Chapitre 25 - Une intense réception
— Les Sidias ont toujours fasciné, depuis la nuit des temps, arguai-je. L'exploration devrait toujours être notre priorité.
Le débat portait sur les activités des Maisons. Edan et moi avions d'abord échangé avec deux investisseurs. La discussion animée avait attiré deux autres potentiels bienfaiteurs.
— Comme tout ce qui fascine, cela génère de la demande, conclus-je.
— Mais les frais de recherche sans garanti de résultat présente toujours un risque élevé, défendit un grand homme au crâne apparent.
Fin et longiligne, ce trait d'homme nommé Alphonse était un des commerçants les plus fortunés de la côte sud.
— Je suis d'accord, l'investiture des Tombeaux, basée sur les connaissances que nous recevons des Corneilles est déjà une très bonne stratégie, conforta une blonde élancée.
Elise, de son prénom, portait un décolleté si profond que je félicitais tous les hommes autour d'elle de réussir à ne regarder que ses yeux. J'en étais bien incapable, personnellement.
— Le problème de l'inconstance des visions des Corneilles persiste, contra un jeune homme blond qui me soutenait contre vents et marées.
Arrivé en cours de route, il s'était présenté comme un certain Ilian Acost. Le ton fier qu'il avait employé laissait sous-entendre que j'aurais dû connaître ce nom, mais il n'en était hélas rien. Il ne devait pas être bien riche.
Ilian s'était placé à ma droite et ne semblait pas vouloir en déloger.
— La perte de l'attente et l'inaction est certes innombrable, mais reste réel, soutins-je mon acolyte.
— Les activités médiatiques et de divertissement associés couvrent cette inaction que je qualifierais plutôt de prudence, intervint Edan.
Le traître. Mais j'étais plutôt d'accord avec ses arguments. En vérité, j'essayai surtout d'animer le débat, peu importe la conclusion qui en serait tirée.
— Vous m'ôtez les mots de la bouche, Edan, roucoula la belle Elise. Certes les Sidias fascinent, et je rêverais bien sûr de pouvoir explorer leurs mondes, mais générer des expéditions sur plusieurs mois, voire plusieurs années et établir des bases provisoires qui nécessiteront ravitaillements et provisions me semblent démesurer quant à ce que nous pourrions en tirer.
— Il serait plus raisonnable de maîtriser les variables de notre monde avant d'empiéter sur les autres, confirma la dernière protagoniste, un brin sarcastique.
Je pouvais presque entendre la voix de Talia maugréer : « Ce serait bien que les Sidias en prennent de la graine ». Cependant, la déesse s'était retranchée dans son Vittsoa. Nous avions convenu de diminuer au maximum sa présence tant que nous serions entourées de ses chacals à l'affût de la moindre odeur de sang divin.
Sarah Letalle, la dernière de notre auditoire, était la femme du plus jeune prince. Ayant grandi avec ce dernier, ils avaient développé une idylle passionnelle, qu'ils avaient bien vite consumé et officialisé quand l'âge le leur avait permis. Elle ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans, mais sa vivacité d'esprit me la rendait sympathique.
— Dans ce cas, rebondis-je, profitons du divertissement pour financer ces expéditions.
L'idée avait été tendu et saisi au vol. Merci, grande blonde. Je me tournai vers cette dernière.
— Vous l'avez vous-même évoqué : vous rêveriez d'explorer les mondes. Je suis persuadée que vous n'êtes pas la seule femme scandaleusement riche à vouloir profiter le temps d'une journée d'une vie d'aventuriers.
Surprise, elle me dévisagea. Je ne savais pas si c'était ma proposition ou mon égarement linguistique — et encore je n'avais qualifié que sa richesse de scandaleuse — qui la perturbèrent mais j'eus le mérite de susciter chez elle une réaction qui semblait positive.
Sarah s'interrogea :
— Amenez des nobles pendant les explorations ? Et les faire payer ? Cela semble risqué.
— Pas pendant, me suivit Edan en se frottant le menton. Mais une fois la base transitoire établie.
