Chapitre 21
- Je n'arrive pas à y croire, tu... tu te tiens devant moi comme si de rien était ... non, c'est beaucoup trop. Tu ne devrais pas être ici normalement.
Elle et moi marchions lentement sur un des innombrables trottoirs que compte Los Angeles. Ses yeux me regardaient et semblaient incrédule. Réactions normales de sa part.
- Comme Je viens de te le dire, je recherche la Reine depuis des décennies déjà. Cette université n'est pas la première que je visite ...
... Et visiblement pas encore la dernière. La tension monte de plus en plus tout autour du globe. Les Abolitions se font plus nombreuses. Leurs attaques se multiplient et sont de plus en plus sanglantes.
Les victimes ne se comptent plus.
Le temps joue contre nous.
- Dis-moi Katy, de qui renais-tu ?
Elle ne répondit pas immédiatement, réfléchissant à la réponse qu'elle allait me fournir.
- Depuis des décennies ? Alors tu ne dois plus être tout jeune. Ironisât-elle.
Ignore-t-elle ouvertement ma question ?
- En réalité je suis née au vingtième siècle, plus précisément en 1913, juste avant la première guerre mondiale.
Je levais la tête en regardant le ciel tacheté d'étoiles cachées par la pollution. Je continuai à marcher, puis me rendis compte finalement que Katarzyna ne me suivait plus... encore une fois. Je me retournais et la découvris immobile. Elle paraissait soudain blême et perdue. Toute nuance de couleur avait quitté son visage.
- Dis-moi, c'est ta marque de fabrique marcher puis t'arrêter à n'importe quel moment ?
- Tu parles sérieusement ? Dit-elle soudainement, ignorant ma remarque sarcastique.
- Attend, tu ignorais sincèrement ce détail ? Répondis-je réellement surpris par son ignorance.
Elle répondit d'un hochement de tête de positif. Je lâchai un soupir.
- Toi, tu n'es vraiment pas comme les autres.
- Viens en au fait.
Son ton direct, qui se voulait autoritaire, traduisait cependant une once de méfiance.
- C'est assez complexe. Les Renaissants portent en eux l'âme d'une Divinité mythologique, et ceux dès la naissance. Nous sommes en quelque sorte des élues choisis pour sauver la planète d'une menace grandissante. Il est malheureusement impossible de savoir quelle Divinité nous portons en nous, ni même parfois si nous en portons une. Seule la Vision à le pouvoir de nous le révéler.
Je venais de balancer le strict minimum, marquant des pauses aussi souvent que possible. Si je voulais lui expliquer en détail tout ce que je savais, une éternité ne suffirait sans doute pas pour tout dire. Au bout d'un moment, son regard jusque-là diriger vers le vide se recentra vers mon visage.
- Je... ne comprend absolument rien. Quelle est cette histoire de vision ?
- La Vision fut créée par Cronos, dieu du temps. Il l'a ensuite déposé en chacun de nous avant de renaître lui aussi des siècles plus tard.
- À travers un humain.
Je hochais la tête avant de poursuivre.
- Elle s'exprime différemment en fonction des individus, mais rien ne change au fait que cela est un poison que seuls les plus résistants peuvent prétendre à combattre. À partir de ce moment, il faut compter cent ans durant lequel notre organisme continue de grandir mais à une lenteur impressionnante. Au bout de notre centième année après la Vision, Tout s'arrête. Pour l'éternité.
En prononçant ces paroles, je me remémorais les Visions qu'on eut tous mes amis les unes après les autres. La gêne, la douleur, la souffrance, puis l'agonie. Meryl et William ont eu des cauchemars incontrôlables. Marcus, Dia, Angelo et Charlie, quant à eux, ont vue des flashs des centaines et des centaines de fois jusqu'à en perdre la tête. Enfin, Perry et Abby ont eu des hallucinations atroces. Perry a d'ailleurs failli en perdre la vie. Il voulait sauter d'un immense bâtiment d'une soixantaine d'étage pour les faire partir définitivement, lorsque Dia se trouvait en patrouille à cet endroit-là Il était devenu de plus en fou, rien ne pouvait plus le faire revenir dans un état normal. Si elle n'était pas présente à ce moment, le pire ce serait produit... comme cela a déjà été le cas auparavant. Je n'ai d'ailleurs jamais vue quelqu'un souffrir de la vision autant que lui.
