Chapitre 40 : Nina

Chapitre 40 : Nina

Scarlett et moi formons le duo parfait. Nous sommes complices. Nous sommes amies. Nous sommes sœurs. Deux étoiles qui brillent à la même intensité. Deux notes de musique identiques sur la portée. Deux âmes pures qui se reconnaissent dans un monde plein d'ombres. Rien ne pourrait briser ce lien puissant qui nous unit. Notre humour est similaire, nos passions sont les mêmes et nos caractères sont parfaitement en harmonie. Je l'aime tellement que je pourrais me sacrifier si je devais la sauver.

Pourtant, hier, j'ai agit comme une vraie conne avec elle.

Mais c'est toujours comme ça. Quand je suis énervée ou en conflit émotionnel avec moi-même, je dis n'importe quoi ou je fais des actions que je regrette ensuite. J'aimerais pouvoir contrôler ça.

Est-ce que Ryan a pensé la même chose lorsqu'il m'a embrassée et que je me suis enfuie sans rien dire ?

Je suis partie comme une sauvage après que Scarlett m'ait exposée le fond de sa pensée. Mais au fond, nous savons toutes les deux qu'elle a raison.

Je suis en train de tomber amoureuse du diable en personne. Bien qu'il ne soit plus si cruel que ça, tout compte fait.

Il en est même adorable. Ce n'est plus un démon.

Cette histoire me rend folle, si bien que perdue dans mes pensées, me voici en retard à mon cours de civilisation britannique. Je déteste être en retard. Bien que ce soit un cours magistral et que les profs ne prêtent pas attention à ceux qui rentrent ou sortent de l'amphithéâtre et débitent leur cours simplement, j'en ai horreur. J'ai sans cesse l'impression que les gens m'observent et me jugent alors je n'ai pas besoin que cent-cinquante regards convergent vers moi lorsque je dois rentrer dans l'amphithéâtre.

Je descends du bus et me précipite à toute vitesse vers le lieu de mon cours, qui a déjà commencé depuis dix bonnes minutes. Je manque de m'étaler de tout mon long sur les marches de l'entrée principale et de me prendre trois personnes en pleine face mais je parviens saine et sauve devant l'amphithéâtre. J'inspire un coup et entre en me faisant la plus discrète possible. Bien sûr, quelques paires d'yeux se posent sur moi et je sens mes joues chauffer mais je m'enfonce sur le premier siège que je vois et me cache immédiatement derrière l'écran de mon ordinateur.

Bon sang !

Je suis ravie de ne pas avoir essayé de me mettre plus devant, comme ça, lorsque le cours se finira, je pourrais me glisser vers la sortie si rapidement que Ryan n'aura même pas eu le temps de traverser les rangées. Pourtant, en observant attentivement les rangées devant moi, je ne le vois pas et j'aimerais prétendre que mon cœur n'a pas eu ce petit pincement de déception, bien que je suis ravie de lui échapper.

J'essaie tant bien que mal d'écouter le prof parler de l'économie au Royaume-Uni mais je n'arrête pas de repenser à ce fameux épisode. Il tourne en boucle dans ma tête comme si c'était ma chanson préférée.

Mais aurais-je dû me douter qu'il tenterait quelque chose ? 

La crise mondiale financière de 2008 se mélange au souvenir amer des lèvres de Ryan sur les miennes.

Je dois bien l'avouer, ce n'était pas si désagréable que ça. Amer n'est peut-être pas le terme exact.

Je tente de noter les notions importantes mais j'ai conscience que je vais devoir compléter plus de choses que prévu avec internet. Je songe même que je vais devoir demander sur le groupe Discord de notre licence si quelqu'un pourrait m'envoyer le cours dans sa totalité.

Mes doigts tremblotent sur mon clavier d'ordinateur, mes jambes tressaillent et je mordille ma lèvre inférieure à m'en faire saigner.

Je me mets dans tous mes états pour un garçon. Dans un garçon qui ne sera plus là dans quelques jours.

Vivement que le cours se termine ! J'en ai encore un autre cet après-midi, mais j'ai suffisamment de temps pour manger loin d'ici avec Scarlett et tenter de me divertir.

Me dira-t-il au revoir en face ?

Quand M. Smith conclut enfin son cours, je remercie un dieu imaginaire avant de me glisser vers les portes de sortie. J'avance dans le couloir et cherche l'amphithéâtre où se trouve Scarlett. J'ai une heure à attendre alors je me dissimule derrière un poteau près des portes, à l'abri des regards et je sors un livre. Bien évidemment, je suis assez stupide de penser que je réussirais à lire la romance que je tiens dans les mains sans être déconcentrée. Il y a toutes ces pensées qui tourbillonnent dans ma tête comme un carrousel qui aurait accéléré l'allure et lire un roman à l'eau de rose me fait repenser à ce fameux moment.

