💛 CHAPITRE 12 💛
Mais bravo Leila ! Quelle remarquable maturité de ta part dites donc ! Je t'en félicite. Tu parles ! Il n'y avait pas pire enfantillage et caprice que ce que je venais de faire et maintenant que je me retrouvais dehors comme l'imbécile que je suis à pester et rouspéter dans mon coin, je me rends compte que j'aurais très bien pu ignorer la tournure que prenait la conversation. Certes, ce n'était guère plaisant, mais j'aurais pu faire la sourde oreille comme je le fais à chaque fois...aux plus mauvais moments. Il faut croire que mon cerveau décide de lui-même ce qu'il faut que je retienne et forcément, comme c'est beaucoup lui demander, il se refuse catégoriquement à retenir les choses importantes : Les dates d'anniversaire ? Heureusement que j'ai les réseaux sociaux. Les numéros de téléphone ? Enregistrés soigneusement, oui même celui de mon coiffeur ou bien du livreur de pizzas. La liste des courses ? Quelle liste en fait ? Je finis toujours par la perdre celle-là, même en tant que simple note dans mon téléphone. Les rendez-vous, les soirées, les sorties, tout est noté dans un agenda que je garde constamment avec moi également. Un vrai «pense-bête» et heureusement ! Sinon, tête de linotte que je suis...j'oublierais. Ah mais par contre, pour emmener toute sa chambre avec soi en voyage, ça, je n'ai pas oublié !
Encore une fois Leila, tu brilles par ton génie.
Absolument pas. Je suis une idiote finie.
Une idiote finie et en plus je suis une idiote seule.
Quelques passants me dévisagent, d'autres font le joie plus judicieux de m'ignorer tandis que je suis accroupie, échangeant avec une simple pierre. Faute d'avoir des amis, j'ai un caillou de compagnie. C'est pas plus mal. Au moins, il écoute et je parle.
Jérémy sait aussi le faire ça d'habitude. Il le fait même très bien car tout ce qu'il fait et toujours «bien» fait. C'est d'un frustrant ! Je veux dire, certes, il a des défauts, comme tout à chacun, mais ses petits défauts sont amortis par de grandes qualités. La preuve : Jérémy sait sociabiliser avec un couple de personnes âgées. Pas moi. Quand j'y pense, je me sens réellement honteuse, mais j'ai encore trop fierté pour retourner dans la chambre avec mes grands chevaux et m'excuser tandis qu'il me dévisagera sévèrement, certainement pas fier de mon comportement. Je ne peux QUE le comprendre. Je me mettrais des baffes, si je pouvais. Je le peux, mais ça fait mal et je n'ai vraiment pas besoin que l'on en rajoute une couche actuellement. A dire vrai, je n'ai besoin de rien du tout. Juste peut-être de redescendre en pression. De me calmer.
Je ne sais pas si c'est le voyage qui m'a fatiguée ou si c'est juste le stress de tout ça, de me retrouver seule, avec Jérémy, ou bien autre chose, mais je suis juste...sur les nerfs. Je ne peux pas l'expliquer. C'est comme si tout à coup, tout était monté en moi. Vive la puberté. Vive l'adolescence et vive toutes les conneries que l'on vous sortira pour vous faire comprendre que c'est indéniable : «Vous vivez les meilleures années de votre vie». Je reste quand même persuadée que l'on s'éclate plus à 30 ans qu'à 18 ans, mais ce n'est que mon avis.
Il faudrait que j'interroge un adulte. Un vrai. Je pourrais peut-être même mener une étude scientifique sur le sujet : Est-ce que l'on s'amuse une fois que l'on a finit de «grandir» ? J'aimerais tellement avoir la réponse et en même temps, je ne suis pas tout à fait certaine de la vouloir.
Le dénie à parfois du bon.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Le souffle chaud et la soudaine interrogation sortie de nul part me font sursauter et je finis par perdre mon équilibre si durement gagné, basculant en arrière afin de finir sur les fesses tandis qu'en relevant les yeux, j'aperçois Jérémy se tenant derrière moi.
C'est bizarre. Il ne semble pas fâché. Il devrait l'être. Je sais qu'il l'est. Ne serait-ce qu'un petit peu.
