Chapitre 22 : Katarzyna

Aux alentours de midi, je me dirigeai avec Brittany vers la sandwicherie où nous rencontrâmes Ekaitz. Comme à chaque fois, je ne savais pas vraiment comment me comporter lorsque nous étions avec lui, je pouvais lui parler calmement comme je pouvais l'envoyer balader à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Le pire dans tout ça, c'est qu'il semblait s'en amuser et prenait un immense plaisir à se moquer de moi. Bientôt, Brittany dut partir. Un silence pesant s'installa alors et je croquai des bouts de mon sandwich pour combler le vide.

- Tant que j'y pense, tu ne m'as toujours pas dit de qui tu renaissais Princesse, je vais finir par croire que tu ne veux pas me le dire.

Il me prit de court mais je fis tout pour ne rien laisser paraître sur mon visage.

- Je ne veux pas te le dire. Lâchais-je finalement.

Il ne semblait pas étonné de ma sincérité ni de ma réponse brève.

- Pourquoi donc ?

- Tout simplement parce que.

Il ne rétorqua pas et je m'empressais de changer de sujet. Cette ambiance devenait sérieusement pesante. Je maudis intérieurement Brittany d'être partis ailleurs.

- Ta recherche avance-t-elle ? Sur la Reine je veux dire.

- Tu ne réponds pas à mes questions, je ne vois pas pourquoi je répondrais aux tiennes. Fit-il

Je m'en doutais.

Les autres étudiant couvraient l'atmosphère de leurs sons, de leurs rires et de leurs discussions. Un groupe de personnes visiblement populaire fit son entrée dans la cour principale dans laquelle nous nous trouvions. Aussi rapidement sont-ils apparus, aussi rapidement un amas d'autres étudiants virent les encercler de toutes part jusqu'à ne plus les distinguer parmi cette masse humaine. Après encore quelques minutes, je me dis qu'il valait mieux m'en aller et trouver refuge dans un des milliers de couloirs que compte ces bâtiments en attendant la reprise des cours. Je m'apprêtais ainsi à me lever lorsqu'Ekaitz me pris par le poignet, d'une force qui me surpris et sans même me regarder, m'empêchant de produire le moindre geste tandis que lui finissait son repas dans le plus grand des calmes.

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- Je t'empêche de t'en aller. Retoqua-t-il aussi naturellement que possible.

- Tu me fais mal, et puis je dois partir.

- Mensonges.

J'abdiquai et soupira, il produit un sourire satisfait et me fis rasseoir à ma place. Quant à moi, je me contentais de toucher mon poignet endoloris et de reprendre une bouchée de mon sandwich, regardant ailleurs que dans sa direction. Il m'avait vraiment coupé la circulation, comment cela était possible ? Je sais que je ne suis pas une athlète mais je ne suis pas une feuille non plus. J'essayais juste après cela de repérer un autre groupe d'étudiant avant que celui ne finisse comme le précédent, enfouit dans une masse de corps transpirant l'admiration et la superficialité.

- Une nouvelle attaque d'Abolitions s'est produite hier à l'Est. Un attentat terroriste assez important aux vues de la densité de population présente.

Je pris un moment avant de redescendre de mes pensées et de répondre, avalant l'annonce soudaine qu'il venait de faire.

- Le nombre de victimes ? Demandais-je soudain intéressée par ce qu'il venait de dire.

Il me regarda avant de lâcher un sourire pour je ne sais quelle raison avant de poursuivre.

- Une centaine, soit cinquante de plus que la dernière attaque il y a une semaine dans le Nord.

Mon sang ne fit qu'un tour.

- Les attaques ont l'air de se concentrer de plus en plus vers cette ville pour une raison que j'ignore actuellement. Même si elles ne sont pas toutes à cet endroit précisément, la majorité d'entre elles se situait dans les environs.

Une boule vint se former au fond de mon ventre si bien que j'eus bientôt la nausée. Étais-ce une coïncidence, ou se pourrait-il que... non. Impossible.

