13 - Choisir - Jusqu'au petit jour 🍋

Partie 1 Jusqu'au petit jour

Ambiance : King of Leon – Use somebody

Seattle 10 ans plus tôt – Chez Emma

Cela ressemblait au paradis. Cela devait être le paradis. Être enfin dans les bras de Stephen et le sentir tout contre elle. Ses mains caressèrent ses hanches puis remontèrent le long de sa poitrine avant d'encadrer son visage doucement la forçant à lever la tête, elle ouvrit les yeux et croisa ce magnifique regard émeraude qui l'avait séduit dès le premier jour. Emma ne se lassait pas d'admirer la lueur de bonheur qu'elle distinguait en eux et le désir qui aiguillonnait le sien. La musique du groupe King of Léon en bruit de fond dans son petit salon s'accordait parfaitement à leurs sentiments : urgence, envie, libération...

Il l'embrassa doucement sur la joue puis ses lèvres douces et taquines chatouillèrent son oreille avant de glisser dans son cou, sa nuque. Soudain il la mordit derrière la nuque.

Une douleur lancinante dans son cou la réveilla. Emma rêvait. Elle s'était endormie, assise sur le canapé en l'attendant. Et c'était une raideur due à la position tout à fait inconfortable, qui avait fait cesser brutalement ce songe qu'elle espérait prémonitoire.

Elle avait un peu froid maintenant que la chaleur des images créées par son cerveau s'estompait. Emma se frotta les yeux et décida de passer un peu d'eau sur son visage pour revenir totalement à la réalité. Elle vit par la fenêtre qu'il faisait nuit dehors. Il aurait déjà dû être là.

Elle l'attendait dans la bibliothèque quand il lui avait envoyé un message sur son portable lui demandant de l'attendre chez elle. Il lui promettait de la rejoindre plus tard et avait terminé son message par un adorable « j'ai vraiment hâte de revoir mon garde-du corps préféré. » qui avait tourné la tête de la jeune fille.

Il lui avait semblé que quelque chose avait changé entre eux aujourd'hui et lorsqu'il avait embrassé son front avant d'aller composer dans son amphi, ce geste ne devait rien à la gratitude. Elle soupira, elle sentait encore ses lèvres sur ma peau.

Avant de rentrer chez elle, Emma était passée rapidement dans un restaurant chinois prendre quelques plats cuisinés qui pourraient apaiser leur faim quand il arriverait à l'appartement

Elle avait rapidement rangé ce qui trainait un peu partout. Rosalie n'étant pas là, les mauvaises habitudes avaient un peu repris le dessus. À 20 heures, comme il n'était toujours pas arrivé, elle s'était assise, plaçant ses jambes sous son corps, sur son canapé et s'était replongée dans la lecture de son roman préféré de Jane Austen. C'est là que Morphée avait dû s'emparer de son corps pendant que ses pensées rejoignaient le retardataire.

Elle consulta sa montre, il était maintenant près de 23 heures, la faim et l'inquiétude se disputaient la première place de ses préoccupations.

Elle savait que Stephen ne ferait rien de grave. Il avait promis de la rejoindre, il allait le faire, mais il était tard.

Finalement l'inquiétude gagna et elle fut incapable de grignoter quoique ce soit. Son estomac s'était resserré et elle sentait des crampes naitre et pincer douloureusement son abdomen.

Il était sorti de l'amphi en fin d'après-midi, il y a plus de cinq heures. Il avait dû se passer quelque chose. Cela n'était pas possible.

Comme le matin, elle pressentait que quelque chose était arrivé, que Stephen n'allait pas bien ! Emma commença à marcher de long en large dans le salon. La pièce fut bientôt trop petite pour elle et elle sortit sur le balcon pour regarder dans la rue sombre si elle le voyait arriver. Finalement Emma aurait aimé fumer. Elle aurait pu évacuer ainsi la peur qui montait en elle. Il faisait frais dehors, la jeune fille resserra ses bras autour de sa poitrine dans l'espoir illusoire de se réchauffer, de se rassurer. La rue était vide. Seuls quelques types avinés sortaient du pub au coin de la rue.

Secouant la tête, elle rentra dans la pièce et ferma la porte pour se préserver du froid qui l'envahissait.

Emma prit son téléphone et composa le numéro de Stephen. L'inquiétude était trop forte. Peu lui importait maintenant s'il trouvait qu'elle était envahissante. Le besoin d'être rassurée était plus fort. Même si c'était pour apprendre qu'il avait oublié sa promesse. Le téléphone sonna longuement, mais personne ne répondit.