- Rien, m'empressé-je de dire, Je ne fais qu'un avec le sol.
- Tu détestes être par terre, soupire-t-il, Tu dis toujours que ça te dégoûte de mettre tes fesses là où quelqu'un à probablement laissé échapper un fluide corporel d'une quelconque nature. Alors je réitère ma question : Qu'est-ce que tu fais ?
La vérité ? Rien. Je suis là, depuis vingt minutes, à méditer avec un caillou que j'ai mentalement baptisé «Robert». Je lui demande s'il me confirme que je suis bien une imbécile finie et comme il ne me réponds pas, je pars du principe qu'il est d'accord car c'est bien connu «Qui ne dit mot, consent» !
- Je méditais...Sur ce qu'il s'est passé, repris-je couverte de honte.
- Allons bon ! Voilà bien quelque chose de nouveau. Habituellement, tu ne regrettes jamais ton comportement.
Ah mais je ne le regrette pas ! Car après tout, comme le dirait cette chère Edith «Non, rien de rien ! Non, je ne regrette rien !», mais je suis forcée d'admettre, d'avouer même, que je culpabilise légèrement sur la façon dont les mots sont sortis de ma bouche. J'aurai probablement dû y mettre les formes.
- Mushu dirait : Honte sur toi. Honte sur ta famille. Honte sur ta vache ! me dit Jérémy
Je sais qu'il dit ça dans l'espoir de me faire sourire, mais je n'y arrive pas. Je reste bloquée sur cet incident. Certes, je me fiche de Jacquie et Michel, mais je ne veux pas que Jérémy me voit comme une sorte de monstre.
Peut-être en suis-je déjà un à ses yeux ?
- Je sais, sifflé-je en repentie, mais que veux-tu que je te dise ? Je n'ai pas à parler de ma vie privée avec de parfaits inconnus. J'ai déjà du mal avec ma propre mère !
- Leila...écoutes...
- Non, toi écoutes ! Je veux bien reconnaître que je suis en tort et je suis prête à l'accepter, mais je ne peux pas non plus m'excuser.
- Et ce n'est pas ce que je te demande ! m'interromps Jérémy en attrapant mon visage dans ses deux grandes mains, Mais j'aimerais que tu te rendes compte que le monde...Pour y vivre tu dois y mettre les formes sinon...Tout sera plus compliqué.
- Ah, parce qu'il ne l'est déjà pas assez à ton goût ?
- Nous sommes deux gamins...Qu'est-ce que l'on sait du monde toi et moi ? Si ce n'est qu'en voyant nos parents trimer comme des fous pour quoi au final ?
Pas grand chose. Je sais. Il n'y a pas une journée où je ne vois pas les tentatives désespérées de ma mère pour me cacher des choses. Parfois, je l'entends pleurer la nuit quand elle pense que je suis endormie. Elle doit penser à papa. Elle pleure jusqu'à l'épuisement et le matin se lève comme si de rien n'était et me fait de grands sourires. Elle enchaîne les journées les unes après les autres en se convainquant que «demain» ça ira mieux. Elle me dit qu'aujourd'hui au boulot ça a été. Elle ne me parle que rarement de son boulot de toute façon car je suis «trop jeune pour tout comprendre». En fait, je crois que ma mère n'a pas réalisé que j'ai grandie devant elle et qu'à présent, il y a des choses que je sais. Je n'ai certes pas la science infuse, mais je sais que la vie est une connasse. Pardonnez l'expression, mais je n'ai pas trouvé mieux.
- Tu es toute fraîche, on devrait rentrer, reprit-il en attrapant ma main.
Honnêtement, Jérémy est un grand prince. Je m'attendais à une leçon de moral, à un rappel à l'ordre ou à un avertissement. Pire encore ! Je m'attendais à ce qu'il m'enfonce encore plus le nez dans ma propre merde, mais non. Il n'en fait rien. Il préfère mettre l'incident derrière comme s'il n'existait pas et passer au suivant qui nous attends au tournant.
Finalement, c'est peut-être lui l'adulte entre nous deux et ce n'est sans doute pas plus mal.
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