- Nos troupes ne se trouvait malheureusement pas sur place et aucune indication transmise ne ciblai cet endroit. Il semblerait qu'Ils aient joué la carte de la surprise cette fois encore, cela a de nouveau parfaitement bien marché.

- ... Pourquoi ?

- Pourquoi une attaque surprise ?

- Non, pourquoi me dire tout cela alors que ça ne me concerne pas le moins du monde.

Ekaitz pris le temps avant de répondre en regardant droit devant lui.

- Tu es l'une des nôtres. Tu fais partis de notre communauté et de mon peuple, alors peu importe de qui tu renaît cela te concerne forcément. Indirectement tu es impliqué dans ce conflit, il me semble donc légitime pour moi de te faire part de ce qui se passe. Les médias ne tarderont pas à faire entendre ce massacre de toute manière, mais ne dirons pas tous les détails. Eux et les autres ne comprennent pas ce qu'il se passe, ils feront passer cela comme un nouvel attentat terroriste en pensant brouiller les pistes.

- Tu veux dire qu'il y a des Abolitions dans la presse médiatique ?

Sa tête se tourna dans ma direction.

- Il y en a partout.

Ma nausée s'accentua davantage et je déglutis.

- Comment comptes-tu régler ce problème.

- Comme je le fais à chaque fois. Se contenta-t-il de dire.

Mon ventre se tordit et la tête se mit à me tourner. Nous restâmes un moment à ne rien dire. J'aurai aimé continuer à parler, à continuer à le questionner, mais c'est comme si tout effort devenait impossible à réaliser. Comme si la boule dans ma gorge m'empêchait de prononcer la moindre syllabe.

- Tu ferais un bon soldat si tu veux mon avis.

Il se pencha en avant, les coudes sur les jambes, et posa sa tête dessus. Il se contenta ensuite de me toiser de son regard topaze électrique. J'arrachais des petits bouts de papier entourant mon sandwich pour me donner de la contenance. Mais je sentais son regard qui me scrutait, essayant de voir en moi comme dans un livre ouvert. À cet instant précis j'aurais aimé me retourner et lui coller une gifle monumentale pour avoir osé me regarder comme ça, mais je me retins. Il ne fallait pas que j'oublie qui se tenait à côté de moi.

- Désolé mais ce n'est pas trop mon truc et... ce que tu as vu la dernière fois, je ne sais pas le contrôler alors très peu pour moi. Mais merci de la proposition. Terminais-je.

- Je suis parfaitement sérieux Katarzyna, Tu devrais rejoindre mes unités et nous aider dans cette guerre. Je pense que tu es un élément clé de notre réussite. Pour ce qui est de ce petit problème, je sais que cela est parfaitement maîtrisable. D'autres sont passés par le même chemin que toi et font désormais partit de mes meilleurs alliés. Considère cette proposition comme une offre concrète. Je ne plaisante pas, crois-moi.

Je lus sur son visage que ce qu'il venait de me dire était la stricte vérité. Cependant je ne pouvais pas accepter une chose comme celle-ci. J'ai changé de vie moi et ma famille à un prix trop important pour renier mon anonymat tant convoité. Maintenant que je le possède, un retour en arrière n'est plus dans mes priorités.

- Je... euh...

Je n'eus pas le temps de m'exprimer que la sonnerie annonçant la fin de la pause retentit dans tous les recoins de l'établissement. Ekaitz posa une main étrangement lourde sur mon épaule gauche, ayant comme effet de me faire tressaillir intérieurement.

- Réfléchis bien à ce que tu veux vraiment.

Il s'en alla bientôt engloutis à son tour dans une marée de corps humains. Je partis à mon tour et termina cette journée plus qu'éprouvante.

Le soir-même, un attentat terroriste d'une ampleur hors du commun fait la une de toutes les chaînes d'informations, locale comme internationale.

Le lendemain, une minute de silence est organisée à l'université en hommage aux milliers de victimes mortes et disparus lors de l'attaque.

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