— Ce serait comme engager une Maison pour une escorte, ajoutai-je. La destination bien plus paradisiaque.
— Une destination touristique originale, en effet, rit Alphonse.
— Le convoi permettrait à la fois le ravitaillement et la protection des touristes, réfléchit Ilian.
— La sécurité devrait être garantie, se laissa séduire Elise. Et le prix raisonnable tout en garantissant un profit aux actionnaires.
— Une étude de marché serait intéressante à mener, souligna Alphonse. Mais le concept semble alléchant. Je suis certain que beaucoup d'entre nous, « scandaleusement riche », seraient excités à l'idée.
Ma légère tendance à jalouser les fortunés avait fuité et avait été noté. Oups. Excusez-moi de ne pas encore faire partie de votre monde.
Je croisai son regard amusé et lui sourit, satisfaite. S'il attendait que je sois désolée de mes mots, il allait devoir être patient.
— Ne serait-ce que visiter les Tombeaux, proposa Edan. Dans une moindre mesure, pour évaluer l'intérêt et le bénéfice qui pourraient en être tiré.
— Les Tombeaux qui servent de passage entre deux mondes sont idéaux pour ça, approuvai-je.
Le débat continua, les idées fusaient et la discussion fut bien plus amusante que je ne l'avais imaginé. Alphonse s'excusa le premier, nous quittant pour rejoindre d'autres collaborateurs. Non sans nous inviter autour d'un repas pour continuer cette passionnante conversation.
Sarah s'éclipsa en second et nous enjoignit à la rejoindre plus tard dans la soirée, afin de nous présenter à son mari. Nous lui assurâmes de les retrouver.
Les interlocuteurs se succédèrent les uns après les autres, et, après plusieurs coupes de champagnes et plusieurs échanges de sourires et de plaisanteries pour étaler ma supériorité, j'en vins à oublier mes craintes initiales et à passer un agréable moment.
Tout se passait plutôt bien et je pouvais presque compter en plus d'Ilian, trois nouveaux fanatiques à mon actif. Tandis que je les abreuvais d'un nouvel éclat de rire, après une plaisanterie de mon crû sur le prix du costume d'une ministre de la Culture équivalent à mon salaire annuel — mon rire masquait mes larmes — Edan n'y tint plus, nous excusa et nous éloigna du groupe.
— C'est exaspérant, marmonna-t-il, vidant son verre d'une traite.
— Ne sois pas jaloux, ricanai-je, joueuse. Toi aussi tu provoques cet effet. Tu en as juste moins conscience.
Il me jeta un coup d'œil dubitatif.
— Je n'en joue pas ouvertement et fièrement surtout.
— Ce n'est pas ma faute si tu n'es pas malin.
Nous rejoignîmes Lucas, entouré de tellement de personnes que je me demandais où il trouvait l'air qu'il respirait. Croisant le regard de son ami, Edan dût comprendre un signal que je n'étais pas en mesure de reconnaître car il vola à son secours. S'excusant poliment auprès de chacun, il extirpa le Soleil de son orbite et s'enfuit presque en courant, défiant les planètes de continuer à graviter sans lui. À la tête de certaines, cela leur semblait inimaginable.
Nous nous dirigeâmes tranquillement vers le buffet, notre comité restreint à nous trois nous permettant une pause bien méritée, et picorèrent quelques mini-fours et roulés succulents.
— Comment ça se passe ? s'enquit Lucas. Tout va bien pour toi Alana ?
Il jeta un coup d'œil à Edan, cherchant des signes d'agacement sur son visage. Il n'y lut que de la résignation.
— Elle ne s'en sort pas trop mal, admit-il.
— Je m'en sors comme une cheffe, affirmai-je tout sourire, en m'approchant du tyran malhonnête pour lui exposer toute ma suffisance.
Il se contenta de fourrer un autre roulé dans sa bouche, ce qui m'arracha un rire. Lucas me regardait avec bienveillance, content de voir que j'avais retrouvée de ma superbe.
Je questionnai le héros sur sa horde d'admirateurs, lui demandant comment il s'en sortait, quel était son secret et s'il pouvait me donner des conseils. J'en étais à mettre en pratique ses retours sur Edan — aussi insensible qu'une armoire à glace — quand Elsa nous trouva.
