Chapitre 33

¤ Point de vue de Maya ¤

Finir de ranger la bibliothèque m'avait prit bien plus qu'une heure de temps. Je ne savais pas combien exactement, mais lorsque je pris le chemin pour rentrer chez moi ce soir la, il faisait déjà nuit. Je n'avais pas pris le temps de regarder l'heure, et ça faisait bien longtemps que j'avais perdu la notion du temps. Je ne voyais plus les minutes défiler, je ne faisais que réfléchir. Réfléchir à Adam. J'ignorais comment il faisait pour être omnipresent dans toute mes pensées, mais il le faisait, et ça me tuait intérieurement. Rien que de me remémorer son sourire fier lorsqu'il avait renversé les livres me donnait la boule au ventre. Mais une autre personne occupait mes pensées également, il s'agissait de Lia. Je ne digerais toujours pas le fait que nous n'étions plus amies, le fait de ne pas pouvoir lui parler me rendais malade, et de l'imaginer faire partie du groupe populaire était écoeurant. Alors lorsque, sur mon chemin, je passai la rue de sa maison, je ne pu résister à l'envie de lui parler, et d'entendre sa voix. Seulement je n'étais pas assez courageuse pour affronter son regard directement, alors je préférai l'appeler sur son portable afin d'éviter tout moment malaisant. Je me trouvais en bas de chez elle, mais je l'appelais quand même.

Ça à sonné une, deux, trois, quartre fois, et elle ne décrocha pas. M'évitait-elle ? Ce serait compréhensible. Mais je décidai de ne pas lâcher l'affaire, et de retenter une seconde fois.

Cette fois-ci, ça sonna une, deux, et..

- Ouaaais? répondit une voix masculine.

Qui c'est ça ? Pensé-je. Pourquoi c'est un mec qui répond à son téléphone ? Ce n'était pas la voix de Dylan, son grand frère, ni celle d'Evan, son petit frère. Alors qui était-ce ?

- Hum.. oui ? dis-je. Je peux savoir qui c'est ? Je voudrais parler à Lia.

J'entendis le bruit d'une forte musique, ce qui me laissa penser que c'était une soirée.

- Donnes-moi ce téléphone Zac ! fis la voix de Lia derrière, entre deux fou rires. Aaaalloooo ?

- Heu.. Lia ? Où est tu ?

- Quoiiiii ? J'entend pas ! Aie, ahahah Zac stop ! Je suis, au téléphone!

- Lia tu vas bien ? Ta voix est bizarre..

- Mayaaaaa c'est toi ?

- Heu, oui, c'est moi. Est-ce que t'es bourrée ?

- Nooon ! Je ne suis pas.. bourrée du tout !

- Tu pu l'alcool, dit le présumé Zac.

- Bon. Oook. Peut être un petit peu. Mais juste un tout petit peu.

- Lia, dis-moi ou tu es.

- Pardoooon ? J'entend rien du tout la musique est trop fooooorte !

- Lia ? Tu m'entend ?

- Je t'emmerde Zac, dit-elle, morte de rire.

Puis d'un coup, elle raccroche. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Lia était bourrée, à une soirée avec un mec dont je n'ai jamais connu l'existance. Lia avait toujours été une fêtarde, elle buvait de temps en temps, et elle aime bien avoir un garçon près d'elle. Mais ça m'inquiétait malgré tout. J'avais peur qu'elle fasse des bêtise, ce qu'elle risque fortement lorsque je ne suis pas avec elle, ou que Dylan, son grand frère, n'est pas près d'elle. L'idée d'appeler ce dernier me tournait alors dans la tête, mais je me demandai si c'est une bonne idée. Si Lia l'apprenait, elle me crierait sûrement dessus. Elle détestait quand Dylan jouait le chaperon, elle disait toujours qu'il l'empêchait de vivre. Mais moi je savais que c'est pour son bien. Et après tout, c'était pas comme si il y'avait encore quelque chose à briser entre nous.

Je pris mon téléphone, et cherchai dans mes contacts le numéro de Dylan.

- Allô ? fit-il.

- Salut Dylan.

- Y'a un truc qui va pas, Maya ?

