Chapitre 22

|Point de vue de Adam|

Je n'ai fais que suivre le raisonnement de la musique, aussi léger soit il, pour trouver la bonne salle dans ce grand bâtiment. Et c'est depuis le couloir que je l'ai vu, que je les ai vus, à travers la vitre transparente qui sépare la salle du couloir. Je me suis avancé doucement, pas à pas, jusqu'à arriver à la ou je suis. Au pas de l'entrée de la salle, et je les regarde. Cette complicité entre eux est-elle un simple jeu pour leur chorégraphie ? Ou alors existe-t-elle vraiment. Elle est flagrante, et est exprimée dans chaque mouvement de manière détaillée. Ils dansent, mais pourquoi je suis là, alors ? Je ne suis pas venu ici pour les admirer. Pourquoi m'a-t-elle envoyé ce stupide message, si ce n'était pas car ils avaient finis. Je n'ai aucune envie de les voir avec ce truc entre eux que je ne saurais nommer, et qui refuse de cesser. Mais pourtant, je ne fais pas un pas de recul. Je reste dans ma position, a regarder, malgré que je n'apprécie pas ce que je vois. C'est comme si quelque chose me retenait, une envie d'en savoir plus. Alors je reste là, et les regarde faire. Quelque chose me gratte, en les jaugeant. Quelque chose me dérange, me chifonne, mais je n'arrive pas à mettre le grapin dessus. C'est embêtant et ça m'insupporte, mais je tente de chasser ça de mon esprit du mieux que je peux. Il est clair que c'est parce que je n'ai aucune envie d'être la, mais j'ai été obligé. De toute façon, je la ramène, et dans vingt minutes je serai à la maison.

La musique s'arrête, et c'est la que le truc qui me chiffonnait double. Ils sont à deux doigts de s'embrasser. Ils n'oseraient pas ?

Lui  tourne sa tête vers moi, et les choses s'apaisent dans ma tête. Maya se tourne vers moi à son tour, et lorsque son regard croise le mien, un petit sourire se dessine sur ses lèvres.

- Te voilà, dit-elle.

Je ne fais que hocher la tête.

- Tu as été rapide, remarque-t'elle.

- Je ne voulais pas te faire attendre, répond-je. Mais à ce que je vois je n'avais pas à m'en faire.

Je dis la dernière phrase en passant mon regard le long de son "partenaire".

- Salut, dit-il en s'approchant de moi. Tu es l'ami de Maya, c'est ça ? (Nan, jure ! Comment t'as deviner ?) Moi c'est Mike, je fais de la danse avec elle.

Il me tend sa main, et je me force, malgré mes deux secondes d'hésitation, à lui serrer la main.

- Enchanté, continue-t-il.

Je ne lui dis toujours rien, et répond seulement d'un hochement de tête sans décrocher un sourire.

Je crois qu'il a compris que lui et moi, on n'allait pas être potes, parce qu'il se retourne vers les bancs et dit à Maya qu'il va s'en aller.

- Bon bah j'y vais ! dit il, une fois avoir pris son sac à dos.

- Bye ! le salue Maya.

Il s'en va enfin. Maya se tourne vers moi.

- Tu pourrais faire un effort quand même ? Dit-elle plus sur un ton de conseil que de critique.

- Pour ?

- Être sympa ! Tu l'as intimidé, c'est mon ami quand même.

- Ce n'est pas le mien, rétorque-je.

Elle ne répond pas tout de suite, et me regarde longuement pensive. Ma réplique semble avoir créer un mini blanc entre nous.

- Tu es la depuis longtemps ? Je suis désolée si je t'ai fais attendre, reprend-t'elle en changeant de sujet.

- Ouais, je le suis aussi. J'ai dû rester la à vous regarder.

- Pourquoi, tu n'as pas aimé ? demande-t'elle, confuse.

- Bah, la danse c'est pas mon sport favori.

- Oui, mais ce qu'on a fait c'était quand même pas mal ! défend-t'elle.

- Mouais.

- Je te montre ?

- Hein ?

- Allé, ne fait pas le gêné !

La seconde d'après, la musique résonne dans la salle. Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe. Elle cherche réellement à danser avec moi ? C'est pas comme si j'allais me laisser faire ! Je n'ai aucune envie de danser, encore moin avec elle.

Elle défait l'élastique qui retenait ses cheveux pour libérer ces derniers qui tombent le long de son dos.

- Allé, viens ! Je vais te montrer.

Elle prend ma main, et me tire vers le centre de la piste. Je ne comprend pas. Je ne fais aucun geste pour la repousser, ou pour lui signifier mon désaccord. Au contraire, je la laisse faire, et je me laisse faire par la même occasion.

- Regardes, murmure-t'elle doucement.

Elle me montre les gestes. C'est comme si elle avait pris le dessus. Elle bouge ses bras doucement et délicatement, et je ne fais que suivre le mouvement. Parfois, elle attrape ma main et fait le geste en même temps pour me montrer. Elle tourne sur elle même, et puis c'est moi qui la fait tourner. Je ne fais pas grand chose, c'est elle qui fait le plus grand, tendis que je ne fais que la guider, ou bien c'est elle qui me guide. Elle s'éloigne, puis la seconde d'après elle revient vers moi en tournant, ma main dans la sienne. Son dos se colle à mon torse, mes bras s'emmêlent aux siens tout en enroulant son corps. Je me surprend à coller ma joue derrière son oreille. Une odeur de coco mélangée à de la vanille envahit mes narines, son odeur, et je suis littéralement transporté. C'est là que je commence à prendre goût à cette danse, même si la moitié du temps, je ne fais que l'admirer. Ses cheveux dansent dans le vide lorsqu'elle bouge, et sa petite robe vole au même moment. Elle a un sourire impossible à décoller dessiné sur ses lèvres, et les yeux fermés la plus part du temps.

