16 - Eux - Et à l'arrivée.

Partie 2 : Et à l'arrivée

Ambiance

Seattle , de nos jours 

Ma petite Lily dort tranquillement et moi je m'agite nerveusement sur le lit voisin. J'ai reposé mon téléphone à côté de moi sachant pertinemment que Stephen ne peut pas communiquer avec moi toute la nuit. J'ai adoré échanger des messages avec lui. C'est comme si, enfin, une barrière s'était écroulée entre nous et que tout devenait possible.

Il doit s'occuper de son fils. Et cela aussi il le fait merveilleusement. Mais tout en regardant distraitement les pages de mon livre éclairé par la veilleuse du lit d'appoint, mes pensées volent vers Stephen et notre « conversation». Si ce dernier mois j'ai hésité et hésité encore à laisser mes sentiments pour Stephen refaire surface, je ne peux maintenant plus faire marche arrière. Je n'en ai d'ailleurs aucune envie. Le jeune étudiant qui m'a séduit il y a dix ans est devenu un homme auquel je ne peux absolument plus résister.

Certes, physiquement il est encore plus séduisant qu'avant, plus mûr, plus puissant. L'image du corps parfait aux mains douces et puissantes qui m'a serrée contre lui et caressée dimanche se forme et fait frémir mon corps.

Bon sang, je suis enfermée à l'hôpital avec ma fille endormie dans le lit à côté du mien et même sans sa présence le désir me déchire.

Et s'il ne s'agissait que de désir !

Il est l'homme, le papa dont j'ai rêvé pour mes enfants. Stephen, le jeune étudiant en médecine insouciant et léger dont je suis tombée amoureuse à 19 ans est devenu un homme responsable et attentif ... et il semble intéressé par moi. Peut-être que la chance va enfin nous sourire. Mais il y a encore tant de non-dits, d'inconnues entre nous.

Nous n'avons pas encore reparlé de cette première nuit il y a dix ans. Ni de mon choix.

Et si je ne l'avais pas laissé ce matin-là ? Et si j'étais restée allongée à côté de lui ? Serait-il parti retrouver l'autre... Je ne veux pas penser à elle. La mère de Garrett.

Nous n'avons jamais parlé d'elle. Il n'a rien dit de ce qu'il a vécu avec elle. Garrett lui- même ne parle jamais de sa mère. Je veux savoir, mais il me faut attendre. Attendre que Stephen veuille en parler.

Nous avons besoin de parler. Je regarde mon portable toujours muet et résiste à l'envie le jeter contre le mur. Stephen me manque. Je veux être avec lui. Dans ses bras. Je ferme les yeux et m'agite encore une fois sur le lit d'appoint. Je ne pourrais jamais dormir cette nuit !

Un bruit léger me fait sursauter. Je rouvre les yeux pensant que l'infirmière de nuit vient vérifier si tout allait bien.

Je dois rêver. Penser à Stephen me fait croire qu'il est là. Une silhouette d'homme se dessine dans le rectangle lumineux de la porte ouverte. Je reste bouche bée à contempler ma vision qui entre dans la chambre et referme la porte.

La pénombre s'installe à nouveau.

— Stephen ? chuchoté-je

— Tu attendais quelqu'un d'autre ? répond-il doucement me taquinant.

Je devine son sourire.

— L'heure des visites est passée. Je n'attendais personne. Comment es-tu entré ? bafouillé-je en m'asseyant sur mon lit, maudissant le vieux pyjama noir que j'ai mis quelques heures auparavant

— Je suis médecin et je viens voir ma petite malade. Comment va Lily ?

— Elle... Elle dort, articulé-je avec difficulté.

La déception fait mal. Il vient voir Lily. Bien sûr. Mon cœur qui s'est emballé en le voyant arriver doit reprendre un rythme normal. Il le faut.

Je regarde la haute silhouette de l'homme que j'aime se pencher sur ma fille et l'observer sans rien dire pendant une minute. Il s'est rapproché des lits et donc de moi et son parfum m'entoure déjà, provoquant de légers frissons sur ma peau.

Soudain, il tourne son visage vers moi et je reçois le choc de ses prunelles vertes et intenses malgré la pénombre régnant dans la pièce.

