Chapitre XII : Sa mort, un effondrement
Point de vue d'Éric :
Laur' est en face de moi, des Audacieux ralliés aux Érudits lui tiennent les bras avec force. Ils l'agenouillent et son regard est emplis de peur. Elle m'implore mais je ne bouge pas, je suis statique devant cette scène totalement macabre. L'un des Audacieux colle l'arme qu'il détient sur la tempe de Laur', il appuie presque immédiatement sur la détente et le coup part. Du sang a giclé sur le sol et la couleur rouge commence à envahir l'espace jusqu'à venir à mes pieds. Le corps inerte de Laur' ne cesse de déverser ce liquide rouge voir noir, et mes chevilles sont maintenant mouillées. Je panique, mais je ne parviens pas à bouger car mes jambes sont d'une lourdeur irréel, ce qui m'empêche de pouvoir prendre Laur' dans mes bras et de fuir cet endroit effrayant. Le niveau du sang augmente d'un coup et j'en ai maintenant jusqu'aux hanches. Je vais me noyer dans le sang de Laur', ceci est abrutissant mais je me sens emprisonné et je ne peux pas bouger. Soudain, quelqu'un cogne à la porte, le son résonne jusqu'à mes oreilles. Je me redresse, en sueur et essoufflé par ce cauchemar d'une réalité plus que perturbante. Je sors du lit mécaniquement, traverse le petit couloir et ouvre la porte en la déverrouillant avant.
- Excuse-moi de te déranger si tard Éric, mais nous avons besoin de toi pour du repérage avec une patrouille armée. Nous avons des raisons de penser que les insurgés sont dans le secteur Sincère. Nous t'attendons à la Ruche dans une heure et pense à t'habiller plus chaudement s'il te plaît.
Max m'a dis ça sur un ton ferme et a tourné les talons sans me dire quelque chose de plus. Je n'arrive pas à le supporter en ce moment car il se croit le meilleur, le tout puissant, celui qui a sauvé la ville car aucun des Audacieux auraient pris une initiative pareille à celle-là. C'est clair qu'exterminer les Altruistes n'est pas une idée que tout le monde a... À part les gens assoiffés de pouvoir bien évidemment... Je referme la porte et comprend la réflexion de Max par rapport à ma tenue vestimentaire, je suis seulement en boxer... Je tourne la clé dans la serrure et regarde les petites tâches de lumières à travers les baies vitrées. Ce sont des veilleuses placées dans les appartements, au cas où il y aurait une urgence. Ma mère a appuyé sur l'une de ses veilleuses un jour, car je m'étais ouvert le crâne et le sang ne cessait de couler sur le parquet de ma chambre. C'est un mauvais souvenir mais c'est sans doute la première fois que j'ai eu à faire à une douleur si intense. Laur' n'est pas dans le salon, elle est dans la chambre de Béatrice qui dort profondément sur le ventre de Laur'. Je décide de prendre la petite tout en faisant extrêmement attention à ne pas la réveiller. Je place mes mains sous son ventre et la soulève pour la placer dans son lit à barreaux. Je la met sur le côté et la couvre de sa petite couverture bleue ciel que chacun des bébés Érudits ont. Je positionne sa petite peluche à côté d'elle et caresse ses cheveux d'une finesse infini. L'innocence inscrite sur son visage d'ange font d'elle une perle de douceur et une lueur d'espoir dans cette ville qui se déchire. Je me tourne vers Laur' et la prend dans mes bras en tentant de ne pas la réveiller mais ce n'est pas chose facile. Je la dépose délicatement sur le matelas du lit et retire son pantalon, son tee-shirt ainsi que son soutien-gorge pour lui enfiler une tunique bleue, qui appartenait sûrement à sa mère. Le tissu épouse les courbes de Laur' et cela me rend dingue, car je sais pertinemment que rien ne sera pareil et que je risque de perdre à jamais son amour ainsi que le droit de pouvoir la bercer, la chérir, l'embrasser, la caresser, et même l'aimer... Je la borde et l'embrasse rapidement car les hurlements de Béatrice commence à retentir dans tous l'appartement et cela me fait un peu peur. Je presse le pas jusqu'à sa chambre et la trouve debout, dans son lit. Des larmes dévalent ses joues, ses yeux sont rouges et elle agite sa peluche bleue. Je la prend dans mes bras et la berce pour essayer de la calmer même si je sais que seul un biberon réussira à la tranquilliser. Depuis la mort de sa mère, elle réclame plus d'attention comme si elle ressentait le manque de sa mère comme une personne adulte. Je vais dans la cuisine pour lui préparer un biberon de lait afin qu'elle se rendorme tranquillement. Je m'assois sur le fauteuil face à la baie vitrée pour admirer le ciel. Béatrice tète avec entrain tout en me caressant le visage avec ses petites mains potelées. J'observe ce petit être qui est le symbole même d'une parfaite pureté, puis je me dis qu'être père est sans doute la plus belle chose qui puisse m'arriver. Je n'avais jamais ressentis ce désir d'avoir un enfant avant aujourd'hui, cela m'effraie un peu... Je ne sais pas si je serai à la hauteur puis je ne sais pas ce qu'est être un bon père... Laur' a l'exemple de sa mère mais, moi, je n'ai rien. Je pose ma main sur le ventre de la petite et ressens l'air soulever son buste dans un rythme régulier et lent. Elle me regarde toujours en ayant sa main posée sur ma joue.