- Portes moi, murmure-t'elle à mon oreille.

La seconde d'après, je fais ce qu'elle m'a dit, et je la soulève par la taille. Elle dépose ses mains sur ma nuque, et plante son regard dans le mien en souriant. Puis je la repose délicatement vers le sol tendis que ses yeux ne quittent pas les miens. C'est à ce moment la que je met enfin le doigt sur ce truc qui me grattait depuis tout à l'heure. Ça n'a rien à voir avec le fait que je n'aime pas danser, ni avec l'autre mec dont je n'ai pas retenu le prénom, ça a tout à voir avec elle. Elle est magnifique. Je la trouve magnifique, c'est ça le truc. Est-ce la première fois que je le vois ?

Son sourire s'est effacé, la musique s'est arrêtée, et nous nous regardons dans le blanc des yeux sans le moindre mouvement, ni la moindre parole.

J'ignore combien de temps passe durant ce moment qui me semble être figé et interminable en même temps. Mon regard descend vers ses lèvres rose légèrement entre-ouvertes, puis remonte vers son regard qui alterne désormais entre ma bouche et mes yeux. L'espace qui sépare nos deux visages rétrécit dangereusement. Mais durant une seconde d'inattention, je croise mon reflet dans le grand miroir derrière elle, et c'est la que je me rend compte que je suis très, très près d'elle. Je reprend mes esprits, et rompt ce moment en m'éloignant.

J'ouvre légèrement la bouche, m'apprêtant à dire quelque chose, mais aucun son ne sort. Je suis perdu, complètement chamboulé, et j'ignore quoi lui dire. Son regard me laisse penser qu'elle est déçue, mais je ne veux pas croire que la raison est bel et bien ce que je pense, et je ne veux pas croire que c'était à deux doigts d'arriver.

- Heu.. on devrait rentrer.., dis-je.

Elle ne réagit pas tout de suite. Je n'ose plus la regarder, mais je sens très bien qu'elle est déçue, et peut être même un peu blessée.

- Mh, oui, répond-t'elle avec une tentative de sourire.

Elle prend ses affaires, puis nous nous dirigeons tout deux vers la sortie. D'après ce que Maya m'a dis, il est fréquent que certains viennent s'entraîner aussi tard, alors l'établissement est ouvert jusqu'à la moitié de la nuit.

Nous marchons en silence, aucun d'entre nous n'ose ouvrir la conversation après ce qui s'est passé.

Je n'arrive pas à croire toutes ces choses et ces pensées que j'ai pour elle. Il y'a quelque temps encore, je n'aurais jamais pu me dire que je la trouvais magnifique. Pas parce qu'elle n'est pas belle, mais parce que l'idée de faire quoi que ce soit avec elle ne m'avait même pas effleuré l'esprit. C'était clair pour moi, elle fait sa vie, je fais la mienne, et la seule chose que nous allions partager était la maison.

Nous arrivons au parking, et je lui désigne la voiture vers laquelle nous nous dirigeons.

- La voiture ? demande-t'elle, confuse.

- Oui, pourquoi ?

- J'ignorais que t'avais une voiture, je croyais que ta moto te suffisait.

- C'est le cas, répond-je. Ce n'est pas ma voiture, c'est celle d'un pote. On s'est échangé, ça nous arrive souvent, et je me suis dis que ça allait être plus pratique pour toi, avec tes affaires et tout ça.

- Ah ouais ? demande-t'elle, ravie.

Je lui souris en guise de réponse.

- Et puis, je sais que tu as peur de monter sur ma moto, ajoute-je en la charriant.

- Mais non, c'est faux ! nie-t'elle en riant.

- T'es une menteuse, en plus, ricane-je.

- Bon, ok, j'aimais pas trop ça. Mais ça va, je m'y suis faite.

- Vraiment ?

- Oui, maintenant j'aime bien.

- D'accord, alors la prochaine fois je viendrai en moto.

- Oh, alors il y'aura une prochaine fois ?

Elle dis ça juste au moment où nous nous sommes installés chacun sur notre siège. Moi au volant, et elle à côté.

- Ça ne me dérangerait pas de venir te chercher quand tu en auras besoin.

Elle sourit en guise de réponse, puis j'ai démarré la voiture.

Durant le trajet, nous avons discuté longtemps sans nous arrêter. Nous avons parlé de tout, du lycée, de ses parents, de la danse, de l'avenir, et nous avons aussi un peu parlé de moi. Je lui ai raconté quelques moments de ma vie qui ont été important pour moi. À l'exception d'Emily. La confiance soudaine que je lui ai donné me surprend, car ce n'est pas dans mes habitudes de la donner à n'importe qui. Mais Maya n'est pas n'importe qui, me souffle ma conscience. C'est vrai. Elle ne l'est plus. Et c'est ça qui me fait peur.

Arrivés à la maison, nous ne sommes pas allés nous coucher. Nous nous sommes installés sur le canapé, et nous avons continué notre conversation. C'était la première fois que cela m'arrivait, avoir ce genre de conversation longue et intéressante qui peut durer toute la nuit, ou on se sent libre de parler de tout ce dont on a envie en sachant qu'on ne sera jamais jugé. Et c'est tout sauf déplaisant.

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