Chapitre XVI : Suivre Tris
- Tu es dingue de courir comme ça dans les rues ! Heureusement que je t'ai reconnu sinon je t'aurais tué ! Qu'est-ce que tu foutais chez les Érudits ?
- Attends Quatre... Comment avez-vous réussi à vous enfuir de là-bas ?
- Trop compliqué. Bref, il faut qu'on rentre si on ne veut pas se faire tuer.
Quatre, Tris et Peter me sourient faiblement pour ensuite reprendre une course folle dans les rues Érudites. Je n'aurai jamais cru tomber sur eux, c'est une possibilité qui me paraissait impossible. Ça doit être Peter qui les a aidé à s'enfuir, et c'est aussi pour cela que l'alarme des Érudits a retentis dans toute la Ruche. Je n'ai jamais été autant heureuse de voir Quatre et Tris, ça me fait tellement de bien de les avoir auprès de moi. La culpabilité qui grandissait en moi a soudainement disparu pour laisser place à la joie et à l'adrénaline. Nous arrivons enfin à la frontière qui sépare le secteur Érudit du secteur Altruiste. Quatre ralentit et finit par marcher, nous sommes essoufflés et nos respirations se font bruyantes dans ces rues pratiquement désertes. C'est une zone du secteur Altruiste où personne n'est revenu, car c'est trop près des Érudits et puis, il a été conseillé de ne pas se disperser s'il y aurait une éventuelle attaque. Nous ne pouvons pas vivre encore normalement, nous ne dormons pas sur nos deux oreilles, nous avons peur de la mort, nous sommes vulnérables et les leaders Audacieux le savent, mais ils ne font rien contre ça. Les Audacieux n'ont pas peur, mais oui bien sûr ! Pourquoi restent-ils cloîtrés dans les maisons grises Altruistes ? Pourquoi n'agissent-ils pas tout de suite ? Tout simplement parce qu'ils sont paralysés par la peur et qu'ils sont tétanisés rien qu'à l'idée de perdre l'un des leurs. Personne n'a vécu une guerre ici et nous ne savons pas quel comportement adopté pour remporter la victoire. Tout ce que je sais, c'est qu'il faut connaître son ennemi sur le bout des doigts et c'est ce que je m'efforce à faire. Je regarde Quatre qui a une main sous le bras de Tris pour l'aider à marcher. Elle a l'air à bout de force, et ses pieds écorchés par les bouts de verre qui jonchent le sol, lui font un mal fou. Je prend la main de mon frère et la serre fort, les larmes floutent ma vision des choses environnantes et Quatre finit par s'arrêter pour me prendre dans ses bras.
- Putain mais qu'est-ce que tu foutais là-bas ? Tu aurais pu te faire tuer... Quand je t'ai vu, ça m'a tout simplement achevé. Perdre Tris et te perdre toi, c'est tout perdre Laur'...
- Ça m'a brisé aussi quand je t'ai vu, mais te libérer n'était pas dans nos plans et Alex a refusé le fait qu'on puisse te fournir de l'aide. J'ai dû reprendre mon calme pour pouvoir avoir les idées claires pour ma discussion avec Jeanine.
- Comment as-tu fais pour t'échapper ? Et pourquoi devais-tu avoir les idées claires pour parler à Jeanine ?
Je marque un arrêt le temps de réfléchir à ce que je vais lui dire, car j'ai beau être heureuse de le retrouver, mais il reste du côté d'Evelyn et je ne peux donc pas lui faire confiance en lui disant ce que Jeanine m'a appris. J'en parlerai sûrement avec Tris plus tard, car je sais qu'elle pense comme moi et qu'elle trouvera une solution. Après tout, elle m'a demandé de lui rendre service et je l'ai fais, c'était un peu dangereux mais j'ai tout de même accomplis sa demande.
- Laur' ? Je t'ai posé des questions...
- Ah... Oui, désolée. Tu sais ? Arthur, le mec qui m'a aidé à m'échapper la première fois. Et bien, il m'a fais aller voir Jeanine et il a fais en sorte que ses hommes me laissent fuir après ma petite discussion avec l'autre timbrée. Jeanine avait des informations sur ma mère, et je devais savoir parce que j'y arrive pas sans elle, j'y arrive vraiment pas...
- Hummm.
J'ai mentis sur un sujet grave, et Tris m'a lancé un regard qui voulait me dire « j'ai compris ». Quatre ne cherche pas à en savoir plus et cela m'arrange beaucoup, je ne souhaite pas créer un mensonge d'une plus grande ampleur.
- Laur' !
- Mike ?
- Tu as ramené tout le monde à ce que je vois.
- Euh... Non, en fait c'est trop compliqué... Ça n'a pas l'air d'aller toi ?
- Evelyn vient de péter un câble, elle est en pleurs car elle croit que tu es morte. Je m'en suis pris plein la gueule avec Liam... Pour elle, j'aurais dû te retenir mais tu aurais quand même trouvé un moyen pour y aller, et là tu aurais eu beaucoup moins de chances de survie. Mais ça, Evelyn ne veut pas l'entendre...
- Oui, puis de toute façon je t'aurai assommé avec un pelle pour que je puisse y aller.
- Sympa... Quand tu veux quelque chose, tu l'as toujours. Pas vrai ?
- Tu as tout compris !
- D'ailleurs, merci pour Lara...
- Je voulais pas qu'elle donne sa vie pour moi, ça l'a vexé mais je m'en fiche. Elle est trop imprudente et elle est inconsciente du danger en plus.
- C'est bizarre, on dirait que tu parles de toi.
Je donne un coup de coude à Mike qui grimace de douleur. Il regarde Tobias et lui dit qu'il faut qu'il aille voir Evelyn. Quatre fronce les sourcils mais acquiesce d'un signe de tête en souriant légèrement. Je rêve d'une famille unie mais cela va être difficile, pourtant, je ne perds pas espoir. Je pense que Quatre a du mal à se faire à l'idée qu'il a deux frères et trois sœurs... C'est vrai que ça doit être difficile à vivre d'apprendre qu'on nous a mentis sur le fait que l'on soit enfant unique. Être seul et se retrouver du jour au lendemain avec cinq frères et sœurs, ça doit faire bizarre à Quatre. Nous marchons dans le silence jusqu'au logement où vivait Marcus et Quatre. Je surveille mon frère, j'ai peur qu'il réagisse mal en entrant dans ce lieu où il a vécu dans la peur. Tris l'observe, elle doit aussi avoir peur qu'il faiblisse, mais au contraire, il se redresse et a l'air fier d'entrer ici sans avoir la boule au ventre. Evelyn se lève lorsqu'elle nous voit passer le pas de la porte, ses yeux sont rouges et elle a l'air exténuée. Quatre et moi avançons vers elle pour la serrer dans nos bras. Elle chuchote quelque chose à l'oreille de mon frère que je ne parviens pas à comprendre, elle se tourne ensuite vers moi, laissant Quatre accompagner Tris à l'étage.
