Chapitre 5 - partie 2

L'heure passe sans problèmes. Le professeur a l'air plein d'énergie, presque trop même, comme m'avait prévenu Jane, Robin ne m'a pas reparlé, et j'ai vaguement discuté avec Alexia. Si on exclue sa "colère" de tout à l'heure, elle me semble être une jeune fille très douce et très discrète.

Enfin, la fin du cours sonne. Je range mes affaires et rend le bouquin au gars blond en le remerciant.

— Merci beaucoup. Au fait, tu t'appelles comment ?

— Martin, répond-t-il en souriant, puis il ajoute en se levant : A plus !

— Salut !

— Fait gaffe à toi, le chien, menace soudainement une voix beaucoup moins sympathique.

Pas besoin de se tourner son propriétaire. Je sais déjà à qui elle appartient. En revanche, l'insulte, elle, est nouvelle.

— Hé oh ! Tu m'as entendu ?

Cette fois, je braque mon regard vers lui, vers Robin, tout en évitant ses yeux. Chose difficile. Le bleu de ses yeux m'attire. Et puis ce n'est pas facile de tenir tête à quelqu'un sans le regarder directement dans les yeux.

— Évidement que je t'ai entendu. Je ne suis pas sourde. Je me suis juste dit que je n'avais pas besoin de gaspiller ma salive pour te répondre.

— Pourtant c'est ce que tu viens de faire, me rétorque-t-il avec un sourire espiègle.

Je suis sur le point de lui répondre lorsqu'il se lève en l'espace d'une demie seconde, sort du rang et me bouscule l'épaule. A mon niveau, il me glisse :

— Peut être que dans ton ancien lycée c'était comme ça, mais ici, ce n'est pas vous qui régnez.

Je le regarde partir, ahurie. Je suis tombée dans une classe avec des gens vraiment étranges.

— Garance ? Tu vas bien ?

Je me retourne pour voir une Alexia légèrement inquiète.

— Ce gars a vraiment un problème.

— Garance ?

Je me retourne a l'appelle de mon prénom et voit Jane agiter une main à mon attention à l'autre bout de la classe. Je souris et ramasse mes affaires.

— A plus ! je lance à Alexia, consciente de l'abandonner, puis je rejoins Jane.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu veux qu'on t'accompagne chercher tes bouquins ?

C'est ainsi que cinq minutes plus tard je me retrouve dans le hall d'accueil, devant le comptoir d'entrée.

— Bonjour, m'accueille une femme brune à lunettes, que puis-je faire pour vous ?

— Je suis Garance Ficy, je viens d'arriver. On m'a demandé de venir ici pour récupérer mes livres.

— Ne bougez pas je reviens dans deux minutes.

Pour passer le temps, je me retourne vers Jane et Fanny. Mais comme elles discutent toutes les deux d'un sujet qui ne me concerne pas, j'en profite pour observer les lieux. Ce hall est identique au hall du rez de chaussée de tout à l'heure.

A l'exception que celui-ci est le hall d'entrée du lycée, donc il y a des portes vitrées grandes ouvertes par lesquelles les élèves entrent et sortent, et il n'y a pas de bancs. En face de la porte d'entrée, de l'autre côté du bâtiment en fait, il y a une seconde porte vitrée menant vers la cours intérieure bétonnée.

Cet endroit est un hall très fréquenté, les gens entrent et sortent à toute vitesse, les groupes d'amis discutent et rigolent, certains professeurs passent devant leurs élèves avec de grands sourires, d'autres les ignorent en baissant la tête.

Le bruit y est assourdissant et je failli rater l'avertissement de la dame de l'accueil tant sa voix est faible.

— Tenez, voilà vos livres, m'interpelle-t-elle en posant une petite dizaine de gros bouquins sur le comptoir.

Je la remercie, puis lui demande si je peux également avoir un casier. La femme se dirige vers le fond de la petite pièce et fouille dans un des grands placards au fond de la pièce. Puis elle se retourne vers moi, l'air un peu embêtée.

— Il ne me reste que des casiers dans l'aile gauche du rez de chaussée.

