Chapitre 36

~ Point de vue d'Adam ~

Light Club. Deux grands néons colorés écrivent ces deux mots. Des gens qui entraient et qui sortaient, de la musique qui se faisait entendre de l'extérieur. J'arrivais, toujours avec l'idée que Maya n'était pas à l'intérieur. J'ignorais où elle était, mais en entrant dans cette boite j'étais sûr que je n'allais qu'estomper les quelques doutes qu'avait réussi à me mettre l'autre connard de Travis.

Je passais par l'entrée qui donnait sur le parking, après y avoir posé ma moto. Ce n'était pas la première fois que je voyais cette endroit. J'y étais déjà venu. L'époque ou je sortais. Quand je ne me sentais pas obligé de rentrer un peu plus tôt que d'habitude, pour éviter de la laisser seule. Quand mon monde ne tournait pas autour d'elle.

J'arrivai enfin à l'intérieur, et je reconnu très bien le style de soirée du Light Club. De la musique à en briser des tympans, très faible lumière colorée, et que des gens bourrés. Je ne savais plus ce que je dois faire. La chercher ? Jamais je ne réussirai à la trouver. Comment savoir si elle n'était pas ici ou si elle était juste perdue dans la foule. J'avançais entre les gens, essayant de me frayer un chemin, et je levai ma tête, cherchant à la trouver. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Une bonne vingtaine de minutes passe, je me rendis à l'évidence. Travis m'avait eu. Quel bâtard. Et moi je l'ai cru. Je serrai mes dents à cette pensée. Je décidai alors d'aller prendre un verre avant de m'en aller. J'en avais besoin. J'arrivais donc au coin du bar et quelque chose retînt mon attention. Sur le fauteuil en face d'une des table se trouvait une veste. Une veste en jean foncé, qui avait sur le dos un petit croissant de lune formé avec de petites perles. Et je me figeai. Cette veste ne m'était pas inconnue. Non, ce n'est pas la sienne. Non, je délirais. Maya n'était sûrement pas la seule à posséder cette veste dans le monde, et ce n'était qu'une coïncidence. Mais encore une fois, le doute était toujours là. Je m'approchais alors, et pris cette veste.

- Elle est à qui cette veste ? demandai-je au mec assis à cette table.

- T'es qui toi ?

- Je t'ai posé une question.

- Calme toi, mec ! C'est à une meuf, elle est sur la piste.

Sans réfléchir, je mis ma main à l'intérieur des poches de cette veste. Je devais être sûr qu'elle n'était pas à elle. Mais quand je tombe sur un téléphone que je reconnais très bien être son téléphone, je vois rouge. C'est pas vrai. Non, je n'y crois pas. C'était bel et bien sa veste. Qu'est-ce que la veste de Maya fou la ? Cette question possèdait une réponse très clair, mais je refusais d'y croire. Maya n'est quand même pas là ? Et pourtant tout était clair. Elle était bien la. Quelque part au milieu de cette piste. Alors je ne tardai pas. Je pris la veste avec le téléphone à l'intérieur, et avançai d'un pas décidé vers cette foule de gens qui se déhanchaient. Je bousculais plein de monde mais je m'en foutais. Je n'avais qu'une seule idée en tête, la retrouver. Et soudain, je la vis. Je ne la reconnu pas tout de suite, mais c'était bien elle. Entrain de danser. Collée à un obsédé qui lui embrassait le cou. Cette vision me choqua, ce n'était pas Maya, je n'y croyais pas. Je me figeai. J'essayais de comprendre, mais je n'y arrivais pas. Et petit à petit, le choque s'estompa pour laisser place à du dégoût. Ainsi que de la rage. Je sentis mon sang se chauffer, et je ne tardai pas plus à aller lui prendre le bras pour la décollé de ce gros connard.

- QU'EST-CE QUE TU FOUS PUTAIN ?!? hurlai-je.

Elle ne répondit pas. Elle passa sa main sur son visage, et elle me regarda de haut en bas.

- Fou-moi la paix, dit-elle.

Elle tenta de tirer l'autre mec pour reprendre sa danse avec lui. J'espère que c'est une blague.

- Tu t'fou d'ma gueule la ?! Criai-je.

Elle me mettais hors de moi. Je la tirai encore une fois par le bras, et la dirigeai hors de la piste. Je l'entendais me crier dessus, mais je n'écoutais pas. Je n'avais aucune envie de l'écouter. Comment avait-elle pu faire ça, comment avait-elle pu venir dans ce genre de soirée et oser danser de cette façon avec un mec ! Putain... Comment a-t-elle osé ! Ma sensation était indescriptible, comme si une boule s'était formée dans ma gorge, que j'avais envie de frapper quelque chose, ou quelqu'un, mais que je ne devais pas. Je me forçais à me contenir.

- Adam, arrête ! T'es pas drôle !

Je continuais de la traîner sans l'écouter. On arrivait sur le parking, et elle tentait de se défaire de mon emprise.

- Adam, tu m'fais mal !

Elle réussi à se détacher de moi, et je me retournai vers elle.