Jetant son portable sur le canapé, elle recommença à tourner en rond dans la pièce. Échafaudant diverses hypothèses. Avait-il été retenu par Jason ou Thomas ? Peut-être que ses parents lui avaient demandé de le rejoindre ? Après tout, il était en vacances maintenant.

Se mordant nerveusement les lèvres, elle se demandait s'il n'avait pas finalement changé d'avis ? Peut-être que la voir n'était pas une priorité ? Peut-être qu'il voulait se reposer ?

23h30. Les minutes s'écoulaient lentement. Aucun bruit dans l'immeuble, dans la cage d'escalier. Emma reprit son portable et appela à nouveau Stephen. Pour la 3ème fois en 30 minutes. Toujours pas de réponse.

De plus en plus nerveuse et inquiète-t-elle se rongeait les ongles ne sachant que faire. Puis le découragement la saisit.

Pourquoi aurait-il souhaité la revoir ? Comme d'ordinaire elle s'était fait des films et le jeune homme avait d'autres chats à fouetter ce premier soir de liberté. Son imagination débordante et les sentiments qu'elle portait à Stephen Mancini l'avait porté encore une fois à imaginer un lien qui n'avait rien de réel.

Aucune réalité. Stephen Mancini l'aimait bien. Elle était une amie. La bonne copine qui rend service, qui éloigne les grues trop collantes et sert le petit déjeuner aux étudiants qui oublient de se réveiller un jour d'examen. C'est tout.

Rageusement, elle jeta son portable une nouvelle fois et le bruit qu'il fit en heurtant le sol ne la préoccupa même pas.

Elle n'avait plus qu'à aller dormir.

Elle passa dans la salle de bains et enlevant rapidement ses vêtements, se jeta sous la douche. L'eau chaude qui coulait sur ses joues noyait ses larmes silencieuses. Elle resta longtemps dans la petite cabine. La vapeur d'eau couvrait les parois de verre, mais la tiédeur ne suffit pas à réchauffer son corps qui tremblait encore. Sortant enfin, elle attrapa la première grande serviette qu'elle trouva et se frotta la peau avec ardeur, la faisant rougir sous les frictions répétées. Sans même sécher ses longs cheveux, Emma enfila le premier tee-shirt long qu'elle trouva et sortit à la recherche de son livre. Une nuit sous la couette en compagnie des sœurs Dashwood et d'Edward Ferrars* lui permettrait d'oublier les illusions qu'elle avait entretenues. Soudain des coups retentirent à la porte déclenchant sa peur et son espoir en même temps.

Elle courut pour ouvrir, mais se ravisa rapidement. Les bruits sourds et rapprochés continuaient, l'effrayant un peu. Celui ou celle qui voulait entrer chez elle s'impatientait. Elle se colla contre la porte et demanda d'une voix qu'elle voulait assurée.

– Qui est là ?

Seul le silence lui répondit. Puis quelques secondes plus tard, Emma entendit de nouveau un bruit sourd contre sa porte, comme si quelqu'un s'était brusquement appuyé contre elle.

De l'autre côté, dans le couloir, Stephen Mancini peinait à rassembler ses idées et il préféra s'adosser à la porte de l'appartement d'Emma. Il ne savait pas vraiment pourquoi il était là. Son cerveau semblait fonctionner au ralenti.

Si.

Il savait.

Il avait très mal à la tête. Il ne tenait pas sur ses jambes. Mais il devait la voir. Il le fallait. Elle seule pouvait l'aider.

Il ferma ses paupières d'où les larmes menaçaient de sortir, avant de se reprendre et de poser sa joue contre le bois froid. Il murmura.

– C'est moi. Stephen.

Voulait-il vraiment qu'elle l'entende et lui ouvre ?

La porte s'ouvrant brutalement lui fit perdre le fil de ses pensées et il s'appliqua à retrouver son équilibre. S'étaler sur le sol de l'entrée de la jeune fille ne ferait pas forcément bon effet. Surtout pour ce qu'il devait lui dire. Ou pas.

Il soupira et regarda celle qui lui faisait face.

Si belle. Les longs cheveux mouillés répandus sur ces épaules, le fin visage si pâle et le regard chocolat qui le fixait avec inquiétude et colère lui firent oublier instantanément ce qu'il voulait.

– Emma...

Il avança d'un pas alors qu'elle reculait. Il voulait juste...

