Chapitre 28 Actes
Ses yeux se sont ouverts subitement. Dahlia voulut se relever immédiatement, mais sa tête tourna. Une horrible migraine l'assaillit. Cependant, elle se ressaisit pour analyser les alentours, et surtout la situation. Elle n'était ni morte, ni blessée. Nathan et Shion n'étaient plus là. Bon signe ? Sûrement pas.
Dahlia se leva en frottant son ventre. Le bâtard n'y était pas allé demain morte. Elle porte ensuite ses doigts à ses lèvres. Le bâtard l'avait embrassé. Il avait osé abuser de sa confiance et l'humilier par la suite. Dahlia serra les poings.
Fini les pleurs, les plaintes. La guerre était en route. Non seulement celle qui planait sur l'Est, mais aussi celle que Nathan avait engagé entre eux deux. Seule la cruauté la sauverait.
Un bruit métallique dans les anciens escaliers la fit sursauter.
Elles'approcha et se pencha pour voir Guoy essayer de remonter à son niveau. Le général peinait à trouver des prises convenables pour grimper et pestait contre tout et n'importe quoi.
- Bon, Guoy, tu comptes faire mu-muse longtemps avec cette marche ? lança la jeune fille.
Au même moment, un bip sonore retentit. Dahlia récupéra la plaque métallique de Guoy, tombé au sol lors de son combat. Ash apparut à l'hologramme.
- Dahlia?! Pourquoi tu as la plaque de Guoy ? Il lui est arrivé quelquechose ?
L'expression de Ash réjouit Dahlia. Tant qu'ils seraient unis à ce point,personne ne gagnera totalement. La division de l'Est avait de la ressource, et la jeune fille savait à qui elle devait s'adresser prochainement. Les autres divisions allaient trembler devant ses effectifs militaires, elle se le promettait.
Ash la réveilla en criant son nom. Il voulait savoir ce qu'il s'était passé. Dahlia lui raconta les grandes lignes, puis Guoy poursuivit lorsqu'il remonta à l'étage.
Ash semblait jurer dans son coin, mais Dahlia s'en fichait. Elle raccrocha, et lança la plaquette dans une poubelle.
- Guoy, je ne veux plus être dérangée, dit-elle.
Le général avait toujours du mal lors de ses profonds changements d'humeur.
- Quecomptes-tu faire ?
- Si tu le savais, tu m'en empêcherai, et je n'ai absolument pas envie d'entendre tes leçons de moralisateur.
- Dahlia,je souhaite juste t'aider du mieux que je peux.
- Jesais, et ça me dérange. Je ne suis pas mon père, je ne suis pas faible.
Guoy se rappela alors de ses pleurs et de ses petites mains fragiles qui agrippaient avec acharnement sa cape. Dahlia était une enfant capricieuse, mais elle n'était pas idiote. Il espérait qu'elle prendrait les bonnes décisions lors de cette guerre démesurée.
- Jeveux tous les hommes de la muraille sur Nathan et Shion, qu'on me les retrouve. Va prévenir Dunbalt. Ensuite, je veux que tu organises l'évacuation de la ville par les souterrains. Fais en sorte que les bonniens se retrouve au moins vers Heid.
Les souterrains, construits il y a plusieurs siècles par les précédents régents de l'Est, ont été imaginé comme un labyrinthe partant de Bonn, puis se séparant en deux. Un des chemins allaient vers Janus,l'autre vers Heid, une grande ville économique à plus de cinquante kilomètres de Bonn.
Si Bonn était bombardé, les morts seraient considérable, et Heid pourrait facilement accueillir toute la ville de Bonn.
- Dahlia,depuis quand te préoccupes-tu de la sécurité des habitants ?
Pour toute réponse, Dahlia lui sourit.
Puis,elle prit une lame rouge, la lança sur la vitre pour qu'elle explose et laissa l'air s'engouffrer dans le bâtiment. Son regard se fit lointain, presque absent. Enfin, elle prit un harnais et se l'attacha. Guoy allait se demander ce qu'elle faisait, quand il la vit attacher le bout d'une corde à un des piliers de l'étage, et sauter par la fenêtre.
Il aurait pu être étonné, mais c'était une chose que Dahlia faisait souvent. Elle aimait se détendre en sentant le vide l'aspirer. En se sentant impuissante et vulnérable. Elle adorait ces moments de profonde solitude, ces instants où elle ne pensait qu'à elle.
