La Nouvelle - Premier Mois, Jour 1

Multimédia : Yukiria sur DeviantArt

- Gabrielle ? Réveille toi Gabrielle !

Gabrielle grimaça, se frotta les yeux et commença à se lever, fatiguée de sa voix nasillarde qu'elle avait cru bon d'enregistrer pour l'utiliser comme réveil. Quel idée pourrie.

- Une bonne nouvelle Gabrielle, il est lundi, ta mère est déjà partie au boulot, il faudrait que tu te dépêches et tu as une lettre pour toi ! Peut-être un admirateur secret !

Sa voix pré-enregistrée partit en fou rire. La jeune fille se demanda sérieusement quelle drogue elle avait consommé en enregistrant ça, sans doute une énième erreur de jeunesse, tâtonna en cherchant ses lunettes rondes et essaya de passer la main dans ses cheveux.

- Aïe !

Oui, non contente d'avoir des cheveux d'une couleur marron caca diarrhée, elle les avait eu aussi longs et bouclés, ne facilitant pas la tâche de ne pas être en retard.

- Gabrielle, dépêches toi ! Il est 7h45!

- Pardon ? C'est une blague, j'espère.

Pas de réponse. En même temps, ce n'est pas une IA, il ne fallait pas attendre grand chose d'elle.

- Hop hop ! On se dépêche ! Il est 7h46!

