Chapitre 12 - partie 2

— Dans ce lycée il y a deux groupes d'élèves qui sont constamment en conflit, explique Jane. Personne ne sait ni quand ni comment ça a débuté, ni pourquoi ils sont en conflit. Ces deux groupes sont secrets, réservés. Ils sont constitués de quinze ou vingt élèves allant de la seconde à la terminale pour chaque groupe. Tu ne peux y entrer que si tu y es invité par l'un des membres et ce sont les plus souvent des terminales qui convient des secondes.

— Et qu'est-ce qu'ils font ? je demande en commençant à réellement m'intéresser au sujet.

— Personne en dehors des groupes ne sait vraiment. On les a beaucoup observés avec Fanny...

— On rêve d'en faire partie, me glisse cette dernière. Pardon, s'excuse-t-elle ensuite en remarquant le regard outré que Jane lui lance car elle a interrompu son récit.

— Donc, on les a beaucoup observés, et en réalité, ils ne font pas grand chose. Le plus souvent, ils s'échangent des mots ou se battent entre eux. C'est comme une rivalité, mais discrète. Les deux groupes sont plus un mythe qu'une réalité. On en fait toute une histoire mais à ce qu'on a vu nous, ce n'est peut-être qu'une façon de se faire remarquer.

— Ils sont très soudés, complète Fanny. Et on n'est pas les seules à vouloir rentrer. Presque tout le monde veut savoir ce qu'il s'y passe. La plupart du temps, les gens abandonnent et ne s'en préoccupent quasiment plus. D'autres ont essayé de forcer le passage.

La jeune fille rousse part soudainement dans un fou rire, très vite rejointe par son amie. Je les laisse rigoler un peu, puis je demande comment ils ont essayé de forcer le passage.

— Un groupe de mecs a cru qu'il s'agissait d'un groupe de drogue ou quelque chose comme ça, m'explique Jane, luttant contre son rire. Ils se sont tous drogués et sont allés les voir alors qu'ils étaient complètement soûls. Ils se sont fait renvoyer direct, aussi bien par les groupes que par le lycée.

— En même temps, remarque Fanny, ils sont allés voir le clan des chiens, ils ont du mal le prendre.

Les chiens ? Je me paralyse. Fanny me regarde d'un air surexcité.

— C'est comme ça qu'ils s'appellent entre eux. L'un des groupes nomme l'autre les chiens, et celui-là nomme le premier les buveurs.

— Alors... (je commence à assembler quelques pièces du puzzle dans ma tête en commençant par  celles que sont les moments passés il y a quelques instants) Les gars de l'infirmerie ? François-Xavier ? (Puis une autre personne qui me donne un joli petit surnom me vient en tête. Je déglutis.) Robin ?

— Oui Garance, confirme Jane. Ils en font tous partie. Et on commence à se demander si tu ne serais pas sur le point se te faire accepter.

— Mais... je bégaye, je... je n'ai rien demandé moi...

Je suis sous le choc. Je ne veux pas être acceptée, je ne veux pas être mêlée à toute cette histoire.

— Tu crois que tu pourras nous y intégrer ? me demande soudainement Fanny, les yeux pleins d'espoir.

— Je ne suis pas encore acceptée, je fais remarquer, et personne ne sait si je le serai un jour...

— Mais peut-être.

Nous restons toutes les trois en silence un instant, puis je demande si elles n'ont jamais essayé de se faire intégrer par une autre personne.

— Si, confirme Fanny.

— Qui ?

Elle hésite un instant.

— Alexia.

— Quoi ?

Oh merde. Tout d'un coup d'autres liens se font dans ma tête. Robin et Alexia qui ne s'aiment pas. Robin qui ne veut pas parler à Alexia. Stephan ?

— Et Stephan ? je demande.

— Lui, on ne le connaît pas très bien, mais il fait partie du groupe des chiens.

J'acquiesce, compréhensive.

— Pourquoi Alexia ne vous a-t-elle pas fait entrer dans le groupe ?

— Je ne sais pas, répond Jane. Elle ne nous a pas dit.

— Parce que ce n'est pas comme ça que ça marche, retenti une voix douce derrière nous.

Nous nous retournons toutes les trois pour voir Alexia venir s'installer dans notre rond de chaise.

— Ça fait longtemps que tu es là ? lui demande Fanny, suspicieuse.

Alexia pose son sac à terre puis relève les yeux vers nous.

— Non. Je viens d'arriver et je vous entends parler de moi.