- Pourquoi as-tu fais ça ? Tu aurais pu mourir en te livrant aux Érudits. Tu penses aux gens qui t'aiment quand tu fais ça Laur' ?
- Oui, j'ai fais ça pour ma mère et ce n'était pas un acte inconscient. J'avais besoin d'éclaircir quelques points sur ma mère avec Jeanine. Déjà, Lara devait venir avec moi, mais j'ai demandé à Arthur de la reconduire ici. Je ne souhaitais pas qu'elle meurt de cette façon et encore moins pour quelque chose qui ne la concernait pas. Je suis vivante maman... Ça ne te suffit pas ?
Tori et Harrisson, les nouveaux leaders Audacieux sont avec nous, je fais donc extrêmement attention à ce que je dis. Liam et Lara sont assis dans un coin, ils m'écoutent attentivement. Puis Mike est avachis sur le canapé, et Maddy joue à emmêler ses lacets. J'attends la réponse d'Evelyn, elle tourne en rond et ça commence un peu à m'énerver.
- Evelyn ?
- Laur'... Ce que je veux te faire comprendre, c'est que si tu agis seule, personne ne sera là pour t'aider. Arrête de mettre ta vie en danger, je ne le supporte pas.
- Tu n'aurais pas voulu que j'y aille... Puis, il y a un bon côté à tout ça, car j'ai ramené une cinquantaine d'Audacieux qui trafiquaient dans le dos de Jeanine. Malheureusement, ils n'ont aucun élément qui puisse nous aider sur elle... Tout ce qu'ils savent, c'est qu'elle fait des tests sur les divergents et qu'elle les tue.
- Oui mais comment allons-nous nourrir tous ces Audacieux, puis es-tu sûr qu'ils sont vraiment de notre côté ?
- Ils m'ont aidé à m'enfuir deux fois au péril de leur vie, donc oui je leur fais confiance et j'ai assez discuté avec eux pour savoir qu'ils veulent la mort de Jeanine. Accueillez-les, ils le méritent et ils ont les capacités physique pour nous aider à vaincre les Érudits. Ce sont des Audacieux, ils seront toujours mieux formés au combat qu'un sans-faction, ça tu le sais très bien maman.
- Tu n'as pas tort, c'est en ayant des hommes entraînés que nous aurons la victoire. Notre nombre fera la différence face aux Érudits. Puis, je te fais confiance donc je suis d'accord pour qu'ils restent. Cependant, c'est à toi de te charger d'eux, je n'ai pas les moyens pour m'en occuper.
- Attends. Tu veux dire quoi en disant que je dois m'en occuper ?
- Ce que je veux dire, c'est que ces hommes te suivent, ils adhèrent à tes idées. Je sais très bien comment tu penses... Par contre, si tu oses aller contre mes projets, tu le regretteras, donc réfléchis bien à ce que tu vas faire. Gère ces hommes et accompagne-nous au combat pour vaincre Jeanine.
- Va au diable. Je préfère rester ici que condamner Chicago à vivre dans l'ignorance. Je ne participerai pas à l'extermination d'Érudits et encore moins à la destruction des données scientifiques.
- Dans ce cas là, nous offrons un toit à tes hommes, mais il te faudra les nourrir. Nous ne donnons pas nos ressources aux personnes qui ne participent pas à la rébellion.
- Tu as été traitée comme une merde pendant plus de dix ans, et tu traites les personnes qui ne te suivent pas comme on t'a traité. Tu as oublié le pourquoi de ce « combat » et tu es pathétique Evelyn.
Tori et Harrisson ne bronchent pas, ils se contentent de hocher la tête comme de vulgaire pantins pour affirmer ce que dit ma mère. Je sors de la maison en prenant soin de bien claquer la porte. Je suis révoltée, le comportement d'Evelyn est désespérant. Elle a oublié ce qu'elle a vécu en tant que sans-faction...
- Laur' ! Attends !
Liam et Lara courent derrière moi pour me rejoindre.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Nous ne sommes pas d'accord avec Evelyn, donc on se tire. Elle veut le pouvoir quitte à oublier son passé et à mettre ses enfants de côté. Elle ressemble à Jeanine, c'est ... alarmant...
- Hummm... Mon problème majeur est de nourrir « mes hommes » comme dit si bien Evelyn. Ils vont mourir de faim à cause de moi, et ça il en est hors de question. Il faut absolument que je trouve une solution à tout ceci. On va les voir tout de suite pour exposer le problème, je ne veux pas leur mentir car leur confiance m'est très cher.
Nous marchons en direction de la maison où vivent mes amis. J'entre sans toquer et leur demande de me suivre de toute urgence. Je retrouve Arthur, Alex ainsi que le reste du groupe d'Audacieux venant des Érudits et je monte sur un banc pour que tout le monde puisse entendre ce que j'ai à dire.
- Content de te retrouver Laur'.
- Moi aussi Alex, même si je me serai passée de tes coups dans le secteur Érudit...
- Tu ne m'as pas vraiment laissé le choix... Tu ne te rend pas compte du danger dans lequel tu allais te mettre. Je t'ai sauvé la vie, tu devrais me remercier.
Je secoue la tête et siffle fortement pour capter l'attention de chacun.
- Écoutez-moi tous s'il vous plaît ! Je suis allée voir Jeanine, et j'ai maintenant des informations concrètes. Avant de vous dévoiler quoi que ce soit, je vous demande de bien regarder qui se trouve autour de vous. S'il y a quelqu'un qui n'appartient pas à notre groupe, virez-le. Faites aussi cinq groupes de quatre personnes pour faire des rondes autour d'ici. Je ne souhaite pas qu'Evelyn apprennent ce que je sais de Jeanine et de ses plans.