- J'espère que tu seras une grande femme comme ta sœur... Elle est courageuse, déterminée, loyale, compréhensive, curieuse mais surtout, c'est quelqu'un qui aime indéfiniment. Elle fait toujours passer ceux qu'elle aime avant elle et c'est une qualité que j'admire chez elle. J'ai détruis sa vie, j'ai tout mis en l'air car j'étais aveuglé par cette envie de la protéger de tout, alors qu'elle sait très bien se protéger seule, mais je n'ai pas su lui donner le droit d'assurer elle-même sa propre protection. C'est à cause de moi que ta mère ne vient plus t'embrasser et c'est à cause de moi que tu ne connaîtras pas cette merveilleuse personne qu'était Marie. Personne ne peut remplacer une mère... Pourtant, Laur' se démènera pour te donner la même éducation qu'elle a reçu et j'ai peur que ça la détruise si elle échoue. J'aime ta sœur Béatrice et je donnerai ma vie pour elle. Je n'aurai jamais cru ressentir ça un jour et je ne peux même pas t'expliquer à quel point j'ai mal de la voir souffrir. La rendre heureuse est mon seul et unique but dans ma courte vie mais j'ai échoué...
- Non... Tu n'as pas échoué Éric... Tu as juste fais un choix qui te paraissait le bon. Tu n'es pas médium donc tu ne pouvait pas savoir que ma mère allait périr ce jour là. Cesse de t'en vouloir comme ça car la vie est faite de haut et de bas puis nous ne pouvons pas ramener ma mère d'entre les morts. Ma souffrance vient de son décès, de la ville qui s'écroule, de ma peur de ne pas réussir avec Béatrice et surtout je souffre car je t'aime... Je t'aime toi et personne d'autre. C'est toi Éric et ça ne sera jamais quelqu'un d'autre. Je t'en veux sans t'en vouloir car je sais très bien que quand tu me dis que tu n'avais pas le choix, c'est que tu n'avais en effet pas du tout le choix. Je ne sais pas comment te dire que je t'aime car il n'y a pas d'autres mots pour définir ce que je ressens pour toi. Ça me rend dingue car ça me dépasse mais c'est ça l'amour, c'est quelque chose de surpuissant et d'impalpable. C'est quelque chose de magnifique, de magique et de terrifiant mais t'aimer toi est la meilleure chose qui m'est arrivée dans ma vie.
J'inspire difficilement et chasse les larmes qui ont pris place dans mes yeux et qui se sont même échappées pour couler le long de mes joues. Moi, Éric Wagner, je pleure, je suis écrasé par ce sentiment qui m'attache à Laur'. Je suis l'un des leaders le plus terrible des Audacieux et je suis terrassé par l'amour que je porte envers Laur'. Je l'approche et viens déposer mes lèvres sur les siennes qui sont si douce... Béatrice s'est endormis dans mes bras, la chaleur du biberon l'a calmé. Je la met dans son lit et m'empresse de serrer Laur' contre moi. Elle pleure et j'ai l'impression qu'elle ne s'arrêtera jamais, que sa douleur est infini et qu'aucun remède existe en ce monde. Je l'entraîne dans notre lit et la berce tout en prêtant attention à l'heure pour ne pas arriver en retard à la Ruche.
- Je dois y aller Laur'... Max est venu me voir pour que je le rejoigne à la Ruche.
- Dois-je m'inquiéter... ?
- Non, je ferai attention. Je te le promet mais endors-toi chérie sinon tu vas être fatiguée demain.
- Hummm...