- Qu'est-ce que tu fou ? lui criai-je.

Et tout à coup, elle se mit à rire. Elle trouve ça drôle ? Je me retiens de casser un mur et elle trouve ça drôle ?

- T'es énervé ? rit-elle. Quoi, t'es jaloux parce que je dansais avec un mec ?

Elle parlait de façon bizarre. Calmement, lentement, et son regard était vide.

- Maya, ne me dis pas que t'es bourrée.

J'essayais de dire ça en gardant mon calme, alors que je brulais à l'intérieur.

- Bourrée ? Non, j'ai juste bu un verre... ou peut-être deux.

Je ne la reconnaissais plus. Je n'arrivais à rien dire. Je remis ma main sur son bras, et la tirai pour qu'elle avance. Mais elle ne me laisse pas faire, et se défait de mon emprise.

- J'ai dis tu me fais mal, arrête !

- Comment veux-tu que je fasse autrement putain ! Hurlai-je. Tu t'es regardée, t'as vu l'état dans lequel tu es ?! Tu viens dans une boite comme ça, et tu te saoule qu'est-ce qui t'a pris !

Elle sourit encore. Le fait qu'elle ne prenait pas la situation au sérieux ne faisait qu'augmenter ma colère.

- Parce que tu t'inquiètes pour moi, maintenant ? rit-elle. Ça te fais chier de voir que je m'amuse, que je prend du plaisir à sortir loin de toi ? Ça t'énerve ?

- La seule chose que ça me procure c'est du dégoût. Tu me dégoutes Maya. J'aurais peut être du laisser l'autre obsédé se coller à toi, et c'est sûrement pas toi qui l'aurais empêché, vu comment tu avais l'air d'adorer avoir ses mains sur toi.

Je la regardais droit dans les yeux pendant que je lui crachais tout au visage. Les paroles étaient dures, je le savais, mais c'était le but. Je ne supportais pas de la voir s'amuser de la situation ainsi, comme s'il n'y avait rien de grave. C'était très grave, et le fait qu'elle soit bourrée n'excuse rien du tout. Au contraire.

Elle s'arrête de rire, et se fige, me regardant droit dans les yeux.

- Alors maintenant, tu me traites de salope ? Tu as ramené une fille hier dans ta chambre, et c'est moi la salope ?

Soudain, la colère diminua petit à petit, pendant que je réalisais ce qu'elle venait de dire. Et tout à coup, cela me fit l'effet d'une grosse claque dans la figure. Je fus choqué, puis je ressentis du regret, ainsi que de honte.

- Quoi, tu es surpris que je le sache ? ajoute-t-elle après ma réaction. Je te rappelle qu'on vit sous le même toit, et que les portes sont faites de bois, pas de béton.

Je fermai les yeux quelques secondes, me rendant compte de l'énorme bêtise que j'avais commise. Elle a tout entendu.

- Tu comprends que j'avais une bonne raison de venir ici ce soir, pas vrai ? poursuit-elle. Tu comprends que c'est à cause de toi que je suis dans cet état ? Parce que tu me traîtes comme si j'étais un
objet ? TON objet ? Un jouet, que tu prends et tu jettes à ta guise ? Tu comprends ça, Adam ?

Sa voix commençait à trembler, et je relevai la tête pour la regarder. Ses yeux devenait de plus en plus rouges, de plus en plus humides, et je n'osais rien dire.

- Si tu ne tiens pas à moi Adam, alors pourquoi tu m'as embrassé ? Tu m'as embrassé, et tu m'as abandonnée !

Elle commença à sangloter, et à suffoquer par moment. Je l'écoutais, et je me rendais compte que cette mascarade était allé beaucoup trop loin.

- Pourquoi tu fais ça ? Tu veux me rendre dingue Adam ! Tu me rends folle ! Quoi que je fasse, quoi que je dise, ce n'est jamais bon, tu refuses de voir que je suis la !

La, je la voyais. Elle s'approcha de moi, et se mit à me donner des coups sur le torse. Ses sanglots se mélangèrent à ses mots. Je ne savais plus quoi faire, je ne faisais que la regarder, me rendant compte de ce que j'avais fais de cette fille.

- Tu l'as ramenée à la maison..., murmure-t-elle. Tu l'as ramenée à la maison !

Elle continuait avec ses coups, et je ne l'empêchait pas. Je n'avais pas le droit de l'empêcher.

- Pourquoi tu l'as ramenée ?! Hurle-t-elle. Tu as couché avec cette fille ! Dans ma maison ! Tu as couché avec elle alors que j'étais dans la pièce d'en face, mais pourquoi t'as fais ça ? Pourquoi !

