Chapitre 37 La chute
Arcane fit des ravages dans les rangs ennemis. Cette machine de guerre ravagea toutes les lignes adverses, déployant des forces inconnues de tous. Se téléportant à des endroits stratégiques, lançant des missiles puissants sur ses opposants, volant dans le ciel comme un phœnix dansant à la lueur d'Ishtar.
De sa division, Hylia observait cette arme avec un sourire fier. Dahlia avait trouvé le moyen de la surprendre, et c'était un phénomène rare.
- Saphir, contact avec Julius et Ewan, ordonna-t-elle.
La bras-droit s'exécuta.
La fontaine face à Hylia changea de position pour que les rayons de la plaquette réfléchissent sur l'eau. Deux visages apparurent. Celui inquiet de Julius, président du Sud, situés dans une montagne près de Bonn, et celui d'Ewan, visiblement énervé.
- Voilà une arme extrêmement gênante, dit Hylia.
- Je ne pensais pas que l'Est avait une telle chose, s'agaça Ewan.
- On va perdre ! Gudiea ne peut plus nous protéger ! s'écria Julius.
Hylia le fit taire d'un geste de la main.
- Julius, prenez votre courage à deux mains, bon sang ! Nous ne sommes pas faibles. Et nous allons le prouver à tous. Cette arme est le signe d'une contre-attaque, le signe de la victoire ...
- Donc, si nous le détruisons, nous anéantissons l'espoir, conclut Ewan.
- Ingénieux, n'est-ce-pas ?
- Seul problème : comment comptez-vous le détruire ?
Les deux hommes regardèrent la présidente, impatients de connaître ses plans.
- Même si ce robot est résistant, il ne pourra pas survivre face à tous nos missiles.
- Vous voulez qu'on envoie toute la flotte sur lui ? demanda Julius. Mais, ça tuerait nos soldats !
- Ils sont déjà morts.
Le froideur d'Hylia ferma la bouche aux deux autres. Ewan hocha la tête et on l'entendit crier l'ordre de retraite afin de protéger un maximum des siens. Quant à Julius, l'écran s'éteignit sur son visage paniqué et atterré.
***
Le duo que formait Nathan et Stephen au combat était puissant et meurtrier. Leur synchronisation était parfaite, comme s'ils lisaient les mouvements de l'autre avant qu'il ne les ai fait. Ensemble, ils faisaient un carnage. Même si Nathan pouvait hésiter à tuer des membres de l'Ordre, Stephen était là pour lui rappeler qu'il avait fait un choix et qu'il devait l'assumer.
Tout comme lui.
Stephen avait fait le choix d'abandonner Emelyn. Il n'avait pas le temps pour les regrets ou les remords, il devait seulement se concentrer sur sa mission, aider Dahlia. Chef de l'Est ou pas, elle restait son amie. C'est ce que Ash aurait voulu, qu'il la protège à tout prix.
Étant donné qu'Arcane la protégeait suffisamment pour l'instant, Stephen essayait de balayer un minimum le sol.
Au fur et à mesure, il se rendit compte que l'Ordre se repliait. Les soldats étaient rapatriés. Ses adversaires essayaient de s'enfuir avant même qu'il ne l'est vu.
- Que se passe-t-il ? demanda Stephen.
- J'en sais rien, mais j'aime pas ça, répondit Nathan.
Quelques minutes après, les rues étaient pratiquement désertes. Quelques batailles avaient encore lieues, mais un silence pesait sur Bonn.
Soudain, Stephen repéra des fusées dans le ciel, de petits points noirs, presque invisibles, se dirigeant vers Bonn. Il y en avait beaucoup trop. Ces missiles semblaient les encercler par le ciel.
- Il faut prévenir Dahlia ! Elle est en danger ! cria Stephen à l'attention de Guoy.
Son épée ensanglantée dans la main et une cape déchirée sur les épaules, Guoy observait le ciel avec appréhension.
- Elle ne voudra jamais se protéger, elle a trop d'orgueil pour ça.
Effectivement, à l'approche des missiles, Dahlia en fit exploser certains, en esquiva d'autres en se téléportant et en volant. Seulement, ces armes touchèrent la ville de près. Le sol fut secoué, les bâtiments finirent de tomber en ruines, les soldats continuaient de périr. Des dizaines d'explosions entourèrent Bonn.
Stephen, Nathan et Guoy s'écroulèrent par terre, la pression ne leur permettant pas de se rester debout.
L'antenne de Kief fut détruite. Le métal résonnait sous les coups des missiles.
Brusquement, Arcane se prit un missile. Sonné, il ne put éviter le deuxième, ni le troisième.
Des morceaux de son armure tombèrent du ciel sur la ville, dans un bruit métallique.
Une pluie de missiles s'abattit sur Arcane et sur la ville. Le feu et la fumée devinrent les rois et reines de ce désastre. Arcane explosa contre les bouts de muraille, immobile. À l'intérieur, Dahlia avait perdu connaissance, le crâne ensanglanté.
