Chapitre 40 L'île de l'espoir

NDA : Je suis affreusement en retard sur cette histoire et j'en suis sincèrement navrée. J'ai eu un problème très commun dans le milieu, le syndrome de la page blanche. Et ça, c'est pas joyeux ! Normalement, j'ai réenclenché le bouton d'imagination, donc vous devriez avoir la fin de cette histoire très prochainement (puisque, si mes calculs sont bons, il ne reste que quelques chapitres). Cessons de papoter ! Bonne lecture. :3


Les cris résonnaient encore dans les tympans de Stephen. Il courrait à une vitesse étonnante pour échapper aux tirs des gardiens de Renegarde. Le vent fouettait son visage, gelant sa peau et créant des larmes au coin de ses yeux. Ses pieds tapaient violemment sur la glace, des machines enclenchées à toute allure dans le froid, aussi rude que celui d'une tempête de neige à Légias. 

La prison était maintenant loin derrière lui. Les alarmes sonnaient sans arrêt aucun, des échos dans cette vallée mortifiée. Les lumières rouges des gyrophares éclairaient vaguement les ombres des fugitifs, et créaient un ballet sombre sur les reflets de l'eau. 

Au milieu des Serps, des milliers de prisonniers fuyaient. Des milliers de fourmis. Certains étaient rattrapés par des soldats sur des motos anti-gravitationnelles, certains étaient abattus par les hélicoptères qui tournaient autour de Renegarde. 

Aux côtés de Stephen se trouvaient Dahlia, Nathan, Guoy et Dunbalt. Tous courraient à en perdre haleine. Malgré le manque de souffle, les poumons qui brûlaient et la peur d'être tué en route, tous voulaient sauver leur vie. 

Le chaos déjà présent s'accentua lorsque les Serps, sans doute affamés, commencèrent à se jeter sur les prisonniers en fuite, ainsi que sur les gardiens extérieurs. Les cris s'intensifièrent. Des Serps se jetaient sur toutes les proies possibles, brisant la glace, la faisant trembler, vibrer. 

Les bruits des alarmes et des hélices furent complétés par les craquement d'os et les hurlements de mort. 

  – Dahlia ! hurla Stephen. 

La jeune fille le regarda avant de hocher la tête. Elle s'arrêta brusquement et fit volte-face. 

À sa suite, son groupe se stoppa. 

  – Qu'est-ce qu'elle fait ? On n'a pas le temps de traîner ! paniqua Nathan. 

Guoy lança un regard inquisiteur à Stephen. 

Dahlia tendit le bras. Le petit serpent des mers s'enroula autour de son poignet. Puis, au milieu du vacarme meurtrier, Dahlia et le serpent hurlèrent. Le cri de Dahlia était humain, aigu, effacé de la surface de la glace. Cependant, celui du serpent agit en ultra-son terrifiant. Tous les hommes se trouvant à proximité furent immédiatement mis à terre par ce son, vrillant leurs tympans. Ce fut aussi le cas pour les amis de Dahlia, qui s'agenouillèrent à terre, les oreilles en sang. 

Les secondes passèrent et les cris cessèrent. 

Lorsque Stephen releva la tête, Dahlia était face à cinq Serps géants, brillant à la lumière des étoiles. Leur ombre formait un monstre épouvantable sur la glace. Stephen ne put que s'incliner devant cette scène étonnante. La soumission de bêtes incroyablement puissantes à une jeune fille menue, faible physiquement. 

  – On a nos montures, les informa Dahlia. 

Sur ces mots, la jeune fille grimpa sur un Serp aux écailles bleutées. Se tenant fermement aux creux de la peau de l'animal, Dahlia invita les autres à faire la même chose. 

Les Serps allèrent beaucoup plus vite. La prison devint vite un point dans l'horizon. Des lumières éclairaient le ciel, et le paysage semblait agité, mais ils ne craignaient plus rien. 

Le petit groupe atteignit Légias en moins de quatre heures, soit trois fois moins de temps qu'un transport classique. 

