Chapitre 15 : Katarzyna
Je ressentis soudain comme une décharge électrique en plein dans mon cœur et ne pouvais pas en croire mes oreilles. Même si je le voulais, je ne pouvais même plus parler. Mes cordes vocales avaient tout à coup refusé de produire le moindre son. La regardant ainsi de mes yeux à présent incrédule, j'espérais avoir mal compris ce que je venais d'entendre.
Je ne l'espérais pas pour moi, cependant.
Je l'espérais pour elle.
- ...
- Tu n'as rien à ajouter Sabrina ? Une formule magique peut- être ? Toujours une apprentie ou t'a réussi l'examen cette fois ? Me demanda Summer, l'air faussement intrigué.
Tessa en profita pour en rajouter une couche.
- Va falloir que tu nous racontes un jour... Mais pas aujourd'hui on n'a pas le temps, dommage.
Vous n'avez pas le temps pour cela mais vous prenez vos aises à m'enfoncer plus bas que terre. Regardez-vous, mécréantes, vos sourires ne font que s'élargir au fur et à mesure où je descends vers le sol... Mais sachez que Nous saurons vous le faire payer à un moment où à un autre. Je serais également honoré d'être la première.
- ...
J'eus un petit sursaut de surprise et haussa un sourcil en entendant des pensées qui n'étaient visiblement pas les miennes. Des chuchotements se firent entendre autour de moi. Les étudiants se posaient des questions sur mon sujet. En regardant aux alentour, je pouvais aisément distinguer les mêmes regards que lorsque je me suis vautré devant toute la salle de cours ce matin.
Des regards moqueurs et curieux, des regards de stupeur, de haine. Certains se posait des questions, d'autres se riait de la situation. En voyant quelqu'un sortir son portable, dans le but de probablement filmer cette scène et de la montrer à tout le monde plus tard, ma respiration se bloqua net. Mes muscles se raidirent automatiquement et mon sang ne fit qu'un tour.
Ça recommence.
Lorsque ma respiration reprit, elle s'accéléra aussitôt face à la panique qui tentait de se frayer un chemin vers moi. Mon pouls s'affola avec lui.
- Allez, fait nous une petite démonstration. Me commanda mon interlocutrice.
- Tu crois que ce que Summer dit est vrai ? Chuchota une personne à son voisin.
- Regarde-la, c'est vrai que c'est douteux... Marmonna une autre fille derrière moi.
Non, non, vous ne comprenez donc pas.
J'inspirais longuement en comptant mentalement jusque dix à l'envers, comme Yuma me l'avait appris.
Respire, respire, je t'en supplie calme-toi.
- Rends-moi mes affaires Summer. Me contentais-je de dire les dents serrées, car le feu en moi bouillonnait de plus en plus.
- Une chose que tu dois savoir, Dit-elle en ignorant ma demande, Les sorcières dans ton genre ne méritent pas de m'appeler par mon nom.
Son regard dédaigneux me mis les nerfs à vifs, et je craignais, oh oui je craignais, que ce feu ne déborde.
Ma respiration devint saccadée, des picotements familiers se firent alors ressentir dans mon visage. Mon cœur allait lâcher à force de battre aussi vite et je pouvais parier que l'on pouvait voir ma poitrine vibrer à travers mon large pull.
- Rend. Moi. Mes. Affaires. S'il te plait.
Je tendis une dernière fois la main dans l'espoir qu'elle me rende ma pochette. Les yeux toujours déviés de leurs trajectoires vers le sol et mon sac replié contre moi. Elle recula de dégoût et gifla ma main pour l'envoyer balader.
- Beurk, tu fais la manche la sorcière ? Tu vas faire quoi après, me transformer en citrouille ?
- ...
- Si tu fais ça, tu pourrais rendre la citrouille rouge, c'est la couleur du moment... Enfin, les filles de ton genre n'en n'ont rien à faire alors peu importe... Tu seras un amour. Se moqua-t-elle.
Oui tu seras rouge, blasphématrice.
Rouge de ton propre sang.
Et tu me supplieras de t'achever une bonne fois pour toute.
Des paroles qui n'étaient pas les miennes commencèrent à fuser à l'intérieur de mon esprit, et des flashes se mirent à éclater dans ma tête. Moi en train de menacer Yves. Moi qui le bouscule. Moi qui le torture. Moi qui le tue ...
« Je n'étais plus Katy
Mais une tueuse assoiffée de vengeance.
Assoiffée de sang ... »
Un surveillant plutôt âgé arriva alors et je ne pus que continuer de garder ma tête baissée, ma respiration aussi difficile à contenir.
- Quel est donc cet attroupement ? Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce qu'il se passe ici ?
- Rien monsieur, nous faisions simplement connaissance avec la nouvelle ! N'est-ce pas vrai Katy ? Au fait, j'ai un cadeau de bienvenu pour toi ma belle, tu nous avais bien dit que tu venais du Mexique hein ? Fit Summer d'une voix aussi innocente que celle d'un agneau, me rendant ma pochette avec tous les portes- bonheurs qu'il y avait initialement dedans.
Je menace.
Je torture.
Puis je tue.
- Est-ce vrai, mademoiselle ?
- ... O-oui. Murmurais-je le souffle court. Merci. Summer.
Je vais craquer, je vais craquer, je vais craquer. Il faut que je sorte VITE.
« Souffrir.
Je voulais le faire souffrir. Je voulais le voir souffrir.
Je voulais que la souffrance soit la seule chose à laquelle il pense en me voyant. »
De longues secondes passèrent qui semblèrent pour moi être des heures, où le surveillant nous scruta essayant tant bien que mal de se persuader qu'il n'y avait rien.
- L'université va fermer ses portes, je vous prie de bien vouloir sortir maintenant. Que je ne voie plus personne dans ces couloirs avant demain sept heures est-ce clair ?! Ordonna-t-il simplement avant de rester près de moi.
Il n'a finalement pas cru à ce qu'elle disait.
Le troupeau acquiesça puis finit par se disperser dans les rires et les commentaires indiscrets. Le vieil homme qui m'avait défendu posa une main protectrice et bienveillante sur mon épaule avant de déclarer.
- Êtes-vous sûr que tout va bien mademoiselle ?
Je ne lui répondis pas, le poussai malgré moi à l'aide d'une de mes mains et courais maintenant de toutes mes forces vers la sortie, les picotements dans mon visage et dans mes mains s'amplifièrent, ma vue se troubla. Je ne contrôlais plus les mouvements que mon corps effectuait. J'accélérai ma course sous les derniers rires moqueurs et les insultes de ceux qui sont encore restés. Bousculant de nouveau les gens sans plus m'excuser comme je l'avais fait auparavant.
Une main tenait à présent ma poitrine soudainement opprimée, comme si celui-ci ressentait le besoin d'évacuer quelque chose. L'autre de mes mains se chargeait de me guider dans ce flot devenu confus de formes sombre et difformes. Ma vue était devenue complètement trouble et je ne pouvais plus rien y voir. La couleur vert vif devait maintenant luire à son maximum, comme celle d'une bête sauvage.
Je vais craquer, je vais craquer... Il faut que je sorte. Maintenant.
... Avant qu'Elle ne détruise la vie de quelqu'un.
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