— Ah ! Je vous cherchais !
Les joues rosies par l'effort de déambuler à travers la marée humaine, elle soupira de soulagement une fois à notre niveau.
— J'aimerais te présenter à la famille royale, m'annonça-t-elle, une fois qu'elle eut repris contenance.
La famille royale ? Maintenant ? J'engloutis cul sec le fond de mon verre et m'emparai d'un dernier roulé pour me donner du courage.
— Quant à vous, vous pourrez en profiter pour les saluer, ajouta-t-elle à l'adresse des deux hommes.
M'encourageant mentalement pour ma prochaine performance, nous entreprîmes de suivre la sorcière tempétueuse à travers le dédale de convives.
« Ils sont là. »
À la manifestation inattendue de la déesse, je poussai un petit cri strident qui, les dieux en soient remerciés, se perdit dans le brouhaha ambiant.
— Bon sang, qu'est-ce que tu fais là ? murmurai-je, interrogative. Je pensais qu'il fallait que tu sois la plus discrète possible ?
Elle ne me répondit pas.
À la place, ses précédents mots firent leur effet et je me collai à Edan, entrelaçant nos doigts si étroitement qu'il était difficile de distinguer lesquels étaient à lui, lesquels étaient à moi. S'il sembla surpris ou gêné par ma soudaine proximité — son bras écrasait tout de même ma poitrine — il n'en laissa rien paraître. Il ne se dégagea pas malgré le broyage de ses phalanges. Ce qui m'effraya encore plus car cela confirmait les dires de Talia : lui aussi les avait sentis.
Inconsciente de nos sombres pensées, Elsa continuait sa progression vers son fiancé. Se mêlant à la foule, je ne repérai pas tout de suite la famille royale.
Quand nous atteignîmes leur petit groupe de cinq individus, j'identifiai Sarah aux côtés d'un brun de taille moyenne élégamment vêtu d'un habit militaire blanc et or. Le plus jeune prince, Helios.
Elsa se dirigea directement vers un homme à la fine carrure, la dépassant d'à peine quelques centimètres, aux mêmes cheveux bruns que son jeune frère et aux traits aussi ciselés. Un sourire illumina son visage à l'approche de la Maîtresse des Epines. Le prince héritier, Artemis.
Les deux autres personnes qui les accompagnaient n'étaient cependant pas leurs parents, contrairement à ce que j'avais imaginé.
C'étaient mes pires cauchemars.
— Edan, Lucas ! s'exclama Carter, le représentant de la Fédération Populaire rencontré à Manten, exagérément enjoué.
Ses yeux se posèrent sur moi — sur nous — et devinrent sauvage un court instant. Je déglutis. Cette fois, je ne passerais pas inaperçue. Il savait.
— Alana ! continua-t-il le plus naturellement du monde. Quel plaisir de vous revoir.
À ses côtés, le ministre des Finances, Mac Loren, mon traumatisme le plus récent, nous sourit de manière bienveillante.
Je les saluai d'un hochement de tête assuré — du moins je l'espérais — tandis que les deux hommes du Crépuscule Pourpre échangèrent une poignée de main avec ces démons.
« La foule nous protège. Tu ne crains rien. »
Quand j'entendis Elsa commencer les présentations, je m'empressai de tourner mon attention vers mon futur roi. Je lui fis une ravissante courbette et lui décochai mes sourires irrésistibles. Sarah nous présenta tous les trois également à son mari. Il eut droit au même traitement de faveur.
— C'est un plaisir de faire votre connaissance, me dit le prince Artemis. Elsa ne m'a dit que du bien de vous.
Je regardai mon amie, émue, et lui fis un clin d'œil, loin d'être discret. Elle me répondit en levant son pouce, faisant preuve de la même retenue.
