est le seul endroit en ce bas monde où je suis un tant soit peu en sécurité.
Et après ces mots il disparaît dans le dressing. Je reste là, assis sur le lit à regarder la porte par laquelle il s'est enfui pendant plusieurs longue secondes avant de me laisser retomber sur le lit en soufflant.
Fais chier.
J'aimerai tant faire quelque chose pour lui.
* * * * *
Une quinzaine de minute plus tard nous sommes devant la porte, prêt à partir. Je jette un dernier regard au vert qui a retrouvé son sourire habituel mais je sais que ce n'est qu'une façade. Il fait semblant.
Lorsque je le vois attraper la vieille loque en cuir datant d'une autre génération qui lui sert de collier de protection, je me souviens enfin.
- Oh putain j'ai failli oublier ! Bouges pas !
Je m'éclipse une petite minute puis reviens avec une boite genre « boite pour bijoux en cuir rouge » épaisse d'une dizaine de centimètre.
- Kacchan, c'est quoi ça ?
- Un cadeau. Je sais que le tiens n'est pas confortable, qu'il est moche et qu'il te gratte en plus.
- Qu'est-ce que... ?
Il ouvre la boite et découvre un collier en cuir noir au reflet vert, rappelant ses cheveux verdoyants. Une serrure se trouve sur le côté droit, pour qu'il puisse lui-même l'attacher et le détacher à sa convenance.
Sur la partie externe, en guise de décoration, deux lanières de cuir, une verte foncée et une rouge foncée, s'entremêlent et traversent un emblème métallique représentant les symbole Alpha et Oméga entremêlé.
Ses yeux s'écarquillent et il se tourne vers moi, n'en croyant pas ses yeux.
- Oh mon dieu Kacchan ! Mais... c'est... Je... Je peux pas accepter... c'est trop...
- Ta gueule. Tu le prends c'est tout. Je l'ai fait faire pour toi. Pour remplacer le torchon que t'avais jusque-là. Il est plus beau, plus confortable, plus pratique et surtout plus sécuritaire que l'ancien.
- Mais...
- Y'a pas de « mais ». Tu le prends et c'est tout.
- Il est magnifique, merci beaucoup Kacchan !
Il me saute dans les bras et je passe mes bras autour de lui avant de le serrer tendrement contre moi. Rien ne m'importe plus que sa sécurité.
- Je voudrais que tu le porte ce soir. Il sera plus utile que ton ancien.
Il se recule légèrement et me lance un regard suspicieux où je décèle une pointe d'amusement. Il a compris. Il est intelligent. Il a deviné mes véritables intentions.
- Ah oui ? Ce n'est pas plutôt parce que tu veux que je porte sur moi ton appartenance ? J'suis pas débile Kacchan, c'est pour ça que tu voulais que je porte un de tes costumes et pas un des miens du boulot, tu voulais que je porte ton odeur, pas vrai ? Et maintenant un collier de ton invention avec cette petite touche de rouge et de vert, comme nos yeux. Tu veux que si l'on croise un autre Alphas, il sache que je suis tiens. J'ai bon ?
Merde. Pourquoi ce débile en a autant dans la caboche hein ? J'suis découvert. C'est vrai j'ai terriblement envie qu'il soit mien. Entièrement. C'est pour ça que je dois trouver un moyen de le faire sortir de c'te foutue maison close.
- Tch. Sale nerd.
Je détourne la tête, tentant de camoufler mon embarras. Qu'est-ce que je pourrais bien lui répondre de toute manière ?
Je l'entends retenir un rire puis quelque petit bruit. Je sens ses doigts glisser doucement sur ma joue et me faire tourner la tête dans sa direction. Je me laisse faire et rapidement mes yeux rencontrent les siens de nouveau.
- C'est un très beau cadeau, Kacchan. Merci. Ajoute-t-il avec un sourire radieux.
Je baisse les yeux et constate avec joie qu'il porte mon collier. Il l'a accepté en connaissant mes raisons et j'avoue que ça apporte une nouvelle pierre à l'édifice de mon égo.
Je ne peux m'empêcher de sourire comme un imbécile en secouant la tête de droite à gauche. Je ferme les dernier boutons de sa chemise afin de camoufler le collier et resserre sa cravate. Si on peut camoufler sa condition d'Omega, c'est tout bénef. D'ailleurs il a récupérer à son boulot des suppresseurs pour passer un peu plus inaperçu le temps de la soirée. Même si du coup je n'apprécie pas trop de ne plus pouvoir le sentir... Ça nous évitera au moins d'avoir des problèmes durant la soirée.
Il me regarde avec une lueur de malice dans les yeux qui me donne une furieuse envie de lui retirer ce costume et de lui faire des choses pas très catholique. Mais je sais que c'est encore trop tôt... Bordel de merde, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de lui d'ici là, hein ?
* * * * * * * * * * * * * * * * * * *
Et voilà ce sera tout pour aujourd'hui ! hihihi
J'aurais aimé vous donner une photo représentant le fameux collier de Katsuki mais j'ai essayé de le dessiner et ça a été un carnage donc je vais vous éviter ça...^^'
J'espère que ces deux chapitres vous auront plus !
Le chapitre suivant: ils arriveront à la soirée ^^
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