- Mon Dieu...
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça. Dis-je en m'extirpant de ces pensées que je préfère plus que tout oublier
Pour réponse, elle me lança un regard assassin à vous plaquer sur place. Ses yeux recommençaient à briller très légèrement.
- Tu es en colère ?
- Non ... je suis perdu, je ne comprends plus rien. J'ai l'impression d'avoir reçu un seau d'eau glacé sur la tête.
Son long soupir me parvint et je ne pus qu'attendre qu'elle prenne cette pilule dure à avaler.
- Tu ne voudrais pas m'en dire plus sur ce que nous sommes ? Je veux dire... j'ai bien compris que j'ignorais tout en ce qui nous concerne alors j'aimerais bien que tu m'en apprennes davantage.
- J'ai bien peur que nous n'ayons pas le temps pour cela princesse. En revanche tes parents pourraient t'éclairer, c'est ce qu'ils auraient dû faire depuis le début.
Elle parut hésiter avant de répondre.
- O-oui bien sûr, je suis bête. Laisse tomber. Fit-elle soudain gênée.
Nous étions à présent devant sa maison, qui était assez petite vue de l'extérieur, et ma remarque laissa un nouveau silence prendre place entre nous. Bien que cela ne m'affecta pas le moins du monde, ce n'était pas le cas de Katarzyna qui tournais sans cesse la tête à la recherche de quelque chose de divertissant à regarder. Peine perdue.
- Hey, tu ne m'inviterais pas à entrer ? Dis-je. Qui sait, peut-être que je pourrais commencer à t'apprendre des choses moi-même. Disons dans ta chambre.
Elle afficha un air à la fois las et bougon mais se prêta à mon jeu à mon grand soulagement.
- Tu risquerais d'avoir une drôle de surprise, et puis ce n'est pas vraiment mon truc de prendre de l'avance sur mes devoirs.
- Si ce sont tes sous-vêtements traînants un peu partout qui te dérangent, sache que tu n'as pas à t'en faire. J'aime beaucoup le dépaysement.
Je lançais un regard en coin et Katarzyna sourit légèrement.
- Tu t'en éloignes, je pense que cette surprise ne te plaira pas le moins du monde.
- Mais si elle vient de toi, elle est bonne à prendre. Fis-je en lui donnant un léger coup de coude
Elle s'écarta et secoua la tête mais un nouveau rictus la trahis.
- Plein aux as et dragueur.
- Et bel homme. Ce n'est pas la même chose. La corrigeais-je
- Plein aux as, dragueur, « bel homme », et modeste, tu as tout pour plaire. Ironisa-t-elle
- Là, je ne sais pas trop si je dois être offensé par ton sarcasme ou par le fait que tu aies mis des guillemets.
- Plus sérieusement, si Yuma me voit ramener uquelqu'un à la maison, elle piquera une crise et t'enverra son pied dans ton arrière-train royal sans hésiter.
Cette fois, c'est moi qui souris sincèrement.
- Hm... après mûre réflexion je pense que je vais te laisser ici. Je n'ai pas mis l'hôpital comme lieu de visite sur ma liste.
Elle me fit un salut de la main avant de finir son trajet.
- Au fait, merci.
Je hochais la tête, ne sachant pas vraiment si elle me remerciait pour l'avoir raccompagné chez elle ou pour lui avoir évité une découverte hasardeuse. Je continuai alors ma route ... pour me rendre compte que, sur le chemin, elle n'avait répondu à aucune de mes questions. Au lieu de ça, elle s'était contentée de détourner mon attention sur un autres sujet. Je m'étais fait avoir comme un débutant.
Pas mal Katarzyna, pas mal.
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