Elle me serre fort dans ses bras et me soupire un « je t'aime » à l'oreille avant de m'embrasser avec tendresse. Je m'habille rapidement et pars de l'appartement le cœur serré. Je marche dans les rues sombres des Érudits qui sont beaucoup moins accueillantes la nuit... Les bruits qui me sont inconnus me font bondir de peur et l'obscurité ne m'aide pas réellement à me détendre... Je traverse plusieurs ruelles avant d'arriver à la Ruche, où je décide de monter les escaliers au lieu de prendre l'ascenseur, car cela me fait penser à Laur' et à sa claustrophobie. J'ai toujours admirer son courage lorsqu'elle doit affronter l'une de ses peurs dans la réalité. Je monte les marches jusqu'au dixième étage où je passe mon badge afin de pouvoir entrer dans cette partie très secrète des Érudits. C'est ici où a lieu la détention des divergents et c'est aussi ici que les tests sont effectués. Je marche au bout du couloir et tourne à droite pour prendre la première porte à ma gauche. J'entre sans toquer car j'estime que mon rang me laisse ce genre de privilège. Tout le monde est assis et me regarde bizarrement, ce qui présage rien de bon. Je prend place à côté de Peter Hayes ou le mec qui m'énerve le plus dans cette ville.
- Vous avez cinq minutes de retard Monsieur Wagner.
- Excusez-moi Jeanine. Laur' est encore un peu patraque, je devais m'occuper de Béatrice.
- Ce n'est pas grave, je comprend tout à fait. Bref, nous avons eu des vidéos montrant des Audacieux dans l'enceinte Sincère et je vous demande de gérer une patrouille pour aller vérifier tout ceci.
- Vous êtes sûr qu'ils sont là-bas ??
- Non, c'est pour ça que je vous envoie vérifier la théorie.
- Je suis désolé de vous décevoir mais je n'irai pas. Je veux des preuves formelles car si votre information s'avère vraie, une bonne centaine d'Audacieux contre dix pauvres hommes, ça ne fera pas bon ménage. Après, peut-être que vous trouvez cela nécessaire d'aller sacrifier dix de vos meilleurs éléments.
- Merci d'être franc dans vos paroles Monsieur Wagner, mais évitez de me contredire de cette manière. Qu'est-ce que vous proposez comme autre solution ??
- Apportez-moi des preuves et dès lors nous irons tous et je dis bien tous là-bas pour mettre un terme à tout ces affrontements.
- C'est une bonne idée ! Faisons comme ça.
- Excuse-moi mais Éric... Je te trouve pas très Audacieux... Pourquoi on ne foncerait pas avec tous nos hommes afin de taper quand ils ne s'y attendent pas. En plus, ils ne seront pas au maximum de leur forme donc ça nous laisse un énorme avantage.
- Tu vois Peter. Ta tactique, c'est plus du suicide. Connaître son ennemi avant de l'attaquer, c'est ce que l'on vous a appris lors de l'initiation. Tu comptes aller à l'aveugle c'est ça ?? Désolé mais ta soif de sang attendra.
- Mais va te faire...
- C'est bon ! La réunion est finie, rentrez chez vous. Monsieur Wagner, votre comportement mériterai bien une correction donc faites attention à ce que vous dites.
Je sors en colère de la pièce et je ne salue personne... Ce n'est qu'une bande d'hypocrites et dès que j'aurai le dos de tourné, ils me poignarderont sans aucune pitié. J'en ai marre d'obéir aux ordres comme un chien, j'en ai marre de devoir payer à cause de leur domination à la con. Puis cette conne de Jeanine qui m'appelle par mon nom... Elle n'avait jamais fais ça avant mais maintenant ça a l'air d'être son truc, histoire de montrer qu'elle est supérieur à moi mais ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il y a des milliers de sans-factions qui sont prêts à faire tomber sa dictature. Je rentre à toute vitesse et cette colère grandissante s'apaise à la vue du visage endormis de Laur'. Je me glisse sous les draps et déplace son corps contre le miens.
- Tu es déjà rentré ?? Je pensais que ça allait durer toute la nuit.
- Je ne suis pas un pantin et je ne veux pas mourir... Jeanine a du mal à le comprendre...
- Je me ferai un plaisir de la tuer un jour.
Je souris un peu et m'endors tranquillement en écoutant le vent qui siffle au contact des parois de l'immeuble. La chaleur du corps de Laur' apaise toutes mes souffrances et mon cœur est pour la première fois moins vide que ces derniers jours.
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Point de vue de Laur' :
Les pleurs de Béatrice me tirent de mon sommeil et je me lève pour aller la voir. Elle me fait un grand sourire quand elle me voit entrer dans sa chambre. Je la prend et la met entre Éric et moi dans le lit. Elle joue avec les draps en les tirant et elle gazouille pour montrer sa bonne humeur. Éric fronce un peu les sourcils et finit par ouvrir les yeux avec un peu de difficultés face à la lumière qui pénètre la chambre.
- Elle a l'air en forme.
- En même temps, elle a pu faire une nuit complète contrairement à nous deux.
- Tu as eu du mal à te rendormir quand je suis partis ??
- Oui... Je cogitais, j'avais peur que tu ne reviennes pas mais j'ai finis par tomber de sommeil...