Il y a subitement de l'agitation dans la foule, une dizaine de traîtres d'Evelyn sont virés d'ici. Des groupes d'hommes se forment, ils partent surveiller qu'il n'y ait personne qui puisse entendre ce que je vais annoncer. Mes frères, Obi, Tyna, Béatrice et Emmett sont avec Liam et Lara, ils sont prêts à m'écouter.
- Silence ! Bon... Je ne suis pas forte pour les discours et quand j'étais leader, je détestais ça... Je vais donc tenter de faire simple, mais avant tout, je souhaite régler quelques différents qu'il y a entre vous et moi. La plupart des personnes ici se sont déjà dis que je n'étais qu'un leader Audacieux qui écrasait les autres et qui se croyait le plus fort. Je ne suis pas la plus forte, je suis divergente et j'ai juste réussi à comprendre que dans les simulations, tout était faux. Seul un divergent peut réussir à déterminer que la simulation est irréelle. Je ne suis donc pas aussi forte que vous le croyez. Vous savez pourquoi ? Non, sûrement pas... La polémique du fils Eaton qui était battu, ça vous en avez entendu parler. Et bien, vous n'avez jamais entendu parler des enfants Scott qui se faisaient massacrer par leur père, Richard Scott, le célèbre acolyte de Jeanine. Mes frères et moi avons été battus et je ne vous parle même pas de ma mère... Je ne suis donc pas si forte que ça, je suis tétanisée rien qu'à l'idée de devoir affronter mon père dans une simulation. J'ai un cœur, je suis humaine et mon combat est de vous montrer que nous réussirons à sauver des gens et à sauver les données des Érudits. Vous êtes en train de vous dire que de toute manière, être en couple avec Éric Wagner, c'est être une fille sans cœur. Vous ne le connaissez pas, et je peux vous promettre que c'était un homme avec un grand cœur, il est mort justement à cause de ça. Bref... Je pense avoir donné assez d'éléments pour vous convaincre de me faire confiance... Justement ! Parlons de confiance ! C'est très important pour moi et je vais tout de suite être franche avec vous, je ne vais rien vous cacher. Vous saurez tout sur tout, quoi qu'il se passe. Passons maintenant à ce que je sais de Jeanine ! Je suis donc allée la voir pour éclaircir cette histoire de message des Fondateurs, car oui, il y a un message qui a été volé chez les Prior lors de l'attaque Érudite. Tout ce que je sais, c'est que ce message dit que les divergents sont importants pour notre ville. Ne me demandez pas pourquoi car Jeanine n'a jamais voulu me le dire... Révéler le message aux habitants de Chicago est notre but premier, si Evelyn détruit les données, elle détruit aussi le message des Fondateurs.
- Pourquoi se battre pour ce message ?
- Et bien... Des personnes sont mortes pour ce message et même un Érudit était prêt à donner sa vie pour sauver ce communiqué. Se sacrifier pour aider une population, c'est très fort comme acte, donc je trouve important de savoir ce que le message contient. Puis, Jeanine en a très peur, elle a attaqué les Altruistes pour ne pas qu'ils dévoilent les informations données par les Fondateurs. Ça te va comme raison de se battre ?
- Tu penses que ça peut détruire Jeanine ce message ?
- Peut-être... Je ne sais pas, mais de toute manière, si on sauve le communiqué des Fondateurs, on sauve en même temps toutes les données scientifiques des Érudits... Pour l'instant, je n'ai pas de plan et j'ai un autre problème qui me tracasse beaucoup plus. Evelyn ne veut pas nourrir les Audacieux qui viennent d'arriver, elle ne veut pas gaspiller ses ressources pour des personnes qui ne l'accompagneront pas au combat... Je réfléchis à une solution et deux choix s'offrent à nous. Soit on fait semblant de se joindre à elle, soit nous partons chez les Fraternels qui nous accueilleront bras ouvert pour trouver une solution avec eux et avec les Érudits partis de chez eux à cause de la tyrannie de Jeanine. Qui est pour une fausse alliance avec Evelyn ?
Je regarde autour de moi et distingue que pratiquement personne ne se manifeste. Je donne donc l'autre possibilité et là, une multitude de mains se lèvent et des cris de guerre commencent à se faire entendre. Audacieux alliés avec les Fraternels, on aura jamais vu ça...
- Pourquoi souhaitez-vous vous allier aux Fraternels ?
Arthur prend la parole, il s'est mis à côté de moi.
- Parce que les Fraternels voudront faire le moins de morts possible, ils veulent voir tomber le régime atroce de Jeanine. J'ai récemment parlé avec Johanna Reyes et je peux t'assurer qu'elle nous suivra dans notre combat.
- Bon et bien nous avons la solution ! Je vais me renseigner demain matin pour qu'on parte là bas. Je veux que tout soit organisé et pour le moment, j'ai besoin d'un peu de repos... Cette journée m'a épuisé, reprenez des forces pour demain même si ça ne sera sûrement pas fort en adrénaline. Je veux qu'on y aille sans trop faire de de dégât... Je pense qu'assez de sang sera versé quand l'assaut sera lancé chez les Érudits. À demain et tentez de trouver de la nourriture du mieux que vous pouvez, je suis désolée pour tout ça...
- Tu t'excuses alors que ce que tu fais, c'est déjà amplement suffisant.
- Arthur...
- Quoi ?! C'est la vérité ! Tu as perdu ta mère, tu as perdu l'amour de ta vie et tu trouves la force de nous aider dans les heures les plus sombres de Chicago. Merci pour tout.
Je ne sais pas trop comment je dois réagir à ce que vient de dire Arthur, je me contente donc d'un « de rien » très timide. Il rigole et hurle en levant son poing comme pour pousser les gens à se révolter. Je lève mon poing à mon tour pour accompagner Arthur, la cinquantaine de personnes face à nous fait de même. Après cinq minutes d'hurlements, je suis rentrée avec toute ma famille chez moi. Liam et Lara dormiront avec nous, je ne les laisserai pas à la porte. Ils ont l'air de bien s'entendre avec ma famille, cela me rassure vraiment. Emmett est très discret, il souffre terriblement et je ne sais pas comment l'aider. La mort de ses parents a laissé dans son cœur un vide immense que seul le temps pourra combler. Le distraire de sa douleur est un médicament qui agit que temporairement... Je ne sais pas vraiment quoi faire pour lui, je n'aime pas être impuissante. Et Béatrice passe sa vie à hurler, je ne sais pas ce qu'elle a... Elle est brûlante et vomit tout ce qu'elle mange, ça m'affole. Nous n'avons rien contre la fièvre, puis un bébé malade a très peu de chances de survivre quand l'on vit dans des conditions désastreuses. Je la déshabille pour ne pas qu'elle ait trop chaud cette nuit, et je prend soin de bien la caler entre Ryan et moi. Le sommeil vient à moi après quelques heures de questionnements, d'angoisses et de pleurs. Vais-je réussir à sauver cette ville ? C'est la seule question qui me vient à l'esprit.
