Chapitre 12 - partie 1


— Bah quoi ? je ne peux m'empêcher de demander.

Ma question semble passer inaperçue, mais je distingue un regard furtif entre l'infirmière et le blond. Celui-ci prend soudainement un air ravi, et me tend la main. Il me tend la main. Il veut que je lui serre la main donc ? Quels jeunes, aujourd'hui, se serrent encore la main pour se dire bonjour ?

Souvent, on fait la bise à une fille, on ne lui serre pas la main. Je lève mon regard de sa main ouverte vers ses yeux. Il hausse un sourcil, semblant me demander ce qui me dérange. Bon... Je lui serre donc la main. Au moment où sa paume chaude se plaque contre la mienne, son sourire s'élargir et il paraît ravit. Un magnifique sourire d'ailleurs.

— Salut, moi c'est François-Xavier. Mais appelle-moi FX.

Je remarque alors qu'il tient toujours ma main dans la sienne, alors je la dégage. FX. Il se présente maintenant. Mais je m'en fiche de sa vie ! Que me veut-il à la fin ? Je tourne la tête vers Jane espérant qu'elle réponde à ma question secrète.

Mais elle se contente de me regarder avec admiration et étonnement. Je m'accorde un second espoir de réponse et me tourne vers Fanny qui, elle semble boire littéralement les paroles du gars. OK... Ces deux-là me cachent des choses. Et me laissent seule face à mon problème.

Je choisis de la jouer cool : sourire et parler. Tout d'abord commencer par sourire. Fait. Maintenant, se présenter.

— Heu... enchantée. Moi c'est Garance.

Je me frappe mentalement le front. "Enchanté" ? Sérieux Garance ? Mais, cela ne semble pas gêner le blond, pardon, FX. Finalement, je vais de pair avec sa poignée de main. Peut-être qu'il a été élevé à l'ancienne. Dans tous les cas, il reprend la parole.

— Tu es nouvelle ?

J'acquiesce. Voilà ! Ça doit être sûrement ça la raison pour laquelle ils me fixent moi. Rien de bien extraordinaire.

— Et bien... Si tu as besoin d'aide avec... tu sais...

Ses yeux me fixent avec insistance, comme s'il voulait m'adresser un message que moi seule pourrais comprendre. Mais pas de bol, je ne le comprends pas. Je fronce les sourcils, confuse.

— Les buveurs... essaye-t-il d'une voix hésitante.

Les quoi ? Soudain, mon mal de tête reprend de plus belle. Avec toutes ces histoires, j'ai réussi à l'ignorer, mais là, le simple fait de devoir me concentrer me le relance. Je dois fermer les yeux pour réfléchir sur ce que vient de dire FX.

Je me souviens qu'il a utilisé ce mot tout à l'heure pour qualifier les deux gars avec qui il s'est battu. Mais je me souviens aussi que je n'ai aucune idée de ce qu'il signifie. Je rouvre un œil pour voir ce que les deux jumeaux sont devenus : ils sont toujours là. Et ils nous fixent, l'air toujours en colère.

Je ne me donne pas la peine d'en chercher la raison et me reconcentre sur mon interlocuteur.

— C'est quoi un buveur ?

Le blond fronce les sourcils, et j'entends les "insoumis" pouffer derrière. Je peux savoir ce qui est drôle ? FX ouvre la bouche pour me répondre.

— Et bien...

Mais l'infirmière l'interrompt soudainement.

— François-Xavier De Chabry ! Vous êtes aveugle où ce sont tous vos sens qui ne marchent plus ? Vous ne voyez pas que vous embêtez cette pauvre jeune fille avec vos questions débiles ?

Le jeune homme semble abasourdi, puis je vois sa mâchoire et ses yeux se crisper. Tandis que les deux gredins derrière pouffent encore plus fort, il se retourne pour répondre à la femme. Mais cette dernière ne lui en laisse pas le temps. Elle se met à pousser les jumeaux pour les faire sortir, tout d'un coup très pressée.

— Maintenant, sortez tous de mon infirmerie ! Laissez-la être un libre accès pour les malades. Je suppose que cette jeune fille n'est pas venue ici pour nous faire la causette, mais pour se faire soigner.

Les jumeaux se dégagent de l'emprise de la femme, comme si son toucher allait les brûler, mais, étonnement, les quatre mecs obéissent et sortent sans discuter. François-Xavier, ou FX, en passant devant moi, m'adresse un rapide clin d'œil.

Je n'y prête pas attention, mais remarque que mes deux amies le suivent dans tous ses mouvements avec des yeux et une bouche grands ouverts. Une fois sortis, elles me lancent des regards admiratifs, puis tout excités. Je leur lance un "Quoi ?" silencieux. Malheureusement, elles ne me répondent pas car, déjà, l'infirmière me tend un doliprane et un verre d'eau.