- Le sédatif te faisait encore de l'effet mais tant mieux. Tu as pu te reposer un minimum parce qu'il va falloir que tu suives ce que va te dire Jeanine et c'est assez complexe à comprendre.
- J'en ai pas vraiment envie à vrai dire...
Il vient embrasser Béatrice qui commence à pleurer à chaude larmes, elle doit sûrement avoir faim et c'est la seule façon qu'elle a trouvé pour nous faire comprendre ce qu'elle veut, même si j'avoue qu'un peu de précision ne serai pas de refus, mais bon, il va falloir attendre avant qu'elle commence à parler... Nous sortons du lit et allons dans la cuisine pour nous préparer un bon petit déjeuner. Je met Béatrice dans sa chaise haute pour pouvoir faire réchauffer son biberon qu'elle réclame de plus en plus bruyamment. Éric s'affaire et remplit deux bols de café au lait afin de nous booster pour cette journée qui s'avère difficile pour lui autant que pour moi. Il dispose les deux récipients sur la table et met une cuillère à chacun du côté droit. Il ramène un couteau, du beurre, de la confiture à la prune ainsi que du pain en tranche. L'odeur du café me rappelle mes matins de tranquillité absolue avec Éric... Je n'ai pas su profiter de ces moments comme il le fallait, mais ce qui est fais, est fais. Béatrice est un bébé très tactile, surtout quand elle boit son lait, elle a cette habitude qu'est de toucher le visage de celui qui la nourrit. Elle me regarde et jette un coup d'œil à ce que fait Éric lorsqu'il fait un bruit jugé trop brusque par Mademoiselle. J'observe le soleil se lever avec ses milles couleurs qui réchauffent le ciel, des oiseaux voltigent dans les airs et piaillent entre eux. Si je n'avais pas le vertige, j'aurais rêvé de voler car cela doit procurer des sensations vraiment très intense, puis voler c'est un signe de liberté totale. Il n'y a pas de limites, pas de règles juste le droit d'aller où l'on veut quand on le souhaite. Je n'ai jamais vraiment aimé habiter dans ces grattes ciels qui n'ont que des baies vitrées... Même en y habitant toute mon enfance, je ne me suis jamais vraiment aventuré trop près de ces monstres de verre. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en leur solidité, c'est juste que ma peur prend toujours le dessus, surtout quand j'ai à faire avec le vide.
- Tu viens manger ??
- Oui.
Je prend place aux côtés de Ric' et commence à me faire une tartine de beurre et de confiture. Je reproduis les gestes que ma mère répétait lorsque je vivais encore avec elle. La copier était un vrai jeu quand j'étais plus jeune, mais maintenant ce sont des choses qui font parties de moi. C'est comme si un morceau de ma mère vivait encore à travers moi, comme si elle n'avait pas totalement disparu de la surface de la terre. Je plonge ma tartine dans mon bol et le pain s'imprègne de café lentement.
- Je ne t'ai jamais posé la question mais, pourquoi ces tatouages sur tes bras ?? Qu'est-ce que c'est censé représenter ??
- Un labyrinthe.
- Pourquoi un labyrinthe ??
- Le labyrinthe symbolise le parcours d'une vie, car quelques fois tu te trompes et tu dois faire demi-tour puis tu dois aussi faire des choix qui auront des conséquences. Il n'y a qu'une issue à ce labyrinthe et c'est la mort.
- Qu'est-ce qu'il symbolise pour toi ??
- Que j'ai le droit de me tromper, que j'ai le droit d'échouer, que je peux faire des choix sans que mes parents m'influencent.
- Le labyrinthe te rappelle que tu es humain et que tu as le droit à l'erreur.
- Exact...
- Je connaissais la symbolique du labyrinthe comme quoi il était un symbole de résurrection mais pas de parcours de vie.
- Tori était surprise lorsque je lui ai demandé de me tatouer. Elle n'a pas réellement compris le sens qu'il avait mais je ne comptais pas lui raconter mon passé. Il est hors de question de montrer mes faiblesses à quelqu'un d'autre que toi.
- Hummm... De toute manière, nous ne pouvons pas faire confiance à n'importe qui... Jeanine serait la première à te lancer dans la gueule le fait que tu n'es rien sans tes parents, ce qui est totalement faux...
Quelqu'un toque violemment à la porte et appelle Éric. Il se lève et ouvre à un homme d'âge mûr qui est en sueur.
- Nous avons les preuves, il faut que vous veniez au plus vite pour planifier notre plan.
- Je vous rejoins là bas. Vous pouvez disposer.
- Les preuves de quoi ??
- Que les Audacieux insurgés sont dans le secteur Sincère.
- Tu vas les tuer ??
- Non il faut attraper les divergents, les Audacieux ne nous servent à rien. Pour le moment, c'est l'ouverture de la boîte trouvée chez les Prior qui nous intéresse.