===========================================
Les hurlements de Béatrice me réveillent, je n'ai presque pas dormis de la nuit... Elle est malade et nous avons aucune aide médicale, le problème c'est que le nourrisson est d'autant plus vulnérable que nous quand il attrape une maladie. Cette nuit, je l'ai prise dans mes bras et je suis sortis dehors pour que l'air frais la détende, mais ses hurlements ont doublé d'intensité. Elle souffre énormément, et sa fièvre m'inquiète... Elle vomit dès qu'on lui donne quelque chose, Tyna ne sait plus quoi faire du tout. Je lui ai dis qu'il fallait lui donner à boire, c'est très important pour éviter une déshydratation qui serait mortelle. Il faut éviter tout ce qui est laitage et tenter de lui donner quelque chose qui lui tient le ventre. Ce qui m'énerve c'est que je ne sais pas du tout ce qu'elle a, car une gastro ne se manifeste pas ainsi, enfin je n'ai jamais vomis comme ça tout en ayant de la fièvre... Je panique et Lara tente de me calmer en me conseillant d'aller voir Evelyn, Liam ne s'oppose pas à cette solution, ce qui m'étonne un peu, car il n'aime pas être redevable de quelque chose envers quelqu'un et surtout si c'est Evelyn. Je vais me reposer encore un peu à l'étage, il faut que je sois un minimum reposer pour trouver une bonne solution pour qu'on puisse se rendre chez les Fraternels. Il faut que j'agisse comme une Fraternel, donc je dois agir pour la paix tout en ne tuant personne. Je dois préserver la vie des Audacieux qui gardent le grillage qui délimite le secteur Altruiste du secteur Fraternel. Je sais qu'ils doivent être une dizaine à garder la frontière, il faudrait donc ne pas les tuer, mais comment ? Car si nous les assommons, ils iront nous chercher à leur réveil. Je n'arrive pas à trouver une autre solution que celle de les tuer. Je dois y réfléchir, mais pour le moment, je file voir Evelyn qui pourra peut-être sauver ma petite sœur. Quand j'entre dans la pièce à vivre, tout le monde arrête ses discussions pour me défigurer. Evelyn se lève et croise les bras.
- Tu veux quoi ?
- Savoir si tu n'avais pas des médicaments, ma sœur Béatrice est en train de mourir. Je ne sais plus du tout quoi faire donc je viens te voir... Si tu pourrais me donner ne serais-ce qu'un cachet d'aspirine, ça m'irait largement.
Elle fouille dans un placard et me donne carrément une boîte complète de paracétamol.
- Merci maman...
- Je ne suis pas sans cœur Laur', et je n'ai pas oublié le pourquoi de mon combat. Je veux faire payer les Érudits pour leur traitement abominable envers les sans-factions...
- Ça s'appelle de la vengeance ça, et je ne trouve pas ça équitable comme justice...
Je regarde autour de moi et voit Tris, elle me sourit légèrement et me fait un signe de tête auquel je ne répond pas. J'aimerai pouvoir lui parler, mais soigner ma sœur est ma priorité. Je regarde Quatre qui ne peut s'empêcher de presser Tris contre lui, et mes dents se serrent en les voyant. Je sors de la petite maison et caresse le bracelet d'Éric tout en chassant les larmes de mes yeux. « Tu saurais quoi faire Ric'... Tu saurais comment éviter de tuer ces Audacieux, mais tu n'es plus là pour me guider. Je suis perdue sans toi, et ce vide que tu as laissé est toujours là, il me ronge lentement... » J'ai soigné ma sœur et j'ai cherché une solution pendant toute la journée en la berçant dans mes bras. Aujourd'hui, j'ai pensé à ma mère, à Éric et j'ai imaginé s'ils seraient tout les deux là. Tout serait si différent, je serai plus forte et je réussirai sans doute à trouver une réponse à mon questionnement. Comment ne pas tuer les traîtres Audacieux ? J'ai décidé d'aller marcher dans les rues pour mettre la main sur le dénouement de cette situation. J'ai cherché pendant un long moment, mais la voix de Tris et de Marcus ont capté mon attention. Je me suis assise sous la fenêtre qui est ouverte afin d'entendre ce qu'ils disent. Je tend l'oreille et comprend très vite qu'ils parlent du fameux message.
- Je sais que Jeanine a massacré la moitié d'une faction pour avoir ce communiqué et que ça doit être terriblement important. Je sais aussi que ce message a un rapport avec les Divergents. Et qu'elle concerne ce qui se trouve à l'extérieur de la Clôture...
Tris vient de dire ce qui se trouve à l'extérieur de la Clôture. Cette phrase a l'effet d'un déclic sur moi et je comprend soudain les dernières paroles de ma mère : « Les histoires Laur'. »
- Mais ce n'est pas la même chose que de savoir ce qui se trouve effectivement à l'extérieur de la Clôture.
- Alors, vous allez me le dire, ou continuer à me le faire miroiter comme un sucre à un chien ?
- Je ne suis pas venu pour qu'on se lance dans un bras de fer verbal. Non, je ne vais pas te le dire, pas parce que je ne le veux pas, mais parce que je ne pourrais même pas te le décrire. Il faut le voir par soi-même.
Les paroles de Marcus résonnent dans ma tête et tout ce que ma mère me racontait prend forme dans mon esprit. Les histoires étaient en fin de compte bien réelles, ma mère n'était pas folle... Cléo, le personnage des histoires était sûrement ma mère... Marie Scott n'est pas née à Chicago, elle a dû naître en dehors de la Clôture et elle a été implantée ici par le Bureau génétique (élément qui faisait partie des histoires de ma mère). Mes frères et moi savons des choses que personne à Chicago ne sait... Chicago est une ville contrôlée, nous sommes une expérience que des hommes et des femmes observent en dehors de la Clôture... J'ai du mal à y croire, cela paraît totalement fou. Leur discussion continue et ils parlent maintenant d'aller chez les Fraternels pour atteindre nos buts. Je me lève brusquement pour enfin montrer ma présence à Tris et à Marcus.