Il avança encore et posa doucement ses doigts sur les joues de la jeune fille, dessinant les pommettes, l'arête de son nez et la forme de ses lèvres. Elle le regardait, sans bouger tétanisée par le regard posé sur elle

– Emma, répéta-t-il approchant encore d'elle.

Il fit glisser ses doigts sur sa peau, replaçant une longue mèche derrière ses oreilles. Ils oubliaient de respirer, fascinés l'un par l'autre. Il était légèrement penché en avant et elle levait la tête vers lui. Leurs corps étaient encore espacés de quelques centimètres comme si l'un et l'autre ne se décidaient pas encore à franchir cette dernière distance. Puis il saisit le visage de la jeune fille en coupe entre ses mains et baissa encore sa tête vers elle alors que ses lèvres effleurèrent son nez une fois, doucement, comme hésitantes. Il respira son parfum, l'odeur de savon mêlée à celle qu'il reconnaissait entre toutes, l'odeur d'Emma, un parfum de fraise et de fleurs.

Il ferma les yeux une seconde, vacillant sur ses jambes, puis ses lèvres déposèrent une suite de baisers légers et rapides sur les joues, les tempes, les lèvres d'Emma. Il avait commencé et ne pouvait s'arrêter de toucher, d'effleurer sa peau douce comme un assoiffé qui a enfin trouvé une source fraîche. Elle s'enivra à son tour de ses sensations : il était là, il l'embrassait.

Toutes les interrogations n'avaient plus de sens. Stephen, dont les lèvres traçaient un chemin brûlant et léger sur son visage, était avec elle.

Elle gémit doucement et il cessa une seconde tout mouvement cherchant dans son regard un signe de refus, de recul.

Elle saisit alors à son tour sa nuque et l'obligea à reprendre ces caresses.

Il sourit contre ses lèvres et descendit une main le long de sa taille. Le long tee-shirt gris n'opposait guère de barrière entre eux et lorsque leurs corps se plaquèrent l'un contre l'autre les formes de la jeune fille s'imbriquèrent parfaitement contre celui de Stephen qui ne put retenir à son tour un grognement de plaisir en sentant contre son torse la poitrine délicieusement arrondie et tendue d'Emma.

Il tressaillit et serra la taille d'Emma contre lui alors qu'il cherchait sa bouche.

Ouvrant les lèvres docilement, Emma sentit l'haleine de Stephen, il avait bu. Il semblait ivre en fait.

Mais cela lui importait peu maintenant, emportée par la sensation torride de la langue qui dansait avec la sienne pendant que des doigts caressaient la peau de ses cuisses en remontant impudiquement son pyjama. Plusieurs feux s'étaient allumés simultanément dans le corps de la jeune fille qui éprouvait pour la première fois ces sensations. Sans vraiment comprendre comment, elle se retrouva allongée sur son lit, le corps de Stephen au-dessus d'elle. Ils n'avaient pas pris la peine d'allumer la lampe en entrant, et dans la pénombre de la chambre, elle distinguait le visage tourmenté de son compagnon à peine éclairé par la lueur des réverbères qui traversait la fenêtre de sa chambre. Il continuait de parsemer sa peau de multiples petits baisers de plus en plus enfiévrés.

Il n'avait pas parlé à part pour dire son prénom, il n'avait pas expliqué son retard, ni cette attitude soudainement si différente. Emma s'en fichait. Son rêve prenait forme. Stephen l'embrassait. Les explications viendraient plus tard. Elle n'était à ce moment précis plus que désir et sensations brûlantes. Une main se glissa sous le long tee-shirt qui lui servait de pyjama et remonta rapidement le long de sa taille, de son dos effleurant le côté de ses seins libres sous le tissu. Elle frissonna au passage de cette traînée de feu.

Stephen souleva le tee-shirt de la jeune femme et l'envoya d'un geste négligent sur la table de nuit. Il avait envie, besoin même de sentir sa peau contre la sienne pour ne pas craquer. C'est urgent. Il devait se réchauffer à la tiédeur de son corps, s'enivrer de son odeur si saine, si naturelle. D'un même geste rapide, sans s'éloigner d'elle plus de deux secondes, il ôta sa veste, son pull et son propre tee-shirt. Poussant un soupir de soulagement, il appuya son torse enfin nu contre le corps de la jeune fille. À son tour, elle frémit sous la sensation.

Leurs bouches se retrouvèrent alors qu'elle posait doucement ses mains sur la nuque du jeune homme. Il embrassa ensuite sa joue et son cou posant ses lèvres sur la peau tendre de son cou, effleurant la carotide où il pouvait sentir palpitait la vie.

