Chapitre 5 - partie 1

Nous sortons de la salle et traversons le hall central. Je ne l'avais pas bien vu la première fois, mais là, je peux mieux l'observer. Nous sommes dans une salle immense, je dirai bien une dizaine de mètres de large et une vingtaine de long, et très lumineuse car les deux côtés du bâtiments sont en fait des portes vitrées ou des baies vitrées contre lesquels sont installés de longs bancs en bois clair.

De part et d'autre du hall : des salles de classes. Deux de chaque côté, pour être précis, entre lesquelles se dessine un large couloir. Enfin, dans un des coins se trouve un large escalier. C'est dans cet escalier que je suis Jane et Fanny. Au premier étage, nous nous retrouvons dans un mini hall.

Celui-ci est constitué à peu près comme celui de l'étage inférieur c'est-à-dire bordé de salles et de couloirs, mais beaucoup moins long. Malgré cela, il est tout aussi lumineux. Pas grâce à de grandes baies, mais grâce à de larges et hautes fenêtres, contre lesquelles sont installés des tables et des bancs en bois où de nombreux élèves sont en train de travailler ou de discuter. Nous empruntons un des couloirs bordés de salles.

Quelques instant plus tard, nous arrivons près d'une salle devant laquelle attendent des élèves, qui, apparemment, sont dans ma classe. Je m'adosse contre le mur et vérifie mes messages : rien. Je souffle. J'espérais en avoir reçu un de la part Clara à propos d'Anaïs.

— Bonjour à tous !

Je me retourne. Un homme d'une cinquantaine d'années se trouve derrière nous. Il aborde un grand sourire aussi blanc que ses cheveux et brandi une clef de sa main droite, comme s'il s'agissait d'un trophée.

— Laissez moi passer ! J'ai la clef !

Je fourre mon portable dans ma poche et me penche vers Jane et Fanny.

— Ne me dites pas que c'est le prof ?

Les deux lèvent les yeux vers moi, l'air amusées.

— Si, me répond Jane en se mordant la lèvre pour ne pas rire.

— Tu vas voir, il a une pêche d'enfer, me glisse Fanny, il est génial. Le seul problème c'est qu'il fait un plan de classe.

— Comme au collège, renchérit son amie avec une moue.

Nous suivons la classe à l'intérieur, mais je reste en retrait.

— Il faut que j'aille me présenter au prof, je murmure au deux filles. Il ne faut pas qu'il croit que je suis une élève que s'incruste dans son cours comme ça.

Je me dirige vers le vieux monsieur. Par quoi est-ce qu'il faut que je commence ?

— Bonjour !

Il lève les yeux vers moi et me sourit.

— Ah ! Tu dois être Garance. Bienvenue dans mon cours !

Je me rassure. Je n'ai pas besoin de faire tout un baratin pour me présenter. Il me tend quelques polycopiés.

— Tiens, c'est le chapitre que nous sommes en train de faire. Dis moi si tu l'as déjà fait.

Je regarde le papier. Effectivement, c'est un chapitre de géologie que nous avions déjà fait dans mon ancien lycée. Il m'affiche un air ravi et un clin d'œil.

— Parfait ! Tu vas tout comprendre alors !

Puis, il relève la tête et balaye la classe des yeux.

— Il reste une place au deuxième rang. Tu peux aller t'y asseoir.

Je le remercie et me dirige vers la place libre. A côté de ma nouvelle place, il y a déjà quelqu'un, adossé derrière le mur à sa droite. C'est une jeune fille. Je la salue en m'asseyant. Elle lève les yeux vers moi et hoche la tête pour me rendre mon salut.

— Hello.

Sa voix est douce et discrète. Si je ne la regardais pas, je n'aurai pas deviné qu'elle s'adresse à moi. Je me présente :

— Garance.

— Alexia.

Je hoche la tête. Alexia est une jeune fille au visage fin avec un petit nez retroussé et des yeux brillants. Ce qui est le plus impressionnant chez elle, ce sont ses cheveux noirs de jais, très longs et très raides, attachés en une queue de cheval qui lui tombe dans le dos. Une de ses mèches partant du côté droit de son front semble teinte en rose.

— Tu t'es teint une mèche en rose ?

J'essaye de briser ce silence gênant. J'espère que ma question ne va pas la blesser.

— Non c'est naturel.

— Quoi ?

Je fronce les sourcils.

— Tu ne connais pas ? s'étonne-t-elle de sa voix très douce. Certaines personnes sont albinos, c'est-à-dire que leurs cheveux ne se colorent pas. Les miens, au contraire, ont eu une malformation génétique et j'ai une mèche rose.

Je reste coi.

— C'est une blague, n'est-ce pas ?

Devant mon air, elle détourne les yeux en souriant et en laisse échapper un bref soupir amusé. Puis ses yeux reviennent vers moi.