- Qu'est-ce que tu fous ici ?
- Désolé Marcus, mais je vous ai entendu parler et ma curiosité a pris le dessus. Je veux m'allier à vous, je dois aussi aller chez les Fraternels et pour le moment, je ne sais pas comment parvenir à mes fins...
- Et pourquoi veux-tu t'allier à nous pour aller chez les Fraternels ? Je suis sûr que tu trafiques avec Evelyn, je n'ai pas confiance en toi Laur'.
- Moi, je lui fais confiance. Elle a faillis donner sa vie pour avoir des informations que je lui avais demandé d'obtenir.
- Merci Tris. Pour répondre à ta question Marcus, je veux aller chez les Fraternels car les Audacieux qui pensent comme moi ne sont pas nourris. Evelyn a jugé que les personnes ne participant pas à la révolte, ne doivent pas avoir accès aux ressources, donc nous devons partir à tout prix. Et, je ne te parle même pas de ma sœur qui est très malade, je pense qu'elle ne survivra pas si aucun médecin ne la prend en charge. Je fais partis du peu de personnes qui veulent savoir ce que contient ce message, et je souhaite absolument sauver les données Érudites d'une destruction irréversible. Je pense avoir donné assez d'arguments pour vous convaincre que je ne suis pas une escroc...
- Tobias m'a parlé de la cinquantaine d'Audacieux qui se sont ralliés à toi. Grâce à autant d'hommes, nous pourrons peut-être contrer Evelyn. Cependant, une cinquantaine d'hommes ne passent pas inaperçu... Surtout quand on passe une frontière comme celle-ci...
- Justement, j'ai peut-être trouvé une solution à ce problème. Marcus, tu étais l'un des deux leaders des Altruistes, pas vrai ?
- Oui...
- Chacune des factions ont un sérum spécifique ?
- Où tu veux en venir Laur' ?
- Les Altruistes détiennent le sérum de l'oubli. C'est là que je voulais en venir Marcus... Si nous allons chez les Fraternels, autant y aller sans faire de morts. Nous devons aller là-bas en tant que pacificateur et non en tant que destructeur... Donc, j'ai eu l'idée de lancer des mini grenades ou de tirer avec des armes munies de micro seringues remplis de sérum de l'oubli. On ne tue personne, on efface juste tout ce qui constitue l'identité des gardes Audacieux... Je trouve ça affreux comme procédé, mais c'est toujours mieux que de les tuer. Il n'y a pas de remède ?
- Non, pas de remède... Quand on injecte le sérum de l'oubli, c'est qu'on ne souhaite pas que ses effets se dissipent Laur'. Tris ? Que dis-tu de l'idée de Laur' ?
- Elle est bien, elle est vraiment ingénieuse.
- Je suis d'accord avec toi. Par contre, avec Tris et Christina, on ira avant vous, car je ne souhaite pas ne pas pouvoir passer...
- Pas de soucis. Je me débrouillerai avec mes hommes. D'ailleurs, je dois t'avouer quelque chose sur « l'extérieur de la Clôture ».
- On t'écoute...
- Ma mère nous racontait des histoires lorsque nous étions petits, elle a inventé un personnage qui vivait en dehors de la Clôture. Ce personnage était Cléo, elle vivait dans un endroit appelé Bureau génétique qui se servait des factions comme d'une expérience. Cléo a ensuite été implanté dans Chicago afin d'éviter que les Érudits détruisent les Altruistes. Je pense que ma mère racontait son histoire à travers ce personnage fictif. Ma mère vient d'au delà de la Clôture...
- Oui, elle a été envoyé ici avec la mission de sauver Chicago. Elle me l'a dis lors d'une réunion secrète, et je pense que ta mère, Tris, venait aussi de l'extérieur de la Clôture... Maintenant, allez vous reposer pour demain les filles. Laur', je te donne les clés ainsi que les codes et le lieu où est détenu le sérum. À demain et bon courage.
Marcus nous vire de chez lui, comme à son habitude... Je me retrouve donc seule avec Tris, la nuit est tombée et une lueur jaune attire notre attention. Nous atterrissons sur la place des déclarations de loi Altruistes, il y a un grand feu et Evelyn est en train d'exposer son plan destructeur. Elle dit que l'assaut sera donné à partir de demain et qu'il durera trois jours, ce qui m'étonnerai car prendre la Ruche n'est pas si compliqué que ça. Elle appelle à la révolte et les Audacieux ainsi que les sans-factions lèvent le poing dans des hurlements qui me feraient pratiquement peur. Qui aurait cru qu'un jour les Audacieux et les sans-factions formeraient un seul et même groupe afin d'obtenir la paix. En y réfléchissant, je ne sais même pas s'ils se battent pour la paix, je pense qu'ils se battent pour se venger et c'est cela qui rend tous ces gens si agressif. Un carnage va avoir lieu et cela va être terrifiant... Evelyn avoue qu'elle a opter pour une approche large au lieu d'une stratégie ciblée. Pour elle, les Érudits qui ne sont pas d'accord avec Jeanine sont déjà partis du secteur, et ceux qui restent sont donc tout de même des cibles à éliminer. Le tri serait trop difficile à faire d'après elle. Tori ajoute que les personnes ayant eu des transmetteurs de simulations, devront rester ici pour éviter que Jeanine ne les active. D'après ce que j'ai compris, il y aura plusieurs groupes qui agiront dans différentes zones du secteur Érudit. Les groupes seront donnés dans la soirée... Evelyn finit par préciser que le combat va être dangereux et difficile... Nan ! Sans blague... Tori hurle « À bas les Érudits ! » et tous répètent d'une seule voix cette phrase. Il y a un mois, je suis sûr que Jeanine disait « À bas les Altruistes »... Je trouve ça totalement irréfléchis de répondre à la violence par de la violence... Je pars réunir tous mes hommes afin de leur exposer le plan de demain. Nous partirons après le déjeuner des traîtres Audacieux, ils auront mangé et leurs réflexes seront donc diminués. Je suis allée voir la réserve où se trouve le sérum de l'oubli, nous avons une bonne vingtaine d'armes pour tirer des micro-seringues de sérum. Notre plan est que nous nous posterons sur un toit pour ensuite tirer en tant que sniper, il y aura autant de tireurs que de gardes afin d'éviter que l'un donne une quelconque alerte. Nous devrons viser de préférence dans la nuque ou dans le cou, c'est là où il y a le plus de flux sanguin et c'est aussi l'endroit le plus proche du cerveau où se trouve la zone de la mémoire. Ça me fait de la peine d'effacer l'identité des ces hommes, mais ils ont choisi de se rallier à Jeanine et ils doivent donc assumer. Je me dis que dix personnes vont perdre la mémoire demain, mais que des centaines de personnes seront sauvées de l'alliance des Audacieux et des sans-factions. Je rentre chez moi et me couche concentrée, car demain je dois sauver ma sœur, éviter une famine pour Arthur, Alex et les autres et sauver les données Érudites pour savoir le contenu du message. Lara, Liam, Michael et le reste de ma famille viennent avec nous, ils veulent aussi sauver Chicago de l'ignorance. Allons-nous réussir à aller dans le secteur Fraternels ? Telle est la question.