— Heu... il n'y a pas de problème.

Je ne sais pas quoi répondre d'autre. Je ne connais pas le lycée donc je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais le choix.

J'attrape les clefs que me tend la femme et récupère mes livres, puis m'adresse aux deux filles.

— Ça y est !

— Parfait ! me répond Fanny, en quittant enfin leur conversation. Oh ! fit elle en remarquant ma clef, tu as demandé un casier ? Pas bête.

— Il est où ? s'enquérit Jane.

— Dans l'aile gauche au rez de chaussé. Mais je ne sais pas où c'est...

Devant mon air embêté, les deux filles me rassurent.

— On va te montrer, me dit la rousse.

— Ça tombe bien on a nos casier là-bas, complète la brune.

Je les suis donc jusqu'aux casier de l'aile gauche au rez de chaussée, c'est à dire au bout du couloir menant au hall, et peux enfin déposer tous mes bouquins.

— Tu sais que Martin Riar sort avec Jiji ? me chuchote Jane, comme si c'était un secret de la plus haute importance.

— Je ne sais pas qui c'est, je réponds en haussant les épaules.

Fanny se rapproche de nous, et tandis que je place correctement mes bouquins dans le casier, elle m'explique.

— Jiji, son vrai nom c'est Ginette...

— Mais franchement, grommelle Jane derrière, qui appelle encore sa fille Ginette aujourd'hui ?

Bah... eux, apparemment... Mais je ne peux m'empêcher de sourire à ce prénom.

-Mais personne ne l'appelle Ginette. Pour tous, c'est Jiji. Bref. C'est la pire pétasse de tous les temps.

Je me tourne vers elle, intriguée, et m'adosse contre les casiers, ces quatre rangées de fer jaunes qui encombrent le petit couloir surchargé de monde. Si je veux bien m'intégrer ici, cela commence par connaître tous les petits potins.

— Des pétasses, j'en connais plein. Je suis curieuse de savoir comment celle-la peut être la pire.

Fanny rigole sarcastiquement, et Jane me répond.

— Tu vois la grande fille blonde aux gros seins rembourrés, et draguant tout ce qui a un truc entre les jambes ? C'est elle.

Je hoche la tête en souriant. Oui, Je vois exactement ce genre de fille. Bien cliché, peut être. Mais qui existe. Enfin bon, si elles sont heureuses comme ça...

— Bon, et Martin ?

— Martin est dans notre classe. Il est blond. Il assez superficiel, mais sympa.

Ah, je gars qui était derrière moi.

— C'est pour ça qu'on s'étonne qu'ils sortent ensemble.

— Alors pour vous, je remarque, aucune pétasse n'a le droit de sortir avec des mecs sympas ?

Fanny roule des yeux, faussement outrée.

— Elles n'ont pas le droit de tous nous les voler !

Jane me fait un grand sourire, puis me chuchote, assez fort pour que sa copine l'entende :

— Fanny a un petit faible pour lui...

— Hé ! rétorque cette dernière. Même pas vrai. Pour toi dès que je parle à un gars, je le drague. Elle est folle, dit-elle dans ma direction et d'un certain point de suis d'accord, même si je dois avouer que Martin est plutôt bien fichu et que si on exclu son côté superficiel sur les bords, il a vraiment l'air d'être un gars cool !

J'acquiesce en sa direction.

— Il était derrière moi en SVT. Je ne lui ai parlé que quinze secondes, mais il n'avait pas l'air méchant. Je n'avais même pas remarqué qu'il était superficiel.

— Ah bah tu vois ! me sourit-elle, ravie. Tout n'est qu'une question de point de vue.

Puis elle ajoute en désignant un casier à deux mètres :

— Je prends juste mes affaires.

— Pas comme l'autre, là...je complète, il a l'air insupportable !

Je me tais d'un coup en voyant le regard intrigué des deux filles. Fanny, qui avait la main dans son casier, suspend son geste et tourne la tête vers moi.

— Qui ça ?

— Un mec pâle, aux cheveux noirs...

