💛 CHAPITRE 17 💛

Il y a une tonne de choses qui se bousculent dans ma tête et pourtant malgré tout ce que je peux penser, il n'y a une seule phrase qui revient sans cesse c'est «On va discuter». On va discuter de tout ce qui n'a jamais été dit et de tout ce que l'on a volontairement laissé sous silence. On va discuter de toutes ces choses que nous avons gardés pour nous-même, enfuie sous des petits bouts de bonheur car il nous était plus facile d'être heureux que de voir ce qui n'allait pas. Ah ça, pour faire l'autruche, on est tous deux de grands champions.

Nous sommes rentrés dans le silence et pourtant, Jérémy ne m'a pas lâché la main. Pas même alors que celle-ci commençait à suinter de transpiration. Pas même alors que mes doigts se dérobaient aux siens. Il a tenue bon. Il a tenu...comme s'il ne voulait pas la lâcher en fait.

Il ne l'a fait que quand nous nous sommes mit chacun de notre côté de la pièce. La chambre était suffisamment grande pour que l'on se trouve un coin rien qu'à nous, loin de l'autre et bien que j'ai choisis de me laisser tomber dans un fauteuil plutôt confortable, Jérémy lui a décidé de s'adosser au mur voisin, me faisant face. Il ne prononça pas un mot, mais je ne connaissais que trop bien ce pli sur son visage. Celui situé entre ses deux sourcils...Le pli de la contrariété.

- Je présume...que nous devons parler, finit-il par lancer

J'ai l'impression d'être la méchante de l'histoire et cela me peine de le voir sortir ces quelques mots avec souffrance. Je sais que je lui force la main et je sais aussi qu'à cet instant, même s'il ne dit rien, Jérémy m'en veut. Avec raison. Théoriquement, je n'aurai pas dû insister, mais je ne peux m'empêcher d'être satisfaite de l'avoir fait. Comment aurions-nous pu continuer ? Mentir est une chose, mais vivre dans le mensonge...c'est la pire des illusions, aussi douce soit-elle.

- Je veux simplement comprendre, fis-je à voix basse

- Je sais...Je sais...Je te dois des explications, peut-être même des excuses par la même occasion. Mais...Je ne sais pas, je pensais que l'on pourrait discuter à notre retour. En fait, non, je voulais qu'on discute à notre retour. Crois-moi. Je voulais vraiment le faire et je pensais que l'on pourrait simplement profiter de ce petit moment pour...Je ne sais pas, juste être tous les deux sans avoir le monde sur le dos car quand on partira d'ici...Putain, on aura le monde sur le dos.

Je sais ce qu'il entends par cela. «Avoir le monde sur le dos». Je ne peux que m'imaginer Atlas portant la terre sur ses épaules quand il dit ça, mais il n'y a pas d'image plus juste que celle-ci.

Comment un adolescent de dix-huit ans peut-il bien avoir le monde sur le dos me diriez-vous ? Il faut croire que c'est fait ainsi. On nous gave à grands coups de médias qui nous laissent sous-entendre que l'adolescence reste la meilleure partie d'une vie, mais en réalité, l'adolescence, c'est juste...un champ de bataille. On se prends tout dans la poire sans pouvoir y faire quoique ce soit. On se retrouve à devoir comprendre les gens nous entourant, notre propre corps qui fait des siennes, nos émotions toutes chamboulées et pire encore...ce qu'attends la société de nous. Comme si notre vie se résumait à cela : A comprendre ce que l'on attends de nous. Mais qui est ce «on» très exactement ? Nos parents ? Nos professeurs ? Qui ?

«Nous avons de grandes attentes te concernant» combien de fois l'ai-je entendu celle-la et je ne sais toujours pas comment y répondre. J'avoue que pour moi, avoir dix-huit ans, c'est juste enchaîner les casse-têtes les uns après les autres. C'est me dire que je serais très prochainement une adulte, mais quand même temps, je n'en suis pas une. C'est me dire que je ne serais bientôt plus une enfant et pourtant...j'en suis encore une. J'ai dû mal à faire mes propres choix, j'ai peur des conséquences qu'ils pourraient avoir.

Alors comment pourrais-je être une adulte ? Qu'est-ce que l'on attends de quelqu'un qui a dix-huit ans au juste ? Et comment peut-on vivre avec autant de questions ? Autant de pression ?

- Je sais...Je sais que récemment, la vie a été difficile pour toi et que je n'ai pas toujours été là, que je n'ai pas toujours assuré, poursuivit Jérémy, mais Leila...Sans avoir le droit de me plaindre, j'aimerais vraiment le faire car ça a été dur pour moi aussi, tu comprends ? Je veux dire, j'ai appris des choses qui vont probablement changées ma vie, des choses dont je ne suis pas censé parler et je ne sais pas ce que je dois faire car à force de garder le silence, tout ce que j'ai l'impression de faire c'est te mentir et je déteste ça !

Quelque part, je le sens brisé. Dans sa voix. Je le sens tout simplement triste. Comme si toute la tristesse qu'il refoulait jusqu'à maintenant, n'arrivait que maintenant. Dans ses mots.

- Tu sais, fis-je dans un demi sourire, sans me dire les choses, je savais qu'il se passait quelque chose. Tu étais différent. Nous étions différents. Je ne peux pas être égoïste et te rejeter la responsabilité de ce malaise grandissant entre nous, Jérémy, j'ai également ma part de responsabilité. J'aurai dû...Je ne sais pas ? Le voir venir ?

Mais encore une fois, quand tu es submergé par ta propre vie alors comment peux-tu regarder dans celles des autres ?

- Honnêtement, je pense qu'on s'est juste laissés...

- Déborder ? le coupé-je

C'est ça. Nous étions simplement débordés. Par tout. Les cours, les devoirs, les choix d'avenirs, nos quotidiens. Nous étions débordés. 

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