==========================================
Le réveil a été très difficile, Béatrice a passé sa nuit à hurler de douleur et je n'ai donc pas beaucoup dormis. J'espère que je vais tout de même réussir à mener notre mission « aller chez les Fraternels », et j'avoue avoir peur de ne pas réussir à tirer sur l'un des gardes. Je ne dois pas manquer ma cible, je dois me concentrer un maximum sur la nuque ou le cou de la personne qui va recevoir la seringue. Il ne faut pas que je faiblisse, il ne faut pas que flanche, car tout le monde compte sur moi. Mon agilité au tir était très appréciée des leaders Audacieux, et c'était toujours angoissant de devoir faire une démonstration devant Max, car j'avais toujours peur de ne pas le satisfaire. Jacob m'extirpe de mes pensées.
- Tu es préoccupée.
- Hummm...
- Tout est dans la respiration, inspire et tire en expirant. Tu as les capacités pour réussir Laur', donc arrête de te dire que tu n'y arriveras pas. Tu étais leader Audacieuse et je peux te dire que c'est impressionnant quand on te regarde te battre ou tirera avec une arme. Ne laisse pas la pression prendre le dessus sur toi, tu vas y arriver.
- Ces gens comptent sur moi, et si je ne parviens pas à atteindre mes buts, Béatrice mourra...
Jacob baisse les yeux, il serre les poings et ne me répond pas, il sait que j'ai raison... Nous avons pris un maximum de munitions au cas où nous venions à rencontrer des traîtres Audacieux avant la frontière Altruiste. Je remonte la fermeture éclair de la veste d'Éric et attache mes cheveux à l'aide d'un élastique. Je verse une larme en touchant le bracelet métallique accroché à mon poignet. Arthur et Lara sont dans le salon, ils sont en noir et attendent tout deux le départ avec angoisse et impatience. Les personnes les plus vulnérables seront armées de simple petit pistolets, mais elles seront en retrait, le temps que l'on abatte les gardes gardant la frontière. Les meilleurs tireurs sont avec moi, et nous serons donc une vingtaine sur le toit à dégager le passage. Arthur, Alex, mes frères et d'autres Audacieux doués au tir me suivent jusqu'à une maison Altruiste qui se trouve pas très loin du grillage qui délimite le secteur Altruiste du secteur Fraternel. Lara, Liam et Mike gèrent le reste du groupe à quelques mètres d'ici.
- Couchez-vous et ne faites aucun bruit.
Je m'étends à plat ventre sur le gravier du toit, et je m'assure que tout le monde est en position pour l'attaque. Je prend ensuite mon arme, la charge et regarde dans la lunette qui m'aidera à atteindre ma cible.
- Ils sont dix, je veux deux personnes sur chacun. Le bouton rouge que vous distinguez sur la gauche du portail, sert à avertir d'un danger imminent. Nous devons donc essayer d'attirer leur attention...
Je me met sur le dos et regarde l'un de mes hommes, je réfléchis quelques secondes et l'envoie sur le terrain. Il doit attirer les gardes à une dizaine de mètres du portail, et vu qu'il a le vêtement des traîtres Audacieux, il doit faire croire qu'il s'est fais agresser par cinq personnes non loin d'ici. Si les gardes sont assez débiles pour le croire, ils iront tous dans sa direction. Par prudence, Arthur et moi prenons la cible la plus proche du portail, car nous avons moins de chances de louper notre tir.
- J'espère qu'ils ne vont pas l'abattre dès qu'ils le verront...
- Il porte le même vêtement qu'eux, je suis sûr que ça peut marcher. J'avoue flipper pour lui... Je m'en voudrais à mort s'il vient à mourir par ma faute...
- Concentre-toi, une guerre ne se gagne pas sans morts...
J'approuve ce que dit Arthur même si ça m'embête d'avoir envoyé ce pauvre homme là-bas. Je ne sais pas du tout ce qu'il va se passer, je maintiens donc fermement mon arme tout en ne lâchant pas d'une semaine ma cible, qui bouge brusquement lors de l'apparition de l'homme.
- Préparez-vous à tirer. À mon signal... Tirez !
Les tirs retentissent, les gardes sont maintenant à terre et ne bougent pratiquement plus. Nous sautons du toit et courrons vers les dix traîtres Audacieux, l'un se redresse pour s'asseoir et se tourne pour nous regarder. Il a l'air perdu, son regard est vide et c'est assez étrange... Je passe ma main devant ses yeux, il réagit, ce qui veut dire qu'il est conscient.
- Qui êtes-vous ? Où suis-je ?
- Je suis Laur' Scott et vous êtes à Chicago.
- ... Qui suis-je ?
- Ils ont tous perdu la mémoire Laur', on a réussi ! Je vais chercher les autres immédiatement.
Arthur part en courant, il n'a pas l'air d'être préoccupé par ce qu'il vient de faire... Personnellement, retirer la mémoire à ces dix hommes est sans doute la pire chose que je n'ai jamais faites. Je trouve ça inhumain et affreux, c'est un peu comme les tuer... Ils n'arrêtent pas de nous poser des questions, et je ne sais même pas comment leur répondre tellement que ça me fait mal de les voir ainsi. J'ai tué la personne qui vivait en eux, j'ai anéantis ce qui faisait leur identité, j'ai tué dix personnes...
- Il y a un code au portail... On fait comment ?
