Chapitre 29

En rentrant chez moi, j'eus la surprise de découvrir un trio assez particulier dans la salle à manger. Une autre personne semblait s'être jointe au duo que je découvre habituellement en rentrant. Une autre femme que je ne connaissais pas se tenait assise près d'eux. Je posai lentement mon sac contre le canapé du salon puis Yuma me fis signe de les rejoindre. Je pris donc doucement place sur une des chaises et observa à la dérobé notre invitée pendant que celle-ci me suivait des yeux. 

Bien que je ne la vis pour l'instant que de dos, je pouvais constatais que le vêtement de cette femme était un uniforme d'entrainement militaire noir. Lorsqu'elle m'aperçut, ses pupilles se mirent à briller d'une lueur impossible pour moi à reconnaître et me fixai d'un regard imperceptible, perturbant, tel un animal captant l'attention de sa proie. Ne voulant pas me laisser dominer ainsi, mon visage soutint le sien durant de longues secondes. Finalement un léger sourire satisfait naquit aux bords des lèvres de ce tigre, comme si elle avait appréhendé ma réaction auparavant. Visiblement, c'est cela que je devais faire. 

La seule touche de couleur sur elle se trouvait être autour de son cou, posé délicatement au-dessus de la combinaison. Il s'agissait d'une fine chaîne en argent au bout de laquelle pendait un croissant de lune, sculpter dans de l'Agathe d'un rouge profond. Elle paraissait de plus assez jeune ... la vingtaine je dirai, sa posture droite et assurée lui donnant encore plus d'assurance. Mes yeux furent cependant attirés par une large cicatrice parcourant sa joue droite et je dus m'y reprendre à deux fois avant de détourner mon champ de vision. Cette femme était de toute manière magnifique et ses yeux aux reflets rubis, brillant sous la lumière traversant les fenêtres, me laissèrent tout de suite à penser qu'elle n'était pas simplement en visite chez nous. 

Yuma décida finalement de prendre la parole, demandant à Nick de monter avec elle quelques minutes. Il acquiesça puis la rejoint vers les escaliers. Tous deux partir ainsi à l'étage, me laissant avec cette inconnue aux allures de fauves. Le silence s'abattit pendant que je fixai les marches en bois des yeux, incapable cette fois-ci de soutenir le regard insistant de cette inconnue. C'est alors, à la suite de longues secondes qu'elle se décida à enfin briser la glace.

 - Ne vous en faites-pas. Dit-elle de but en blanc. Je viens simplement faire mon travail et je m'en vais. 

- Votre travail ? Fis-je dans l'attente d'une explication plus clair. 

Mes yeux posèrent un regard intrigué dans sa direction. En guise de réponse, ses mains s'emparèrent d'une carte d'identité militaire et me la montrèrent, juste ce qu'il fallait de temps pour que je puisse lire ce qui y était inscrit. 

« Numéro 259186. Officier Diana MILLER. États-Unis d'Amérique » 

Mon expression étonnée dut se faire paraître puisqu'elle lâcha un léger soupir avant de fourrer sa carte dans une de ses innombrables poches. 

- Ne me regardez pas comme ça. Croyez-moi, je ne viens pas ici par gaité de cœur... Disons simplement que je vais devoir rajouter cela à ma liste de choses à faire avant la fin du monde. 

- La fin du monde ?  

Je tiquai sur ces paroles et je vis dans son regard qu'elle s'en rendit compte. Néanmoins, rien chez elle ne paraissait traduire que ce qu'elle venait de dire était une blague. Alors soit c'était une excellente comédienne, soit cela na présageai rien de bon pour la suite. 

- Je ne sais pas si vous suivez les informations, rajouta-t-elle en ignorant ma remarque sarcastique, mais les attaques terroristes, les fusillades, se multiplient et semblent pour la plupart concentrées dans nos alentours. Par conséquent des unités du gouvernement sont chargées de faire passer un message, pour protéger les personnes dans votre genre. 

- Je vous demande pardon, la coupais-je agacée, mais qui vous a donné le droit de me parler de cette façon ? 

Elle haussa un sourcil en ma direction avant de s'avancer lentement vers moi. 