- Donc, tu vas capturer mes frères... Non. En fait, tu vas faire pire car tu vas condamner des divergents alors que tu en es un. Tu détruis les tiens et je trouve ça dégueulasse.
- Laur'. Tu crois que j'ai le choix ??
- Oui ! On a toujours le choix Éric ! Toi, tu choisis la facilité et tu ne met jamais ta peau en jeu. Dans une guerre, des gens meurent que ce soit d'un côté ou d'un autre ! Donc, me dire que ta priorité est de me protéger Béatrice et moi, ça me fait doucement rire. Nous ne sommes en sécurité nulle part surtout quand on est divergent... Ta famille n'est pas ici Éric... Tu t'es trompé de camp.
- Parce que tu veux aller vagabonder avec un bébé à charge ?? Tu risquerai de la tuer ! Je te garde ici pour que Béatrice ait quelqu'un sinon je sais que ça ferai longtemps que tu serais partis. Mon camp est ici Laur', et oui je choisis la facilité car toi et moi auront une bonne place dans la société après cette guerre. Je fais en sorte que notre avenir ne soit pas affreux à vivre, mais toi, tu préfères courir avec tes connards de sans-factions.
- Les connards de sans-factions renverseront Jeanine, je te le promet. Et je vais te faire une autre promesse Éric. Je me casse d'ici dès que j'aurai assez d'informations pour détruire Jeanine Matthews et sa bande de chiens.
Il esquisse un petit sourire au coin de ses lèvres.
- Il y a deux gardes au niveau de l'ascenseur ainsi que trois gardes à l'entrée de l'immeuble. Tu as cru que tu pourrais t'enfuir comme ça ?? Je te connais assez bien maintenant pour déjouer chacun de tes plans.
- Tu es vraiment qu'une ordure.
- Tu me remercieras de t'avoir enfermé ici quand tu seras mère et que nos enfants vivront heureux grâce à moi. Tu n'as pas conscience du danger Laur'. Les divergents sont torturés et tués quand ils n'ouvrent pas la boîte, puis je peux t'assurer que si Jeanine apprend que tu es divergente, elle te tuera sans aucune hésitation. C'est pareil pour Béatrice, donc réfléchis en tant qu'adulte et protège la comme il se doit. Ce qu'il faut que tu comprennes Laur', c'est qu'être dans le camp des gagnants, c'est être assuré de survivre.
- Arrogant, un vrai Érudit. Tu es vraiment trop sûr de toi Ric'. Tu vois, je préfère avoir un avenir pourri et garder mon honneur car ce que tu me fais faire, c'est totalement affreux. Et ne me parle pas de ma mère car elle n'est plus là à cause de toi donc maintenant laisse-moi élever ma sœur comme il se doit.
- Nous n'avons pas le même point de vue... Toi, tu es dans l'excès de la liberté à vouloir courir dans le rues comme tu le souhaite.
- Bien sûr ! Être libre, c'est ce qu'est être Audacieux, mais tu es tellement avec toi même que tu ne connais même pas les habitudes et le comportement des personnes de ta faction. Putain mais réveille-toi ! Tu es en train de tout détruire ! Tu es faible, tu vas à l'encontre de tes propres idées et tu es lunatique ! Cette nuit, le Éric que j'ai vu parler à Béatrice, il était quelqu'un de bien. Tu t'en veux d'avoir tué des Altruistes mais tu continues à t'enfoncer en assassinant des divergents ! Arrêtes de te mettre en victime et assume pleinement tes choix Éric.
- Oui, je suis faible car tout ce que je souhaite c'est une vie paisible avec toi. J'aimerai rejoindre Evelyn ou je ne sais qui mais ils me détestent tous et Béatrice ne survivrait pas. Mais vois-tu t'aimer est quelque chose qui me rend vulnérable, car te protéger est une obsession. Et je suis quelqu'un de possessif, c'est pour ça que tu resteras ici jusqu'à ce que la guerre cesse. Tu es relevée de tes fonctions de leader pendant la guerre et la seule chose que tu dois faire est de prendre soin de ta sœur. Je suis désolé pour tout ça, tu me détesteras le temps qu'il faudra et ça ira mieux après. Maintenant, je dois y aller donc je te dis à ce soir. Je t'aime...
- C'est ça.