Légias, l'île gardienne du Portail. Une île qualifiée d'indépendante depuis la dissolution de la division du Nord, qui avait placé cette région sous son joug durant des siècles. Le monde avait été réorganisé. Lorsque le Nord était tombé, Légias n'avait pas perdu de temps. Les défenses s'étaient multipliées. Hylia s'était trouvée dans l'incapacité d'accéder au Portail et de conquérir cette île. Une puissance en moins. 

Les murailles de Légias se distinguaient au milieu du brouillard. D'immenses arbres centenaires, de plus de cinq mètres de large, reliés entre eux par des structures métalliques. Le branchage permettait de camoufler les soldats de garde. Les rafales de vent, fréquentes dans la région, masquaient le bruit des armures et des déplacements. Une position stratégique. Un point essentiel dans la conquête du monde. 

Au delà de la muraille, Légias était un mystère. 

Dahlia descendit de son Serp, suivie des autres. Avec une tape sur le front de la bête, elle lui indiqua qu'elle pouvait partir. Ce qu'elle fit promptement avec sa famille. 

Dahlia entreprit d'escalader la glace qui, grâce aux vagues tourmentées, formait presque un escalier pour atteindre le haut de la dune. 

  – Qu'est-ce qu'on fiche ici ? demanda Nathan, la suivant de près. On devrait se rendre à Freya et détruire l'empire d'Hylia en lui coupant la tête ! 

  – Ça attendre, répondit Dahlia. On a besoin de renforts avant tout. 

  – Et tu penses que Légias nous les fourniront ? Jamais ils ne sortiront de leur île. 

  – Sur ce point, il n'a pas tort, dit Dunbalt. C'est quoi ton plan, chef ? 

  – On va s'adresser à la Terre, sourit la jeune fille. 

Une fois en haut, Dahlia sauta sur une des racines de l'arbre. Ces dernières étaient tellement épaisses et larges qu'elles formaient des grottes, des abris, sous lesquels se réfugièrent les autres. Nathan s'installa rapidement, prêt à déguerpir au moindre bruit. Stephen s'affala dans un creux confortable. Guoy et Dunbalt restèrent debout, aux aguets. 

Dahlia, quant à elle, les surplombait en était assise sur la racine face à eux. 

  – Je vous explique le projet, commença-t-elle. On est cinq, d'accord ? Aussi peu nombreux, on peut rien faire. On ne peut rallier personne, parce que personne ne croira en nous. Il nous faut donc un allié qui se sent menacé. Un allié puissant qui pourrait nous prêter main-forte. 

  – La Terre, murmura Guoy. 

  – La Terre ! Qui de mieux placé ? On entre dans la Portail, on leur expose la situation, les terriens viennent à notre secours, on récupère le pouvoir. 

  – Tu oublies une chose. On ne sait même pas si le Portail fonctionne encore, fit remarquer le général. 

  – Je sais que c'est une technologie que plus personne ne peut reproduire sur Xiar, mais je suis certaine qu'elle marche. Elle a été conçue pour fonctionner pendant des millions d'années, pas d'inquiétude là-dessus. 

  – Autre point, dans ce cas, intervient Dunbalt. Et si les terriens refusent ? Et si, pire que ça, ils acceptent mais conquièrent Xiar ? 

  – Je ferais tout pour que ça n'arrive pas. 

Dahlia prit son air le plus sérieux et déterminé. 

  – On n'a rien à perdre, les gars. C'est maintenant ou jamais qu'il faut foncer. 

  – C'est vrai qu'on doit être des criminels de guerre très recherchés sur cette planète. Avec les nouveaux drones, on sera pris en peu de temps, ajouta Dunbalt. 

  – Le Portail est vraiment une technologie unique ? s'interrogea Stephen. 

  – Oui, elle l'est, gronda une voix grave. 

Le groupe releva rapidement la tête. Guoy et Dunbalt étaient déjà en position de combat. Le premier général avait attrapé une branche solide pour s'en servir de bo. Les deux frères, plus à l'arrière, inspectaient suspicieusement les environs. Dahlia s'était mise debout, les sourcils froncés. En haut de l'arbre, dans une brèche presque invisible, une silhouette se dessinait, imposante, terrifiante. 