— Tu ne peux vraiment pas nous faire intégrer ? la supplie Jane.

Alexia secoue la tête.

— Non je ne peux pas. Je t'ai déjà dit mille fois au moins que ce n'était pas comme ça que ça marchait.

— Comment ça marche alors ?

— Je ne peux rien dire, je suis désolée.

Alexia fait un rictus embêté avec sa bouche et nous évite du regard. D'un coup elle de relève et récupère son sac.

— J'ai oublié mon livre pour le prochain cours. Je vais le chercher, à tout à l'heure.

Elle sort de la pièce à grand pas. Il ne faut pas qu'elle parte. Si cette histoire risque de me concerner, il faut que je la suive ! Je la montre du doigt à mes amies.

— Je reviens dans deux minutes.

Puis je me lève et, pour la seconde fois de la journée, je me mets à lui courir après.

— Alexia ! Attend !

Je la retrouve en train de marcher dans les couloirs, la tête baissée et tenant fermement au niveau de ses épaules les bretelles de son maigre sac à dos en cuir.

— Qu'est-ce que tu veux ? me demande-t-elle d'une voix si basse que j'aurais pu ne pas l'entendre.

— Te parler de ce que tu as entendu.

J'essaye de l'arrêter, mais peine perdue. Alors je me cale sur son pas.

— Il n'y a rien à redire, rétorque-t-elle.

— C'est vrai ce qu'ont dit Jane et Fanny ? Je suis sûre que tu ne venais pas d'arriver.

— Je ne sais pas ce qu'elles ont dit. Mais tu peux croire ce que tu veux, ça n'altérera pas la réalité.

— Alors tu peux m'expliquer au moins pourquoi elles pensent que vous allez m'intégrer ?

Alexia s'arrête brutalement et lève les yeux vers moi. Je peux y lire de la panique. Elle vérifie je ne sais quoi autour d'elle puis elle m'attrape par le bras et nous entraîne toutes les deux dans les toilettes pour femmes dont la porte était juste à côté de nous.

Cette pièce est toute petite, trois toilettes et deux lavabos. Elle est très sombre car les murs sont peints en bleu nuit, couleur absorbant le peu lumière qui passe par la maigre lucarne entrouverte sur le coin le plus haut du mur de droite, et qui semble plus là pour évacuer les mauvaises odeurs que pour laisser passer les rayons du soleil.

La seule lumière qui éclaire la pièce est une ampoule qui diffuse faiblement sa lumière artificielle. Parfait pour les confidences. Là, Alexia se met face à moi.

— Qu'est-ce qu'elles t'ont dit ? me questionne-t-elle immédiatement.

— Elles m'ont parlé des deux groupes, dont tu fais partie, et du fait qu'elles n'y connaissent rien et qu'elles aimeraient bien les rejoindre. Elles pensent que vous allez m'intégrer parce que Robin est méchant avec moi et parce que François-Xavier m'a fait un clin d'œil tout à l'heure.

— FX ? s'exclame-t-elle, ahurie.

— Oui, apparemment.

Elle ferme les yeux et semble réfléchir avec tous ses neurones.

— Alors ? je lui demande. C'est vrai ou pas ?

Elle rouvre les yeux.

— Je ne sais pas. Nous n'avons jamais été confrontés à des cas comme vous.

D'un coup, elle écarquille les yeux, se rendant compte de ce qu'elle vient de dire.

— Comment ça des cas comme nous ? je remarque en fronçant les sourcils.

Son regard devient affolé.

— J'en ai déjà trop dit, articule-t-elle en soupirant.

Puis elle sort précipitamment de la petite pièce, me laissant seule. Encore chamboulée par tout ce que je viens d'apprendre, je m'appuie contre le mur derrière moi et pose une main sur mon front.

Heureusement que j'ai pris un médicament. Je sens que sans, j'aurai actuellement un horrible mal de crâne. J'espère que l'effet tiendra le reste de la journée.


***

Hello tout le monde !

Je suis désolée de publier un peu moins régulièrement en ce moment, mais la période des examens approche, et j'ai moins de temps pour écrire 😥😥

En tous cas, j'espère que ce chapitre vous aura plu, il est très important pour moi car il commence à révéler de plus en plus de détails 😉

Comme d'habitude, n'hésitez pas à cliquer sur la petite étoile, ni à commenter ce que vous avez plus ou moins apprécié !

Voilà voilà, bisous à tous !

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