Chapitre 7
Je sens quelque chose.
Ce n'est pas une odeur, ni un regard. Une présence. On me regarde ...
Je panique.
Mes membres se fige brutalement, mes sens sont en alerte. Je claque mes mains, éteins précipitamment la petite flamme qui y était logé dessus d'un coup sec puis regarde autour de moi, apeurée, complètement démunis. Mon cœur se met à batte la chamade et mon crâne se met à tourner. Je scrute les alentours à travers les fenêtres de la voiture, tel un animal en cage, mais ne voit personne. Je suis pourtant certaine d'avoir sentis une pression, celle qui vient lorsque vous savez que quelqu'un vous observe à votre insu. Je réalise alors l'énorme bêtise que je viens de faire. L'air vient soudainement à manquer, l'espace semble se rétrécir autour de moi. Je panique.
Démarrant la voiture en quatrième vitesse, je me mords la joue pour ne pas laisser les larmes me brouiller la vue. Ce ne sont pas des larmes de tristesses, non, ce sont des larmes de colères. Je savais que c'était une mauvaise idée. Encore une fois, je me suis écoutée pour me mettre en plus mauvaise posture que je ne l'étais déjà. La journée ne pouvait pas se finir aussi simplement. Ce don n'est qu'une source de problèmes, je le savais de toute façon.
Si quelqu'un m'a vue, alors je suis d'ores-et-déjà morte.
Si quelqu'un réussi à me filmer, alors le scénario reprendra depuis le début et je devrais m'en aller. Loin.
Si quelqu'un s'en prend à Yuma et Nick par ma faute, alors je ne me le pardonnerai jamais.
Mon sang se glace et je serre le guidon jusqu'à en blanchir les jointures de mes mains. Putain ! J'en ai marre de toujours être sur le qui-vive, toujours à vérifier que des merdeux d'Abolitions ne viennent pas pour me trancher la gorge. Toujours à me méfier de la moindre petite feuille d'arbre qui viendrait tomber trop près de moi. Je suis constamment en train de rester sur mes gardes lorsque je suis dehors même si c'est pour acheter le pain. Je ne fais même plus confiance à ma propre ombre, constamment en train de me demander à qui je dois ou ne dois pas parler. Alors j'ai pris la décision de ne plus parler aux gens, ne plus sortir pour autre choses que la fac.
Ne plus être faible. Ne plus faire confiance. Ne plus rien faire d'autre. Tels sont les règles que je me suis imposés il y a tout juste deux mois.
Je jure en crachant mon venin devant un feu rouge et ne peux m'empêcher de frapper violemment sur le volant. Je me rappelle un jour au Mexique, Yuma m'avait demandée de faire une petite course au supermarché. J'ai accepté, heureuse de pouvoir marcher sur autre choses que du parquet. Au retour je lui avais dit que quelqu'un m'avait suivi ... et c'était réellement le cas. En voulant vérifier de ses propres yeux que la personne en question n'était pas devant la maison, Yuma vis un homme en train de partir, armé d'un couteau qu'il rangea soigneusement dans son long manteau. Comme il était de dos, il n'a pas su que Yuma l'avait vue, elle, complètement sous le choc.
Les jours passèrent et je me plaignais d'une présence qui semblait me suivre partout lorsque je franchissais le paillasson. Depuis, je n'ai pas le droit de sortir seule sauf lorsque je vais à l'université et que je prends la voiture. Mes déplacements et mes journées sont simple : voiture-boulot-dodo. Et rien d'autre. La mort semblait avoir rejoint ma meilleure amie pour former le plus morbide des combos.
Je ne peux pas faire de choses banales comme organiser un ciné avec des potes ou une cession shopping entre filles ? Non, sauf si je n'y participe pas ou que je suis accompagnée de Yuma. Si cela ne tenait qu'à elle, elle m'aurait déjà affligé d'un garde du corps permanent mais j'avais été intransigeante sur ce point. C'était non. Et puis, comme si ce que je vivais pouvais arriver à tout le monde. Comme si quelqu'un d'autre que moi pouvais être à ma place, non mais je me suis entendu ? Le fait simple d'abriter une Divinité dans son corps ne concerne même pas le un dixième de la planète.
- Putain...
Je sature.
Cette année, avec le déménagement et mes 20 ans qui approche, je croyais que Yuma me laisserait plus de liberté. Pauvre Katy tu t'es lourdement trompée, que tu es naïve ! Ce qui m'énerve le plus, c'est de lui avoir donné raison en utilisant mes pouvoirs dehors comme une idiote, alors que j'avais consciences des risques que je prenais. Moi qui voulais simplement avoir un peu plus chaud, je me retrouvais à rouler sur les chapeaux de roues en espérant ne pas me faire flasher jusqu'à l'arrivée vers la maison.
Je ne dirais rien.
Mieux valait que je n'en touche pas un mot à Yuma. Si je le fais, je risque de ne même plus avoir le droit d'aller à la fac et de ne plus jamais revoir la lumière du jour. Et c'est la seule chose que je puisse faire sans me la coller sur le dos. Et puis quelque chose me dit que si elle l'apprend, elle risque de réellement engager un garde du corps, que je sois pour ou contre cette idée.
Je ne dois rien dire.
La maison apparaît enfin dans mon champ de vision et grossit au fur et à mesure que la voiture roule. Je me gare avant de descendre, mes membres sont encore sous le choc de ce qui vient de se passer et je dois m'y prendre à deux fois avant de pouvoir fermer le garage. La grille se ferme lentement, je l'observe. Les bras croisés autour de moi, l'air se fait de plus en froid et de la fumée sors de ma bouche au moment où j'expire. Je la regarde alors se disperser dans le ciel avant de disparaître complètement et de fondre parmi les autres molécules d'oxygène. La porte d'entrée grince légèrement lorsque la clé débloque le verrou et qu'elle s'ouvre enfin. Mon cœur ne s'est toujours pas arrêté de battre fort contre ma poitrine.
Ne plus être faible. Ne plus faire confiance. Ne plus rien faire d'autre.
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