- J'étais leader, j'ai donc tous les codes.
J'appuie sur quatre chiffres du boîtier digicode et le portail grillagé s'ouvre dans un crissement dû à la rouille. Une vague de remerciements s'abat sur moi, je prononce donc des « de rien » d'innombrables fois. Pourtant, je ne me sens pas héroïque du tout... Aujourd'hui, j'ai tué l'identité de dix personnes, ce n'est pas un acte qu'on peut qualifier d'héroïque... Jacob, comme à son habitude, vient me voir.
- Ton silence dit beaucoup de choses Laur'... Tu culpabilises ?
- J'ai supprimé leur identité, je ne peux pas ne pas culpabiliser Jacob...
- Dix hommes ont perdus la mémoire et une cinquantaine d'hommes vont pouvoir être nourris et loger. C'est équitable...
- Ce n'est pas juste...
- Moralement ce n'est pas juste, mais c'est comme je viens de te le dire, équitable. Ça s'appelle la justice. Va demander à Jack Kang...
Jacob a toujours su me remonter le moral, il a l'art de trouver les bons mots et je pense que c'est un don. Petite, quand j'avais peur que mon père vienne me frapper, Jacob me prenait la main et il trouvait toujours des mots pour apaiser ma peur grandissante. À l'époque, mon cœur cessait de battre lorsque je voyait l'ombre de mon père se dessiner sur le pas de la porte, j'étais tétanisé rien qu'à l'idée de voir son visage emplit de rage. Quand il entrait dans ma chambre prêt à s'abattre sur moi, je me collait au mur, et j'aurais tant aimé me fondre dans ce mur, ne plus exister pour ne plus subir ses coups d'une force démentielle. J'ai peur-être survécu mais ça, c'est sûrement grâce à mes frères qui m'ont appris toutes les formes de courages. J'ai donc appris à défendre même si j'allais être battue après cela, on m'a montré aussi que le courage était de faire face à ses peurs dans l'indifférence. Ma peur aujourd'hui est qu'on me reproche d'avoir effacer la mémoire de ces dix hommes, et je dois faire face à cette peur même si elle ne me rend pas indifférente. Je ne suis pas si courageuse que ça... J'ai peur et je fuis ce qui me fait peur... C'est de la lâcheté et c'est blâmée par les Audacieux. Je ressens soudain de la honte, car j'étais censée représenter ma faction en étant leader et en fin de compte, je n'ai jamais été vraiment audacieuse. Ma Divergence est la seule explication de ma présence ici... Nous arrivons enfin au centre où habitent les Fraternels, les enfants viennent nous accueillir en courant autour de nous. J'aperçois Johanna sortir de son bureau, ou plutôt de l'écurie qui lui sert aussi de bureau à l'étage. Marcus, Tris et Christina sont heureux que nous ayons réussi à passer ce barrage.
- Posez vos armes aux pieds de Johanna, comportez-vous comme des représentants de la paix. Je vais essayer d'avoir une petite discussion avec elle, ne vous en faites pas pour moi. Tyna, je te laisse t'occuper de Béatrice... Prend soin d'elle.
Je marche lentement, en direction de Johanna qui me sert la main et prononce quelques paroles pour la paix. Elle me demande d'attendre dans l'écurie, car elle doit aller chercher quelqu'un pour m'expliquer certaines choses. Je me retrouve donc seule à déambuler entre les box où sont placés les chevaux. Je m'arrête devant le cheval que j'ai caressé avec Éric, cet animal est magnifique. Son blanc pur m'impressionne, et je ne vous parle même pas de sa carrure qui est très imposante. C'est un étalon de sang pur, je le vois par sa gracieuse posture et par sa musculature. Ce doit être un cheval puissant... Je lui caresse la tête et pose mon front contre le sien, cela me procure une sensation étrange... J'ai l'impression d'avoir un contact avec Éric, un dernier contact... Je sens son souffle chaud qui sort de ses naseaux, il est calme et tranquille.
- Vous avez un don car un pur sang si serein, c'est très rare... Laur' Scott... Je ne vous ai jamais vu dans un état semblable à celui-ci...
Je sèche les larmes qui étaient apparus malgré moi et m'approche de Johanna.
- La dernière fois que je suis venue ici, Éric était là et nous nous étions arrêtés pour caresser ce cheval. J'ai perdu ma mère et Éric, je suis vidée, je ne ressens que des émotions d'une puissance destructrice.
- J'ai appris ce qui vous est arrivée, vous m'en voyez désolée. Toutes mes condoléances Laur'... Votre mère était une personne bien, elle ne méritait pas de mourir ainsi. Le deuil fait doubler le ressentis des émotions, c'est pour cela que vous êtes un peu perdue. Allons dans mon bureau, nous devons parler.
Je monte les escaliers en bois tout en m'accrochant à la rambarde. Les planches en bois grincent sous mon poids, le bois est un matériaux bruyant et grossier... Je n'apprécie pas vraiment cette matière, je préfère le béton car je me sens plus en sécurité. Johanna m'invite à m'asseoir en face d'elle, puis elle me sert une tisane très appréciée des Fraternels.
- Je vais être droguée après avoir bu ça...
- Non, vous avez ma parole qu'il n'y a pas de sérum de la paix dedans. J'apprécie énormément ce que vous avez fais pour venir ici, je suis même impressionnée Laur'... Utiliser le sérum de l'oubli pour éviter de les tuer, c'est très ingénieux, c'est très Fraternel. Ma confiance en vous est à son maximum, vous avez su me montrer votre côté Fraternel.
- Je suis divergente... Toutes les factions sont en moi.
- Je le sais, et je défends les divergents Laur'. Nous menons le même combat, celui de sauver les données scientifiques ainsi que de faire valoir les droits des divergents. Nous avons donc mis en place un plan afin de pénétrer dans l'enceinte Érudite pour faire en sorte d'éviter la destruction de la science.
- Et quel est votre plan ?
Un homme entre dans la pièce et m'indique le déroulé de l'attaque.
- Déjà, pour sauver les données, ils nous faut accéder à l'ordinateur central qui est placé dans le bureau de Jeanine. Le fichier appelé « Érudit » doit être copié dans les différents fichiers des factions, comme ça, il ne pourra pas être supprimé. Si tous les ordinateurs de la ville de Chicago sont reliés, il sera donc impossible de détruire les avancées scientifiques.