Très vite, comme chaque fois — puisqu'apparemment c'était une loi physique immuable aussi puissante que la gravité dont je n'avais pas connaissance — toute l'attention, la discussion et les regards se portèrent sur Lucas. Ses exploits, sa faculté unique à exploiter l'Argia pour créer de la lumière, son physique de rêve, sa bienveillance. Le prince héritier lui demanda s'il avait des défauts. Aucun de nous ne put témoigner. Un fou rire général s'ensuivit.
Le mien aurait été bien moins crispé si Carter n'avait pas fixé bien trop intensément mon bras en contact perpétuel avec Edan. Mon cœur tentait de s'évader de ma poitrine si férocement que je finis par haleter, mes rires gênés, ma posture tendue. J'étais terriblement mal à l'aise. Et là où Carter ne me quittait pas des yeux, Mac faisait preuve d'une telle indifférence que, si je n'avais pas été là quelques jours plus tôt, j'aurais pu croire que nous ne nous étions jamais rencontrés. M'avait-il oublié ?
« Détends-toi. Kravis ne viendra pas. C'est une bonne chose. Il sera plus simple de traiter avec l'autre. »
Baissant la tête, je poussai un soupir de soulagement. C'était donc ça. Mac était juste Mac, l'adepte fidèle du culte de Kravis Machin Chouette. Le Sidia n'était pas là. Le traître n'était pas là. Il n'y avait donc que Carter à gérer. Et les autres potentiels Sidias dont je n'avais pas conscience.
La conversation dériva vers un sujet qui raviva une étincelle de raison dans mon esprit.
— Elsa a mentionné votre volonté à traverser les frontières pour rejoindre Iskori, déclara le prince héritier.
Le monde du Guérisseur j'imaginais. Alors Elsa avait mis les ressources de la couronne à notre disposition. J'aimais cette femme, c'était officiel.
« Enfin une humaine utile. Bien joué l'épineuse. »
— En effet, confirma Edan en hochant la tête. Les richesses qu'ils renferment ne pourront que nous être bénéfique. Nous attendons seulement un passage.
— Pourquoi cet intérêt pour ce monde en particulier ? s'étonna Carter.
Il n'en laissa rien paraître, mais, grâce à la proximité que je lui imposais, je sentis le bras d'Edan se tendre sous mes doigts. Le visage du propriétaire de notre Maison se fendit d'un sourire carnassier.
— Cela me semble un bon investissement.
Cette réponse représentant à la perfection Sac à Sous contenta le politicien, qui ricana en réponse.
— Bien sûr, dit-il.
Le prince Artemis reprit la parole.
— Je pense pouvoir vous aider. Je vous mettrais en relation avec la personne adéquate. Par ailleurs, j'ai des artefacts qui pourraient vous intéresser.
— Cela nous faciliterait grandement la vie, Majesté, remercia Lucas.
« Cette soirée n'aura pas été totalement inutile. »
Comme quoi, il pouvait y avoir de bonnes nouvelles de temps en temps dans la vie.
Quelques minutes plus tard, maniant habilement ses déplacements et ceux du ministre des Finances — sans aucun doute de mèche — Carter s'interposa entre Edan, moi et le reste du groupe puis s'adressa tout bas à nous.
Un frisson me parcourut.
— Vous semblez tellement proches, commenta-t-il, la frustration, le dégoût déformant ses traits. J'aurais dû m'en douter.
— Personne ne te reprochera ta négligence, répondit Edan, indifférent.
— Pourquoi la protéger ? Tu sais qui elle est, s'énerva le politicien.
Dans d'autres circonstances — si nous ne parlions pas de manière évidente d'une volonté de se débarrasser de moi — je me serais manifestée verbalement, vexée qu'on me mentionne tout en m'ignorant. Je savais être courageuse... lorsque la situation me le permettait. Ce qui n'était pas le cas.
À la place, je me contentai de baisser la tête pour cacher mon sourire puéril et évident suscité par la jalousie et l'incompréhension manifeste du Sidia.
Oui, Monsieur, Edan Roselli était de mon côté et c'était sacrément jouissif.
— Je peux te proposer un marché, déclara mon bouclier.
Ma bonne humeur fana aussitôt. Je me tendis, broyant son bras. Il nous faisait quoi là ?