Il soupire et vient tout de même plaquer ses lèvres contre ma joue tout en me caressant le dos pour que je me détende. Il sort de l'appartement sans me dire quoi que ce soit d'autre, me laissant avec Béatrice. Il m'aime, ça c'est sûr mais il ne veut pas risquer notre peau et cela m'énerve. Je sais que Béatrice est petite mais ici, ce n'est pas chez elle et elle doit allée avec sa famille. Éric m'enferme une fois de plus contre mon gré, je ne supporte pas ça et je ne supporterai jamais d'être un objet qu'il possède. À l'entendre parler, c'est comme si mon avenir était déjà tracé, que ce serai lui le père de mes enfants, et que sans lui je ne serai rien. Je ne vivrai pas dans son ombre car ce n'est pas moi-même, ce n'est pas la Laur' intrépide que les Audacieux connaissent. Béatrice hurle, ce qui me rappelle à l'ordre car l'heure tourne et je dois la préparer pour cette après-midi. Une personne tambourine à la porte et entre avant que j'ai le temps de lui dire « entrez ». C'est Arthur, l'Audacieux avec qui je suis partis en mission sur le terrain lors de mon initiation de leader.
- Je t'ai dis d'entrer ??
- Ce n'est pas toi qui donne les ordres ici Laur'. Dans une heure, nous t'escortons jusqu'à la cafétéria de la Ruche. Prépare la petite.
- C'est bon t'as fini ton petit sketch ?? Tu ne reçois peut-être pas d'ordre de ma part mais je n'en reçois pas de ta part non plus. Maintenant sors de cette appartement avant que je pète un câble.
Il fronce les sourcils et ferme la porte derrière lui. Je pars dans la salle de bain pour changer la couche de Béatrice et pour l'habiller. Je lui remet son bodie et l'habille d'une petite robe bleu azur et d'un gilet en laine bleu foncé. Je lui enfile de minuscules ballerines qui me font littéralement fondre. Je passe un coton imbibé de lait hydratant sur son visage et brosse le peu de cheveux qu'elle a sur le crâne. Je la pose sur un tapis que je met dans la salle d'eau à côté de la baignoire afin de pouvoir la surveiller pendant que je me douche. Je règle l'eau de façon à ce qu'elle soit glacé pour bien me réveiller. Je sais, je suis légèrement cinglée ! Je m'habille comme une Érudite adulte avec les vêtements de ma mère. Je met sur mes épaules le châle qu'elle portait quand elle était enceinte de Béatrice et j'hume l'odeur que son corps a laissé. J'ai fais en sorte que le porte bébé soit en dessous du châle pour recouvrir Béatrice au cas où il y aurait une brise un peu trop fraîche qui risquerai de la rendre malade. Une photo posée sur la commode dans la chambre, attire mon regard. Je suis sur les genoux de ma mère avec Ryan, cette photo a dû être prise lors d'une rentrée à l'école. Les Érudits font des photos en trio, ne me demandez pas pourquoi car je n'en sais rien. Ma mère souriait, elle avait l'air heureuse lors de cette photographie, pourtant, elle vivait un vrai enfer avec Richard. Elle a été trop digne pour nous dire qu'il lui faisait aussi du mal... Elle ne voulait pas que ses propres enfants assurent sa protection.
- Laur' ! On y va !
Je me rue dans la salle à vivre, en colère contre Arthur qui rentre sans toquer et qui hurle comme un abruti. Même en ayant Béatrice au niveau de mon ventre, je pousse Arthur et plaque violemment sa tête contre le mur.
- La prochaine fois que tu rentres sans toquer, je t'explose le bras.
- C'est bon, j'ai compris. Lâche-moi.
Je lâche prise et l'expulse à l'extérieur de l'appartement où un autre Audacieux rallié aux Érudits attend. Ils me laissent passer devant eux mais me suivent de très près, ce que je trouve horrible. J'angoisse donc je caresse le dos de Béatrice pour la rassurer un peu. Elle a les mains sur ma poitrine et observe ce qui l'entoure, une petite curieuse celle-là. Nous marchons dans les ruelles étroites que je prenais comme raccourcis pour aller à la Ruche. Les gardes Audacieux ne me disent rien, ils n'ont pas d'ordre sur le trajet que je dois prendre et tant mieux. Il fait plutôt beau aujourd'hui et le vent n'est pas trop froid donc je laisse mon châle entre-ouvert. Arrivée à la Ruche, je me rend sans plus attendre à la cafétéria pour prendre un plateau. Aujourd'hui c'est de la dinde avec des courgettes cuite avec un peu d'huile d'olive et assaisonnées avec du curry. Je vais au comptoir où sont entreposés les petits pots pour bébé et je choisi de la purée d'artichaut. Il faut qu'il goûte un peu de tout quand ils sont petits sinon c'est très vite difficile de les faire manger, même si un enfant ne se laissera jamais mourir de faim. Je m'assois auprès des Audacieux ralliés aux Érudits et tente de me faire petite pour ne pas me faire remarquer.
- Tiens tiens ! Voyez qui voilà ! Laur' Scott !
- Cool, tu connais mon nom. Tu veux une médaille ??
