Chapitre 13 : Katarzyna

Les cours se terminèrent enfin. J'en avais plus qu'assez de cette journée catastrophique et voulais à tout prix me détendre à la maison, avant que Yuma ne rentre. Or, le professeur suivant eut la magnifique idée, et le culot même, de nous retenir longtemps après la sonnerie.

Conclusion, je devais me dépêcher de sortir ou je risquais de retrouver Yuma aux urgences pour arrêt respiratoire. Moi qui voulais prendre un peu de bon temps... Une autre fois je suppose. J'eus le malheur, en classe de seconde, d'arriver trente minutes après ce qu'elle appelle "le couvre-feu de sécurité". Autant dire que j'ai passé le reste de la soirée à la convaincre de retirer sa plainte pour agressions sur mineur au tribunal de police... J'ai bien essayé de lui dire qu'il ne m'est rien arrivé mais le seul moyen de s'en assurer fut une visite chez le médecin pour être sûr que je n'avais pas de traumatisme crânien.

Ainsi je courais presque dans les couloirs bondés d'étudiants, mon sac à dos remplis à ras bord entre les bras, essayant tant bien que mal de me frayer un chemin parmi eux. Je baissais la tête en admirant mes chaussures de plus en plus usées lorsque je sentis une masse imposante renter en collision avec mon épaule. Le choc me fit soudainement reculer de quelques pas et je relevais immédiatement la tête.

- Fais attention.

- Oh... Je suis désolé.

- C'est ça, dégage.

Le garçon que je venais d'heurter me repoussa un peu plus sur le côté en me poussant le dos avec son bras, me faisant trébucher légèrement en arrière. Mes jambes réussirent heureusement à rééquilibrer mon corps et à éviter le pire. Je soufflais de soulagement à l'idée que le pire venait d'être évité.

Je progressai ainsi encore un peu plus dans ma course vers la sortie de cette boite de conserve aux allures luxueuses. Je traversai les couloirs, dévalais les escaliers, tournais dans un couloir puis dans un autre avant de me rendre compte que bon nombre d'étudiants commençait à me fixer du regard... et leurs expressions étaient assez enjouées. Avais-je quelque chose sur le visage ? Étaient-ils tout au courant des événements de ce matin ? Non, les rumeurs ne peuvent pas aller aussi vite. Mais que cela était alors ?

- Hey, jolie le pull.

La fille qui me fit cette réflexion était la fille types des films américains en cartons. Jeans Skinny, talons hauts, une bande de filles pour la mette en valeurs. Elles semblaient fières d'occuper cette place de bonne-à-tout-faire avec leurs sacs en plus des affaires hors de prix de cette... enfin, vous savez.

Je me rendis alors compte que je la dévisageais pendant un moment, restant ainsi immobile comme la pauvre idiote que je suis. Comment pouvait-elle faire bouger ses traits avec tous ces artifices et ces couches de je-ne-sais-quoi sur la face.

- Je peux savoir ce que tu reluques comme sa chérie ?

- ...

- C'est bien ce que je pensais.

Elle soupira d'un air excédé avant de poser une de ses mains sur sa taille.

Je préférais ne pas répondre afin d'éviter de m'enfoncer un peu plus devant tout le monde, préférant ainsi froncer les sourcils, dévier le regard mais en n'en pensant pas moins. C'est une habitude de donner des surnoms débiles au gens ici ?

Songeant m'avoir intimidé, elle et ses sous-fifres se mirent alors à rire après avoir adressé ces mots. Je tressaillis de surprise en la voyant se rapprocher de moi alors qu'elle se dirigeait vers mon dos. Tendant son bras d'une finesse plus qu'inquiétante, je ne compris que trop tard que j'avais quelque chose accroché derrière mon pull et qu'elle s'était chargée de me l'enlever. Sur la laine usée se trouvait accrocher un emballage de bonbon depuis je ne sais combien de temps. Elle le tenait du bout de ses doigts manucuré arborant une moue faussement attentionnée sur le visage.

- Oh... mais qui a bien pu faire ça à une jeune fille comme toi. Tu te rends compte ? Tu te serais trimbalé avec cette chose sur le dos si je n'avais rien fait pour toi ! Lee, je suis sûr que c'est toi. Fit-elle en parcourant les couloirs du regard.

- Désolé je n'ai pas pu résister, je te jure.

Accoudé nonchalamment à l'épaule d'un de ses amis de sa bande, Lee était le garçon que j'avais accidentellement percuté tout à l'heure. Il a dû coller le papier en me poussant le dos. Je me disais bien que cet idiot ne m'avait pas aidé pour son plaisir personnel.

Après avoir gloussé comme une poule en jetant l'emballage au sol, elle se pencha une nouvelle fois mais en direction de mon oreille cette fois, me susurrant d'une voix plus que détestable.

- Tu devrais t'en souvenir et me remercier comme il se doit la pouilleuse, bon nombre de ces gens ici n'aurais pas bougé le moindre petit doigt pour toi.

Je respirai longuement afin de calmer les picotements de colère et d'indignation qui tentaient de se frayer un chemin à travers mon visage. Je ne supporterais pas de perdre le contrôle encore une fois. Mes poings se refermèrent automatiquement, prêt à dégainer et elle rit encore en le remarquant, affichant un sourire d'une innocence des plus trompeuses.

- Au fait, mon nom c'est Tessa. Bienvenue à toi.

- Et moi Katy...

- Ça tu vois, je m'en fiche. Me coupa-t-elle aussi sec.

Son ton mielleux commençait rapidement à me monter à la tête. Ma respiration se fit de plus en plus rapide au fur et à mesure que j'entendais les rires des gens autour de moi. À ce moment précis, l'envie de lui régler son compte une bonne fois pour toute effleura ma tête mais je réussis je ne sais comment à me ressaisir.

Je continuais ainsi mon chemin en prenant bien soin de l'ignorer.

Après avoir emprunté un dernier couloir, en me rendant compte que j'allais dans la mauvaise direction, je pouvais enfin distinguer la sortie ainsi que la grande porte métallique. Mes jambes accélèrent leurs cadences d'elles même de sorte qu'il ne me reste plus que quelques mètres à couvrir avant de pourvoir tourner la page et rentrer chez moi.

J'avais depuis longtemps abandonné l'idée de me reposer sans que Yuma ne vienne rajouter son grain de sel. Mon retard ne passera pas inaperçue à ses yeux.

Et là, les astres étaient tous alignée pour provoquer LE déluge :

Gaffe numéro une : Je percute dans ma course une fille qui m'insulte par la suite, devant ses amies qui plus est.

Gaffe numéro deux : J'ai beau m'excuser, une fois mon chemin reprit celle-ci décide qu'une fois n'est pas coutume et me fait un nouveau croche-pied avec ses escarpins vernis. Ce qui a pour effet de me faire tomber en avant, une seconde fois dans la même journée, devant une armée d'imbéciles pliés de rire.

Gaffe numéro trois : Dans ma chute je propulse mon sac à dos, qui a été ouvert au passage et que je tenais toujours dans les bras comme si un sac de course, renversant toutes mes affaires autour de moi dans un rayon d'un mètre.

Gaffe numéro quatre : Je suis au sol, mes affaires sont à la vue de tous.

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