- Il ne faudra pas détruire l'ordinateur central pour détruire les données ?
- Non, car il y un mode de copie qui empêche de supprimer la copie. Je ne sais pas si tu réussis à me comprendre...
- Si, mais sais-tu où est précisément le bureau de Jeanine ?
- À peu près, mais je suis optimiste sur nos chances pour réussir cette mission. Maintenant, passons aux armes que nous allons utiliser. Nous sommes chez les Fraternels, nous agissons donc pour la paix. Il est hors de question de tuer tout le monde là-bas, j'ai donc élaboré une petite mixture qu'une personne avait enregistré sur un ordinateur Fraternel. C'est un paralysant temporaire.
- Le Cisatracurium...
- Comment tu sais ça toi ?
- J'ai enregistré ce produit dans un ordinateur Fraternel que j'avais volé dans l'hôpital. Ça m'a permis de ne pas me faire remarquer...
- Pourquoi tu as fais ça ? Enfin, tu nous expliques ?
- Après la mort d'Éric, Jeanine m'a collé sur ma mission quand j'étais leader chez les Audacieux. Je devais détruire les sans-factions... J'ai donc élaboré un drone qui avait pour objectif de diffuser le sérum de la mort afin d'anéantir les sans-factions. Cependant, je ne pouvais pas tuer ces gens... J'ai donc créé une molécule de synthèse qui les paralyserait pendant une trentaine de minutes.
- Je ne te pensais capable de mettre ta vie en danger pour celle des autres Laur'... Je suis impressionnée par ce que tu as fais, créer une molécule de synthèse est une tâche d'une complexité extrême...
- Ma mère m'a tout appris, donc ce n'était pas si compliqué que ça... Quand on a acquis un savoir faire, c'est difficile de l'oublier. On part quand attaquer le siège Érudit ?
- Vous partez dans deux heures, je compte sur toi pour protéger les arrières de Tris et de Marcus. En fait, fais ce que tu as à faire, je sais pertinemment que tu sauras parfaitement gérer tes hommes pour atteindre tes buts.
- Puis-je prendre des nouvelles de ma sœur ? Béatrice, elle est très malade...
- Oui, tu peux disposer. Bon courage pour l'attaque Laur'.
Je ne répond pas à Johanna car à vrai dire, je n'ai qu'une envie c'est de sortir d'ici pour voir si ma sœur va bien. J'espère que ce n'est rien de bien grave... Je ne m'en remettrai jamais si elle venait à mourir, et de toute façon, elle ne peut pas mourir... Pas si jeune... Je sors de l'écurie et marche en direction du centre médical implanté à côté du dôme où se rassemble les Fraternels pour manger. Je pousse les portes du bâtiment en bois, l'odeur de produits chimique est très présente, je n'aime pas ça du tout. Je croise plusieurs Fraternels vêtus de blouses blanches, ils ne font pas attention à moi et continuent leur discussion. Je ne sais pas vraiment où me rendre, j'arpente donc les couloirs dans l'espoir d'apercevoir un visage familier. Après plusieurs corridors de traverser, je croise un couple de l'âge de mes parents. La femme me dit quelque chose, je me retourne donc en espérant la reconnaître. De dos c'est peine perdue... Cependant, elle aussi se retourne et me regarde d'un air triste. C'est Dan et Rachel Wagner... Les parents d'Éric... Un frisson parcourt mon corps, je ne sais pas comment réagir face à eux. Je peux juste dire que la colère commence à prendre possession de tout mon corps, je ne sais pas si leur adresser la parole est une bonne idée...
- Il nous manque à nous aussi Laur'...
- Je n'ai rien dis pour le moment, donc vous défendre n'est pas nécessaire. Je ne vais pas m'acharner sur des monstres comme vous, je ne souhaite pas perdre de temps pour vous.
- Nous voulions qu'il ait un avenir plus radieux que le nôtre... Nous ne pensions pas le condamner...
- Vous ne pensez pas ? Ça c'est clair, faut être dénué de toutes pensées pour sceller la vie de son fils à une femme qui souhaite le pouvoir total. Vous avez détruis votre fils, vous l'avez maintenant perdu. Un enfant doit être aimé et encouragé pour qu'il réussisse. Vous ? Vous l'avez rabaissé et détruis pour qu'il soit le plus fort et être le plus fort n'était jamais assez pour vous. Monsieur et Madame Wagner, sur ce, au revoir.
Je tourne les talons en pleurs, je marche rapidement, le plus rapidement possible pour sortir d'ici... Je ne souhaite même plus retrouver ma sœur, je veux juste me défouler, me vider de toute la rage qui a pris place en moi. Je heurte violemment quelqu'un, et je m'excuse mille fois mais ce n'est que Jacob... C'est pas possible, il est toujours là quand ça va pas lui...
- Laur'... C'est moi... Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien. Béatrice va bien ?
- Oui, ce n'est qu'une grippe intestinale. Tout va bien maintenant.
- Ok, prépare-toi pour le combat alors.
Je passe à côté de mon frère sans dire un mot de plus, et je sors de cet endroit qui a une odeur que je ne peux supporter. Je vais enfiler des vêtements avec des protections au niveau des zones vitales, je me prépare à mon combat finale. Vais-je réussir à sauver ces fichues données scientifiques ? Que dit le message des Fondateurs ? Vais-je un jour pouvoir faire mon deuil ? Vais-je survivre à tout ça ? Est-ce que les histoires de ma mère étaient bien réelles ? Qu'y a-t-il au-delà du mur ? Qu'est-ce qui nous attend dans l'avenir ? Encore des milliers de questions qui viennent distraire ma tristesse terrible dû à la perte d'Éric.
Voilà pour le chapitre 16 ! Beaucoup beaucoup d'action ! Trop même... Je sais que c'est long mais je vous promet le retour d'Éric dans le TOME 3 ! Plus qu'un chapitre sans lui et après, vous le retrouverez ! Merci pour tout et votez et commentez ! J'ai une sacré baisse de lectures et de votes dans mes derniers chapitres... Je sais que la mort d'Éric vous affecte beaucoup mais restez, vous ne serez pas déçus ;) J'enchaînerai sans problèmes sur le TOME 3 ! Je n'ai pas encore fais de plan donc l'attente risque d'être longue... Désolée... Mon entrée en FAC ne m'avantage pas... Merci encore et VOTEZ ET COMMENTEZ ! Bisous de panda ♥♥♥
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top