— Bien sûr, Lily va bien, je le sais depuis cet après-midi. Mais j'avais besoin aussi d'être sûr que sa maman aussi. J'avais besoin de te voir, prononce-t-il doucement, son regard ancré dans le mien.

Une nouvelle fois mon cœur de midinette rate plusieurs battements avant de s'affoler.

Penser à Stephen rationnellement et calmement quand il n'était pas là était une chose... mais avoir la même clarté dans les pensées quand il est là juste devant moi me semble clairement impossible.

Il est venu pour moi.

— Garrett ? interrogé-je.

— Ma sœur a pris un tour de garde ce soir. Elle est enchantée.

— Ah... Et tu voulais me voir pour... hasardé-je me maudissant d'être incapable de faire une phrase complète.

Il saisit alors mon poignet et doucement me fait me lever en me tirant contre son corps. Je suis comme une marionnette entre ses doigts tièdes qui s'enroulent autour de ma main. Je laisse ses bras m'entourer, me collant contre son torse sans aucune résistance. Il rit doucement et nous mène vers le fauteuil placé dans un coin de la pièce. Il s'assoit et, sans un mot, me place sur ses genoux, calant ma poitrine contre la sienne. Je pose sans rien dire mon oreille sur son torse et sens alors son cœur battre, lentement et calmement, m'apaisant enfin.

– Voilà, c'est mieux comme cela, dit-il soufflant doucement contre mon oreille, Pourquoi je voulais te voir ? Pour terminer notre conversation, je crois. Je n'ai pas envie d'attendre samedi. Est-ce que cela te convient ?

Il semble soudain hésitant. Son regard attentif est posé sur moi, il attend patiemment ma réponse.

– Je ne me suis pas plainte, je suis assise sur tes genoux. Il me semble que ma volonté s'effrite quand tu me touches.

Parfois je parle sans réfléchir, mais le sourire heureux qui éclaire le visage de Stephen me fait oublier l'aveu involontaire qui vient de m'échapper.

– Bien. Tant mieux, car j'ai l'intention de te toucher souvent. Nous avons du temps à rattraper.

– Hum oui je crois, articulé-je tout contre son cou dont l'odeur m'envoute.

Nous parlons à voix basse, attentifs à ne pas réveiller Lily.

– Emma ? Je ...

J'attends qu'il poursuive sa phrase, mais le silence s'installe et je relève la tête pour comprendre ce qui se passe. Il me regarde, semblant gêné et je ne peux retenir ma main de se poser sur sa joue, dessinant doucement les contours de sa mâchoire. Il embrasse le bout de mes doigts qui effleurent ses lèvres.

– Je t'écoute.

Il soupire et semble prendre une décision.

– Pourquoi es-tu partie, il y a dix ans après que nous... après je t'ai fait l'amour ? J'étais totalement ivre et idiot ! Tu n'aurais d'ailleurs jamais dû me laisser te faire ça.

Stephen semble presque en colère. Contre lui ? Contre moi ? Je ne comprends pas pourquoi. Ma main le caresse encore, cherchant à l'apaiser.

– Tu n'as pas été idiot. Et... j'ai toujours été très heureuse... d'avoir eu au moins cette nuit avant ton départ. Tu devais partir. Tu as oublié ? Je ne pense pas que tu avais eu le choix à l'époque.

J'hésite une seconde avant de poursuivre.

– Cela ne servait à rien que je reste le matin, si ce n'est à rendre nos adieux encore plus pénibles.

Pénible est un adjectif beaucoup trop faible, mais Stephen parait si perdu et furieux que je ne veux pas aggraver les choses.

– Est-ce que tu es consciente que j'avais oublié, occulté... tout cela jusqu'à dimanche ? Je ne sais pas si c'est l'effet de l'alcool bu ce soir-là où mon cerveau malade qui a fait cela pour me... protéger, mais je ne me souvenais pas de ce que je t'avais fait. De ce que tu m'as donné cette nuit-là, souffle-t-il soudain.

Je me fige sur ses genoux. Ma main s'immobilise dans son cou. Que veut-il dire ?

