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𝙀́𝙡𝙤𝙞𝙜𝙣𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩
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Jisung avait dormis sur un canapé, vieux et usé certes, mais sur un canapé quand même ! Son dos n'avait pas souffert à cause d'une racine mal placée, d'une herbe trop mouillée, d'une terre trop dur et sèche ou encore sans qu'une colonie de fourmis lui passe dessus. Il avait dormis sur un canapé moelleux, lui permettant de reposer absolument tous ses muscles meurtries par des jours de marche et des nuits inconfortables. De plus, il n'avait pas souffert du froid, il avait dormis entouré de quatre murs, sous un toit et contre Minho, les bras de l'ange autour de son corps. Oui, les deux garçons étaient serrés sur ce maigre canapé, mais sans avoir besoin de le dire à voix haute, ils avaient compris qu'ils ne désiraient pas dormir l'un sans l'autre. Comment auraient-ils pu ? Jisung redoutait le moment où ils retrouveraient l'ange déchu et où Minho devrait rejoindre les siens dans les Cieux, alors il voulait profiter au maximum de lui, de ses bras, de son odeur, de ses lèvres, de son regard, de tout.
De là où il était, Jisung avait une vue parfait sur le visage endormis de l'ange, ce qui était inhabituel car Minho arrivait toujours à se réveiller avant l'humain. Jisung voulait profiter de ce moment magique autant qu'il le pouvait, il continua alors de regarder Minho en silence, de scruter sa peau, de regarder absolument tous les endroits du visage de l'ange. Minho avait toujours été beau à ses yeux, au départ il pensait que c'était parce qu'il était un ange, mais peut-être le fait qu'ils soient âmes sœurs joue aussi, ou bien c'était seulement parce que Minho était complètement le genre de Jisung.
Le garçon colla doucement sa tête contre le torse de Minho. Il attendit quelque seconde et soudain il perçu les battements paisibles du cœur de l'ange. Une sensation de bonheur l'envahit, il adorait déjà ce son. Il sentait les battements pulser contre son oreille, comme pour lui montrer que le cœur de l'ange ne battait que pour lui. Sans qu'il ne sache de quelle manière il en avait la certitude, Jisung su que son cœur s'était mit à battre en parfaite synchronisation avec celui de Minho, que chaque battement qu'un cœur faisait, son homologue le ressentait pour en envoyer un à son tour, que leurs deux organes vitaux étaient maintenant partis dans une danse où pas un seul mouvement n'était en décalé des autres, où toute la chorégraphie se déroulait dans une synchronisation absolue.
Jisung sentit alors le léger souffle de Minho changer et il releva ses yeux vers lui pour remarquer que l'ange le fixait, les yeux brillants.
-Tu le sens toi aussi ? Lui murmura Minho.
Jisung acquiesça en silence, il ne voulait pas briser la musique des deux cœurs. Il se lova une seconde fois contre Minho qui raffermit sa prise autour de l'humain.
-Qu'est-ce qu'on doit faire aujourd'hui ? Chuchota Jisung.
-On va rester comme cela.
-Toute la journée ?
-Toute la journée.
Jisung laissa un petit rire sortir de sa bouche.
-Plus sérieusement, je pense qu'on à véritablement besoin de se reposer. On a marché pendant des jours, je suis mort et on a remarché pendant plusieurs jours. Dit Minho alors que Jisung sentait une pointe de culpabilité monter en lui à l'évocation de la mort de l'ange. Lorsqu'on décidera de s'aventurer au cœur de la ville, nous risquons de croiser des humains qui voudront en découdre pour tout et pour rien et rien que la traque de l'ange déchu sera fatigante, il faudra constamment être sur nos gardes et nous risquons de dormir que très peu, voir pas du tout quelques fois. Le moment où nous le retrouverons me demandera beaucoup de force.
-Tu veux dire que vous allez vous battre ?
-Oui, j'ai ordre de le ramener en vie, mais il préfèrera se tuer que d'affronter la Justice.
En un certain sens, Jisung comprenait Changbin. Il avait fuit ses fonctions d'ange, ce qui apparemment était un crime de la plus haute importance pour les anges, et il était maintenant livré à lui-même, renié par ses semblables et portant la marque de son déshonneur, des ailes noires. Il devait se sentir si seul face à la fatalité de son destin, il fuyait depuis des jours en sachant qu'il allait sûrement se faire trouver tôt ou tard et qu'il allait devoir sûrement connaître un sort pire que la mort. Jisung ne se faisait pas de fausses idées, il avait bien compris que la justice angélique était complètement tyrannique et n'avait rien de juste, il comprenait donc que Changbin préfère se tuer, si un ange était capable de se tuer, plutôt que de retourner dans la Cité d'Argent, après tout, Jisung avait eu le même type d'idées quand il avait compris que quoi qu'il fasse, il serait désormais seul et que ses amis étaient morts parce qu'il n'avait pas pu rentrer à temps pour les sauver, ou pour au moins mourir avec eux.
-On partira demain matin. Annonça l'ange avant de se redresser.
Jisung n'eut pas d'autres choix que de se redresser aussi et de regarder Minho se lever pour prendre le sac de Jisung et le lui tendre, l'intimant à manger. Jisung se rendit soudain compte que Minho avait sûrement entendu ses pensées et qu'il devait peut-être se sentir vexé de voir que son amant comprenait plus son ennemi que lui.
-Je ne suis pas vexé Jisung, je t'assure. La façon dont les anges fonctionnent n'est pas faites pour être comprise des humains, je ne t'en veux pas d'avoir de la peine pour Changbin.
