7- Regrets - Impossible
Partie 2 Impossible
Seattle — 10 ans plus tôt
Ambiance U2 — With Or Without You
Dès qu'elle eut quitté l'appartement, Stephen sentit que quelque chose avait mal tourné. Il ne dominait plus ce qu'il ressentait. Et ce qu'il ressentait la n'était pas bon. Définitivement pas bon.
Il avait mal au ventre. Il avait chaud et se sentait coupable.
Malade... de désir.
Chaud de cette courte étreinte.
Coupable de ce départ précipité.
Quel diagnostic, Dr Mancini ?
Il soupira.
Emma était une fille bien. Il avait passé une super soirée. Tranquille, reposante. L'esprit de Emma, sa culture et sa façon de réfléchir le fascinait. Il avait rarement l'occasion de fréquenter des filles aussi cultivées. Bon d'accord, il ne les cherchait peut-être pas. Mais cela lui convenait.
S'attacher était impossible. Il ne le voulait pas. Il frissonna à cette idée et déglutit péniblement. Il se leva du fauteuil où il était cloué depuis le départ d'Emma Stone puis sortit sur la terrasse.
Il s'assit sur le sol contemplant les rares voitures qui passaient à cette heure tardive. Il alluma une cigarette pour calmer sa nervosité. Il repensa alors à sa première rencontre avec la jeune fille et à sa promesse.
Curieusement, il était sûr de la tenir. Médecin non fumeur, il serait. Un demi-sourire éclaira alors son visage. Il ne la connaissait pas encore qu'elle avait déjà changé sa vie. Cette fille était dangereuse pour lui. Trop de complications. Trop de désir.
Il devait trouver un autre moyen pour la voir, sans s'aliéner, cette liberté à laquelle il aspirait plus que tout.
Soudain, il s'en voulut de ne pas l'avoir raccompagnée. Sur le moment, sidéré par le désir qu'il avait ressenti, il n'avait pas percuté qu'elle allait sortir seule dans la nuit. Il se pencha pour apercevoir son bâtiment. Il savait qu'elle n'habitait pas loin, mais il ne pouvait voir si les lumières de son appartement étaient allumées ou pas.
Une nouvelle peur lui sera le ventre. Elle pouvait être encore seule dans la nuit. Le quartier était calme mais ...
Il se leva rapidement, attrapa ses clés et son manteau noir et sortit à son tour d'un pas vif en se maudissant. Sa mère ne l'avait pas élevé comme ça. Une fille ne devrait jamais rentrer seule de nuit.
En deux minutes, il fut devant l'immeuble. Les lumières étaient allumées au premier étage. Mais est-ce Emma ? Ou Rosalie ? Il hésitait à sonner pour s'assurer de sa présence. Stephen savait qu'il ne dormirait pas s'il ne la savait pas en sécurité, chez elle avec son amie.
— Quel imbécile soupira-t-il tout bas en hésitant devant l'interphone.
Si elle lui répondait, il allait dire quoi ? Qu'il avait oublié de la raccompagner, car elle lui avait chamboulé les sens ? Car ses lèvres et son parfum lui avaient fait oublier un instant ses résolutions les plus profondes ?
— Stephen ?
Une petite voix surprise derrière lui, le fit sursauter. Il se retourna. Emma venait d'arriver.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ? demanda-t-il agressif.
Il était à la fois soulagé de la voir et inquiet de savoir qu'elle avait été dehors tout ce temps. Il recula d'un pas devant son air blessé et surpris.
— Qu'est-ce que JE fais là ? répliqua-t-elle alors en haussant le ton à son tour. Je suis devant chez moi. Je fais ce que je veux ! C'est à moi de te poser cette question : qu'est-ce que tu fais, toi devant chez moi ?
Elle semblait soudain très agacée. Elle avait perdu le petit air fragile qu'elle avait parfois. Celui qui exigeait que Stephen se mette en mode « protecteur ». Il recula encore, gêné d'avoir à se justifier.
— Excuse-moi Emma. Je suis désolé de t'avoir parlé ainsi. Désolé de t'avoir laissé partir seule aussi ... Je voulais m'assurer que tu allais bien.
