Chapitre 14 : Ekaitz
Katarzyna était à présent accroupie au sol et ramassait avec une vitesse surprenante ses affaires, lorsque Summer – celle qui l'avait fait tomber – s'approcha d'elle et lui pris des objets que je n'arrivais pas à voir.
- Eh bien, qu'avons-nous avons là ... ?
Entre temps, des étudiants avaient rejoint l'attroupement et il en faudra peu pour que des surveillants arrivent. Je me frayais un chemin pour arriver non loin d'elles, sans pour autant me faire voir.
Summer, quant à elles, avait déniché une petite pochette qu'elle ouvra d'un geste théâtral. Un vulgaire bout de tissu rouge et vert avec le drapeau du Mexique brodé dessus. Elle prit un malin plaisir à le tenir du bout de ses doigt manucuré juste sous le nez de cette fille, une expression insolente sur le visage.
- Rends-la-moi s'il te plait.
Katarzyna s'exprimait encore une fois d'un ton plat. Ses longs cheveux noirs encadraient son visage et semblaient former une barrière protectrice autour d'elle. Elle se contentait de regarder le sol d'un air à la fois fixe et absent. Son sac était maintenant sur ses épaules et elle se tenait debout, droite, n'attendant plus que Summer daigne lui rendre son bien. Celle-ci ne leva même pas la tête vers son interlocutrice, se contentant d'observer soigneusement le contenu du butin – reversé dans sa main soit dit en passant. Je me penchai légèrement pour découvrir, stupéfait, des portes bonheurs.
D'autres étudiants nous avaient rejoint entre temps, formant ainsi dans les couloirs un cercle autour d'une créature sanguinaire et de sa proie. Sans doute attendaient-ils de voir comment Summer allait de nouveau passer à l'attaque et ridiculiser cette étudiante visiblement sans défense. Dans cette étrange pochette il y avait de tout : des trèfles à quatre feuilles emprisonnées dans de la résine, un fer à cheval miniature, mais aussi des pièces de monnaie trouée et la fameuse patte de lapin.
En voyant ses possessions ainsi exposées aux yeux de tous, Katarzyna se contenta une nouvelle fois de regarder ce qui se passait d'un air absent. Aucunes expressions ne semblaient vouloir sortir de son visage, elle ne faisait que rester là, immobile. Son self-contrôle devait être remarquable pour savoir passer outre cette humiliation publique.
- Toi, j'ai toujours su que t'était pas net comme fille. Ça ne te suffit pas d'ignorer mes amis comme tu viens de le faire et de continuer ton chemin sans rien d'autre ? Au cas où tu n'aurais pas remarqué, elle vient juste de t'éviter de te taper encore plus la honte ! Mais vue que tu n'as pas compris je pense qu'il est bon de bien fixer les bases.
- Montre lui réellement qui fait la loi ici, Summer. Fit Tessa un air satisfait sur le visage et les bras croisés, en attente.
Katarzyna la regarda un moment. Sa main s'accrocha un peu plus à la lanière de son sac et son autre main se mit à serrer la sangle usée un peu plus fort. Rien à voir avec la fille qui m'avais remise à ma place tout à l'heure. En revanche ce que Summer et Tessa ignoraient, c'est que ce n'étaient pas des tremblements de peur que Katarzyna tentait de maîtriser. Ce qui trahissait cette face de marbre n'était ni plus ni moins que des tremblements de colère. Je pouvais le sentir, cette fille contenait sa colère comme lorsque l'on essaye en vain d'empêcher l'eau de s'échapper d'une fuite.
Pourquoi ne réagit-elle pas au quart de tour comme elle l'avait fait avec moi ? Pourquoi ne remet-elle pas ces imbéciles plastifiées en place ? Je serais prêt à parier qu'elle ne tiendra pas très longtemps ainsi.