– Oui, lance Stephen, amer soudain, dimanche a été comme un déclic qui a libéré les souvenirs enfouis, et je me suis revu te faire l'amour. Jusqu'à cet instant, je me souvenais juste m'être réveillé chez toi. Et être parti sans te revoir. Sans rien dire... Bon sang ! Depuis plus d'un mois nous nous voyions, nous nous croisons en « ignorant » ce qui s'est passé entre nous. Je me suis conduit comme un imbécile et tu ne m'as rien dit le premier jour, dans le cabinet lorsque j'ai soigné ton fils.

Malgré la douleur qui émane de lui, malgré le sérieux de cet instant, je ne peux m'empêcher de rire. À son tour, il est surpris. Pourtant, cette situation est purement ridicule.

– Tu voulais que je fasse quoi ? Que je te gifle alors devant Tom qui avait de la fièvre ? Que je m'acharne sur toi... en te rapprochant de notre nuit et ton départ ? Alors que c'est moi qui aie quitté discrètement l'appartement sans te dire au revoir ? Ou tu voulais que je devine que tu avais tout oublié et que je te dise devant mon petit garçon « salut Stephen, c'est moi que tu as quitté après m'avoir fait merveilleusement l'amour il y a dix ans » ?

Je rougis de mes propres mots, heureuse de la semi-obscurité qui masque un peu les couleurs qui m'envahissent. Mais Stephen me connait bien et il soulève mon menton pour m'observer.

– Donc d'après toi... c'était merveilleux ?

Il semble avoir juste retenu les mots que j'aurais dû censurer.

– Tais-toi ! Tu le sais !

– Oui, je le sais, c'était si particulier, fait-il doucement en rapprochant son visage du mien. Ses yeux verts m'immobilisent et je me sens dans l'attente. Une attente fébrile qui fait bouillir mon sang et accélère encore une fois mon cœur trop sensible.

– Mais je le sais depuis peu figure-toi ! reprend-il. Zut toi tu as dix ans de souvenirs et moi juste... quatre jours. J'ai besoin de rattraper mon retard et de ranimer ces souvenirs lointains.

Avant que je ne puisse réagir, il plaque ses délicieuses lèvres sur les miennes. Je tremble de la tête aux pieds comme une adolescente alors que mes mains se crispent sur sa nuque, à la lisière de ses cheveux. La chaleur monte brusquement en moi lorsque j'écarte mes lèvres afin que nos langues puissent se savourer. Je suis bien. Je me sens entière. Je veux que jamais cela ne s'arrête. Habilement, les doigts de Stephen ont commencé à glisser sur ma taille, sous mon pyjama laissant un sillon brûlant sur ma peau.

Je me serre encore plus contre lui, sentant sous mes fesses la preuve de son désir. Il faut qu'il recule en gémissant pour que je reprenne mes esprits et me rappelle où nous sommes. Il me maintient par la taille, un peu plus éloignée de lui, disons de la zone "dangereuse".

– Bon sang, Emma, tu veux ma mort ! articule-t-il avec difficulté.

– Eh... il me semble que c'est toi qui as commencé ! protesté-je doucement.

– Tu n'as pas tort. Je crois que j'ai du mal à te résister. On va essayer de rester un peu plus raisonnable, tant que nous sommes coincées dans la chambre de ta fille. Donc tu ne m'en veux pas d'être parti... alors que tu ne sais pas vraiment pourquoi j'ai dû le faire, soupire-t-il.

– Je sais juste que ce que tu m'as dit ce soir-là. Cindy était enceinte et donc tu devais partir. Explique-moi... le reste.

– Cindy. Cindy était folle. Elle avait décidé qu'elle me voulait et me faisait un chantage sur sa grossesse. Son père m'a confirmé qu'elle avait un déséquilibre psychologique et qu'elle était suivie par un psychiatre depuis son adolescence. J'ai cédé. Je l'ai rejoint. Nous habitions ensemble, mais on ne partageait rien. Elle me voulait. Je voulais mon enfant. Puis Garrett est né

Stephen fait une pause, le regard perdu loin dans ses souvenirs et un sourire doux et heureux étire sa bouche. Je ne peux résister et embrasse doucement ce petit bonheur sur ses lèvres.