— Pourquoi je n'irais pas bien selon toi, Stephen Mancini ? répliqua Emma en avançant vers lui. Ses excuses ne l'avaient pas calmée. Au contraire, elle se sentait agacée. Elle était capable de prendre soin d'elle. Sauf quand elle se jetait dans les bras de ce jeune homme.
Même en ce moment, même en colère contre lui, elle ressentait une attraction très forteet cette même envie de retrouver la chaleur de sa bouche contre la sienne. Elle serra ses bras contre elle comme pour éviter tout geste un peu trop impétueux. S'adossant contre le mur de l'immeuble, elle le regarda, maintenant une distance prudente entre eux deux, il semblait gêné et triste.
Elle attendit patiemment la réponse à sa question. Ils étaient seuls tous les deux. La lumière de la minuterie de l'entrée s'éteignit et après quelques secondes elle tendit la main pour appuyer sur l'interrupteur. Au moment où il effectuait le même geste dans l'obscurité. Le contact entre leurs doigts fut fugace mais intense. Stephen comprit alors que s'il ne disait rien maintenant il serait perdu. Il se passa la main dans les cheveux, sans remarquer qu'Emma serrait à nouveau les bras encore plus fort contre elle en voyant ce geste.
Il ferma les yeux un instant.
— Emma, je suis comme cela. Inquiet. Quoiqu'il se soit passé entre nous je n'aurais jamais dû te laisser partir seule. C'est mon côté rétro. Je ne sais pas comment tu te sens. Mais moi, je ne suis pas bien.
Il avait opté pour la franchise. Il fallait trancher dans le vif. Avant que les liens entre eux deviennent insupportables pour lui.
— Je ne comprends pas, chuchota alors Emma.
Elle avait perdu son assurance en entendant les paroles du jeune homme. Tous les doutes et les peurs dont elle avait réussi à se libérer en marchant seule dans la nuit revenaient l'assaillir. Il vit clairement la peur s'emparer d'elle s'il ne comprenait pas vraiment pourquoi. Il décida de continuer d'être franc mais choisit ses mots avec précaution.
— Je ne regrette pas de t'avoir embrassé Emma. Je... c'était... particulier et important pour moi. Mais je ne veux pas vivre cela avec toi... Il me semble que... certaines choses sont plus importantes entre nous. Je ne veux pas de relation... sérieuse en ce moment. Avec qui que ce soit.
Il la regarda attentivement avant de poursuivre, mais ses grands yeux chocolat n'affichaient rien. Il effleura du dos de la main la joue de la jeune fille avant de reprendre. Tant qu'il en avait encore le courage.
— J'aimerais que tu acceptes d'être mon amie. Je souhaiterais être ton ami. C'est la seule place que je puisse offrir dans ma vie en ce moment. Il m'est impossible de vivre autre chose.
Elle soutint son regard, cherchant à comprendre pourquoi cet homme prenait la peine de lui dire tout cela. Beaucoup n'auraient rien dit. C'était plus simple. Elle musela le regret qui pointait dans son cœur. Elle avait déjà, depuis quelques minutes, fait le deuil d'une relation avec Stephen Mancini. Elle n'était pas faite pour un gars comme lui. Elle le sentait. Il lui offrait son amitié. C'était déjà beaucoup. Elle saurait gérer ça.
— Un ami. C'est bien. C'est plus simple. J'aimerais être ton amie.
Un magnifique sourire éclaira alors le visage de Stephen, soulagé de ne pas avoir tout gâché. Il ouvrit un peu les bras et cligna de l'œil.
— Un petit câlin pour consacrer notre amitié.
Il avait retrouvé la faconde et la joie de vivre qui le caractérisait en public. Elle ne put s'empêcher de sourire avant de se glisser— amicalement bien sûr— dans ses bras. Blindant son cœur de ressentir autre chose que de l'amitié. Elle y arriverait. Il était tellement gentil, joyeux. Elle le ferait pour lui, pour lui faire retrouver ce sourire qu'elle aimait tant.
Lorsqu'il referma soulagé, les bras sur Emma, Stephen était heureux, il avait trouvé la solution à ses problèmes. Il avait une merveilleuse amie. Il respira le parfum de ses cheveux et refusa de laisser s'installer le regret de la petite question « Et si ? »
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