💛 CHAPITRE 20 💛
J'aurai aimé que les événements se passent différemment et n'être qu'un personnage d'une idiote et bête comédie romantique qui ne connaîtrait alors rien d'autre qu'une fin heureuse. J'aurai aimé être une de ces filles qui ont eu de leur côté, toutes les fées allant de la beauté, à la grâce en passant par l'amour. J'aurai aimé à ne pas avoir eu à réfléchir autant, à me retourner le cerveau et me triturer les neurones. J'aurai aimé que tout aille dans mon sens et que je n'ai pas à me dire que mon histoire s'arrête tout simplement là. Comme ça.
Parce que la réalité est là. Parfois, on ne peut pas sauver ce qui est condamné à se passer.
Je l'ai compris le jour où j'ai enterré mon père et où j'ai vue ma mère, s'effondrer pour la première fois de sa vie. Je l'ai compris le jour où j'ai réalisé que je ne ferais probablement pas le métier de mes rêves et que la voie que je choisirais, les études que je ferais, ne sera qu'un amas de difficultés et de prise de tête. Je l'ai compris le jour où l'on m'a dit, en guise de phrase toute faite «Tu comprendras quand tu seras plus grande», mais qu'en grandissant, je n'ai toujours pas compris ce que la vie me voulait vraiment. Je l'ai compris le jour où, pour la première fois, j'ai accepté de lui prendre la main. Rien ne se passerait comme je le désirerait car c'est ainsi. Je suis tout bonnement faite pour accepter cela, ne pas broncher, ne pas me révolter, ne pas hurler, or présentement, j'ai envie de faire tout cela à la fois.
J'ai envie de me révolter.
J'ai envie de hurler.
J'ai envie de me jeter à même le sol et de me rouler par terre, en criant.
Mais je sais, je sais qu'un tel comportement ne résoudra rien car il n'y avait tout simplement rien à résoudre. Ce n'était pas un problème. Ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait «résoudre» comme un problème. Ce n'était rien. Simplement la vie.
J'étais censée accepter que ce voyage, cet unique voyage, serait le seul que je ferais avec lui et le seul qui me permettrait de réaliser à quel point, on s'est fait avoir. On s'est laissé porter par la vie en pensant tout bonnement que l'on serait toujours ensemble. Que rien ni personne ne nous séparerait parce que nous pensions être nos propres héros de comédie romantique, mais en réalité, sans le savoir, nous vivions une véritable tragédie : Jérémy allait partir à l'autre bout du pays et moi, je serais condamnée, enchaînée à rester dans la même ville pour ce qui me semblerait être une éternité comme si cela devait servir de punition divine. Mais ai-je offensé les dieux ? Ai-je fais quoique ce soit qui puisse mériter un tel sort ? Une telle condamnation ? Non. Je suis juste une fille banale, n'ayant rien pour elle, mais à qui on aimait tout prendre.
J'étais juste moi et c'était bien assez triste comme cela.
Il n'y aurait donc pas de fin heureuse, ni de fin tout court d'ailleurs. Il y aurait juste ce grand vide, ce questionnement permanent m'habitant et cette envie de vouloir refaire le monde. De le refaire plus coloré, plus gaie. Plus abordable.
Moins effrayant et intimidant en fait car qu'est-ce qu'il peut l'être du point de vue d'une adolescente de dix-sept ans venant de souffler, sur l'instant, la bougie de son dix-huitième printemps.
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