Chapitre 28 : Katarzyna
- Brittany je ne peux pas accepter.
Je reculai doucement d'un pas en signe de refus, le bras tendu afin qu'elle puisse reprendre ce qu'elle venait de me donner.
- Qu'est-ce-que tu racontes ? Il est pour toi. Insista-t-elle.
- Ça a dû te coûter une fortune. Je ne peux pas, s'il te plaît reprend-le.
J'essayais de mettre le petit écrin de velours dans les mains de Brittany mais rien à faire, elle était déterminée à ce que je le garde.
- Katarzyna, je ne te demande pas d'accepter, je te l'exige. Alors mets ce bracelet une bonne fois pour toute. Lâcha-t-elle d'un ton autoritaire.
- Parce que tu donnes des ordres maintenant ?
- Tu serais surprise.
Je capitulais et soupirait après d'interminables minutes. Inutile de résister plus longtemps. Je contemplais sa mine déterminée puis mes mains s'emparèrent de ce qu'elle tenait dans les siennes dans un grand soupir. Mes yeux lui lancèrent des éclairs lorsque je la vis rayonner de victoire. Pour toute réponse elle me serra dans ses bras, un peu trop longtemps à mon goût, puis me fit un sourire éblouissant. J'aurais presque vu un air de soulagement parcourir son corps jusque son visage mais ne relevai pas.
Mes mains ouvrirent alors pour la seconde fois la boite en velours noirs. À l'intérieur se trouvait un éblouissant bracelet au multiples pierre noir de jais et fil métallique, s'entrelaçant à l'infini dans une valse d'arabesques en bronze des plus gracieux. Une plume de paon aux reflets kaki. La petite pièce centrale, l'œil de cette plume, était quant à elle entouré d'autre métaux de différentes couleurs. C'était un mélange de pierre brune, bleu océan et émeraude, avec une pointe d'argent. Le tout s'associait enfin pour encercler délicatement le poignet de son propriétaire.
Je ne saurais expliquer l'admiration pour ce cadeau. Il n'était ni lourd ni imposant. Bien au contraire, tout les composant s'associait dans une légèreté et une finesse surprenante. En regardant plus attentivement, l'œil semblait pouvoir se soulever mais je n'en étais pas sûr, aussi je préférais ne rien toucher de peur de le casser. La perfection de ce bijou me rendait étrangement mal à l'aise, toute pièce avait sa place dans une organisation tout bonnement symétrique.Je contemplais une nouvelle fois le boitier et voulu remercier Brittany davantage. C'est à ce moment-là qu'elle fut appelée ailleurs et dû s'en aller.
Après cet épisode assez particulier, le reste de la journée se déroula comme à son habitude. Je découvris avec surprise que l'hiver s'était déjà installé. Mon corps ne ressentait cette froideur que trop bien en marchant vers ma voiture dans ces rues sinueuses. Même avec mon énorme pull de laine, le vent réussit à me donner des frissons.
- Tu n'as pas mis ton cadeau princesse. Dit soudain une voix en surgissant de derrière.
L'apparition soudaine d'Ekaitz eut pour effet de me faire sursauter de surprise. Je jurai dans ma barbe avant de continuer ma route, lui sur mes talons.
- Je ne sais pas ce qui est le plus bizarre. Dis-je en le dévisageant. Que tu aies vérifié l'état de mes poignets ou que tu saches que l'on m'a offert quelque chose.
Mais ma question était sans aucun doute inutile car je savais que Brittany avait sûrement dû le lui dire durant la journée, ou même avant. Il arqua un sourcil ... j'avais vu juste.
- Oublie. Je ne le mettrais pas de toute façon. Soupirais-je enfin.
- Pourquoi ça ?
Son visage exprimait de l'incompréhension totale, ce qui me fit prendre encore plus pour une imbécile. Je soupirai encore. Il ne semblait pas comprendre pourquoi je refuserais de porter quelque chose d'aussi incroyable. Mais là est tout le problème.
- Je ne peux pas c'est tout.
- Je serais toi, j'abandonnerai cette lutte tout de suite. De toute manière c'est dans ton propre intérêt de le porter.Ce fut alors à mon tour de le regarder d'un air interloqué.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Que si tu ne veux pas le regretter tu ferais mieux de mettre ce qu'elle vient de t'offrir autour de ton poignet.Son ton sérieux et sa voix grave me mirent encore plus la puce à l'oreille.
- C'est une menace ?
- Je dirais plutôt un conseil. Corrigea-t-il aussitôt.
- Tu peux te le mettre là où je pense Ekaitz. Terminais-je.Il souffla du nez avant de sourire légèrement et de tendre sa main dans ma direction.
- Passe-moi la boite.
J'hésitais quelques secondes en le regardant interloqué mais son expression demeurait toujours aussi plate et sérieuse, ainsi je m'exécutais curieuse et lui tendit le petit écrin noir dans les mains. Il me regarda à son tour, puis soudain se saisi de l'un de mes bras d'une force que je ne lui connaissais pas. Ses yeux restèrent plaqués contre les miens tandis que sa prise autour de mon poignet s'intensifia jusqu'à devenir de plus en plus douloureuse. J'essayais tant bien que mal de me retirer, en vain. Je restai complètement immobile sans pouvoir bouger le moindre muscle, contemplant avec effroi ses yeux devenir aussi électrique que l'ambiance qui planait désormais sur nous.
- Ekaitz, relâche-moi. Maintenant.
- Tu mettras ce bracelet Katarzyna.
En regardant un instant ma main je la vis doucement changer de couleur. Je sentis alors à mon grand désarroi des picotements douloureusement familier se frayer un chemin à travers mon cou en direction de mon visage. Prise de panique, je pouvais ensuite sentir un doux voile se poser sur ma vue de sorte que je ne puisse bientôt plus rien voir que du flou. Mes membres se figèrent de peur. Je ne savais pas comment réagir et me laissa faire totalement impuissante.
Mon estomac se tordit et j'eus bientôt la poitrine vibrante sous mon gros pull en laine. Incapable de bouger, la seule chose que je pouvais encore faire était de contempler Ekaitz enfiler le bracelet autour de mon poignet avant de le lâcher pour de bon. En relevant sa tête nos deux regards lumineux se croisèrent. Le mien emplis de panique, les siens d'une détermination profonde. Mon poignet fut alors libéré de son emprise, le sang pouvait continuer sa progression. Je faillis crier au soulagement. Comment cela était-il possible ?
- Pourquoi insister autant pour que je mette ce fichu truc.
Désormais en colère, je ne pus m'empêcher de dire ses mots avec une pointe d'amertume.
- Tu verras bien. Finit-il par lâcher. Il te serra utile un jour.Je le fusillai du regard alors qu'il reprenait la route.
- Ce n'est pas un poignard, Ekaitz.
Il s'arrêta alors de marcher et je me retrouvais alors face à lui. Ma main me faisait mal, mais pour rien au monde je ne le montrerais devant lui. Un nouveau poids pesait sur moi, celui de quelque chose que je ne désirais pas sur moi. Il n'était pas aussi lourd que les autres, mais assez imposant pour me déstabiliser.
- Tu serais surprise.
Mes poings se refermèrent sur eux-mêmes, quasi-instinctivement, prêts à riposter. Je me retournais une bonne fois pour toute car si ce petit jeu s'éternisait encore, j'allais finir pas faire des choses que je regretterais plus tard ... Je me reculais aussitôt ensuite.
- Je t'emmerde. Furent mes simples mots.
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