J'abandonne donc ma lecture et me mets à compter les carreaux au plafond avant de sortir mon téléphone pour aligner des cubes sur un jeu facile à jouer et très addictif.

Je me réjouis quand Scarlett me dit que le prof va la lâcher plutôt et je me lève pour l'attendre après avoir battu mon score au jeu.

Les portes de l'amphithéâtre s'ouvrent et une tripotée d'élèves en sortent, dont ma meilleure amie.

— Tu l'as vu, tu lui as parlé ? me demande immédiatement Scarlett en me rejoignant.

Elle est accompagnée de Lila, qui me fait la bise.

— Non, il n'était pas dans mon cours.

— Oh, d'accord. Ça t'embête si Lila mange avec nous aujourd'hui ? interroge-t-elle, changeant de sujet à ma grande satisfaction.

— Non, pas de problème !

Si cela pouvait me divertir même, ce serait top !

— Super, on va en ville, dans un fast-food ? Je te le paie, Nina !

J'hoche la tête. Scarlett est adorable, elle sait que je n'ai pas forcément les moyens de me payer un déjeuner hors de l'université. Je pourrais me sentir gênée que quelqu'un me paie des choses, mais Scarlett est adorable et jamais elle ne me fait sentir réellement coupable quand elle me propose de me payer un repas dans un fast-food. Elle m'en fait cadeau et me dit que ma présence est un présent en échange.

Et de toute façon, elle n'est pas à vingt euros près. Contrairement à moi.

                                                                                          ***

Le repas du midi parvient à m'arracher quelques sourires. Lila est vraiment très sympathique et ses blagues et anecdotes m'ont remonté le moral. Elle m'a raconté qu'un jour, dans la même journée, deux pigeons lui avaient chié dessus, une fois dans le dos de son t-shirt et une autre fois dans ses cheveux. Depuis, elle ne fait qu'embêter les pigeons en leur faisant peur lorsqu'elle marche près d'eux et elle assure même qu'ils sont les compagnons du Diable. Cette anecdote est stupide mais cela m'a arraché un fou rire qui fait du bien.

Maintenant, il me faut aller à mon autre heure de cours. Je crois que si ça avait été un cours magistral, je n'y serais pas allée mais là, je suis obligée si je ne veux pas être notée absente et perdre ma bourse. Ça peut aller très vite, il suffit de ne pas justifier trois absences pour perdre cet argent. Et cette bourse, j'en ai besoin. Rien que pour les transports en communs, je paie moitié prix grâce à mon statut boursière.

À exactement quinze heures, je rentre dans la salle de mon cours de version. J'aime beaucoup cette heure-ci où l'on traduit des textes de l'anglais au français. J'y arrive plutôt bien. Mais aujourd'hui, impossible de me concentrer.

Surtout qu'il n'est pas là. J'ignore pourquoi, et ça me tue. Bon sang, qu'avez-vous fait de moi ? Destin ? Karma ? Si votre objectif était de me chambouler, ça a marché !

Nous nous retrouvons à former des groupes pour traduire à plusieurs des segments du texte à l'étude. Je suis soulagée de me retrouver en compagnie de filles très sympathiques et de pouvoir donner mes idées sans difficultés. J'ai souvent du mal à m'adapter mais là, je me réjouis d'être écoutée. Nous passons même la moitié du temps à rire et à inventer des traductions hilarantes, ce qui fait même rire notre professeure qui se joint presque à notre délire.

Je suis étonnée quand je réalise que le cours est passé super vite. Notre professeure nous donne les devoirs pour le prochain cours, à savoir l'étude du prochain texte que nous corrigerons ensuite en classe tous ensemble. Je me surprends même à parler à une blonde très jolie et à sortir avec elle de la salle. Elle me salue ensuite, m'indiquant qu'elle part à droite et je pense qu'elle voit tout de même mon regard se figer littéralement quand mes yeux rencontrent ceux de Ryan. Il se tient debout en face de moi et je sais qu'il m'attendait. Bon sang, pourquoi n'est-il pas venu avant et qu'il ne pointe qu'à cette heure-là ? Et pourquoi est-il si craquant ?

Bien sûr, je pourrais le fuir mais on sait tous comment ça se passe dans les livres. La fille essaie de s'enfuir mais le gars finit par la rattraper. Autant ne pas courir, dans tous les cas, je suis prisonnière de lui.

Je pourrais jurer que cette scène est presque romantique. Certes, nous sommes dans un couloir un peu délabré mais je suis sûre que cela aurait tout son charme dans un film.

Bon sang, maintenant, je me compare à une héroïne de film !

J'ai l'impression que je ne l'ai pas vu depuis une éternité et je dois l'avouer, ça m'a manqué.

Il m'a manqué.

La Nina d'il y a un mois me tuerait comme elle avait envie de tuer Ryan.

Et dans une semaine, il ne sera plus là.

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