Comptait-il...
Le silence de Talia m'inquiétait. Je savais qu'elle était là, mais elle restait étrangement discrète. À quoi pensait-elle ?
Sans crier gare, Edan attrapa ma main et la détacha de son bras aussi facilement qu'il aurait repoussé une miette de pain.
Quoi ? Une trahison ?
— Allons un peu plus loin, proposa Edan, sans me jeter un regard.
— Edan ! l'interpellai-je véhément, m'approchant alors qu'il s'éloignait d'un pas.
Il se retourna brusquement et je me stoppai net pour ne pas lui rentrer dedans. Il se pencha et chuchota à mon oreille.
— Tout va bien. Je vais régler cette histoire. Reste près de Lucas.
Je ne bougeai plus. Je le regardai s'éloigner, le Sidia à sa suite. Ils rejoignirent un coin relativement isolé, près du mur. Je pouvais toujours aisément les voir, mais impossible de les entendre à présent.
Je chuchotai :
— Qui nous dit qu'il ne va pas nous vendre à eux ? Pourquoi nous protège-t-il ? Après tout, notre présence et le désir qu'on génère chez lui ne sont que des épines dans son pied.
« Il ne le fait pas pour toi, pour nous. Il le fait pour Lucas Alicent. Peu importe ses raisons, l'important c'est qu'il est loyal. Il ne trahira pas sa parole. »
Poussant un soupir vaincu, je me rapprochai de ma bonne étoile solaire. Je tentai de me joindre à la conversation qu'il partageait avec Sarah et son mari, mais mon attention était ailleurs. Mes yeux revenaient sans cesse sur Edan.
Là-bas, plus loin, la rage mêlée d'une haine viscérale de Carter faisait face à l'indifférence glaciale de Edan. Je n'avais aucune idée du contenu des négociations, mais il était clair qu'elles n'étaient pas au goût du représentant de la Fédération Populaire. Leur échange dura plusieurs longues minutes où le stoïque Edan ne recula jamais de ses positions. À contre-cœur, Carter sembla céder, la frustration transparaissait par tous ses pores.
C'est alors qu'Edan saisit subitement l'épaule du politicien et s'approcha de son oreille. Son visage, qui me faisait face, devint méconnaissable. Contrastant avec l'indifférence et la maîtrise sans faille dont il avait fait preuve tout au long de leur conversation, un sourire dément déforma son visage et ses prunelles étincelèrent d'une joie malsaine.
Stupéfaite, incapable de détourner les yeux, incapable de cligner des paupières, j'observai la folie humaine menaçait violemment un Sidia.
Les pierres précieuses d'Edan se relevèrent soudain et croisèrent les miennes.
Mû par mon instinct, je détournai les yeux, refusant de soutenir son intensité. Mon cœur battant à tout rompre, mon corps passa en mode survie, comme s'il avait flairé de lui-même un danger. Tentant de me calmer, je m'efforçai de rejoindre la discussion qui se déroulait près de moi. J'échangeai quelques banalités, bien consciente du combat de volonté qui faisait rage derrière moi.
Finalement, après une bonne dizaine de minutes, Edan revint parmi nous. Seul. Je me tendis, mais ses traits étaient redevenus calmes, sereins.
Il se pencha vers moi et un frisson involontaire m'ébranla.
— C'est réglé, déclara-t-il.
Relevant la tête vers lui, je le dévisageai. Il en fit de même. Les yeux dans les yeux, méfiante, il arborait le même air indéchiffrable que d'ordinaire. Aucune trace de la menace, de la pression, qui y étaient présentes quelques instants plus tôt. J'aurais voulu savoir ce qu'il lui passait par la tête, savoir ce qu'ils s'étaient dit.
Pouvais-je me fier à cet homme ? Il m'avait démontrée plusieurs fois que oui, mais les réserves qui persistaient étaient tenaces. Je ne savais plus que penser.
Talia m'avait assurée qu'il ne trahirait pas sa parole. Je faisais confiance à la déesse pour me garder en vie. Je pouvais donc avoir foi en ses paroles.
— Merci, finis-je par dire.
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