- Non, enfin si, je sais pas trop. C'est Lia. Tu sais où elle est ?

- Je croyais qu'elle était chez toi ?

- Quoi ?! Non, pas du tout, c'est elle qui t'as dis ça ?

- Je rêve, j'vais la tuer !

- Écoute, j'ignore où elle se trouve mais je l'ai appellé à l'instant et je pense qu'elle est à une soirée mais je sais pas laquelle. Et elle était... bizarre, pas comme d'habitude. Je m'inquiète vraiment pour elle.

- À une soirée tu dis ? Ok, je pense savoir. Tu as bien fais de me prévenir.

Sa voix était séche, tout à coup. Le fait de savoir que sa soeur lui avait menti l'avait énervé. J'imaginais qu'il n'allait va pas être gentil avec elle, une fois qu'il l'aurait trouvée. Sur le coup, je me sentis un peu coupable, mais j'étais surtout rassurée. Je savais qu'il ne pouvait rien lui arriver lorsqu'elle était avec son frère, et qu'elle serait en sécurité au près de lui.

Il n'attendit pas que je lui réponde, et raccroche. Je me retrouvai à nouveau seule dans cette route, un vendredi soir, et je décidai de reprendre le chemin de la maison.

Je repensais à Lia. Elle était en soirée, à s'amuser, décompresser, oublier. Peut-être qu'elle était mal. Peut-être qu'elle ne se sentait pas bien depuis un moment, et qu'elle avait eu besoin de changer d'air pour essayer de se sentir mieux. Peut-être que j'avais été trop aveugle, ou trop égoïste, ou trop occupée pour le remarquer. Ou peut-être qu'elle avait juste besoin de s'évader le temps d'une soirée. C'est la meilleure façon d'oublier ses problèmes du quotidien, c'est ce qu'elle me répétait toujours. Peut-être devrais-je essayer ? Aller à une soirée, peut-être que ça m'aiderait ? La dernière soirée à laquelle j'étais allée c'était le soir d'halloween, et j'avais fini tétanisée, retrouvée par Adam, et ramenée chez moi. Plus j'y pensais, plus cette idée me tentait. Mais peut-être que je ne devais pas. Sans Lia, je ne pourrais pas supporter me retrouver seule à une soirée, sans connaître personne. Mais si je connaissais quelqu'un, peut-être que ça passerait. Peut-être que j'allais même m'amuser.

Avant que je ne change d'avis, je pris mon téléphone, et appelai un numéro bien précis que je trouvai dans mes contacts.

- Allô ?

- Jason ? C'est moi, Maya, tu t'souviens de moi, j'espère.

- Ah ! La miss ! Comment ça va ?

- Bien, ça va. Et toi ?

- Toujours.

- Je t'appelais pour...

- Laisses-moi deviner, tu as changé d'avis ?

- Il se pourrait, oui.

Je ne pouvais pas le voir, mais je sentais bien qu'il souriait derrière son téléphone.

- Alors, l'invitation tient toujours pour ce soir ?

- Évidemment. Je t'envoi l'adresse par message. Je suis ravi que tu viennes, Maya.

- Super. Je te dis à tout de suite alors ?

- À tout de suite.

Et je raccroche. J'étais un peu excitée à l'idée d'aller à cette soirée, même si j'étais sûre que j'en faisais un peu trop. J'en faisais toujours trop, pour ce genre de chose. L'absence de Lia ne faisait qu'augmenter mon appréhension. Mais je devais m'habituer au fait qu'elle ne m'accompagnerait plus dans toute situation, même si je n'avais aucune envie de m'y habituer.

