Chapitre 23

Aujourd'hui, Brittany n'était pas là et Ekaitz ne pouvait tout simplement pas se rendre en cours aux vues de ce qu'il se passa il a à peine trois jours. Les dissertations n'étaient pas vraiment sur sa liste de prédilection pour le moment. Les cours se succédèrent alors les uns après les autres à une lenteur historique, je ne me rappelle d'ailleurs même pas avoir regardé l'horloge autant de fois en une journée.

Lorsque la cloche sonna enfin. Je n'avais pas besoin d'aller chercher Nick aujourd'hui, ainsi je marchais tranquillement vers la sortie puis en direction de la voiture. Je ne l'avais pas garé devant le Starbucks comme à mon habitude, car j'avais de plus en plus de mal à ne pas ignorer les regards étranges de la serveuse au fard à paupières noir. Je me retrouvai donc à marcher seul un peu plus loin que d'habitude, les mains dans les poches.

Soudain, dans un trottoir à l'embouchure d'un bar en pleine ébullition, je sentis que je n'étais plus seule. Quelqu'un était derrière moi. J'accélérai le pas et faillis crier de peur quand j'entendis que la personne derrière moi accéléra le pas elle aussi... C'est alors que l'on m'attrapa violemment par le bras pour me faire tomber à terre devant une allée sombre.

Le cœur battant la chamade, je me relève le plus vite possible, titubante, pour découvrir devant moi deux hommes ... armés de couteaux dans leurs mains. Je découvris avec horreur deux colosses aux cheveux gras et aux multiples bagues. Un des deux avait un œil de verre. Leurs chemises déboutonnées jusqu'au torse étaient tachetées de sang séchés par endroit et leurs épais manteaux cachait d'autres armes attachées à leur ceinture de cuir. Le tout était couronné par des pantalons usés et des chaussures couvertes de boue.

- Comment tu vas, ma jolie ? Fit le plus petit des deux.

- Ce n'est pas trop une bonne idée de sortir seul de nos jours, tu sais.

Œil de verre se précipita alors sur moi et m'entoura de ses bras et de son odeur de cadavre. J'en eus des relents. Dans un mouvement de panique je mordis de toutes mes forces mon assaillant qui finit par me lâcher dans un hurlement de douleur. J'eus juste le temps de recracher par terre que l'acolyte du gars puant fonça dans ma direction et m'enfonça un bout de tissus profondément dans la bouche. Prise de panique, je me mis à gigoter dans tous les sens et finis par donner un coup de poing dans son entrejambe.

Je ne m'arrête pas là et lui assène une horde de coup bien placée dans les côtes et le nez – qui craqua dans un bruit sourd et sec. Le corps s'affaissa. Mais je n'étais pas encore sorti d'affaire. En effet, celui que j'avais mordu revint à la charge en m'envoyant un poing tout droit sur mon œil gauche. La force fut telle qu'elle me propulsa contre un cul-de-sac, je m'affaissai, respiration coupée, une main sur ma blessure. Je regardais mes doigts, stupéfaite...

-Tu as de la chance qu'on ne puisse pas te tuer, mon couteau me démange atrocement.

Du sang ... Mon sang était en train de couler de mon œil...

Ils m'ont blessé...

Ils n'auraient pas dû.

Je sentis à présent ces petits picotements, pareil à des fourmis parcourir mon visage, mes yeux avait changé de teinte. Ma vue se troubla ... je n'étais plus Katy, mais cette tueuse assoiffée de sang.

Et ces idiots ont osé faire couler le mien.

