Chapitre 27 - Une longue attente
Les prochains jours, j'avais ignoré la déesse dans ma tête, refusant de faire comme si rien n'était arrivé. Que je finisse en morceaux, brisée par autrui du fait de sa présence en mon corps, j'étais bien obligée de m'y accommoder, je pouvais difficilement les contrer. Mais que l'attaque vienne d'elle... J'étais blessée. Au corps comme au cœur. J'étais vexée et je refusais de lui faire le plaisir de balayer cette histoire sous le tapis.
« Tu es ridicule. »
Et je pouvais l'être longtemps.
Parfois, j'eus toutes les peines du monde à ne pas sourire ou répliquer à ses remarques mesquines. Mais le simple souvenir de mes mains tentant d'entraver le flot écarlate s'échappant de ma gorge suffisait à faire s'affaisser mes muscles faciaux.
Certes Talia avait dû se sentir en danger ce soir-là, étant donné que le riche propriétaire du Crépuscule Pourpre semblait avoir trouvé un moyen de l'enfermer les dieux seuls savaient où et comment. Il était clairement difficile pour moi de réfuter que j'avais totalement succombé au bel homme et que, sans son intervention, nous aurions été bien incapable de nous arrêter. Pourtant, je me sentais trahie. Si je ne pouvais pas faire confiance à une partie de moi-même, comment pouvais-je espérer m'en sortir ?
Pire, avoir conscience que c'était probablement l'assouvissement de notre désir charnel à Edan et moi qui avait entraîné sa montée en puissance progressive était d'une telle ironie que j'en aurais pleuré.
Nous n'avions pas commis d'autres dérapages, preuve en était ma quantité d'hémoglobine revenu à un taux normal, mais Edan mettait un point d'honneur à me titiller. Il m'attaquait à coup de regards insistants, ses prunelles brûlantes, auxquelles ma réponse était systématiquement la Fuite. Le scélérat me cherchait et c'en était révoltant. Il était bien loin le temps de la mission Séduction où j'avais été la chasseuse. Je me retrouvai reléguée au rôle de proie avec pour seul bouclier une déesse arrogante et furibonde à qui je refusais d'accorder la moindre attention.
Heureusement, j'avais noté que Sac à Sous faisait preuve d'une certaine retenue. Il cherchait moins mon contact, me susurrer moins de provocations lorsque nous étions entourés d'autres personnes. Principalement de Lucas. Était-ce pour épargner les sentiments du jeune homme ? Peu importait. Je mettais tout en œuvre pour rester entourée. Ce qui bien sûr empiétait sur ma bonne humeur. Supporter les jérémiades des aventuriers à longueur de journée m'éreintait au plus haut point et mes rares moments de répit étaient passés à bouder la Sidia dans ma tête.
Le seul instant de vulnérabilité dans ma vengeance puérile et bornée fut le jour où je remis les pieds à l'Académie des Héros. Après les mots échangés avec Carter, Edan m'y avait pratiquement renvoyé de force pour continuer ma formation, m'assurant que l'affaire était réglée et qu'il n'y avait aucune raison qui m'empêchait d'y remettre les pieds. Et mon traumatisme ? N'était-ce pas une raison suffisante ? Mais « ma sécurité dans le Tombeau » en dépendait, car il était « hors de question » que je vienne si je n'étais pas capable « d'un minimum prendre soin » de ma propre personne « pour ne pas être un fardeau au cours d'une mission qui s'annonçait déjà bien périlleuse ». Abandonnée, trahie, j'avais tellement maudit Edan que ses oreilles avaient dû siffler toute la journée.
Escortée par deux aventuriers qui m'avaient traînée d'un air désolé et plein de pitié, j'avais avancé toutes les dettes qu'ils me devaient — « comment tu peux me faire ça Max ? Je t'ai aidé pour le cadeau d'anniversaire de ta petite sœur ! Et toi Karl, je t'ai tellement encouragé à te déclarer et je t'ai aidé pour ton premier rencard avec Julie ! Nous sommes amis, vous ne pouvez pas m'abandonner comme ça ? Après tout ce qu'on a vécu ? » — rien n'avait pourtant réussi à affaiblir leur loyauté.
Arrivée devant les portes d'entrée, une angoisse incontrôlable m'avait terrassée. Les larmes aux yeux, la respiration irrégulière. Ma vision s'était floutée, mon pouls s'était emballé. Portant les mains à ma bouche, sentant monter un haut le cœur, c'était bel et bien la voix douce et calme de Talia qui m'avait extirpée de ce tourbillon d'émotions incontrôlable.