– Je suis devenu fou de lui dès la première seconde. Tu sais que j'ai participé à sa naissance ? Ensuite... j'ai poursuivi mes études en l'élevant seul, ou presque. Je... vivais avec elle, car le chantage s'est poursuivi et je... rêvais encore qu'elle aimerait son fils.

J'écoute attentivement ses mots tout en constatant à la raideur de son corps que rien ne va. Le ton est calme comme s'il récite un texte. Mais son visage contracté et ses doigts qui se resserrent sur mes hanches assez durement m'envoient un autre message. Je caresse alors doucement sa nuque et sens les muscles crispés de ses épaules se relâcher peu à peu. J'embrasse son cou le frôlant à peine de mes lèvres.

– Si tu ne veux pas en parler maintenant, on peut attendre.

– Non je dois le faire. Maintenant. Me débarrasser de cela. Même si pour toi ce n'est pas facile à entendre.

– Ça va Stephen. Continue, je t'écoute.

– Elle n'était jamais là. Elle ne voulait pas de son fils. Elle ne le regardait même pas. Putain c'est comme si ... il n'était pas là... Si, par hasard, il était sur son chemin dans l'appartement, soit elle l'ignorait, soit elle criait sur lui. Ça me rendait fou de rage de voir qu'elle n'était pas une mère. Et qu'elle nous obligeait à rester. Elle était toxique pour lui.

Je sens la colère gronder en Stephen lorsqu'il inspire longuement pour la refréner.

– J'ai tout essayé pour la changer, pour que mon fils ait une maman. J'ai même... couché avec elle une fois.

Il crache presque ses derniers mots et il frissonne, de dégoût apparemment. Je dois appuyer mes lèvres dans son cou pour l'apaiser. Lorsqu'il reprend son récit, je lève légèrement la tête pour l'observer. Il a le regard lointain, fixé sur la petite silhouette allongée de Lily qui dort paisiblement.

- Puis j'ai eu mon diplôme. Mon fils avait presque quatre ans. Grâce à Richard, le père de Cindy, j'ai eu le courage de demander la garde entière et complète de Garrett. À cet âge, je craignais un peu moins qu'il soit confié à sa mère et j'avais enfin les moyens financiers de le faire vivre. Nous avons gagné. Le grand-père de Garrett a témoigné contre sa fille pour le bien de son petit-fils. Cindy m'a même ensuite fait parvenir un document où elle abandonne tout droit sur Garrett. Il n'a plus de mère. Légalement, il est abandonné. Je ne lui ai pas encore dit. Pas encore. Je n'en suis pas capable.

– Parfois ne vaut-il mieux pas qu'il n'y ait rien plutôt qu'une mère « toxique » comme tu viens de me le dire ? J'en sais quelque chose, je crois.

Je le sens se détendre insensiblement.

– Tu as raison, c'est ce que je me dis certains jours. Alors mon diplôme en poche, avant de partir exercer à l'autre bout du monde, je... je suis venu ici.

– Tu es rentré à Seattle ?

Je suis étonnée et blessée... Il est venu à Seattle et n'a pas cherché à nous revoir, à me revoir. Je ne peux m'empêcher de le fixer affichant sûrement mon désarroi. Ses yeux accrochent les miens et je lis, sans la comprendre, une nouvelle souffrance dans son regard.

– Oui à Seattle, continue-t-il. Oh pas longtemps ! Juste une matinée. Le temps de retrouver ton adresse. Le temps de te croiser dans la rue, devant chez toi. C'était il y a six ans environ, fin août. Tu étais splendide Emma. La grossesse te va bien.

Je comprends soudain. Les larmes se mettent à couler sur mes joues. Il est venu et j'étais enceinte. Les jumeaux sont nés le 13 septembre. Je m'imagine facilement ce qui a pu se passer dans la tête de Stephen. Le Karma était décidément contre nous.

– J'étais déjà seule à cette époque, tu le sais. Je t'en ai déjà parlé.

– Oui je le sais maintenant, mais... ce jour-là, tu étais suspendue au bras de Thomas quand je t'ai vue, et tu semblais si heureuse... Alors, continue-t-il en soupirant, j'ai commencé ce que Garrett et moi appelons Notre Tour du Monde... On a bossé un peu partout... jusqu'à nous lasser et revenir au bercail.