- J'aimerai que ce que je vais dire reste entre nous tous sur cette table. Je ne comprend pas leur histoire de boîte qu'il faut ouvrir... Les Érudits voulaient prendre le pouvoir mais ils ne s'occupent même pas du peuple. Ils les traumatisent en nous envoyant dénicher le moindre petit divergent et en les menaçant d'une attaque similaire à celle faite aux Altruistes. C'est cool de vouloir avoir le pouvoir mais quand on ne sait pas l'exercer, ça ne sert strictement à rien. Tu en penses quoi Laur' ??
- Jeanine cherche à avoir le pouvoir total et pour avoir une emprise totale sur Chicago, elle doit tout savoir sur tout. La devise de l'Érudit est « Contre le conflit, une solution : le savoir. L'intelligence au service du progrès. ». Ils sont persuadés que c'est en ayant des connaissances qu'ils éviteront le conflit, puis cette boîte sert juste d'excuse même si je pense qu'elle a tout de même son importance, et que Jeanine désire vraiment savoir ce que les fondateurs nous ont laissé comme message. Les divergents sont une source de conflit et il faut l'éradiquer, ce qui ne rentre pas vraiment dans son dicton car si elle le voulait réellement, elle trouverai une solution. Mais, elle a soif de pouvoir et le divergent pense de mille façons donc, il est un concurrent potentiel et vu qu'il est inconnu, elle se sert de la peur des gens pour faire son génocide.
- Je ne comprend pas trop le terme de divergent...
- C'est assez complexe et je ne peux même pas te l'expliquer car je ne connais rien de ce phénomène. J'ai une question... Pourquoi vous êtes vous ralliés aux Érudits ??
- C'est eux qui vont gagner, ils gagnent toujours et je ne souhaite pas être sur leur passage quand ils extermineront tous les insurgés. Nous ne voulions pas être sans-factions... Nous faisons ça pour survivre même si c'est atroce...
- Éric a le même discours...
- Cela m'étonne de lui... Il a l'air de prendre son pied quand il tue et surtout quand il rabaisse. Je suis toujours surpris qu'une fille veuille bien de lui...
- Il ne faut pas se fier aux apparences avec Éric. Il est humain, c'est juste que Jeanine le pousse à bout et il a peur qu'elle ne l'exécute s'il n'obéit pas.
- C'est une vrai garce celle-là. Je souhaite un jour voir sa dépouille joncher le sol d'une ruelle dans le secteur des sans-factions.
- Oui, c'est clair que Tris doit mourir...
Il fronce les sourcils et me regarde vraiment surpris par ce que je viens de dire. Il comprend mes paroles quand la voix de Jeanine retentit dans son dos. Je suis affreuse mais c'est pour une bonne cause, celle de sauver la peau de ces Audacieux un peu maladroits. Je me lève et suis Jeanine en faisant attention aux sangles du porte-bébé afin d'éviter une éventuelle chute de Béatrice.
- Vous allez bien Laur' ??
- Oui et vous, Jeanine ??
- Oui. Nous avons beaucoup de mal à trouver les fuyards mais je suis sûr qu'Éric va réussir à faire ce que je lui demande. Il est très doué et très obéissant, j'apprécie vraiment son dévouement. Il vient de partir avec une patrouille dans le secteur Sincère et j'espère que la mission aura du succès. Nous avons besoin des divergents, c'est devenu vital.
- Je comprend.
Béatrice touche le bras de Jeanine et gazouille dans les couloirs blanc du secteur secret des Érudits.
- Elle a grandis, elle ressemble à votre mère. D'ailleurs, je vous présente toutes mes condoléances, c'est vraiment tragique mais votre père a eu raison. Son geste était très digne, je lui en suis reconnaissante car voyez-vous, les divergents sont beaucoup trop dangereux pour notre société.
- Je le sais et j'espère que vous allez m'éclaircir sur ce qu'est précisément un divergent.
- Vous allez d'abord assister à un cours de remise à niveau. Ne vous en faite pas, vous aurez juste à écouter ce que dis le professeur. Ensuite, je vous expliquerez avec quelques élèves, la divergence.
J'acquiesce d'un léger signe de tête et entre dans une salle où plusieurs personnes sont assises. Je me place au dernier rang car j'ai peur que Béatrice fasse trop de bruit même s'il est fort probable qu'elle s'endorme vu qu'elle vient de manger. Je la retire du porte-bébé et l'enveloppe dans mon châle pour la bercé dans un rythme calme et régulier. Elle s'endort et je commence à prêter attention à ce que le professeur est en train de dire. Il parle des différentes zones du cerveau et en particulier de deux zones, celle du cortex préfrontal et celle du cortex orbitofrontal.