Emma découvrait le grain de sa peau pour la première fois, en aveugle, elle parcourut, avec une sensibilité exacerbée, l'espace entre la nuque et sa colonne vertébrale. Chaque centimètre de peau, chaque relief était caressé avec douceur malgré la fièvre qui la consumait. Lorsqu'elle le sentit trembler dans ses bras, Emma ressentit une puissance qui l'émerveilla et l'effraya à la fois. Elle paraissait avoir le même pouvoir sur Stephen que celui qu'il avait sur elle.

Puis elle oublia tout. Le monde disparut à ses yeux. Le monde était Stephen.

Stephen et ses longs doigts qui avait saisi un sein et le cajolait avec fièvre et amour. Stephen, qui baissa la tête pour embrasser et lécher un mamelon pendant que sa main enveloppait l'autre sein. Jamais elle n'avait été touchée ainsi. Jamais le besoin d'autre chose, ce quelque chose qu'elle ne savait nommer, ne l'avait ainsi taraudée. Elle gémit de désir et son corps s'arqua instinctivement contre la main qui la caressait. Stephen à son tour, poussa en avant son bassin et Emma ressentit contre ses cuisses nues la rugosité du jean du jeune homme.

Délaissant le dos de celui-ci, elle passa une main entre eux deux, saisit la ceinture du jean et tenta maladroitement de la dégrafer, voulant ôter le vêtement qui les séparait encore. Il comprit son désir et se releva quelques instants pour enlever chaussures, chaussettes et faire descendre avec hâte le long de ces cuisses musclées son pantalon. Emma resta immobile, allongée sur son lit, vêtue de son seul sous-vêtement en simple coton blanc, elle dévorait du regard le corps dénudé à son tour de Stephen. Il la rejoignit rapidement. Il semblait incapable de s'éloigner longtemps d'elle ce qui lui convenait tout à fait. Leurs jambes s'emmêlèrent. Leurs bustes se collèrent l'un contre l'autre et Stephen saisit les mains de sa compagne afin d'entrelacer leurs doigts étroitement tandis qu'elle sentait contre son ventre la preuve de son désir.

Le silence les entourait. Ils savouraient tous deux la complicité de cet instant magique où leurs corps presque nus se découvraient, se reconnaissaient. Elle respira le parfum de ses cheveux, à une odeur de tabac qu'elle connaissait déjà sur lui. Il ferma les yeux pour graver à jamais la sensation de sa peau et de ses courbes contre lui.

Elle avait besoin de lui. Besoin qu'il prenne l'initiative d'aller plus loin. La douceur de cette étreinte appelait en elle autre chose. Elle libéra une de ses mains puis reprit la découverte de son dos ayant déjà un objectif dans son esprit. Les doigts fins d'Emma caressèrent le cou qui sembla se lover dans le creux de sa main, puis ils descendirent en palpant les muscles des épaules puis les dorsaux longs et déliés qui frémirent encore une fois à son passage. Stephen ne disait toujours rien, mais à chaque caresse d'Emma, il répondait par une petite morsure de la peau de l'épaule de la jeune fille. Puis, lorsque la petite main décidée descendit plus bas il fit de même et ses lèvres se déplacèrent sur la gorge de la jeune fille jusqu'à trouver ses seins blancs qu'il embrassa alternant les baisers sur l'un puis l'autre.

Tout en pointant son buste vers les lèvres de celui qui allait devenir son premier amant, Emma serra plus fort les doigts de Stephen dans sa main droite, gardant cet ancrage puissant et rassurant dans la réalité. Elle se sentait partir loin, plus loin à chaque fois que les dents et la langue de celui–ci taquinait la pointe d'un sein, la mordillait ou s'enroulait autour. Il savait comment faire pour éveiller en elle une myriade de sensations et un feu croissant lui brûlait le ventre. Se forçant à garder les yeux ouverts, elle continua de sa main gauche sa lente glissade sur les reins de Stephen s'attardant dans le creux de sa colonne vertébrale et glissant ensuite enfin sous le boxer du jeune homme. La douceur de la peau la surprit, mais elle continua et commença à ôter le sous-vêtement de Stephen qui l'aida en soulevant son bassin et achevant son geste.