J'arrivai enfin chez moi après un long trajet à pied, et je montai dans ma chambre, sans perdre de temps, pour chercher ma tenue. Je regardais ma penderie et ne cessais de me demander que choisirait Lia ? Ce n'était pas si difficile de trouver, je la connaissais par coeur. Après plusieurs tentatives, je chois une robe rouge a point blanc très mignonne que j'avais acheté l'été dernier. (Cf: média) Lia dirait qu'elle est un peu simple pour une soirée, mais finirait par accepter, disant que c'est ce qui me convient. J'ajoutai juste une veste en jean par dessus, et comme chaussures je choisis mes bottines noir. Après la tenue, vient le maquillage. Allez, un petit effort Maya, dirait Lia, après que je lui aurais dis que mon éternel mascara me suffisait amplement. Mais elle aurait réussi à faire en sorte que j'en fasse un peu plus, alors j'ajouterais sûrement un rouge à lèvre. Ce que je fit. Je pris le soin de me l'appliquer soigneusement, un rouge mate, puis j'avais fini. Quant à mes cheveux, je n'avais pas besoin de faire grand chose. Lia a toujours apprécié mes ondulations, alors je décidai de les garder ainsi.

C'est bon. J'étais prête. Je pris un sac ou je mis à l'intérieur les éternels indispensables : Téléphone, mouchoir, lime à ongle, rouge à lèvre, et parfum. C'est les cinq indispensables de Lia, même si j'étais sûre que je ne me servirais pas de la moitié.

Je sortie donc de ma chambre, et me rendit a la cuisine pour me prendre un verre d'eau avant d'y aller, mais Adam me surpris. Il avait l'air contrarié, et se dirigea vers moi les sourcils froncés.

- T'as dis à Daniel que je t'avais demandé si vous vous étiez embrassés ?!

Je ne compris pas tout de suite de quoi il parlait, puis ça me revint à l'esprit. Ce matin la, à la caféte, j'avais parlé à Daniel.

- Je.., commençai-je sans terminer ma phrase.

- Répond putain ! Hurla-t-il.

- Oui ! fis-je, impuissante. Je voulais savoir pourquoi il t'avait menti.

- Pourquoi t'as fais ça ?! Qui t'as permis d'aller lui raconter ce que je t'ai dis À TOI !

- Je savais pas que je n'devais pas, dis-je, légèrement effrayée.

- Donc je dois te prévenir à chaque fois que j'te dis quelque chose ? Je n'devrais plus jamais t'adresser un mot alors !

- Je suis désolée, tentai-je en espérant qu'il se calmerait.

- Agh ferme la s'il te plaît. Je m'en fou de tes excuses de merde, tu n'as aucune idée de ce que tu as fait en lui disant ça, putain ! Combien de fois dois-je te répéter que tu n'sais rien du tout, absolument rien !

- Arrête, pourquoi tu t'énerves ?

Il recule d'un pas, toujours en me regardant de son regard en colère et dégouté. Il ne dit plus rien, et me scruta de haut en bas.

- Tu comptais aller où ? Lâche-t-il froidement.

Trouvait-il ça normal de passer du coq à l'âne ainsi ? Pas moi. Alors je décidai de le lui faire savoir en lui tenant tête.

- Je sors, dis-je d'un ton ferme.

- Tu vas nul part.

Pardon ?

- Quoi ?! fis-je, surprise.

- Tu veux aller en soirée comme ça ?

- Ouais, et alors ?

- Et alors c'est non.

- Je ne te demande pas la permission !

- Et moi je ne te demande pas ton avis.

J'espère que c'est une blague.

- Tu te prends pour qui ? dis-je, avec la colère qui monte en moi.

- Ne rentres pas dans ce jeu avec moi, Maya.

Il me défiait du regard, et j'étais prête à l'affronter.

- Tu n'es ni mon frère, ni mon père, pour me dire des choses comme ça !

- Parce que t'as déjà eu un père toi ? Lâche-t-il.

Il dit cela en secouant légèrement la tête, et me regardant de haut en bas. Je ne réalisai pas immédiatement la gravité de ses propos, mais après quelques secondes d'assimilation, de regards croisés et de silence, je sentis l'étonnement, la déception et le dégoût monter à la tête. Comment a-t-il osé. Je restai figée, je le regardais les yeux écarquillés, et je n'y croyais pas.

- J'arrive pas à croire que t'aies osé dire ça, dis-je, presque dans un murmure.

Je le regardais désormais avec plein de déception et de dégoût, presque de chagrin. Oui, de la tristesse, ça devait être de ça que venait cette boule dans la gorge. Celle qu'on ressent lorsqu'on vit un moment qui nous brise le cœur, et qu'on se sent impuissant. Qu'il veuille jouer le garçon méchant avec moi, c'était une chose. Mais se servir de ça contre moi, c'était inimaginable. C'était beaucoup trop cruel.