  – Qui êtes-vous, étrangers ? Pourquoi foulez-vous les terres de Légias ? 

La distance renvoyait les questions en écho. Les arbres semblaient contribuer à cette entente, comme des spectateurs actifs de cet affrontement. 

Guoy voulut prendre la parole, mais Dahlia l'arrêta d'un geste de la main. 

  – Je suis Dahlia Kulro, fille du chef de la division de l'Est, Charles Kulro. Nous venons ici en paix. 

Un silence dubitatif s'ensuivit. Puis, la voix reprit sur le même ton. 

  – La division de l'Est a péri, femme Dahlia porteuse-de-voix. Le chef est mort. 

  – Faux, puisque je me tiens devant vous. 

Soudain, la silhouette se mouva. Plus précisément, elle sauta et se fit de plus en plus détaillée. Sa vitesse était impressionnante, mais pas autant que ce saut. La muraille atteignait au moins quarante mètres, c'était impensable qu'une personne puisse atterrir sans aucun mal ! 

Pourtant, l'énigmatique personne lévita quelques secondes face à Dahlia avant de se poser délicatement sur la racine de l'arbre. 

Une jeune femme se tenait droite devant Dahlia, à quelques centimètres à peine de la chef. Elle était vêtue d'une armure dorée qui couvrait partiellement son corps. Son ventre était visible, tout comme ses cuisses et ses mollets. Un casque ailé partait de ses joues et s'étirait sur le haut du crâne. Des jambières étincelantes se mêlaient à l'entrelacement des tissus marrons qui servaient de chaussures à la jeune femme. Pour accompagner cet attirail impressionnant, elle tenait dans sa main droite une lance dont le bois était rouge et la pointe d'acier plaqué or. Autour du bâton, des plumes étaient pendues à une cordelette. 

De longs cheveux bouclés en feu dépassaient de son casque et cachaient son dos. Ses formes étaient généreuses, et son visage fin soulignait son aspect sévère. Ses yeux saphirs étaient rapprochés et, étrangement, cela lui donnait un air austère avec lequel elle jouait à la perfection. 

Face à une telle carrure, Dahlia s'inclina. 

  – Nous venons en paix, répéta-t-elle. 

  – Nous nous fichons de votre paix, femme Dahlia porteuse-de-voix. Quels sont vos desseins sur notre île ? 

  – Nous voulons renverser l'empire de l'Ouest pour instaurer un nouveau monde. 

  – C'est le discours de la plupart des êtres de cette planète. 

  – Légias a le même, non ? 

  – Non. Notre stratégie est défensive. 

  – Comptez-vous vivre toute votre vie de cette façon ? Dans la peur qu'un jour votre cité soit détruite ? J'ai vu la mienne tomber, ce n'est pas une expérience plaisante. Entendre votre ville pleurer. Entendre votre peuple succomber sous les coups des barbares. Vous ne connaissez pas encore cette sensation, mais ça va venir. Hylia ne cessera jamais de tenter de s'emparer de votre terre. Et si c'est dans un bain de sang que ça doit se faire, alors c'est dans un bain de sang que ça se fera. 

La guerrière fronça les sourcils. 

  – Légias ne tombera pas, affirma-t-elle. 

  – Légias n'est pas prophète. 

En jetant un regard aux autres, la guerrière de Légias se rendit compte de la rancoeur et de la haine qui reposaient sur les épaules de chacun. Un atout au sein d'une guerre qui avait déjà fait trop de victimes. 

Finalement, elle soupira et tendit la main. 

  – C'est une alliance, dans ce cas. Je suis la Gardienne, femme Kotoa Chevelure-embrasée. Bienvenue dans ma cité, Légias. 

Kotoa s'éleva dans les airs et, d'un geste de la main, dirigea les racines de l'arbre. À force de manipulation, un passage apparut, invitant le groupe à changer un monde en ruines. 

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