Chapitre 16

J'accélérai ma course vers la sortie puis me ruais quelque part dans les rues sombres, non sans avoir de nouveau bousculé violemment des gens au passage. Je ne savais pas dans quel direction mes jambes me conduisaient avant de voir que je m'enfonçais dans une sorte d'endroit plein d'arbres. Un parc sans doute. Ceux-ci semblaient former une cage protectrice autour de moi, aussi je m'y enfonçais encore un peu plus. Les fourmis envahirent finalement l'ensemble de mon corps... Je ne pouvais plus lutter davantage, mon cœur explosait sous ma poitrine, mon corps anesthésié ne voulait plus répondre à mes commandes.

Je laissai enfin la bête en moi sortir.

« Je n'étais plus Katy, mais une tueuse assoiffée de vengeance ... de sang. »

Je donnai des coups de poings et de pieds rageurs dans l'écorce de l'arbre le plus proche de moi, ne prenant plus la peine de me contenir. Des hurlements de colère sortirent de ma bouche sans que je ne puisse plus les retenir et les coups redoublèrent de force. Les gens pouvaient bien me voir ainsi et appeler les secours, je n'en avais plus rien à faire à présent.

Lâche-toi, ne te contiens plus, ne te retiens plus. Laisse cette colère et cette rage prendre le dessus sur toi-même et laisse-moi te montrer à quel point tu ne dois craindre personne. Car c'est à eux d'avoir peur de Nous.

Les flashs dans ma tête redoublèrent.

- Non, non, non !

« ... l'adrénaline fusait dans mes veines à un rythme anormalement puissant... Soudain, son taux dans mon corps fut multiplié par 10. Je trouvais Ethan aussi léger et fragile qu'une plume ... »

Les plaintes que je hurlais devinrent de plus en plus fortes, poussant contre ma poitrine pour pouvoir partir. Ce n'était plus de simples cris bruts mais bien de véritables chants mortuaires qui s'échappaient de ma bouche en notes de musique écarlates. J'écrasais l'arbre de toutes mes forces, ne me préoccupant plus de rien d'autre que de ma cible.

La scène se jouait à présent de nouveau devant moi, j'avais beau tourner la tête dans tous les sens pour la contourner, j'avais beau courir encore plus profondément dans ce parc, ce que j'avais vécu il y a de cela trois mois recommençait en boucle devant mes yeux horrifiés. Mon esprit me disait bien que cela n'était que dans ma tête, mais mon cœur le ressentait comme une réalité d'une froideur cinglante.

Je pouvais me voir le torturer comme une furie, je me voyais dansant autour de lui tel une bête célébrant sa proie pour pouvoir mieux la savourer. Les arbres autour de moi subirent cette pression que je voulais à tout prix rejeter de ma poitrine. Je ne supportais plus de voir ces images défiler en série dans ma tête, mais je ne pouvais rien faire d'autre pour les faire partir que de frapper tout ce qui se trouvait devant moi.

« ... alors comme une poupée vaudou à laquelle on arrache et torture les parties du corps une à une, je n'eus aucun mal à le faire souffrir moi aussi ... »

Je pouvais le voir qui essayait de me rendre les coups que je lui donnais pour enfin s'avouer vaincu et tomber à la manière d'une masse inerte, sans plus la moindre once de vie à l'intérieur. Je pouvais entendre ses rugissements de haine puis de douleurs. Ses gestes d'abords puissants puis affaiblit au fur et à mesure où je m'acharnais sur lui. Je pouvais sentir sur mes paumes les battements de son cœur qui s'affaiblissaient pour finalement ne plus être.

- Non arrêtez ça, Arrêtez, ça suffit !

Au contraire, rien ne suffira plus qu'entendre les cris d'agonie de tes ennemies. Rien ne suffira assez pour laver ces jours de hontes et de trahisons. N'aie pas peur de regarder en face ce que tu as accomplie grâce à Moi. Observe comme il s'incline désormais devant Notre puissance, il n'est plus une menace. Personne ne doit l'être pour toi, car personne ne l'est pour Nous.

La bulle dans laquelle je me trouvais à présent semblait avoir rejeté la notion du temps. Si bien que je ne savais pas combien de temps je fus dans cet état intense.

Mon cœur ne supportait plus de voir cela, mais j'avais beau fermer les yeux aussi forts que possible, ses cris continuèrent de se frayer un chemin dans mes oreilles, et son visage rempli de haine transperça mes dernières barrières.

Tout à coup, La force qui me permettait de transformer tout ce que j'avais en moi en arme de destruction massive disparus aussi vite qu'elle apparut... et tout aussi douloureusement.

Je craquai alors et m'effondrai au sol comme cette même masse inerte que je ne pouvais plus voir, poussant des cris que j'essayais en vain de contenir dans les manches de mon pull. Martelant à présent le sol de mes coups rageurs une douleur fulgurante assaillit tout à coup mon crâne, comme si quelque chose semblait vouloir se retirer de mon corps. Je n'y tenais plus et soutint ma tête à l'aide de mes deux mains. La souffrance progressa en intensité à un point où je ne me rendis compte que j'essayais d'arracher mes propres cheveux, voulant tant bien que mal enlever l'atrocité qui logeait à l'intérieur de mon être.

Lorsqu'un bruit se fit entendre.

Je n'y prêtai pas attention et préférai me concentrer sur les vibrations que causaient ce je-ne-sais-quoi, jusqu'à ce que les bruits semblent se rapprocher dangereusement de moi. Mais mes yeux étaient toujours en dessous de ce voile qui me floutait la vue. Passa ainsi une quinzaine de minutes environ où je véhiculais ma colère et ce qui me faisait mal sur tout ce qui m'entouraient, tandis qu'une présence qui m'était inconnue se contentais de ne rien faire.

Je pouvais la sentir. Ma petite personne à finalement préféré se loger dans un coin reculé de mon esprit, afin de laisser place à cette chose qui prenait désormais le contrôle. Néanmoins je pouvais bien sentir que quelqu'un était là et qu'il m'observait, sans doute avec horreur.

Puis je sentis soudain que l'on essayait de me relever par le bras.

Non, il doit partir. Il ne doit pas rester ici...

- Barre-toi d'ici ! Criais-je à l'inconnu.

Mais le membre qui me tenait ne semblais pas me lâcher et continuait d'essayer de me lever.

- Fuge Hominum* !

Je me tordais désormais dans tous les sens et donnais des coups, avant d'en mettre un dans un tronc d'arbre, la rage revint cette fois encore plus forte que tout à l'heure et cette chose ne semblait pas esquisser le moindre geste.

Trop tard.

Je me précipitais sur ma nouvelle cible et lui envoya une horde de coup de poing, qu'il réussit pour la plupart à éviter, ce qui me rendit encore plus en colère. Cet individu était réellement puissant et le combat que nous menions ne s'en retrouvait que plus intense. Les fourmis semblaient danser une valse endiablée à l'intérieur de mes veines et mes mouvements ainsi que les siens devinrent aussi rapides que des éclairs.

Mais plus notre joute durait et plus nos échanges me parurent difficile. Mon corps se fatiguait progressivement. Je sentis tout à coup une décharge électrique d'une puissance énorme, qui fusa dans mon corps à la vitesse de la lumière, électrifiant tous mes membres.

Je poussai un dernier hurlement de douleur avant de tomber au sol, inconsciente.

« ... Il ne bougea plus. Ses membres étaient pliés dans des sens improbable et son regard était figé dans une expression de douleurs ... »


* Fuyez Humain !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top