- Et crotte.

~~~~~~~

Gabrielle souffla bruyamment, se tenant à moitié recroquevillée sur elle même. La jeune fille adorait courir mais avait, ironiquement, très peu d'endurance. Elle leva sa lettre en un signe de victoire puis se rappela qu'elle devrait peut-être la lire.

- Tiens, tiens, mais qui voilà ! Gabrielle en retard, mais quelle surprise !

La retardataire sursauta et se retourna pour apercevoir un des surveillants, Dominique. Celui-ci souriait d'un air ironique, habitué aux nombreux retards de la jeune fille.

- Tu as de la chance d'être bonne élève car sinon tu te serais pris plus de 10 heures de colles vu ton nombre de retards.

- Comme le dit une célèbre philosophe, ce n'est pas moi qui rate le bus, c'est le bus qui me rate.

Son surveillant préféré ria et lui ordonna :

- File en cours, ne te mets pas plus en retard.

- Merci, bonne journée !

Et Gabrielle se remit à sprinter.

- Gabrielle... Vous êtes encore en retard !

- Désolé monsieur.

- Il faudra vraiment vous trouver un réveil performant, allez vous asseoir.

La jeune fille s'approcha d'un air innocent de sa meilleure amie, une jeune fille noire ayant les cheveux décolorés, lui donnant un aspect surréaliste, quasiment mystique.

- Non, pas à côté de Judicaëlle. Allez près de Gwenaelle.

- Qui-est ce, Monsieur ?

- Ah oui, c'est la nouvelle, elle est arrivée ce matin. Tout au fond, près de la fenêtre.

- OK.

Gabrielle aperçut ladite nouvelle. Les yeux bleus rivés sur la fenêtre. Une crinière noire parfaitement lisse et coiffé. Des vêtements classes et impeccablement ajustés. La brune grimaça en pensant à sa propre apparence. Mal habillé, les cheveux en bazars, et des tâches de dentifrice au coin de la bouche. Sans oublier ses taches de rousseurs qui avaient décidé de partir dans tous les sens, brisant le côté mignon et enfantin qu'elles auraient pu avoir.

Essayant désespérément de faire un peu plus propre, la retardataire tenta de faire connaissance.

- Salut !

Rien.

- Ça va ?

Silence radio.

- Tu pourrais au moins me répondre !

Toute la classe se retourna vers elles.

Gwenaelle ouvrit de grands yeux comme si elle venait de se rendre compte que quelque chose cloche.

- Mademoiselle Gabrielle, veuillez suivre le cours s'il vous plaît. Et sachez que, si vous étiez arrivé à l'heure vous le sauriez, Gwenaelle est muette.

Ladite muette fit la moue et commença à écrire furieusement sur son carnet.

- Désolé monsieur. Et désolé Gwenaelle.

La dernière barra quelque chose et tourna le cahier vers sa voisine.

Pas grave.

- Comme vous semblez intéressé par la nouvelle, vous serez chargé de l'aider.

- Quoi ?

- Vous n'avez pas le choix.

La brune soupira. Elle allait devoir dire adieu aux places près de Judicaëlle.

- Bien, reprenons le cours.

Sa voisine Muette lui tapota l'épaule et lui montra son cahier.

Ne t'inquiète pas, je ne te gênerais pas plus de 10 mois.

- Et si on est dans la même classe l'année prochaine ?

Ça n'arrivera pas.

- Tu n'en sais rien.

Ça n'arrivera pas.

- Si tu le dis...

La bigleuse se sentit mal à l'aise.

- Euh... Tu es très jolie et j'adore tes habits.

Mais quelle cruche ! Elle ne pouvait pas dire quelque chose d' intelligent pour une fois ?

Merci. J'aime bien tes (il y eut une grosse tache, signe qu'elle réfléchissait à quoi dire) lunettes, elles sont mignonnes.

Ne te force pas à faire des compliments surtout hein.

La muette sembla réfléchir un peu et écrivit :

Désolé pour ce compliment nul, je ne suis pas douée pour être sociable. Du coup, est-ce que tu pourrais éviter de me parler ? Merci d'avance.

Pardon ? D'accord, c'était compris, elle avait enregistré. Visiblement elle puait.

- Je suis obligé de te guider.

Fais juste le minimum.

Le cours continua dans une monotonie étouffante. Elle connaissait déjà le cours, l'ayant appris en avance, sa voisine refusait de communiquer et elle n'avait même pas de livres pour faire passer le temps. C'est alors qu'elle se souvint de sa lettre. Gabrielle l'ouvrit et commença à lire :

"Bonjour Gabrielle ! Ça va ? Moi pas, je m'inquiète pour quelqu'un.
Si j'ai bien calculé mon coup, normalement, tu as une nouvelle dans ta classe. Et, si elle n'a pas subit des expériences radioactives, elle est Muette.
S'il te plaît, pourrais-tu en prendre soin ? C'est la fille d'une amie.
Avec tout mon affection, G. R. "

G. R. était son excentrique de tante qui s'amusait à lui envoyer des lettres alors qu'elle avait son adresse mail. C'était le genre de personne qui connaissait tout le monde et qui te répondait "mais bien sûr qu'on est proche ! C'est l'ami d'un ami d'une amie !".

Gabrielle sentit un regard indiscret, se dépêcha de ranger la lettre dans ma poche et se tourna vers sa voisine.

- Qu'y a-t-il ?

Rien, j'ai juste été interpellé par la signature.

- G. R.?

J'ai reçu une lettre de cette personne. Rien d'intéressant ou d'utile.

Mais qu'est-ce que sa tante avait fait ?
Gwenaelle fit un signe de la main, totalement blasée, comme pour dire qu'elle s'en fichait.

- Hm hm.

- Gabrielle ! Qu'est-ce que je viens de dire ?

- Je ne sais pas monsieur.

- Pouvez-vous résoudre le problème au tableau ?

- Oui monsieur. Je suis désolée monsieur mais je voulais m'assurer, en tant que responsable de guide à la nouvelle, que tout se passe bien.

- Hmpf. Vous êtes excusées, mais que je ne vous y prenne plus. Venez résoudre le problème.

La brune se leva sous l'œil moqueur de Gwenaelle et commença son explication.

~~~~~~~

Lorsque la sonnerie retentit enfin, la muette fut obligé d'attendre la bigleuse. Lente à rassembler ses affaires. Et ça ne s'arrangea pas avec Judicaëlle qui s'approcha pour papoter. Leurs bavardages étaient insupportables pour la nouvelle. Ceci dit cela se voyait qu'elles étaient soudées et feraient n'importe quoi pour l'autre, ce que Gwenaelle enviait un peu.

Elle voulait lui dire de se dépêcher mais, youpi, elle ne pouvait pas. Elle voulut alors l'écrire mais son cahier était déjà ranger et elle avait la flemme de le reprendre. Faire de grands gestes ? Elle semblerait ridicule. La langue des signes ? L'autre ne la connaissait sûrement pas. Partir seule ? Hors de question, elle allait se perdre.

La jeune fille aux yeux bleus perçants lui tapota donc l'épaule, en tentant de retranscrire sur son visage son empressement. Chose quasiment impossible pour elle car, en plus d'être née muette, elle avait eu la (mal)chance d'avoir un visage très peu expressif voir pas du tout, ce qui empêchait un peu plus la communication.