Dans le vide, suivant la courbe de Kief, Dahlia pensait à Nathan. Elle ne pouvait l'effacer de sa mémoire, et pourtant elle le souhaitait.Elle ne réussissait pas à comprendre pourquoi elle avait tant mal. Était-ce parce qu'elle avait espéré qu'il rejoindrait sa cause ? Elle sentait bien qu'il n'y avait pas que ça.
Dahlia ne voulait pas se l'avouer, c'était aussi simple que ça. Nathan était précieux pour elle, non comme un pion, mais comme une personne à ses côtés.
***
Les fissures de son plafond donnaient à l'appartement un air avant coureur de conflit. Il n'avait pas envie de les reboucher, c'était peine perdue avec ce qui les attendait. Ash se contentait donc de les examiner et, à chaque fois, d'essayer de les toucher avec ses doigts. Couché au sol, il savait pertinemment que c'était impossible, et pourtant il le faisait.
Lui-même ne comprenait pas cette nostalgie.
Il passa la main dans ses cheveux, encore mouillé dû à sa douche.L'explosion l'avait vraiment surpris. Penser qu'on pourrait s'en prendre directement à Kief. Et dire qu'il était celui qui, juste avant, se jurait de tuer Gudiea. Pathétique.
Son torse nu se soulevait en fonction de ses soubresauts. Il n'allait pas pleurer, il ne se le permettait pas.
- Tu as soif ?
Ash se redressa pour s'asseoir. Stephen était dans l'encadrement de la cuisine, une bouteille d'eau à la main. Il la secouait en face de Ash. Ce dernier agita son index pour faire signe à Stephen d'approcher.
Lorsqu'il fut à sa hauteur, Ash lui attrapa le bras pour l'amener à lui. Le geste fut si rapide et inattendu, Stephen en lâcha la bouteille, qui roula contre le canapé.
Ash déposa un doux baiser sur les lèvres de l'exécuteur, avant de sourire avidement.
Stephen s'éloigna précipitamment, étonnant Ash.
- Pardon... Je ne suis pas encore habitué à cette ... relation.
Il avait lâché le mot juste. Ash sourit encore plus. Il porte la main à ses cheveux pour bien les coiffer avant qu'ils ne sèchent complètement.
Dans cette position assise, avec seulement une serviette couvrant ses parties intimes, ses gouttes d'eau qui perlaient sur son corps et ce sourire charmeur, Ash paraissait dans une lumière étincelante.
Stephen ne put s'empêcher de rougir, ce qu'Ash remarqua avec plaisir.
- Je serais un vrai gentlemen, promis, assura Ash.
- Un gentlemen pourquoi ?
- J'aime ta naïveté.
Ash mit tout son poids sur Stephen pour le faire basculer en arrière et se retrouver au dessus de lui. C'est seulement à cet instant que Stephen comprit les paroles de son copain.
- Attends! Je ...
Lejeune blond lui embrassa le cou avec avidité. Stephen se sentit bouillir. Tout son corps en demandait plus.
- Je ne l'ai jamais fait !
- Ce sera ta première fois ?
Le regard insistant de Ash perturba Stephen, qui eut presque honte de l'avouer. Cependant, Ash le prit doucement dans ses bras et souffla dans son oreille. Stephen frissonna de plaisir.
- J'en suis heureux, murmura Ash.
Dans l'ombre de l'appartement, deux corps s'enlaçaient et s'unissaient,oubliant pendant quelques instants la mort et le sang planant au dessus de leur tête.
Pendant que le bonheur frappait Ash et Stephen, Dahlia, quant à elle, trépignait d'une toute autre excitation, celle de voir ses ennemis tomber par milliers.
La jeune chef avançait avec assurance dans l'allée caverneuse qui menait à un lieu totalement interdit. Seuls deux personnes pouvaient y accéder. Le chef de l'Est, et le général des Serps, Tyfon. En effet, cette allée menait directement aux enclos des Serps, ces serpents géants, extrêmement dangereux et presque impossible à dompter. C'était aussi une espèce tellement rare qu'il n'en existait qu'en captivité, et que l'Est était la seule division à en posséder, due à son passé historique.
La roche était rouge sang, et la lueur des torches reflétaient le maléfice de ces couloirs oppressants. Dahlia se stoppa devant une grille rouillée, de plus de trois mètres de haut et de large,solidement verrouillée par un cadenas de la taille d'un être humain, et de lourdes chaînes qui l'accompagnaient.
Dans les tréfonds de la grotte, au-delà de la grille, le souffle pesticide des Serps se faisait sentir, et les échos de leurs cris venimeux tambourinaient dans les tympans de Dahlia. Dans cette obscurité, des monstres n'attendaient plus qu'à être réveillés.
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