— Bien sûr que c'est une blague. J'aime bien le rose. Je sais que ça fait bizarre dans mes cheveux noirs, mais je me fiche pas mal de l'avis des gens.

— Crois-le ou non, j'aime bien.

C'est la vérité. Cela apporte une touche d'originalité dans son apparence, et contrairement à ce qu'elle dit, le rose qu'elle a choisi se marie parfaitement avec le noir de ses cheveux. Et puis, à ce que je viens de voir, elle a l'air d'être une fille très discrète et très calme. Et cette mèche tranche avec cette partie de sa personnalité, ce qui ne la rend qu'encore plus... intrigante.

A ce moment, le professeur débute son cours, et Alexia sort un stylo de sa trousse.

— On devrait peut être suivre le cours. Monsieur Du Câtre ne supporte pas les bavardages. On parlera de mes cheveux plus tard.

J'acquiesce. Je me suis déjà fait reprendre au dernier cours, je ne voudrais surtout pas me faire engueuler une seconde fois.

— Est-ce que chaque binôme a un manuel ? demande le professeur.

Je me tourne vers ma nouvelle voisine.

— Je n'ai pas de livres, je vais aller les chercher à la pause.

Elle grimace d'un air embêté.

— J'ai oublié le mien dans mon casier.

— Je vais demander derrière.

Je me retourne, prête à parler. Mais un regard m'en empêcher. Mes yeux croisent des yeux bleus. Les yeux de Robin. Encore... Si je le pouvais, je me frapperais la tête sur la table pour m'être faite avoir une seconde fois. Mais encore, le temps s'arrête.

Dès que je me suis retournée, il a levé la tête vers moi et a plongé ses yeux dans les miens. Je sais que je devais leur demander quelque chose, mais j'ai déjà oublié quoi. J'ai l'impression de revire la scène que j'ai vécu ce matin.

Ces yeux.... Je les ai vu tout à l'heure. Je les reconnais déjà. Je n'avais jamais vu une telle couleur auparavant. Elle ne devrait pas être permise. Je voudrais détourner le regard, mais ses yeux m'envoûtent et me gardent prisonnière. Je ne peux plus bouger.

— Alors ?

La voix de ma nouvelle voisine me ramène à la réalité. Robin et moi tournons tous les deux en même temps les yeux vers Alexia. Je croise son regard interrogateur. Le manuel. Je devais demander à mes voisins de derrière si ils pouvaient nous passer un manuel.

— J'étais sur le point de leur demander, je lui indique.

Ma voisine fronce les sourcils, mais ne dit rien. Sans perdre de temps, je me tourne vers le voisin de Robin. Si je n'ai aucun idée de ce qu'il vient de se passer, je préfère ne pas recroiser le regard de ce gars. Son voisin est un gars blond avec une longue mèche sur le front.

— Est-ce que vous avez un deuxième livre à nous prêter ?

— Ouai. Tu es Garance, c'est ça ?

Je m'apprête à répondre à l'affirmative, mais Robin prend les devant.

— Oui c'est elle, la "nouvelle".

En appuyant bien sur le dernier mot. Je fronce les sourcils. Sa voix ne me semble pas amicale, presque dédaigneuse. Cette fois, je veux recroiser son regard, mais celui-ci est fixé sur le voisin blond.

— Et c'est aussi la "nouvelle" qui perturbe les cours et qui n'a pas ses affaires.

— Peut être parce que je n'en ai pas eu encore l'occasion d'aller les chercher...je me défends comme je peux.

— Évidemment ! raille-t-il.

— Assez.

Alexia le fixe avec un air clame. Seuls ses yeux témoignent de son irritation. Robin se retourne vers elle, les yeux brillants de colère, mais ne se prend pas la peine de lui répondre. Moi, je n'ose plus parler. Je suis sidérée.

Alexia me fait alors signe de me retourner, et je lui obéi. Je suis trop choquée. Qui est ce gars ? Il est vraiment étrange. De quel droit me parle-t-il comme ça ? J'entend Alexia remercier le blond pour son livre, puis l'ouvrir à la bonne page entre nos deux tables. Je lève les yeux vers elle.

— Pourquoi m'a-t-il parlé comme ça ?

Ses yeux croisent les miens, l'air surprise, puis elle fronce les sourcils. Comme elle prend un moment pour répondre, j'insiste.

— Je veux dire, qu'est ce que je lui ai fait pour qu'il me parle comme ça ?

Alexia ferme les yeux et secoue légèrement la tête, comme pour elle même, puis me chuchote :

— Ne fait pas attention à lui. C'est un gars prétentieux qui s'amuse à embêter le monde... A ton avis, il veut nous monter quoi ce document ?

Je mets un instant pour comprendre sa question. Elle me parle du premier document de notre exercice. Je me demande si elle a fait exprès de changer brutalement de sujet ou si c'est juste que parler de ce gars n'en vaut pas la peine. Je me décide pour la seconde option et me concentre sur l'exercice. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top