« Je suis avec toi, la baratineuse. »
Ravalant difficilement mes sanglots, j'avais bredouillé un vague « merci... » tremblotant et honteux.
Ce retour chaotique fut bien plus agité que je ne l'avais imaginé, et non pas à cause de la présence d'un Sidia cette fois. L'attaque venait d'ailleurs. Son origine me fut révélée par Krystal et Maelina, mes comparses de courses de fond qui étaient les seules étudiantes que j'appréciais vraiment.
Cravate Rose Bonbon n'était définitivement pas une bonne alliée.
À l'issue de la représentation des héros, elle avait témoigné de ma proximité avec les membres du Crépuscule Pourpre, mais elle en avait fait beaucoup trop, sans doute emportée par son élan de gloire, émoustillée d'être le centre d'attention un instant. Elle était même allée jusqu'à vanter mes relations avec la famille royale, qui tenaient en réalité de l'ordre d'une unique conversation.
J'étais donc non seulement la petite amie du Soleil Levant, confirmé par nos échanges sensuels de regard — sensuels ? — ; mais aussi celle de l'homme le plus riche du royaume, preuve à l'appui de nos contacts physiques permanents — je plaidais coupable — ; de la Maîtresse des Epines — bien que ses fiançailles avec le prince héritier soit à présent de notoriété publique — ; du Premier Ministre — je n'avais aucune idée d'à quoi il ressemblait — ; et même l'amante du ministre des Finances — au secours.
La plus amusante, et la plus plaisante, restait celle qui affirmait que j'étais en réalité la plus jeune fille de l'empereur, une princesse perdue souhaitant menée une vie simple, couvée par la plus grande Maison du royaume sous ordre de ses frères surprotecteurs.
L'imagination humaine n'avait pas de limites. C'était fascinant.
D'autres rumeurs bien moins flatteuses circulaient, mais j'avais décidé de les ignorer. Certaines pouvaient s'avérer fondées, comme par exemple, la simple et triste vérité que je n'étais qu'un boulet que le Crépuscule Pourpre se traînait aux pieds.
Mais peu importait. J'avais repris mes cours et je me donnais à fond pour oublier, pour être prête.
Pour la Maison et mes héros préférés, les missions continuaient et je partis même donner un coup de main pour certaines d'entre elles. Comme l'avait si bien dit Edan, je me devais de faire rentrer de l'argent à la Maison. Je ne pouvais pas vivre éternellement à leur frais tel le parasite que j'étais. Ma conscience m'obligeait à un minimum de bonne foi.
Faire rentrer de l'argent n'était hélas pas notre seul objectif.
Elsa m'avait demandée de l'accompagner visiter un orphelinat de la capitale en construction. J'en avais profité pour inviter Maelina à se joindre à moi, sans que cette dernière n'ait la moindre idée de qui nous y accompagnerait.
J'avais prétexté que je m'y rendais régulièrement et, intriguée par l'idée, elle accepta avec joie de venir donner un coup de main. Moi-même je n'avais aucune idée de ce qui serait attendu de notre part, mais en notre qualité de bénévoles, j'avais quelques inquiétudes.
Une fois sur place, à la vue de la célèbre rouquine, les expressions de Maelina n'eurent pas de prix. Je fus quelque peu déçue qu'il n'y eut aucune larme ou même une perte de connaissance, mais son visage blêmissant et son bégaiement restaient malgré tout une petite victoire.
— Tu aurais dû me le dire, me reprocha mon amie, la mine boudeuse.
— Tu n'en aurais pas dormi de la nuit te connaissant, plaisantai-je. Profites-en pour lui poser des questions sur sa magie, sur les Maisons.
— C'est ce que je comptais faire ! bredouilla-t-elle, avant d'ajouter en se reprenant : alors c'est vrai ? Tu connais vraiment tous les membres du Crépuscule Pourpre ?
— Oui, dis-je. Enfin, apparemment je suis en couple avec plusieurs d'entre eux.
J'explosai de rire à ma propre plaisanterie. Oui, je me trouvais drôle, c'était important de s'auto-encourager. Maelina sourit pour me faire plaisir. Une bonne amie.