Soudain, alors que je pensais partir ailleurs, j'haussais un sourcil en m'arrêtant sur le champ. Mes yeux avaient-ils bien vue ce qu'ils venaient de voir ? Je me redressai aussitôt. Un spectre de femme était en train d'apparaître progressivement aux côtés de la jeune fille.
C'était le spectre d'une créature mythologique, cela ne faisait aucun doute.
Ses cheveux noisette caressant le sol et sa longue robe rouge vif aux symboles grecs, que je ne pouvais déchiffrer à cause de la distance qui nous séparait, semblaient flotter à quelques centimètres du sol. Sa peau d'un blanc immaculé contrastait avec le vert vif de ses yeux émeraude, à l'image de Katarzyna, et ses nombreux bijoux fin l'illuminait.
Tout à coup, le spectre semblait vouloir bouger, se rapprocher. Un de ses bras se tendit d'un geste gracieux et voulait atteindre la tête de la jeune fille, qui fronça alors légèrement les sourcils en respirant discrètement. Et là, le bras ne réussit pas à l'atteindre, sans doute freiné dans sa course par le self-contrôle de celle-ci.
Je restais stupéfait face à ce spectacle. En regardant un peu plus en détail, on voyait que Katarzyna se mordait les lèvres et l'intérieur de ses joues, sans doute dû à l'effort fournit pour empêcher cette chose de progresser encore un peu plus vers elle.
Cette bataille n'était pas de l'ordre de l'humain. Je savais pertinemment que les autres étudiants présents ici ne voyait qu'une pauvre créature attendant de recevoir son châtiment. De mon côté, je voyais une jeune fille essayant d'échapper au contrôle d'une déesse. Mais que faisait-elle ici ? Était-elle renaissante d'une Nymphe ou d'une Dryade ? Je sais que les cheveux longs et les longues traînes sont quelques choses qu'elles affectionnent énormément. Pourquoi voudrait-elle du mal à une humaine ? Ce genre de créature peut se montrer très vicieuses, certes... Cependant sans raison apparente cela me paraît plus qu'étrange, surtout dans ce genre de situation.
Summer s'exclama, me tirant de mes réflexions.
- Tu crois aussi que je n'ai pas vu tes bracelets bizarres ni ton pendentif au bout de ton collier, quand tu t'es gouré au sol ?! Les gros pulls ne servent plus à rien s'ils ne cachent pas les grosses conneries.
Summer s'empara sèchement d'un des poignets de Katarzyna. Ainsi, elle faisait penser à une misérable bête attentant d'être vendu. Au bout de ses poignets pendaient une dizaine de breloques fantaisie, orné de minuscules pierres de toutes les couleurs et de toutes les formes.
- Sérieusement, tu sais ce qu'est la salle de bains, parce que ton apparence est aussi laide que celui d'un troll. Et pour infos, les brosses ce n'est pas fait pour les chiens... quoique dans ton cas c'est discutable. Fit Summer en relâchant le poignet de la fille avec une once de dégoût dans la voix.
Aïe.
- Rends-moi mes affaires.
Elle ignora ouvertement ses piques plus que violente, et je fus surpris de voir qu'elle pouvait encore parler car elle devint soudain livide. Toute trace de vie semblait avoir quitté son corps et je commençais à croire qu'elle allait perdre connaissance. Ce n'était qu'une question de temps. Le spectre semblait gagner du terrain, et il était facile de voir que Katarzyna avait de plus en plus de difficultés à l'empêcher de l'atteindre.
- Madame s'habille dans une friperie et ne prend même pas la peine de se rendre présentable, madame collectionne les porte-bonheurs et les trimbale partout avec elle, tu sais ce que ça veut dire ?
- ...
- Madame est une sorcière dégueulasse.
En voyant le regard vers émeraude du spectre émettre une lueur vive et indescriptible, en la voyant s'emparer entièrement de la tête de Katarzyna d'un coup sec, je savais que Summer était allée beaucoup trop loin.
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