Je cherche dans ma tête d'autres éléments qui pourraient le décrire. Les yeux... Non... Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'il faut mieux que je garde cet échange de regard pour moi.

Après tout, je ne connais ces deux filles que depuis deux heures, je ne vais pas leur confier ma vie tout de même. Puis je me rappelle que ce gars a un prénom. Cette petite appellation bien pratique pour qualifier les gens.

— Robin, je crois.

Et là, je vois la bouche des deux filles s'ouvrir en grand, et elles se lancent un regard ahuri. Puis elles reportent leur attention sur moi.

— Tu lui as parlé ? me demandent-elle d'une seule voix.

— Heu... j'hésite, oui ? J'étais sa voisine la première heure et il était derrière moi la deuxième, alors...

— Waw... souffle la brune tandis que la rousse reste muette.

Moi je ne sais pas quoi faire devant de telles réactions. Est-ce si incroyable de parler avec son voisin de classe ? Et puis surtout, elles ne savent pas tout. Je décide de les informer du ton de notre échange, pour qu'elles arrêtent de me fixer ainsi.

— Mais... Ce n'est pas comme si c'était amical... Il m'a à moitié insulté...

Ou insulté en entier d'ailleurs...

— On s'en fiche, affirme Jane d'un ton assuré et en balayant une mouche invisible, le principal, c'est qu'il t'ai parlé.

Je hausse les sourcils d'un air interrogateur. Elle m'explique.

— Robin Duriant est un gars très étrange au niveau parole. Il est très dur et très froid. La plupart du temps, il ne parle pas. Mais genre, pas du tout. Les seuls moments où il prend la parole, c'est soit en présence de ses potes (il n'en a pas beaucoup d'ailleurs), soit pour répondre aux profs...

— Avec insolence, compète l'autre en claquant la porte du casier.

— Mais malgré ça, les profs l'adorent. On ne sait pas pourquoi.

— Sûrement à cause de ses notes, suppose Fanny, pensive.

— Tu crois ?

— Il a des super notes, m'explique la jeune fille rousse, vraiment. Il doit être un des meilleurs élèves de la classe. Alors qu'il n'écoute rien. On ne sait pas comment il fait.

— Ou alors, c'est parce que c'est le fils du directeur...

S'en suit un silence où chacune est dans ses pensées. Les miennes se dirigent évidemment vers Robin. Je ne sais pas comment interpréter ce que viennent de me dire les deux filles.

A ce que j'ai pu expérimenter, il n'a vraiment pas l'air sympa. Je n'ai pas envie de me retrouver une fois de plus à côté de lui. Je me souviens d'un coup que je ne suis pas la seule à penser ça de lui.

— Ma voisine de tout à l'heure m'a dit qu'elle ne l'aimait pas. Enfin, qu'elle le voyait comme un "gars prétentieux qui s'amuse à embêter le monde"...

Les deux filles s'échappent de leur rêverie pour se reconcentrer sur moi.

— Qui t'a dit ça ?

— Heu... la fille avec la mèche rose.

Cette fois, la petite appellation bien pratique qu'est le prénom m'échappe.

— Alexia ?

— Je crois bien.

Fanny et Jane se lancent un regard.

— En réalité, m'avoue Fanny, on doit bien être les seules à l'admirer...

— Enfin toi tu l'admires, lui fit remarquer sa copine, un petit sourire en coin.

Fanny lui donne un coup de coude et me jette un regard exaspéré, mais ne lui répond pas.

— On ne l'admire pas, rectifie la rousse, on est juste curieuses. La plupart des gens ne le supporte pas, même si c'est compréhensible. Il ne parle jamais, et si il t'adresse la parole, ce qui est déjà un exploit, c'est pour t'insulter...

— Mais pourquoi vous voulez absolument lui parler ? je m'enquiers.

— On est sur que sous son cœur de pierre se cache un cœur en or, me dit Fanny avec un clin d'œil.

— Quoi de mieux qu'un bad boy pour pimenter une vie ennuyeuse ? complète Jane d'un ton mystérieux en haussant deux fois d'affilées les sourcils.

***  

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