Malgré le penchant taciturne, froid et las de la Maîtresse des Epines, Maelina ne se découragea pas et entretint la conversation. L'étudiante savait qu'elle n'aurait plus jamais une telle occasion. La sorcière lui répondit poliment bien que légèrement laconique.
Je les laissai à leur soporifique discussion et observai autour de moi.
L'orphelinat s'élevait à l'arrière d'un vieux temple à l'effigie de la Déesse de la Fertilité qui semblait à l'abandon. Il se situait dans un quartier résidentiel assez commun, entre deux bâtisses où l'orange et le violet se disputaient le droit de brûler nos rétines. Sobre avec ses façades recouvertes de crépi ocre, la résidence de quatre étages semblait propre, entretenue et vivante. Les fenêtres étaient ouvertes et des cris, des piaillements, des rires envahissaient l'allée passante.
La journée fut éprouvante pour deux raisons.
Premièrement, il était impossible d'être insensible au sort de ces enfants, peu importait son degré d'égoïsme. Que ce soit de la pitié, de la compassion, de l'admiration ou du respect, personne ne pouvait en sortir indemne.
L'orphelinat comptait plus d'une cinquantaine d'enfants, allant du nourrisson à l'âge adulte. Ils étaient tous habillés convenablement, sans pour autant s'épanouir dans la richesse, semblaient nourries et propres.
Chacun d'eux avait une histoire.
Un bébé m'avait sourie, deux dents s'élevant de ses gencives. Sa famille, faute de moyen pour subvenir à ses besoins, l'avait abandonné dans une rue en pleine nuit d'hiver quelques mois plus tôt. Une fois recueilli, il avait ensuite enchaîné avec plusieurs mois de maladie, de fièvre, avec plusieurs mois de solitude, de repères perdus. Et le bébé m'avait sourie.
Ils n'étaient que des enfants, des nourrissons pour certains, mais ils avaient chacun une si longue et si poignante histoire. Déjà. C'était si injuste.
Pourtant, c'était la bonne humeur qui régnait dans l'établissement. Les nourrices étaient appréciées, c'était évident. Les adolescents, proche de la quinzaine, considéraient chacun des enfants comme leurs frères et sœurs et peu souhaitaient réellement s'en aller.
La seule fausse note restait leur quantité. Le manque de place était évident, le manque de personnel encore plus flagrant. Seuls cinq éducateurs et cinq bénévoles étaient présents pour gérer les cinquante enfants. Le soutien des adolescents les plus âgées étaient une nécessité.
C'était l'objet de notre présence et une réunion avec d'autres bienfaiteurs pour évaluer les coûts à allouer à la construction d'une aile supplémentaire et la création de deux emplois additionnels était prévu dans les prochaines heures.
La deuxième raison qui rendit cette journée éprouvante était qu'il s'agissait d'enfants, et bon sang, ces morveux étaient inépuisables, contrairement à moi.
« Ils sont bruyants. »
Après avoir survécu à un Tombeau et une montagne de Kondairas, la marelle, les cartes, les dessins et une montagne d'enfants eurent raison de moi.
La timidité rencontrée à notre arrivée au moment des présentations s'était envolée aussi rapidement que mon intérêt pour Alec. Nous avions passé les deux prochaines heures à jouer, parler, sourire, courir, écouter, sermonner. Je n'en pouvais plus et, comme Elsa, j'étais à bout.
Profitant d'un moment de calme, je m'approchai de la flamboyante aventurière.
— Dis-moi que la fin est proche, suppliai-je.
— Les sorties sont dégagées et j'ai déjà confiée l'argent à la directrice, dit-elle. Une fois notre discussion avec les deux autres mécènes terminée, nous pourrons prendre la fuite dignement.
— S'ils n'arrivent pas bientôt, je m'en vais les chercher.
Elle posa ses mains sur mes épaules, l'air grave.
— Je n'aurais pas pu mener cette bataille sans toi, Alana.
Tu m'avais amenée sur le front sans m'en parler en toute connaissance de cause, sorcière.
Sur ma droite, une jeune fille de huit ans parlait à une peluche en forme de chat et s'amusait à assembler une composition florale dont l'éventail de couleur aurait fait pâlir les architectes de la ville. Son avenir était assuré. Plus loin, Maelina était devenue une poupée grandeur nature et trois paires de mains s'acharnaient sur ses cheveux.
— Pourquoi sommes-nous venus si tôt ? demandai-je, curieuse. Pourquoi ne pas être venus uniquement pour la réunion ?