Jisung continua néanmoins de se sentir coupable.
De ce sentiment naquit plusieurs interrogations. Est-ce qu'il continuerait de culpabiliser toute sa vie parce qu'il comprenait pourquoi les humains désiraient la mort de tous les anges, alors que celui qu'il aimait en était un ? Est-ce que Minho serait toujours capable de supporter ce genre de pensées de la part de Jisung ou est-ce qu'un jours, il n'en pourrait plus et choisirait ses compères anges à l'instar de son amour pour un humain ?
-Et donc, dit Jisung en se raclant la gorge pour changer de sujet, on va faire quoi en attendant demain matin ?
-On va continuer de fortifier ton esprit.
Jisung poussa un râle en s'étalant sur le canapé.
-Je n'y arrive pas si tu ne m'aides pas.
-Je sais, rigola légèrement Minho, mais je ne serais pas toujours là pour-
L'ange arrêta sa phrase en plein milieu, comprenant ce qu'il venait de dire. Il lança un regard à Jisung qui le fixait. L'humain avait vraiment eu mal au cœur lorsque Minho avait prononcé cette phrase. Il ne voulait pas qu'il parte, il ne voulait pas que cette aventure qu'il avait vécu avec l'ange devienne de l'histoire ancienne, il ne voulait pas se retrouver seul de nouveau. Minho lui devait bien ça après tout, il avait tué ses amis, la seule manière de le dédommager soit qu'il ne le quitte jamais.
-Tu comptes rester auprès des anges, quand tu leurs auras livré Changbin ? Demanda Jisung.
Il attendit une réponse qui ne vint jamais, Minho resta silencieux, son regard toujours plongé dans celui de l'humain.
-Réponds moi. Ordonna fermement Jisung.
-Je...
Encore une fois, Minho ne termina pas sa phrase. Jisung voyait bien la douleur briller dans les yeux de l'ange en face de lui, mais à ce moment là, il s'en fichait. Il avait besoin d'une réponse, besoin de savoir si oui ou non, Minho comptait l'abandonner à son sort, le laisser définitivement seul, sans plus jamais recevoir de nouvelle de son âme sœur.
-Je ne sais pas.
-Tu ferais mieux de te dépêcher de savoir alors. Répliqua sèchement Jisung.
Ce n'était plus qu'une question de jours avant que Minho ne retrouve l'ange déchu. Jisung avait fait sa part du contrat, il avait mené Minho à Busan, maintenant c'était au tour de l'ange de jouer de ses pouvoirs et de ses capacités hors normes pour débusquer un ange qui n'avait pas envie d'être trouvé, Jisung ne pouvait plus rien faire désormais. Il savait que Minho n'allait pas le tuer et donc, rien ne le retenait ici. Il pourrait partir, décider d'enterrer cette histoire, de refaire sa vie si il en avait la possibilité. Mais il ne le ferait pas, il accompagnerait Minho jusqu'à la fin et ne le laisserait pas seul une seconde, parce qu'il l'aimait. Est-ce que l'amour que l'ange avait pour lui était moins puissant et donc ne lui permettait pas d'envisager la possibilité de rester ?
-Tu ne comprends pas Jisung. Soupira Minho. La Cité d'Argent, c'est chez moi, c'est tout ce que j'ai toujours connu. Que ferait un ange comme moi sur Terre ? Si je restais, les Archanges enverraient à leur tour un autre ange pour me chasser, tu serais alors forcément en danger à cause de moi.
-Tu préfères me laisser seul, abandonné alors ?
-Jisung...
-Tu sais, j'aimerais beaucoup comprendre ce que tu me dis par rapport que les Cieux, c'est chez toi, que tu as toute ta vie là-bas, mais je ne peux pas. Tu sais pourquoi ? Tout simplement parce que ma maison, c'est toi qui l'a détruite. Asséna Jisung. Que ferait un humain comme moi seul dans la nature ? Il survivrait, parce que c'est la force qu'on à tous développé par votre faute, la seule force que vous n'avez pas. Toi et ton espèce, vous nous avais tout prix, absolument tout. T'entendre te plaindre alors que tu as une jolie petite vie qui t'attends là-haut, ça me donne envie de vomir, tu me donnes envie de vomir.
Jisung avait parfaitement conscience de la dureté de ses mots, il savait parfaitement que Minho allait en souffrir, mais il fallait que l'ange se rende compte de la portée de ses actes. Ce n'était pas parce qu'il l'aimait, que Jisung lui pardonnait toutes les souffrances qu'il avait subit par sa faute, loin de là. Peut-être même qu'il lui en voudrait toute sa vie.
L'humain se leva d'un bond et sorti de la petite maison, il avait besoin de mettre de la distance entre lui et l'ange. Il n'était pas stupide au point de partir loin, si jamais il tombait sur une menace angélique, sa connaissance des arts martiaux ne lui serait pas d'une grande utilité. Il s'assit donc à une dizaine de mètres de la petite maison, laissant son regard se perdre dans l'horizon.
Il ressentait un énorme poids peser sur son cœur et des larmes ne mirent pas longtemps à arriver. Il souffrait également des paroles qu'il avait prononcé pour blessé délibérément Minho. Elles lui avaient prouvé une chose qu'il avait toujours su mais qu'il avait toujours préféré ignorer : Minho et lui n'avaient aucun moyen d'être ensemble, ils étaient bien trop différents, bien trop ennemis pour pouvoir espérer une existence heureuse.
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