- Oh ! Pardon, je t'avais oublié tellement tu es silenci... Oh. Pardon.

Gabrielle prit un air coupable, malgré son air rêveur et perdu toujours collé au visage. La noiraude soupira.

Elle doutait qu'elle puisse un jour supporter sa voisine.

~~~~~~

- Et donc ici, c'est la réserve. Tout le monde peut y aller mais je ne te conseille pas d'y passer.

Gwenaelle leva un sourcil tout en gardant un visage inexpressif. C'était un spectacle plutôt comique alors la brune ne put s'empêcher de pouffer.

- La majorité du temps, ce sont les couples qui squatte pour avoir un peu d'intimité. Crois-en mon expérience, ce lieu ne peut conduire qu'à des traumatismes.

- Tu parles de la fameuse affaire de la grande honte ?

- Oh par pitié, Judi', arrête !

Gabrielle se retourna et continua la visite, ponctuant le tout par des petits commentaires tandis que Judicaëlle s'empressait de surenchérir.

- Eh, Gabi, on lui montre notre endroit secret en plus ?

- Euh... Judi, nous n'avons déjà pas le droit d'y aller, autant ne pas créer de témoin.

- Mais comme ça elle pourrait nous rejoindre !

La bigleuse se retourna vers sa voisine pour voir ce qu'elle en pensait et surprit l'ombre d'une grimace désapprobative sur ses lèvres, l'air de dire : "je n'ai pas DU TOUT envie d'être avec vous".

- Je crois que c'est plutôt mort.

-Espèce de rabat-joie, je suis sûre qu'elle en a envie ! Allons-y !

- Tu es trop joyeuse.

- Je prends ça comme un compliment ! Direction les toilettes des filles du dernier étage !

- On va se faire prendre un jour à cause de toi...

Après avoir suivi en courant une Judicaëlle trop enjouée, elles arrivèrent enfin dans les fameuses toilettes. Elles prirent une cabine et s'enfermerent dedans.

- Le bon point Gwenaelle, c'est que, dans cet établissement, les toilettes sont séparés par des vrais murs et des vrais portes, comme ça personne peut nous voire ! D'ailleurs, vu qu'on s'enferme souvent toute les deux, Gabi et moi, la majorité des gens pensent que nous sommes ensemble !

- En amenant Gwenaelle avec nous, non seulement ils vont penser ça, mais en plus ils vont croire qu'on fait des trucs pas nets à trois.

La muette semblait de plus en plus avoir envie de partir.

- Oui, je vais faire fuire les garçons à cause de ça...

- Judi, tu les fais DÉJÀ fuire avec ton comportement.

- Merci, on voit que tu es une vraie amie. Tu peux déplacer le faux plafond, moi je suis trop petite ?

- Toujours.

- Oh, ce qui est sympa c'est que Gwen est encore plus petite que moi ! Je suis moyenne maintenant !

Gwenaelle soupira, visiblement complexée par sa taille. Elle semblait vouloir partir loin d'elles. Tout en montant sur les toilettes, Gabrielle se fit la réflexion, qu'effectivement, si sa meilleure amie était assez petite, sa voisine était minuscule. Eh eh, elle était toujours la plus grande dans tout les groupes de toute façon. Une Fierté dont elle n'arrêtait pas de se vanter.

Elle repoussa le faux plafond et se hissa à l'intérieur. Puis la brune tendit les mains pour attraper les poignets de son amie, habituée à cet escalade.

- Viens, Gwenaelle !

Celle-ci secoua la tête et fit d'étranges signes de mains avant de s'arrêter net et de soupirer.

C'est... La langue des signes ? Effectivement, la bigleuse allait devoir l'apprendre.

- Ne t'inquiète pas, à côté des faux plafonds pour les toilettes, il y a un sol, ça devait sans doute servir auparavant comme grenier ou quelque chose comme ça. Tu ne risques rien. Et si c'est l'aspect légal qui t'intéresse, sache que personne ne peut nous voir d'en bas et qu'au pire Judi dira que c'est de sa faute.

- EEEEEHH !

- En même temps, c'est toi qui a insisté pour venir.

- Et vous m'avez suivi !

- Chuut.