J'étais vraiment admirative de tous ces bénévoles qui donnaient la main à la patte. Il fallait une volonté, une ferveur, une conviction que j'étais loin de ressentir. Quand j'avais demandé à l'un d'eux ce qui le poussait à venir, si c'était une volonté d'adopter l'un d'eux, il m'avait simplement répondu : « si nous ne le faisons pas, qui le fera ? ». Je n'avais rien rétorqué. Il n'y avait rien à rétorquer.
— Pour Edan, répondit Elsa en suivant des yeux la petite fille à nos pieds. Pour Lucas.
Tournant la tête vers elle, je fronçai les sourcils.
— Ils se sont rencontrés dans un orphelinat. Ils n'en parlent pas beaucoup, mais ils ont eu une période difficile là-bas. Je crois que cinquante pourcent de nos revenus est reversé à ce type d'établissements, partout dans le pays.
C'était... surprenant. Et inattendu.
J'avais en effet cru comprendre que la prise en charge des orphelins était une cause qui leur tenait à cœur, mais je n'avais aucune idée qu'ils en avaient eux-mêmes fait l'expérience.
La petite fille attrapa des rubans et les ajouta à sa composition, dans un méli-mélo de nœuds mal confectionnés.
Je repensais au bébé. Je repensais aux adolescents. À leur histoire.
Quelle était celle d'Edan et de Lucas ?
Finalement, nos invités finirent par arriver. Quand je reconnus Ilian Acost, le riche potentiel investisseur rencontré à la réception de la représentation qui semblait particulièrement m'apprécier, je compris la raison de ma présence.
Nous passâmes l'heure suivante à lister les améliorations, les besoins, les nécessités. Nous dûmes classer par priorité les travaux qui nécessitaient des fonds immédiats. Fatiguée de la journée qui malgré tout me rendait maussade, j'avais pris la direction de la réunion afin de la boucler au plus vite.
Mes arguments étaient les suivants : nous pouvions agrandir si nous décidions d'ajouter un étage supplémentaire à un bâtiment de déjà quatre étages ou d'acheter les horribles demeures alentours ; nous pouvions délocaliser si nous trouvions un bâtiment convenable et suffisamment grand ; nous pouvions diviser si nous utilisions deux établissements au lieu d'un seul.
La première option allait générer des négociations ardues avec les voisins qui n'accepteraient sans doute pas de vendre leur habitat. La seconde serait la meilleure option, mais le troisième bienfaiteur, que j'appris être un magnat de l'immobilier nous assura que de tels résidences ne se trouveraient que dans les quartiers hors de prix. La troisième allait nécessiter deux fois plus de personnels et la séparation des enfants allait être difficile pour eux.
« C'est important de les endurcir, c'est comme ça qu'ils s'en sortiront dans la vie. Ils pourront toujours prier les dieux s'ils se sentent seuls. »
Oui, les conseils parentaux de la déesse des Désirs laissaient à désirer.
Mais elle me donna une idée. Après tout, pourquoi ne pas se servir des dieux ? Claquant des doigts pour attirer l'attention de l'auditoire, je m'expliquai :
— Nous pouvons réhabiliter le temple, en prendre une aile pour reloger les enfants.
— Alana, grimaça Elsa. Tu parles de détruire un lieu de prières, les croyants ne l'autoriseront jamais.
— Je ne parle pas de détruire, expliquai-je. Plutôt de se servir. Les enfants pourront toujours prier avec les adeptes.
— Le temple de la Déesse de la Fertilité est pratiquement à l'abandon, réfléchit Ilian. Il est suffisamment grand et quelques pratiquants seulement s'y rendent de manière sporadique. À part la dizaine de religieux qui y vivent en permanence, l'espace reste inoccupé.
Il frappa dans ses mains, convaincu.
— Alana, c'est brillant !
— Leur proposer un partenariat, soutint Elsa en hochant la tête. Cela leur attirerait du monde par la même occasion.
— Leur culte aurait également une meilleure image du fait de leur investissement, confirma le dernier mécène.
— Alors c'est bouclé ! souris-je ravie d'avoir enfin la solution.
Nous pouvions rentrer maintenant, parfait ! Je me levai, croyant la réunion terminée. Aux rires de mes interlocuteurs, mon sourire se fana.
Étions-nous réellement obligés de parler des « détails » maintenant ?
