Chapitre 3 - partie 2
— Je vais me chercher un truc à manger.
Mon ventre gargouille depuis une éternité. En même temps, il est midi et je n'ai toujours rien avalé depuis hier soir. Clara, affalée sur son lit, les écouteurs dans les oreilles, hoche rapidement la tête, comme pour approuver ce qu'elle n'a pas entendu. Je me faufile vers la cuisine. Ça fait presque une heure que je suis revenue. Une heure que mes grands-parents nous ont demandés à nous, les "enfants" de retourner dans nos chambres. Une heure que nous avons tous râlé. Une heure que nous nous demandons pourquoi on ne pouvait pas rester dans le salon.
Pourquoi, diable, ont-ils besoin de rester entre adultes pour appeler la police ? Non je retire ce que j'ai dis. Nathan est adulte, Clara et moi le sommes presque. Ce n'est pas une histoire d'adultes. Il y a autre chose. Mais je ne sais pas ce que c'est. Et cela me frustre au plus haut point. Je déteste être mise de côté.
J'attrape un paquet d'oréos dans la cuisine et prends le chemin du retour. C'est au milieu du couloir, entre la porte de ma chambre et celle de la chambre de mes grands-parents que je m'arrête.
— Vous ne pouvez pas rester ici ! hurle une voix que j'identifie comme être celle de mon grand-père.
Je ne peux m'empêcher de faire un pas en arrière, impressionnée. Il n'a jamais crié d'une manière aussi furieuse. Jamais devant moi. Je l'ai toujours connu comme le grand-père calme et paternel. Une autre voix masculine lui répond.
— Si on part comme ça, ils vont croire qu'on fuit !
C'est mon père. Et il est agressif. La porte a beau être presque fermée, je ressens l'immense tension entre les deux hommes. Depuis quand mon père et son propre père sont-ils en conflit ? Tout avait l'air d'aller plutôt bien ces derniers jours.
— Ils vont vous suspecter dans les deux cas ! rugit mon grand-père que je devine toiser mon géniteur de toute sa hauteur.
Mon grand-père a toujours eu pour dont de paraître impressionnant. Attendez. Vous ? Qui vous ? Et suspecter de quoi ? Je sais que je ne devrais pas être ici, en train d'écouter cette conversation. Mais la tournure qu'elle vient de prendre m'empêche de partir. Pas maintenant. C'est quoi cette histoire ? Fichue curiosité.
— Tu ne peux pas leur expliquer ce qui se passe vraiment ? C'est toi le chef, je me trompe ?
Le ton provocateur de mon père envers son propre père me fait peur.
— C'est pas vrai, marmonne le plus vieux, j'essaye de vous protéger et toi tu insistes !
Il s'en suit un silence. Je me rapproche un peu de la porte à peine entrouverte, essayant d'y voir quelque chose. Les deux hommes se trouvent dans la chambre de mon grand-père. Cette pièce a beau contenir un grand lit et de nombreux sièges, ils sont tous les deux debout. En réalité, je ne peux apercevoir que mon grand-père de mon point de vue restreint, mais j'entends mon père faire les cent pas devant lui. Ce dernier est tout crispé, immobile au milieu de la pièce, les yeux fermés comme s'il se concentrait pour contenir une colère prête à s'échapper.
Mon grand-père est un homme d'environ soixante-dix ans, et malgré cet âge et ses cheveux blancs aux mèches indomptées, il a gardé une force et un mental caractéristique des personnes de vingt ans de moins. Sûrement dus aux nombreux footings quotidiens...
— Tu sais quoi ? éclate d'un coup la voix du plus vieux, fais comme tu veux, mais ne viens pas pleurer après ! Reste sur la propriété, mais, au moins, sors de cette pièce !
Des pas se rapprochent soudainement de la porte. Oups ! Je crois qu'il est temps pour moi des fuir. Un quart de seconde plus tard, je suis dans ma chambre, les deux pièces se faisant face, par chance.
— Tu as les biscuits ? s'enquiert Clara. Quoi ? demande-t-elle en remarquant mon agitation.
Mais je n'ai pas le temps de répondre que mon père frappe comme un dingue à la porte.
— Garance tu fais tes affaires, on doit partir !
Su j'ai compris un truc de cette conversation, c'est que mon grand-père souhaite que nous partions, et il vient d'en convaincre mon père.