Seul le bruit de nos respirations trouble le silence. Longtemps. Je digère son passé. Je m'y attendais un peu. Je me doutais que Cindy avait dû lui rendre la vie difficile, mais jamais je n'aurais pensé qu'elle rejetterait l'adorable garçon qu'était Garrett. Étant mère, de façon assez idiote, j'ai tendance à penser que toutes, nous réagissons avec nos entrailles lorsqu'il s'agit de nos bébés. Pourtant, dans mon métier, j'ai rencontré certaines de ces femmes. Froides et indifférentes. Mon cœur se serre pour mon élève favori. Il a, heureusement pour lui, le meilleur des pères.

– Emma ? Je ne regrette pas d'être revenu. Je crois qu'inconsciemment je voulais te retrouver. Même si je n'avais rien prémédité. Je me suis longtemps caché la vérité à moi-même. Je pense qu'on a perdu trop de temps, toi et moi.

Je retiens ma respiration. Sa main balaye doucement mon ventre et je sens son souffle sur mes cheveux. Dimanche, j'ai choisi déjà. J'ai choisi de vivre une aventure avec lui quoique je puisse souffrir après. Maintenant, dans la pénombre et le silence de cette chambre d'hôpital, je sais que notre chance nous est enfin donnée. Son cœur et le mien battent lentement à l'unisson dans l'attente que l'un de nous deux se lance. Je déglutis et m'apprête à parler, ne quittant pas des yeux l'homme que j'aime depuis si longtemps. Il pose alors un doigt sur ma bouche, m'intimant le silence.

– Dimanche, tu m'as rendu heureux comme jamais en me donnant une chance, en te donnant à moi. Mais, même cela ne peut plus me suffire. Je ne veux pas ta réponse immédiatement. Je veux juste que tu réfléchisses à ce que je te dis... J'ai un fils, tu as deux merveilleux enfants et tu avais raison en me repoussant chez Rosalie et Jason l'autre soir. Nos décisions n'engagent pas que nous. Je suis bien placé pour savoir que chacune de nos actions entraînent des conséquences et qu'avec des « si » on changerait la face du monde. Mais il y a une chose que je peux te promettre dès aujourd'hui. Je t'aime Emma, et cela, depuis longtemps et que je n'abandonnerais pas. J'attendrai que tu sois prête à vivre à moi. Avec Garrett et moi. J'attendrais le temps qu'il faudra.

Il semble vouloir continuer ainsi longtemps, ne me laissant pas une chance de parler. Je suis sur le point de bondir et finalement je choisis de lui couper la parole de la façon qui m'est la plus agréable. Contournant son doigt toujours sur mes lèvres, je lève un peu la tête pour les plaquer sur les siennes et échanger à nouveau un long et fiévreux baiser avec Stephen. J'ai chaud et je frissonne en même temps, consciente que ce baiser est une réponse. Va-t-il le comprendre ? Après un temps qui me paraît à la fois long et court, je dois reculer pour reprendre ma respiration, mais juste un peu. M'agrippant à sa nuque, posant mon front contre le sien, je le regarde en souriant. Il me rend mon regard, semblant un peu perdu. Apparemment, je vais devoir être plus explicite.

– Je suis vraiment obligée d'attendre pour te répondre ? Et si j'ai envie de te dire que cela fait dix ans que j'attends moi aussi ? Alors, si tu ne te tais pas tout de suite. Je recommence à te bâillonner ainsi ! Stephen, je t'aime. J'aime Garrett, et je voudrais que tu sois le père que mes enfants n'ont jamais eu.

Je n'ai même pas peur de sa réaction en me jetant ainsi à son cou. Il me dédie alors son sourire. Ce sourire, qui dix ans plus tôt devant nos facs respectives m'avait fait lui tourner le dos de peur que je ne craque.

Plus jamais, je ne tournerais le dos à Stephen. De toute façon, il a déjà attrapé habilement mes lèvres et me tient trop près de lui pour que je puisse seulement réfléchir. Mes membres se liquéfient de plaisir et mon cerveau se met en grève. Le monde disparaît et je suis uniquement consciente des yeux verts sombres de Stephen, de ses mains qui me maintiennent contre lui et de son cœur qui bat contre le mien.

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