- Et qui vous a fait croire que vous étiez en position de critiquer quelque chose ? Contentez- vous simplement de m'écouter et d'appliquer ce que je vais vous dire d'accords ? Finit-elle de lâcher d'un air ennuyé. 

Je restai silencieuse, complètement bouche bée par ce qu'elle venait de me dire. Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles, et pourtant je ne pouvais que me résoudre à obéir. 

- Bien, rentrons dans le vif du sujet. Tout d'abord Un couvre-feu a été décidé et dois être appliqué à l'ensemble de la population. Les places publiques et autres endroit habituellement bondés seront placés sous haute surveillance, tandis que les autres rues et lieu accueillant du monde le soir se verront contrôlés de manière aléatoire. Désormais il n'est plus question de sortir dans des boites de nuit ou autres lieu futile, ni de se balader seul. Vous devrez vous faire accompagnez par une personne de confiance lorsque cela est possible, surtout lorsque vous vous rendez dans des espaces peu fréquentés.  

En prononçant ces paroles, la jeune femme longeait les quatres coins de la pièce dans laquelle nous nous trouvions en explorant le lieu des yeux. Il me fallut quelques minutes, pour ma part, pendant lesquelles je me forçais d'ingurgiter le flot d'information que l'on venait de me servir. Mon sang se glaça, mon rythme cardiaque s'accéléra par la suite et mes mains devinrent rapidement moites. J'ignorais que le danger était aussi proche de nous. Se pourrait-il que... non, je ne me pense pas que les Abolitions en soit pour quelques choses, ou du moins je l'espère. Mes poumons se remplirent encore plusieurs fois d'oxygène avant que je puisse reprendre l'usage de la parole

 - Donc vous êtes en train de me dire que nous sommes potentiellement en dangers de mort. 

- En effet. 

- Et quiconque ne respecteras pas ses règles sera lourdement réprimandés, je présume. 

- C'est exact. 

Ses soudaines réponses brèves me laissèrent à penser qu'elle n'ira pas plus loin dans les explications. Son air calme contrastait fortement avec la panique qui me saisissait peu à peu. Cependant d'autres questions vinrent rapidement se frayer une place dans ma tête. 

- Excusez-moi, mais je ne vois pas pourquoi vous venez nous prévenir si c'est un message du gouvernement. Ne devrait-il pas prononcer quelques choses directement sur les chaines de télévision et les journaux ? D'ailleurs d'après ce que je sais, les gens comme vous n'ont pas spécialement le temps de faire ce genre de missions. Terminais-je un poil ironique. Cela vous aurait été largement profitable. 

Elle soutint mon regard un instant avant de me répondre d'un sérieux aussi dur que du béton.

- Vous avez raison en effet. Un message passera bien sur vos écrans et sur toutes les autres sources médiatiques principales d'ici quelques heures...et plusieurs précautions valent mieux qu'une. Si votre interrogatoire est terminé je vais partir, Vous êtes loin d'être les derniers sur ma liste. 

Je scrutais la moindre défaillance essayant de prouver que le discours de cette femme se contredisais quelque part mais rien à faire. En voyant que je ne répondis plus, elle s'empressa alors de se lever dans une ambiance devenue étouffantes. 

- Vous ne me raccompagniez pas ?

Je mis quelques secondes avant de comprendre que j'étais toujours assise puis m'excusa et m'exécuta.

 Une fois cette femme partit, je retournais dans le salon et m'assis sur le canapé. Nick et Yuma descendirent me rejoindre et la journée sembla reprendre son cours. Un peu plus tard dans la soirée, elle et moi mîmes la table et prirent notre dîner, essayant de manger et de discuter comme si de rien était devant notre petit bonhomme...Lorsque les chaînes d'informations passèrent à la télé, toutes véhiculaient désormais un message d'avertissement. Nous avions beau zapper pendant une dizaine de secondes mais rien à y faire. Certains abordait le sujet avec sérieux, d'autre encore sur une pointe d'humour afin  de ne pas affoler la population. Nos regards à Yuma et moi se croisèrent alors, la même réflexion semblant avoir atteint nos esprits : Nous pouvions tous faire semblant autant que nous le voulions, cela crevait les yeux que le cœur n'y était pas.

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