Nous passâmes une heure supplémentaire à boucler les derniers sujets et lister les actions à mener.
Après avoir subi des adieux déchirants où larmes et pleurs furent de mise, je m'empressai de donner un mouchoir à la morveuse qui s'accrochait à ma manche, lui tapai maladroitement la tête, et m'enfuis à toutes jambes après un « continue de bien manger et lave toi bien ».
Une fois dehors, mon évasion brillamment réussie, je regardai Maelina tentait de ne pas pleurer face aux yeux larmoyants du petit garçon et de la petite fille qui s'étaient pris d'affection pour elle. L'étudiante, reniflant légèrement, leur promit de revenir très rapidement avec les gâteaux qu'elle leur avait vantés. Ils hochèrent la tête, reniflant bruyamment pour leur part.
Je ris au spectacle.
Ilian s'approcha de moi.
— Je ne pensais pas vous revoir ici, me confia-t-il. Ce fut une agréable surprise.
Tu m'étonnes. De notre côté, certains y avaient pensé.
— Partagé, souris-je.
— Encore une fois, vos idées m'ont épatées. Gérez-vous certaines affaires du Crépuscule Pourpre ? demanda-t-il.
Sous-entendu : « lesquelles ? ». Petit malin. Il souhaitait savoir où il risquait de me recroiser.
Autant m'amuser un peu.
— Oh non, je ne pense pas être qualifiée, répondis-je humblement.
Allons à la pêche aux compliments.
« Ta fausse modestie est écœurante. »
— Vous me semblez plus que qualifiée, me contredit-il. Vos analyses sont toujours pertinentes, vos réflexions intéressantes.
— Vous allez me faire rougir.
Je portai une main sur ma joue, timide.
— Edan serait un idiot de ne pas exploiter vos compétences.
Il était un idiot, mais pas pour ces raisons.
— Comme vous avez pu sans doute le remarquer à la réception, il ne se gêne pas vraiment, commentai-je, les yeux pétillants de malice.
Il rit. Son regard se fit intense quand il se posa de nouveau sur mon visage.
— C'est vrai, il a toujours su s'entourer des plus beaux talents.
Il prit une inspiration et arbora un sourire éclatant.
— Accepteriez-vous de dîner avec moi ?
Je feins la surprise puis lui souris gentiment avant de prendre un air contrit.
— J'en serais ravie. Malheureusement, je crains de ne pouvoir vous donner de disponibilités pour le moment. Nous nous apprêtons à partir hors de la ville pour l'investiture d'un Tombeau et je n'ai aucune idée du temps que cela prendra ou du moment. Cela me chagrinerait d'annuler au dernier moment.
Déçu, il hocha la tête.
— Bien sûr. Je comprends, dit-il tristement. Alors une fois l'affaire bouclée, à votre retour ?
Misère.
« Cache ta joie. »
Le ricanement de la déesse résonna dans ma tête.
— Avec plaisir, m'extasiai-je.
Il se saisit de ma main.
— Alors au plaisir de vous revoir bientôt, Alana.
Gardant ses yeux rivés aux miens, il posa ses lèvres sur le dos de ma main.
Quand il se fut éloigné de quelques pas, j'entendis le ricanement d'Elsa.
— Mignon, commenta la rouquine.
— Ennuyant, répondis-je.
Après ça, nous nous séparâmes de Maelina que je retrouvais le lendemain pour nos cours à l'Académie pour ma part, et nous rentrâmes à la villa avec Elsa.
Ma routine s'installa donc ainsi, partagé entre les cours, les missions, les repas avec de potentiels investisseurs que nous avions convenu d'honorer avec Edan et le bénévolat auprès des orphelinats de la ville.
Finalement, un mois plus tard, après des jours et des jours de recherches assidues entre Allie, notre Corneille à Trois yeux, et l'informateur de la famille royale, nous parvînmes à déceler un chemin.
Finalement, presque quatre mois après ma rencontre avec le Crépuscule Pourpre, quatre mois après l'apparition de Talia, nous nous mîmes en route pour le Tombeau du Guérisseur.
**--- Notes de l'auteur ---**
Nous arrivons à la dernière grande « partie » de ce premier tome ! Les prochains chapitres vont pas mal s'enchaîner (pour rappel, il y en a 33 au total) !
Croisons les doigts pour nos héros ! 🙏
Merci pour vos votes, commentaires et votre lecture !
À très vite !
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