11- I'm yours - Maintenant
Partie 1 Maintenant
Seattle de nos Jours
Song : I'm Yours — Andy Grammer
POV Stephen
Depuis le départ imprévu de Garrett, je suis légèrement tendu : j'ai l'impression que chacun de mes mouvements traduit trop clairement mes pensées. Et je ne veux pas lui faire peur.
Emma me plait chaque jour un peu plus. Emma est magnifique. Certes, je voudrais la toucher, être près d'elle. Mais elle cherche juste un ami. Donc, je dois m'éloigner. Un peu. Lui laisser un peu de distance. Je ne veux pas lui faire peur. Je ne veux être aussi idiot qu'il y a dix ans.
Je lui sers son repas sur la table du jardin où elle a pris place et je choisis de m'asseoir un plus loin dans l'herbe, face à elle mais à une distance respectueuse.
Je réagis comme un imbécile et je sens sa gêne augmenter de minute en minute dans le silence qui nous entoure. Je mâchonne sans enthousiasme mon repas, le dos appuyé contre un arbre, sans regarder la magnifique jeune femme qui occupe mes pensées. Je me demande encore comment j'ai pu laisser passer ma chance il y a dix ans. Je me doutais, je savais à l'époque que je lui plaisais, mais je m'étais embourbé dans cette histoire avec Cindy. Histoire dont elle avait tenté de me sortir. Nous n'en avions jamais parlé depuis. Emma faisait preuve d'une discrétion, ou d'une absence de curiosité peut être, très étonnante. Je ne me sens pas autorisé à lui parler de tout cela, remuer le passé, sans qu'elle me le demande m'est difficile.
— Stephen ?
Sa voix faible, mais décidée à la fois, rompt le silence entre nous et je tourne immédiatement la tête vers elle.
— Si tu veux... rejoindre tes parents et ton fils, je comprends tout à fait, je peux rentrer chez moi. J'ai de quoi m'occuper aussi là-bas.
Son visage doux, un peu triste, me ramène au temps présent. Sa proposition de me laisser seul est le déclic qui me botte le derrière. Je me lève rapidement et m'assois près d'elle sur le banc. Ma main se dirige vers son visage sur lequel de la peinture bleue et grise forme de minuscules petites taches. Je frotte doucement sa joue sous prétexte de les effacer. Mais je veux avant tout la toucher, recréer le contact avec elle.
— Emma, il est hors de question que tu partes. Je veux que tu restes. Je veux..., commencè-je en cherchant mes mots.
J'ai du mal à poursuivre. Je suis trop proche d'elle. Ses yeux chocolat s'attachent aux miens. Comme avant, je sens sa confiance en moi, je sens à nouveau dans ses yeux son amitié et peut-être, encore, la chance d'aller plus loin. J'incline alors irrésistiblement mon visage vers le sien et tout en glissant mes doigts dans son cou, derrière sa nuque, je frotte légèrement alors ma joue sur la sienne.
— Je... toi et moi... Crois-tu que l'on a droit à une autre chance ? soufflé-je contre ses lèvres. Sa respiration se suspend une seconde contre ma joue. Je reprends la parole immédiatement sans lui laisser le temps de dire non.
- Nous en avons le droit. Il le faut.
Et je m'empare enfin de ses lèvres douces et chaudes. Sans vraiment m'en rendre compte, je laisse mes mains glisser vers sa taille afin de la serrer contre moi. Lorsque je sens sa bouche s'offrir à la mienne, je perds tout contrôle. C'est ce que j'attendais depuis ce matin. Non, j'aspire à cet instant depuis notre promenade dans le parc.
Je soupire de plaisir contre sa bouche. En fait pour être honnête je souhaite la tenir ainsi, contre moi, depuis le jour où une jeune femme pressée, avec son enfant fiévreux sous le bras, est entrée dans mon cabinet et revenue dans ma vie.
Mon sang brûle dans mes veines lorsque je me rends compte qu'elle s'est déplacée et se retrouve assise sur mes genoux, me rappelant certains souvenirs lointains. Elle maintient fermement mon visage contre le sien en s'agrippant à mes cheveux et ma nuque.
Comme si j'allais m'éloigner de toi mon Emma.
Je gémis à nouveau et fouille sa bouche avec passion, ne pouvant m'empêcher de mordiller ses lèvres. Son gémissement de plaisir m'atteint en plein cœur. Elle souhaite la même chose que moi.
Pendant de longues minutes, je retrouve le gout de sa peau, l'odeur de ses cheveux, la douceur de ses joues sous mes doigts. Son corps se presse contre le mien et son cœur, à moins que cela ne soit le mien, bat follement. Je glisse mes mains sous son sweat-shirt trop large et agrippe sa taille, comme si je craignais, à mon tour, qu'elle ne change d'avis et s'éloigne de moi. Nos langues se cherchent et se trouvent. Je n'ai pas le souvenir d'avoir été aussi heureux lors d'un simple baiser. Mes réactions me dépassent et je me peux arrêter de parcourir son visage de mes lèvres, caressant l'arête de son nez, effleurant le lobe de l'oreille avant d'embrasser ses paupières pour mieux revenir vers sa bouche. J'atteins le point de non-retour et les rêves des nuits précédentes semblent sur le point de se réaliser, ce que mon corps comprend un peu trop bien. Je me tends alors que le bassin d'Emma exerce une pression agréable et douloureuse à la fois sur mon bas-ventre.
Haletant, je finis par interrompre notre baiser passionné de moins en moins sage. Prenant son visage entre mes mains, j'éloigne doucement son visage du mien.
– Emma, si tu veux m'arrêter, fais-le maintenant. Ensuite je ne sais pas si je pourrais... murmurè-je, cherchant dans son regard assombri une preuve évidente qu'elle ne me repoussera pas.
Elle me regarde longuement. Son souffle est haché, comme le mien, sa poitrine se soulève de façon irrégulière frôlant la mienne à chaque inspiration qu'elle prend. Elle pose alors ses mains sur mes poignets, entre nous, comme si elle voulait dénouer notre étreinte. Mais elle ne bouge pas, me fixant inlassablement comme si elle cherchait à lire en moi. Le passé est si loin, et si proche. Nous ne sommes plus ces jeunes étudiants insouciants. Elle a donné la vie, j'ai mon propre enfant. Je me demande en un instant si nos passés ne vont pas nous séparer encore une fois malgré le désir évident qui brûle entre nous.
Ses doigts glissent sur les miens et de sa main gauche, elle caresse ma joue, dessinant de façon terriblement érotique le contour de ma mâchoire depuis l'oreille jusqu'à ma bouche. La tension grandit en moi.
- Je ne veux pas te faire de mal... Emma, mais je suis incapable de te laisser partir, sauf si tu me le demandes, maintenant, soufflé-je en me rapprochant de sa bouche à nouveau sans rompre le lien de nos regards.
Son doigt tremble un peu sur mes lèvres tandis que son autre main caresse ma nuque, à la lisière de mes cheveux m'arrachant un nouveau frisson.
Elle se lève, sans vraiment s'éloigner. Le froid m'envahit, un vide se crée sur mes genoux et dans mon ventre.
Je le vois secouer la tête, les mèches brunes voletant autour de son visage fin et rougi par nos baisers. J'ai l'impression qu'elle cherche à fuir quelque chose
- Pourquoi compliquer encore et toujours les choses ?
Je ne sais pas vraiment si ces mots vont m'emporter en enfer ou au paradis.
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