- Adam, dis-je en y appuyant bien. Tu es la personne, la plus mauvaise, la plus cruelle et la plus décevante que je n'ai jamais rencontré de ma vie.

J'essayais de contrôler cette boule dans la gorge que j'avais ressenti toute cette journée la, j'essayais de résister encore une fois à la pression subite par ma poitrine mais cette fois-ci, je dû céder. Cette fois, c'était beaucoup trop dur, et lorsque je sentis les larmes remplir mes yeux et flouter ma vision je me sentais impuissante. Je détestais le fait qu'il puisse me voir ainsi. Qu'il puisse voir qu'il avait réussi.

- Pourquoi tu fais ça ? poursuivi-je. Pourquoi tu utilises ce que je t'ai confié pour me faire du mal, hein ?

Il ne disait rien et ne faisait que me regarder. Et ce silence me laissa dans mon élan pour sortir ce qui me pesait le cœur. Je ne pris pas le temps de déchiffrer son regard, mais je devinais qu'il devait y avoir de la satisfaction. La satisfaction de me voir blessée.

- Ça te fais plaisir ? C'est ça, bien-sûr, avoue-le, avoue que ça te fait plaisir ! C'est tout ce que tu cherches depuis des jours ! Hurlai-je en m'approchant vers lui.

Sans que je m'en rende compte, je commençai à le taper. Sur son torse, ses épaules, ses bras. Je devenais littéralement hystérique. Et lui me laissait faire, sans réagir.

- Qu'est ce que je t'ai fais ! Criai-je, en pleure. Pourquoi tu t'en prends à moi comme ça ! Pourquoi tu me fais ça à moi putain de merde Adam !!

À cet instant là, je le détestais de tout mon âme.

Et pourtant, sans que je ne me rende compte, en plein milieu de cette cuisine, entre mes cris, mes sanglots, et mes coups sur son torse, il posa ses deux mains sur chacune de mes joues, et il tira ma tête vers la sienne, pour rejoindre ses lèvres aux miennes. J'étais choquée, prise de court, déboussolée. Je me demandai ce qui lui prenait de faire ça maintenant. À cet instant la, je le détestais de tout mon âme. C'est ce que je m'étais dis. Et pourtant je ne le repoussai pas. Je sentais son souffle chaud caresser ma peau, son odeur s'empara de moi, et la chaleur de son corps m'enveloppa tel une mère protégeant son enfant. Le goût de ses lèvres était indescriptible, elles étaient si douces. Ses mains enveloppaient mon visage d'un geste si délicat, malgré que l'action de départ ne l'était pas vraiment. La dernière fois que j'avais embrassé un garçon remontait au collège, grâce au jeu de la bouteille, mais c'était si différent. Je n'aurais jamais cru qu'un simple baiser pouvait éveiller tant de sensations en moi. Je sentais mon coeur s'enflammer, comme s'il arrêtait de fonctionner, mais qu'il battait a mille par seconde a la fois. Ma peau se hérissait, j'avais des frissons sur tout mon corps, et cette boule dans mon ventre... elle était différente des boules aux ventres qu'on a l'habitude de ressentir. Celle-ci était semblable à ce qu'on ressent lors d'une chute libre d'une montagne russe dans une fête foraine. Cette sensation, son corps près du mien, était unique. Tout, je dis bien tout autour de moi avait disparu. J'avais tout oublié. Absolument tout. Jusqu'à ce que...

Jusqu'à ce qu'il décide de s'éloigner de façon soudaine de moi pour mettre un terme à ce qui me paraissait être le paradis. J'avais beaucoup trop oublié.

- Grandis un peu, Maya. Le monde est cruel. Si tu n'es pas dur avec lui, il ne fera qu'une bouchée de toi.

Et c'est ainsi qu'il s'en alla. Me laissant seule. Avec en tête un simple souvenir d'un moment que j'aurais souhaité interminable.

Et je ne manquai de m'effondrer.

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