— Ça, je réponds à ma cousine en désignant la porte.
Clara fronce les sourcils.
— Vous n'étiez pas censés rester jusqu'à ce soir ?
— Si, je réponds en me précipitant sur la porte.
— Papa ! je l'appelle alors qu'il est sur le point de monter les escaliers.
Il se retourne précipitamment vers moi. Sa figure est rouge de colère et ses muscles semblent tous effroyablement crispés. Je ne l'ai jamais vu comme ça. J'hésite même à lui poser ma question.
— Quoi ?
— Tu peux juste m'expliquer ce qu'il se passe ?
— J'ai l'air de vouloir discuter de quoi ce que soit ? s'emporte-il en se désignant lui-même, puis sans attendre de réponse : non ! Alors fais ta valise et ne discute plus.
Il disparaît dans la pente de l'escalier, ses pieds coléreux claquants sur les vieilles marches en bois.
— Bah dis donc, siffle Clara en apparaissant à coté de moi, le portable à la main, n'ayant plus qu'un seul écouteur sur les oreilles. Il est toujours comme ça ?
Je secoue la tête, puis retourne m'asseoir sur mon lit, abasourdie. Mon père a toujours été un homme assez clame et attentif. Il lui arrive de temps en temps de s'emporter pour un rien, mais jamais jusqu'à devenir rouge de colère. Cela a-t-il un rapport avec sa discussion déchaînée avec mon grand-père ? Il n'y en a aucun doute. Et cette discussion a-t-elle un rapport avec la disparition d'Anaïs ?
— Tu as des oréos ? remarque soudain ma cousine, cool !
Je souris en brandissant mon trophée, puis ouvre l'emballage. Le bruit du plastique qui se froisse fait gargouiller mon ventre tel un monstre en jeûne. C'est à pleines dents que je croque enfin dans mon premier repas de la journée. Quelques minutes plus tard passées à engloutir ces sucreries en musique avec Clara, une main beaucoup plus douce que celle de mon père toque à la porte. Nous nous dépêchons de dissimuler l'emballage des biscuits que nous ne sommes pas censées manger ici, puis une tête apparaît dans l'embrasure de la porte.
— Tu as fais ta valise mon cœur ? me demande ma mère.
Sa voix calme et posée est tout de même beaucoup plus agréable que celle agressive de mon père. C'est leur coté additionnel. Non que mon père a l'habitude de crier et ma mère d'être calme (je n'ai jamais vu mon père dans un tel état), mais mes deux parents ont toujours été complémentaires. J'imagine que c'est pour cela qu'ils sont tombés amoureux. Parce qu'ils se complétaient.
Ma mère, Jessica Ficy, est une femme de quarante ans assez petite avec des cheveux bruns tandis que mon père, Léon Ficy, de deux ans son aîné est un homme assez grand avec des cheveux très noirs. Ma mère a toujours eu une peau banche qui brûle vite au soleil et dont elle s'est toujours plaint à cause du tartinage de crème solaire obligatoire. A l'inverse, mon père possède une peau mate qui bronze en deux jours. Ainsi, Amélie et moi avons plus tiré de notre père et Elise de notre mère.
J'en profite pour demander à ma mère si elle a une idée de se qui se passe. Malheureusement, sa réponse est négative.
— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans la tête de ton père, se contente-t-elle de me répondre avant de sortir de la pièce, mais il n'a peut-être pas tord, ce serait bien si on pouvait se poser chez nous avant demain. Les policiers vont maintenant prendre en charge la recherche d'Anaïs, ce n'est plus notre rôle maintenant.
Je ne suis pas d'accord. Au contraire. Nous devrions être là pour soutenir notre tante jusqu'à ce qu'on retrouve sa fille. Mais comme je n'ai pas mon mot à dire, j'attrape ma valise de sous mon lit et en commence à la remplir.
***
Bonjour lecteurs !
Désolée de ne pas avoir publié avant, nous sommes en ce moment en pleine période de bac blanc, donc c'est un petit peu difficile de concilier écriture et révision. Mais je promets de faire de mon mieux pour publier la suite rapidement ;)
N'oubliez pas de commenter et d'activer la petite étoile jaune si l'histoire vous a plu :)
A très bientôt ! <3
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