Elle pleurait à chaude larme, sa tête était près de mon torse, tendis qu'elle tapait avec ses mains. C'était affreux d'entendre ses pleurs. J'ignore ce qui me prit, mais je levai mes mains, et les mises sur son dos, comme pour la réconforter. J'étais certainement la dernière personne qui pouvait faire quoi que ce soit pour qu'elle se sente mieu, mais je le fis quand même. Je l'enlaçai, pendant que son front était posé sur mon torse, et qu'elle pleurait toute les larmes de son corps. Affreux. À cet instant, je me suis senti tellement mal. Je voulais lui dire que non, je ne me foutais pas d'elle, non, elle n'était pas mon jouet, et que oui, je tenais à elle, et que ce baiser valait énormément pour moi. Mais je n'arrivais pas à dire tout ça. C'était beaucoup trop lourd. Alors je m'arrêtai à ces trois petits mots.

- Je suis désolé.

C'était sorti dans un murmure. Je n'avais jamais dis cette phrase aussi sincèrement, et j'espèrais qu'elle avait entendu. Soudain, elle s'arrêta de bouger, elle arrêta de me frapper et elle arrêta de sangloter. Elle resta immobile durant plusieurs secondes, et je n'avais qu'une envie, c'était de resserrer mon emprise contre elle.

Elle baissa ses mains, et je sentis qu'elle les passa derrière moi. Elle répondait à mon câlin. Et ça me procura plus de réconfort que je n'aurais pensé. Je ne la serrais pas fort, j'avais peur de la brusquer. Mes mains étaient juste posées sur son dos. Seulement, quelques secondes plutard, elle s'éloigna brusquement et elle se mit à courir, tendis que je restai immobile.

Et soudain, je compris. Ses mains n'étaient pas passées derrière moi pour répondre à mon câlin. Elle avait prit quelque chose de ma poche. Mes clés.

- MAYA !! Hurlai-je.

Je courrais de toute mes forces pour la rattraper, mais elle avait pris beaucoup trop d'avance. Je la vis de loin essayer de la démarrer, de démarrer ma moto, et elle tournait sa tête vers moi, inquiète que j'arrive à temps. C'est tout ce que je voulais, moi. Arriver à temps. L'empêcher de faire une grosse bêtise. Je lui criais de toute mes force de descendre de cette moto, mais elle ne m'écoutait pas. Et lorsque j'arrivai enfin à l'endroit ou je l'avais garée, c'était trop tard. Elle était partie.

¤ Point de vue de Maya ¤

Qu'est-ce que je fou.

Qu'est-ce que je fou.

Qu'est-ce que je fou.

Adam m'avait apprit à conduire une voiture. Il m'avait aussi apprit à faire du vélo. Alors ce n'était pas si difficile de conduire une moto. C'était presque pareil. Mais qu'est-ce que je fou. Je n'en pouvais plus. Je suis désolé, c'est ce qu'il a dit. La seule fois il m'avait dit ces trois mots, c'était lorsqu'il m'avait prise pour Emily. Mais c'est la première fois que je l'entend aligner ces trois mot dans cet ordre en s'adressant à moi. Et ça avait procuré quelque chose en moi que je ne saurais nommer. Quelque chose qui m'avait donné envie de partir loin de lui, de m'éloigner de cette personne qui ne faisait que me blesser, me détruire, me briser. Je voulais partir le plus loin possible, le plus vite possible, et je voyais sa moto d'un coin de l'oeil. J'étais sûre au moins, qu'il ne me rattraperait pas. Et que je serais peut-être enfin tranquille. Mais je ne savais pas ou j'allais, j'essayais juste de garder mon attention sur cette moto, et ne pas tomber. Conduire, c'est comme faire du vélo. Il faut garder un équilibre entre les deux côtés. Ce sont ses mots, lorsqu'il m'avait donné ma première leçon. Ça ne doit pas être different, pour une moto. Ma tête était lourde, et elle était fatiguée. L'alcool que j'avais ingurgité me faisait un mal atroce, encore plus avec les fards de toutes ces voitures qui passaient, ça me donnait une douleur atroce. J'essayais d'essuyer mes larmes, ces larmes qui continuaient de couler, et qui me floutait légèrement la vue. J'en avait marre de pleurer, c'est tout ce que je ne cessais de faire depuis deux jours. Je me croyais tellement plus forte, je croyais que je pouvais surmonter tellement plus, moi qui avait appris que je devais toujours compter sur moi-même. Que si mon père n'avait pas voulu de moi, il pouvait aller se faire foutre, car je n'avais pas besoin de père pour vivre. Que ma mère devait faire passer son boulot avant moi, car elle s'était toujours battue pendant qu'elle s'occupait seule de moi durant plusieurs années, avant d'enfin retrouver l'amour, et que maintenant je devais me débrouiller seule. Je pensais qu'elle m'avait appris à me battre, à lutter contre ce qui cherchait à m'atteindre. Et je pensais avoir retenue la leçon. Mais je ne m'était certainement jamais retrouvée face à quelque chose d'aussi fort. D'aussi destructeur. Et je me rendis compte alors que je n'étais pas forte.

Non, j'étais faible.

Cette lumière aveuglante était beaucoup trop forte. Je ne m'étais pas tout de suite rendue compte que j'avais fermé les yeux, mais quand je le fis, c'était trop tard. Ce camion était beaucoup plus rapide.

Et boom, tout disparu.

Et durant un instant, j'étais presque heureuse de cet accident.

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