— Tenez mademoiselle Garance, il n'y a que ça qui puisse soigner nos maux de tête.

Je reste un instant interdite.

— Je ne me souviens pas vous avoir signalé la raison de ma venue ici, Madame.

Elle me fixe à son tour. Mais elle semble plutôt me voir sans me voir, le regard dans le vide, ou comme si elle fixait quelque chose derrière moi. Je me retourne, mais il n'y a rien, à part un mur blanc... et deux amies qui effectuent une danse de la joie de part et d'autre de ma chaise.

Elles vont devoir m'expliquer leur comportement. Et vite. Puis, la femme se reprend, et m'adresse un regard compatissant.

— Ne vous inquiétez pas j'arrive facilement à déceler les maux de tête. Je le vois par votre blancheur, et... je... je ne sais pas...une certaine aura que les gens dégagent dans cette condition-là.

Je ne comprends rien à ce qu'elle vient de dire. Sûrement un truc d'infirmière. Mais ça ne m'empêche pas d'être sceptique.

D'un coup, j'ai de nouveau très mal, et, décidant que la manière dont cette femme avait cerné mon mal importait peu, j'avale le médicament sans commentaire.

A peine sorties de l'infirmerie, Jane et Fanny me sautent dessus alors que nous empruntons un couloir bondé.

— FX ? Mais c'est une blague ! s'exclame l'une.

— Je n'arrive pas à y croire, soupire l'autre.

Je pense que j'aurai pu rire de leur crédulité et de leur excitation si je n'avais pas aussi mal à la tête. Alors je me contente de leur faire remarquer que je ne vois ce qui est extraordinaire, à part le faire que ce mec a failli m'écraser et qu'il a l'air d'être un dragueur professionnel.

— Oh mon dieu ! s'offusque Jane. Tu ne peux pas dire ça ! FX est un des mecs les plus beaux et plus mystérieux du lycée ! C'est déjà un honneur qu'il t'ait adressé la parole !

— Ah oui d'accord. Beau, ok, mais mystérieux ?

Jane regarde autour d'elle puis se penche vers moi comme si elle allait me confier un secret. Je remarque alors que Fanny a disparu, mais je me concentre d'abord sur la réponse de Jane.

— Il fait parti d'un des deux clans du lycée.

Je la fixe un instant dans les yeux pensant y déceler la moindre trace de plaisanterie. Au passage, je manque de me prendre un élève qui marche tranquillement dans les couloirs. Mais apparemment, Jane ne semble pas rigoler.

— Les deux clans du lycée ? je demande.

Jane ouvre grand la bouche.

— Ne me dis pas qu'on ne t'a pas raconté ?

— Vous ne m'avez pas raconté.

Je commence un peu à être sur les nerfs. J'en ai marre d'apparaître comme celle qui ne sait rien, et le fait que le médicament n'ait pas encore agi n'aide pas grand chose. Soudain, un poids me tombe sur les épaules. Des cheveux roux et ondulés passent devant mon champ de vision. Fanny. Je me retourne vers elle en riant.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Elle brandit devant elle un paquet d'oréos. C'est à ce moment que mon ventre choisi pour gargouiller. Fanny rit et me fait un clin d'œil.

— Je crois que j'ai bien fait d'acheter ça ! La purée était vraiment fade et avec toute cette histoire on n'a pas beaucoup mangé.

— Où as-tu trouvé ça ? je demande avec des yeux gourmands. Parce que je sens que je vais y aller souvent !

— Il y a des distributeurs automatiques là-bas, m'indique-t-elle en pointant du doigt le bout du couloir derrière nous.

Pour mon plus grand plaisir, elle ouvre le paquet et nous donne à chacune un oréos. Je le croque en essayant de profiter de sa saveur.

— Merchi !

— Fanny, l'interpelle Jane, l'air grave.

— Quoi ?

— On n'a pas raconté les clans du lycée à Garance.

— On dirait que cette histoire est cruciale à mon intégration ici, je soupire en riant.

— Mais elle l'est ! rétorque la brune.

— Je confirme ! ajoute la rousse.

— Ok, alors racontez-moi, je capitule.

A ce moment, nous arrivons près de la salle de notre prochain cours. Fanny nous propose d'y entrer pour nous y installer. Ce n'est pas de refus. Avec ma tête qui n'est pas encore apaisée, je m'assiérais bien quelque part. La salle est vide. C'est parfait. Nous organisons un rond avec trois chaises et nous affalons dessus. Fanny nous redistribue des oréos, et, quelques instants plus tard, Jane commence à me raconter.

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