Chapitre 26 : Katarzyna
Je me réveillais ce matin sans surprise en découvrant mon magnifique œil au bord noir devant le miroir. Cette tâche était encore rouge et cerclée de violet. J'essayais de la toucher mais rien qu'en l'effleurant, mon visage fut comme parcourue d'une décharge électrique qui me fit grimacer. En me voyant, on aurait presque cru que j'avais disputé un match de catch ... En réalité c'est exactement ce qu'il s'est passé. Des courbatures parcouraient mes bras et mes jambes et des bleus de tailles variantes tachetaient tout le haut de mon corps. Je contemplais absente et impuissante dans le miroir de la salle de bains ce reflet qui était devenue le mien.
Mes yeux parcouraient en tiquant le fruit de mon combat d'hier soir. Des flashs me revinrent rapidement en mémoire. Je reculais d'un pas, les larmes me montant aux yeux sans qu'aucune ne réussisse à se frayer un chemin sur mes joues. Regardant le plafond en béton pour les faire partir, je soupirais un grand coup avant d'ouvrir la porte et de quitter la pièce. Malheureusement pour moi, je ne fus pas assez rapide et me fit interpeller par Yuma en plein milieu de mon trajet.
- Katy... Qu'est-ce qu'il t'est arrivée ? Fit-elle l'air inquiet en m'observant sous toutes les coutures, ses doigts parcourant le contour de mon œil blessé.
- Rien, ne fais pas attention. Va réveiller Nick, je m'occupe du petit déjeuner. M'empressai-je de dire en descendant les marches suivantes, la tête basse pour ne pas envenimer les choses.
Yuma ne l'entendit cependant pas de cette oreille et me retint fermement par le bras. Je ne pus réprimer une grimace ainsi qu'un gémissement de douleurs et me stoppai aussitôt.
- Katarzyna, ce n'est pas le bon moment pour me mentir.
- Yuma, s'il te plait...
- Dis-moi tout et sur le champ.
Sa voix trahissait la peur de ce qu'elle appréhendait. Il n'y avait personne à part nous deux. Je décidai donc après quelques secondes sans rien faire de lui montrer, cela vaudrait mieux que des mots. Je relevais ainsi la manche gauche de mon pull pour lui faire découvrir les deux nouvelles lettres grecques qu'arborait à présent mon bras. Je sus à l'instant où son regard devint sombre et sans aucunes émotions qu'elle avait tout compris. Après avoir posé une main sur mon épaule, elle remonta alors vers la chambre de Nick, sa destination initiale, sans aucune remarque. Le silence engloutis notre maison. Je sortis finalement vers la voiture, Nick sur mes talons. En sentant une présence derrière nous, mon corps se retourna pour trouver Yuma devant la porte, son expression devenue à présent douloureuse. Pour elle aussi, je n'étais plus qu'une meurtrière. Sur le trajet, Nick m'observa d'un œil inquiet mais ne posa cependant aucune question. Je l'en remerciais silencieusement.
J'arrivai un peu plus tard à destination et, même si l'entièreté de mon corps désiraient se morfondre sous terre, je n'eus d'autre choix que de descendre de la voiture. Je mis la capuche de mon antique manteau sur ma tête et baissa la tête, tentative désespérer pour que l'on ne voit pas ma face de catcheuse. J'aperçus enfin de loin Brittany et Ekaitz en train de discuter ensemble.
- mea parum va falloir que tu m'expliques.
- Je, euh, je suis désolé. C'est compliqué.
Brittany regarda mon œil de ses prunelles améthystes. Elle paraissait surprise et étonnée de me voir comme ainsi... je pouvais le comprendre. J'essayais en outre de ne pas croiser le regard de Ekaitz. Lui me scrutais de ses yeux bleus électriques, et je ne savais que trop bien qu'il débordait de question auxquels je ne pouvais pas répondre.
La cloche sonna et mon soulagement fut immense. Une fois rentrée en salle, certain me regardait avec dégoût, d'autre avec curiosité. Bientôt, des commérages à mon sujet se mirent à fuser tout au long de la journée et j'eus du mal à ne pas passer à côté, les étudiants des différents couloirs dans lequel je passais me lançais des regards en biais, d'autre s'arrêtaient de parler.
À chaque fois, Ekaitz, Brittany se tournèrent vers moi pour observer ma réaction. Je mentirais si je disais que j'arrivai à me contrôler parfaitement mais je réussis je ne sais comment à afficher un visage ainsi qu'une expression indifférente.
Mais à l'intérieur c'était tout l'inverse.
Le lendemain j'eus le magnifique plaisir de me retrouver seule. Je ne vis Brittany nulle part et Ekaitz n'était pas là non plus. À l'heure du midi, alors que je m'apprêtais à me réfugier dans la bibliothèque pour y passer mon heure de pause, je croisais Summer aux détours d'un couloir. Elle était en train de parler potin avec ses amies lorsque l'une d'elle me fixa longuement, je m'empressais alors de baisser la tête et d'accélérer le pas. Mais je ne pus pas y échapper cette fois non plus.
- Dis, tu t'es pris ton balai dans la gueule ou quoi ?
Ses amies et elles ricanèrent. Quant à moi, je m'empressai de continuer ma route en les ignorant du mieux que je pouvais. Une d'entre elle allait se prendre mon poing en plein dans son visage aux mille nuances de maquillage si je m'attardais encore quelques instants. Près des étagères et entourés de l'odeur d'encre et de produit nettoyant, j'étais heureuse de trouver le silence mais surtout la sécurité. Mais ce sentiment fut de courte durée.
En effet, les jours passèrent et Brittany et Ekaitz ne daignèrent pas montrer leur visage. Un jour passa ensuite, puis deux, puis trois, une semaine ensuite, un mois entier, sans aucune nouvelle d'eux. Aucun ne répondais à mes messages ni à mes nombreux appels alors je décidais d'abandonner. La vie avait finalement repris son cours. J'allais en cours, je rentrais chez moi, je m'endormais, me réveillais pour de nouveau retourner en cours.
Finalement au bout du deuxième mois, je ne tenais plus en place. Mes pensées obsessives reprirent vite le dessus sur ma raison. Mes mains saisirent alors mon portable une ultime fois et appela le numéro de Brittany
- Je t'en prie, répond. Ne me fais pas peur comme ça.
Une fois n'est pas coutume, mes oreilles furent confrontées au silence radio. Cela me mis encore plus la pression et je m'imaginais à présent des scénarios allant aux plus improbables ... Les Abolitions, il y a forcément un lien. Je ne voyais pas d'autres explications à cette longue absence.
Après de longues et interminables semaines alors que je lisais dans ma chambre un week-end, la sonnerie de mon portable se mit à retentir, me faisant faire un bond de surprise. Je le contemplais longuement avant de le prendre. Un numéro inconnu. Je ne décrochais pas tout de suite, pensant qu'il s'agissait d'un faux numéro et parce que je ne dois jamais répondre à quelqu'un d'autre que Yuma. Quelques secondes de sonneries passèrent puis le calme engloutis une nouvelle fois la pièce. Mais cinq minutes plus tard mon portable sonne de nouveau. Je le saisis directement cette fois-ci. C'est le même numéro.
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