Il était nu et se releva à genoux sur le lit, entre les cuisses de la jeune fille. Son geste dévoila, dans la semi-obscurité au regard d'Emma la vision fascinante de son torse essoufflé par le désir et de son sexe dressé pour elle. Il l'interrogea de ses yeux verts assombris par le désir et semblant trouver ce qu'il cherchait, saisit à son tour le slip en coton pour le faire glisser sur les cuisses fuselées d'Emma. Instinctivement la main libre d'Emma voulut recouvrir son intimité, mais il écarta d'un geste ses doigts pour y poser les siens doucement avant de caresser longuement son ventre, ses cuisses et l'intérieur de celles-ci. Ses gestes lents et appuyés attisaient le feu dévorant les entrailles d'Emma. Il passait et repassait sur la peau douce près de son nombril, vers la fine toison brune dont le triangle indiquait le chemin vers lequel il brûlait de se conduire lui aussi. Il évitait avec habileté le point le plus sensible de son corps, l'effleurant à peine de temps en temps. Le corps d'Emma commença à vibrer de plaisir tandis que de petits halètements s'échappaient de ses lèvres. Elle gémit et se tordit sur son lit, souhaitaient plus, souhaitant le contact franc et ferme de ses doigts sur sa peau entre ses jambes. Il prenait un plaisir immense à lui faire vivre ces sensations et tout en jouant de son savoir pour développer son désir, il ne cessait de vérifier sur le visage de la jeune fille le déferlement de ses émotions.

– Stephen, commença-t-elle d'une voix haletante.

– Oui ma douce, répondit-il d'une voix rauque contre son oreille.

– Stephen, je ...

Elle ne put terminer sa phrase, car il avait enfin posé ses longs doigts sur elle au creux de sa féminité et un long cri d'étonnement lui échappa tandis que son corps se tendait sous le plaisir qui la submergeait brutalement.

Il cessa tout mouvement pendant un temps, lui laissant le temps de se remettre de ce premier orgasme, mais lorsqu'elle bougea un peu et posa effrontément sa main sur son sexe vibrant lui aussi de désir, il ne put résister plus longtemps et se plaça entre ses jambes. Elle entoura immédiatement son bassin de ses cuisses, comme si elle craignait qu'il ne change d'avis.

Alors, la regardant dans les yeux, il poussa en elle pour la première fois. Doucement. Longuement. Il guetta la moindre trace de crainte ou de douleur sur son visage, mais elle le serra encore plus fort et accrocha son regard au sien, décidée à ne pas partir seule vers le bonheur cette fois-ci et à négliger le pincement désagréable de cette première pénétration.

Attentive à toutes sensations nouvelles qu'elle découvrait, au moindre gémissement de son amant elle le suivit, avec une certaine prudence, dans son rythme d'abord lent et arqua son corps contre le sien, allant à la rencontre de ses poussées de plus en plus rapides. La légère douleur dans son intimité s'était envolée remplacée par un feu dévorant. Elle s'accrocha à son épaule, griffant de ses ongles la peau pâle de Stephen lorsque la seconde vague de plaisir menaça de l'emporter.

Stephen vivait un rêve. Cela ressemblait au paradis. Cela devait être le paradis. Être dans les bras d'Emma. Enfin et la sentir tout contre lui, autour de lui. Il était dans son corps, entouré par sa chaleur et son amour.

Il attrapa fébrilement sa hanche de sa main pour la maintenir encore plus près de lui sentant qu'il perdait pied et il s'accrocha à Emma par l'autre main toujours enlacée à la sienne depuis le début de leur étreinte. Son bassin bascula une dernière fois en avant et il s'enfonça en elle comme s'il ne devait jamais la quitter. La force de l'orgasme qui le terrassa alors le prit par surprise. Les tremblements du corps d'Emma lui firent comprendre qu'elle vivait la même chose.

Il se laissa aller sur le lit et roula sur le côté et, sans rompre leur contact, la serra contre lui. Fermant les yeux pour essayer de comprendre ce qu'il avait vécu. Ce qu'il avait fait.

Seules leurs respirations précipitées et irrégulières perçaient le silence de la chambre. Ils n'avaient pas échangé un mot. Ou si peu.

Il avait niché son visage dans son cou et déposait de temps en temps de légers baisers sur la peau tiède et sensible d'Emma. Elle prit son visage entre ses mains pour tenter d'observer ses traits.

– Stephen ? murmura-t-elle, s'il te plait, regarde-moi. Dis-moi... quelque chose.

Il braqua soudain son regard vert sur elle et elle retint une première larme sous l'intensité de cet échange.