La noiraude sembla se résigner à mourir, souffla et sauta. Gabrielle attrapa ses poignets et la tira facilement sur la plate-forme. Elle fut étonnée par la légèreté de sa camarade, elle ne l'avait quasiment pas senti.

- Venez les filles !

Elles se retournèrent vers Judicaëlle, faisant de grands signes de bras près d'une sorte d'escaliers menant au toit.

- C'est le dernier obstacle ! Venez Princesse Muette et Princesse Aux Yeux Vairons !

- Par pitié, Judi... Arrête de m'appeler comme ça !

Gwenaelle tira sur sa manche et lui montra sa montre.

- Oh. Il va bientôt sonner.

Elle hocha vigoureusement la tête et partit en direction de la sortie.

- Hop hop hop, Gwegwe ! Tu ne pars pas avant d'avoir vu le toit ! On doit te faire visiter, parole de Judicaëlle !

Après avoir grimpé quelques marches, les filles arrivèrent enfin sur le fameux toit.

Et... Il n'avait rien de spécial. Gabrielle le savait depuis longtemps, qu'à part observer les gens de haut, d'être tranquille et à l'écart (pratique pour les parties de jeux de rôles bien que, n'étant que deux, elles ne risquaient pas d'aller bien loin), ce coin n'avait rien d'exceptionnel.

Cependant, voir les étoiles dans les yeux de son amie lui suffisait largement. Pour Judicaëlle, cet endroit était magique et magnifique.

Gwenaelle observa un moment la cour et inspecta le toit tout en gardant son expression impénétrable jusqu'à ce que retentisse la sonnerie.

Elle se mit à paniquer et à courir vers la sortie, suivie des acolytes riant de tout leur cœur, amusée par ce soudain empressement.

Le groupe ouvrit donc la porte des toilettes, le front luisant de sueur sous l'effort... et tomba sur un groupe de fille les regardant bizarrement.

- Qu'est-ce que vous faisiez dans les toilettes ?...

- Oh oh ! Zofia ! Mandi ! Patrizia ! Est-ce que vous allez me croire si je vous dis que c'est pas du tout ce que vous croyez ?

- Non, excuse moi Judicaëlle. Fit une blonde au jolie sourire, Mandi.

- Vous êtes un peu suspectes ! Vous n'avez pas bougé de ces toilettes depuis ultra longtemps ! S'exclama une brune au sourcil tellement froncé qu'on dirait qu'ils vont se détacher, Patrizia.

- Puis on te connaît Gabrielle. On sait ce que tu es. Faire cela ne dérangerait pas une dépravé comme toi. Pauvre nouvelle contaminée. Cracha une rousse avec la bouche crispé, Zofia.

- Je n'ai pas de problème avec ce que je suis.

Une ambiance pesante s'installa, seulement troublé par la muette qui essayait désespérément de passer discrètement pour ne pas être en retard.

- Heeeee ! Calmons nous les potes ! En vérité les filles, on était sur nos téléphones ! Rien de bizarre !

Zofia se détendit et demanda :

- Ah, c'est encore tes photos prises en scred de Rolph ? Une vraie stalkeuse !

- Comment tu sais ?... On ne peut rien te cacher Zozo !

Elles éclatèrent de rire, rapidement suivie par Patrizia et Mandi.

La bigleuse remarqua enfin qu'elles étaient en retard et que sa voisine les avait totalement abandonné.

- Les filles... Ça a sonné !

- Oh mer...

- Mince !

Elles coururent de toutes leurs maigres forces.

Depuis la visite guidée, Gabrielle et Gwenaelle ne se reparlèrent pas, la deuxième fuyant la première par peur de s'attirer des ennuis, et chacun partit de leur côté, la brune toujours secouée par cette journée étrange.

~~~

Première fois que j'écris quelque chose du genre, je pense que ça se voit que je suis assez mal à l'aise.

Il se peut que mon style s'affirme au fil des chapitres.

Si vous voyez des fautes, dites-le moi, ça m'aiderait beaucoup !

Ah oui et avant de continuer, je dois remercier le BataillonDuDrama pour le travail de la cover.

Merci de me suivre pour cette nouvelle aventure ! Le prochain chapitre arrivera quand je le déciderais car il est déjà écrit et celui de panda mutant arrive bientôt ! Il est écrit à moitié !

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