Je relevai la tête dans leur direction et vis qu'ils restèrent un moment immobile, avant de revenir à la charge. Je me dirigeai alors vers eux sans hésitation en me relevant d'un geste vif. Je donnais des coups de poing, de pied, de tête. Je ne contrôlai plus mes mouvements. Les deux hommes se remirent debout avant de m'attaquer de nouveau, m'assaillant de toutes part, me donnant des coups de poing de toutes leurs forces dans le ventre, le dos et les jambes pour me forcer à me mettre à terre. Enchaînant des crochets du droit avec des coups de genoux, la lutte devint de plus en plus facile à force de recevoir leurs maigres défenses. L'adrénaline fusait désormais dans mon sang à une vitesse démesurée. Je les cognais jusqu'à ce que mes bras me fassent mal.

Mais j'en voulais plus.

Alors je finis par prendre des débris de bois en quatrième vitesse et en planta un dans chaque corps. Ils eurent des hoquets de suffocations avant de crouler sur le sol, inerte, et je les laissai là.

Les picotements dans mon visage cessèrent brusquement et ma vue redevint normal.

Je reculai à présent en les regardant encore... puis arracha mon sac des mains d'un des cadavres avant de me mettre à courir pour de bon vers ma voiture. Je voulus démarrer mais une douleur extrême se fit sentir dans mon bras gauche me faisant tomber à la renverse dans le coin d'une rue juste à côté. Je m'effondrais, ma respiration cessa soudain et de violente contractions me plièrent en deux, les larmes aux yeux. Je soulevai finalement, tremblante et suante, la manche de mon pull.

- Non, non, non ...

J'observais en larmes les marques noir ébène qui étaient en train de se former ... La douleur devenait insupportable et je me mis à étouffer mes gémissements de ma main libre, La mordant le plus fort possible jusqu'à avoir un gout de métal dans la bouche. Après de longue minute qui furent pour moi une éternité, je ne sentis plus rien et trouva le courage d'enfin regarder mon épaule.

À côté de mon ancienne marque apparurent deux autres, de la même nuance sombre que la première. Je contemplais le nouveau petit tatouage que j'arborais à présent deux trois symboles avant de me mettre à contempler mon bras dans un silence écrasant.

Je les avais tués, et j'en arborais les preuves.

Passa un moment où je décidai de me relever et de reprendre le chemin en direction de ma voiture.

Εκλ

Meurtrière tu ne peux pas t'en empêcher, la mort est dans ton sang et les preuves sur ton bras...

Non, ce n'était malheureusement pas un mauvais rêve. Je mis enfin la voiture en marche et roula. Cette marque était ma plus grande faiblesse.

Parce qu'elle signifiait que j'avais tué des gens.

Parce qu'elle signifiait que je n'avais pas de limite.

Parce qu'elle signifiait que je n'étais pas humaine.

Je ne suis pas assez idiote pour ne pas savoir que ces marques étaient du grec. Seulement j'ai trop peur de chercher ce qu'elles veulent dire.

Pour moi ces marques signifiaient la mort.

C'est tous ce que je devais savoir.

Arrivée à la maison, aucun mot ne réussit à sortir de ma bouche. Je ne pouvais plus rien avaler non plus. Yuma me lançait des regards inquiets mais la seule chose que je réussis à produire fut un sourire tordu et sans émotions. Le moment venu je me précipitai dans ma chambre sans même lever ma tête et m'étalai de tous mon long sur mon lit. Je relevais ensuite la couverture jusque mon menton et c'est ce moment-là que Nick choisit pour venir.

- Katy ça va ? Son ton lui aussi inquiet me serra le cœur.

- Ça va Nick, ça va. J'ai un peu mal au ventre, voilà tout.

- Ah oui je vois, maman aussi quelquefois elle a mal au ventre. Il lui reste des cachets si tu veux.

Je me retournai vers lui et lui fit un grand sourire, parce que je savais ce qu'il insinuait. Il me fit un bisou sur la joue et je le serai fort dans mes bras quelque instant, il sentait le shampoing pour bébé - celui qui ne pique pas aux yeux. Il finit par quitter la chambre me laissant seule, moi et mes marques morbides.

Savais-tu, Nick, que dans ta maison se trouvait une meurtrière ?

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