Après un long silence pendant lequel il sembla scruter ses pensées et lutter contre lui-même. Il n'aurait pas dû, il le savait. Il avait encore une fois fait les choses de travers.

Boire pour oublier. Décider de partir. C'était acceptable. C'était ce qu'il devait faire. Mais Emma ? Comment avait-il pu lui faire cela ? Pourquoi était-il si faible auprès d'elle ? Pourquoi avait-il besoin d'elle ?

C'est en voyant les larmes s'écouler doucement et sans bruit sur le visage d'Emma qu'il comprit qu'il devait réagir. Il lui devait la vérité. Même si cela lui ferait mal. Même si ça lui arrachait le cœur de lui faire aussi mal après ce qu'il venait de partager, même s'il savait qu'après elle le rejetterait à jamais.

Il tenta de rassembler ces idées, mais les brumes de l'alcool étaient particulièrement épaisses. Il se demandait encore comment ses jambes avaient réussi à le porter sans encombre du pub où il avait vidé force verres de cocktails variés avant que ses pas le guident chez Emma. Il se souvenait juste qu'après l'appel téléphonique qui l'avait laissé effondré, il avait bu. Et bu encore pour tenter d'oublier la seule issue qui s'ouvrait à lui.

Au fil des heures, il avait compris que le pire pour lui, pire de quitter ces amis et son pays, pire que de laisser tomber ses études à Seattle, le pire était de quitter Emma.

Les bouteilles vides s'accumulant sur sa table l'avaient convaincu qu'il devait la revoir une dernière fois.

Il contempla la jeune fille qui attendait silencieusement qu'il s'explique et il leva la main sur une joue et essuya quelques larmes du bout du pouce avant de soupirer.

– Emma, commença-t-il d'une voix hésitante.

Il s'allongea à nouveau contre elle et posa son oreille sur la gorge de la jeune fille. Le bruit des battements de son cœur l'apaisait et il n'affrontait plus le beau regard chocolat.

– Je suis ivre, tu sais ? Je n'aurais pas dû venir. Mais j'en avais besoin, et je suis égoïste.

Sa voix était hésitante et Emma comprit qu'elle n'allait pas aimer ce qu'elle allait entendre. Elle se barda le cœur du mieux qu'elle put et entoura les épaules de Stephen ne sachant pas trop qui elle cherchait à protéger par ce geste.

– J'ai bu. Car je vais partir. Je vais partir demain ou plutôt ce matin.

Le frisson qu'il ressentit venait de leur deux corps qu'il recouvrit alors de la couette, les enroba dans un cocon de coton réconfortant.

– Continue Stephen, je t'écoute, fit-elle tout en caressant doucement les cheveux cuivrés soyeux.

– Cindy m'a appelé. Elle est chez elle dans sa famille. Elle menace d'attenter à ces jours si je ne la rejoins pas. Elle le fera, je le sais.

Il parlait si doucement qu'elle crut n'avoir pas bien entendu.

Cindy ? La blonde garce dont elle croyait s'être débarrassée ? La colère la saisit et elle repoussa Stephen. Elle voulait le voir et comprendre « pourquoi» il jugeait nécessaire de se préoccuper encore de cette fille.

– Explique pourquoi ? Comment cette fille réussit à avoir ce pouvoir sur toi ?

Stephen sentit dans la voix d'Emma la colère et la peur qui se mélangeaient. Il ne pouvait pas la rassurer. Il n'avait pas le droit de lui dire que tout irait bien.

– Elle est enceinte. De moi. Une connerie de plus de ma part. Un soir où j'avais....

Il s'arrêta quelques secondes sentant que quelque chose n'allait pas dans son raisonnement. Avant de reprendre ses explications.

– Un soir, en décembre, pendant les dernières vacances, j'avais bu et j'ai oublié de mettre un préservatif pour la protéger. Je le paye maintenant. Elle attend mon enfant. Je dois la rejoindre. Je dois laisser tout ce que j'ai ici. Pour cet enfant. Pour mon enfant.

Les derniers mots s'étranglèrent dans sa gorge et Emma sentit sa poitrine se mouiller sous les larmes qui coulaient des joues de Stephen. Elle comprit alors qu'il avait fait son choix. Sa décision, juste ou non était prise et que, ivre ou non, il ne reviendrait pas dessus. Elle ne pouvait l'aider plus que cette dernière nuit. Leur nuit.

Elle coula alors son corps contre le sien et de ses mains, de sa bouche, de tout son corps elle lui apporta le réconfort et l'amour dont il avait besoin.

Jusqu'au petit jour.

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