Malgré les yeux et la gorge lui piquant, les douleurs musculaires traversant son corps et la saleté couvrant sa peau, Stephen courut jusqu'au lieu du crash. Cette fois, c'était lui qui devait la protéger.
Seulement, il arriva trop tard. Des membres de l'Ordre étaient déjà en train de l'extirper de la carcasse d'Arcane. Sans réfléchir, il se jeta sur le premier soldat croisé et tenta de l'assommer. Mais, derrière lui, ses collègues rappliquèrent et, malgré les nombreuses techniques de combat apprises tout au long de sa vie, il ne fit pas le poids. L'Ordre le maîtrisa. Il fut plaqué au sol, mangeant la terre et la poussière.
Au milieu de toute cette fumée, un manteau rouge ressortit. Le type portait un masque à gaz noir, et avançait lentement vers Dahlia. Il lui prit le menton et souleva son visage.
- Je te tiens, petit chat, rit-il.
Puis, Stephen reçut un coup à l'arrière du crâne, le plongeant dans l'inconscience.
***
- Ton frère est parti devant, rattrape le ! répéta Guoy.
Malgré cela, Nathan ne partit pas et continua à tirer sur son levier. Guoy était enseveli sous plusieurs plaques de bétons. Depuis quelques minutes, Nathan s'efforçait d'enlever sa prison.
Guoy n'était pas son ennemi, c'était comme un père, celui qu'il n'avait jamais eu. Ewan ne comptait pas, il n'avait jamais compté en tant que tel. Il avait été le berger, le mentor, non le père. Nathan ne voulait pas abandonner Guoy ici.
Alors il continuait de tirer, même si le bloc ne bougeait pas d'un pouce.
Le visage de Guoy ressortait des décombres, et il paraissait exténué.
- Je te dis que ...
- Non ! Laissez-moi faire, vous serez bientôt libre.
Une présence derrière lui interrompit son travail. Avec aisance, il contra la barre de fer et envoya son adversaire au tapis. Quand il se retourna, des dizaines de soldats l'encerclaient. Il fit craquer ses doigts et se jeta dans la bataille.
Seul contre tous, il réussit à défaire ses adversaires un par un.
Un sifflement arrêta tous ses mouvements. Un membre de l'Ordre tenait un poignard, qu'il avait soigneusement placé sous la gorge de Guoy. Le général grimaça. Sa faiblesse le rendait fou.
- Lâche les armes, traître ! hurla le soldat.
Sous les yeux ébahis de Guoy, Nathan leva les mains en l'air et se mit à genoux. Alors, un autre soldat vint l'assommer par derrière.
***
Au milieu des cadavres, Dunbalt, général de la muraille, se frayait difficilement un chemin vers un homme à terre. Il percevait des voix hurlantes, des ennemis cherchant les survivants de ce massacre.
Dunbalt s'approcha d'un homme et, caché par les tas de macchabées, il entreprit de secouer son camarade. Malheureusement, ce dernier ne cligna pas un cil. Son regard était figé vers le ciel. Des gouttes de pluie nettoyaient son visage couvert de sable et de sang. Malgré l'évidence, Dunbalt continua à le secouer.
- Jydith ... Réveille-toi ...
Un bonbon roula sur le sable, tombant de sa main entre-ouverte.
Dunbalt serra les poings et hurla. Son cri fut déchirant et se répercuta sur chaque homme tombé dans cette guerre. Sur chaque mort, sur chaque vivant, il résuma l'horreur en quelques instants.
Puis, un métal froid vint chatouiller sa nuque. Un soldat pointait une lance dans sa direction.
***
Depuis la pluie de bombes, Emelyn errait dans les rues. Les jambes aussi molles que du caoutchouc. Elle vagabondait dans les rues détruites, en proie aux flammes, aux cadavres et aux levées de poussière. L'air devenait irrespirable.
Emelyn marchait, le regard vide, ayant l'impression de traîner un boulet à sa cheville.
La jeune fille ne remarqua pas de suite les hommes qui l'encerclaient. Ils pointaient tous des lances aiguisées en sa direction. Un bandeau rouge entourait leurs bras.
Avant qu'ils n'aient pu l'atteindre, elle s'effondra par terre.
***
La division de l'Est avait perdu. Ses nombreuses forêts et rivières avaient été réduites à néant. Les flammes mangeaient tout, sans exception. Le ciel était devenu gris, la pluie tentait d'éteindre les feux. Une fumée noire s'élevait dans les airs et s'ajoutait aux nuages.
Dans toutes les villes et les villages, les habitants étaient chassés, tués, faits prisonniers. L'ennemi n'eut aucune pitié. Des hurlements de terreur, des pleurs désespérés, le bruit des pas rapides sur la chaussée et sur la terre, ce furent ces bruits qui se répétèrent sans cesse pendant plusieurs jours.
Six jours, plus exactement. Ce fut le nombre requis pour anéantir totalement la division de l'Est, un empire jugé dangereux.
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