- Le cortex préfrontal est situé, comme le nom l'indique, au niveau du front, à l'avant de la tête. Ce cortex permet le langage, la mémoire de la méthode de travail, la réflexion et c'est donc cette zone du cerveau qui gère toutes nos actions. C'est aussi l'endroit du goût et de l'odorat. Parlons du cortex orbitofrontal qui est une région du cortex préfrontal. Ce cortex est le centre décisionnel du cerveau et il est aussi actif dans les émotions et le système de récompense. Nous allons désormais observer des coupes transversales de cerveau animal, bien évidemment. Vous devrez trouver le cortex préfrontal et trouver ses limites. Ensuite nous observerons de multiples scanners et IRM avec différentes pathologies qui affectent la zone préfrontal.
Je me penche vers le petit bac blanc qui contient le cervelet, c'est... visqueux. Je bouge la souris de l'ordinateur pour l'allumer afin de voir les instructions pour cette coupe « transversale » comme il dit si bien. Une heure passe et je suis toujours en train d'observer des encéphales... Je suis calée sur le sujet même si j'avoue avoir légèrement décroché. J'écoute le vrombissement des ventilateurs qui refroidissent les ordinateurs et regarde le carrelage bleu et blanc. Il y a encore et toujours des baies vitrées ce qui me fait penser aux Érudits et justement à leur solution contre le conflit qu'est le savoir. Les Sincères aussi donnent une place importante au verre dans leur bâtiment et je pense avoir une explication. Les Érudits veulent savoir la vérité sur des choses scientifique et les Sincère souhaitent savoir la vérité sur des faits commis contre l'humanité. Ils veulent avoir accès au savoir et donc y voir clair. Le verre est transparent, laissant apparaître tout à travers lui. Il ne cache rien du tout et nous laisse voir, donc savoir. C'est un matériaux solide et il peut aussi symboliser la puissance incontestable du savoir. Béatrice se met à bouger, elle se redresse et baille tout en s'étirant. Je lui embrasse le haut de la tête et continue d'écouter le professeur qui finit quelques minutes après le réveil de ma sœur. Je sors de la pièce mais l'enseignant me retient pour me parler.
- Vous êtes devenue une grand femme Laur' Scott. Cela doit être de famille... Toutes mes condoléances pour votre mère, c'était quelqu'un de bien.
- C'était surtout une divergente... Elle devait mourir.
L'homme baisse les yeux et me laisse sortir de la salle de classe dans un silence de plomb. Jeanine m'attendait et m'invite à la suivre dans ce dédale de couloirs que j'ai dû traverser hier, après m'être réveillée.
- Ici, nous sommes dans l'aile Nord de la Ruche, c'est un endroit sous haute surveillance car nous y entreposons les différents sérum de la mort et c'est aussi ici que de nombreux virus sommeillent. C'est un hôpital, et un centre d'expérience.
- D'accord.
Elle me fait entrer dans une grande pièce qui a une odeur très forte de produit chimique, c'est entêtant... Un néon clignote et je perçois une autre pièce où un homme est couché dans une sorte de tube. Je m'assois auprès des autres élèves et écoute ce que dit Jeanine.
- Dès lors que des réponses existent à une question, elles doivent être fournies ou du moins recherchées. Les processus de pensée illogiques doivent être combattus. Les mauvaises réponses doivent être rectifiées. Les bonnes réponses doivent être défendues. N'oubliez jamais ces phrases car sans elle, vous n'êtes pas des Érudits. L'homme que vous voyez ici est un divergent et nous allons observer une IRM de son cerveau pour pouvoir expliquer ce phénomène.
Je ressens tout d'un coup de la pitié pour ce pauvre homme qui va sûrement mourir pour une malformation du cerveau. Éric rigolerait s'il m'avait entendu dire ça... Je revois sa tête quand je lui ai parlé de convergence et cela me fait légèrement sourire. Jeanine projette une image du cerveau de l'homme et commence son petit cours.
- Nommons cet homme « y » et répondez correctement à mes questions lorsque je vous interroge. Observez cette IRM et dites-moi ce qui est anormal chez « y ».
- Le cortex préfrontal est largement plus gros que la normal, c'est une anomalie.
- Bien vu Mademoiselle. En effet, le cortex préfrontal de cet homme est plus important que le nôtre. Parlons maintenant du cortex orbitofrontal. Que pouvez-vous m'en dire ??
- Il est quasiment inexistant, ce qui est très inquiétant car c'est une zone clé de l'encéphale. C'est le centre décisionnel du cortex préfrontal...
- Très bonne remarque jeune homme ! Je vais maintenant vous expliquez toutes vos remarques à propos du cerveau de « y ». Le cortex préfrontal est très grand chez le divergent car il agit au nom de toutes les factions et son raisonnement est donc aléatoire et multiple, ce qui est évidemment tout le contraire de ce que désiraient les fondateurs de notre système. Le cortex orbitofrontal est minuscule car c'est ici que se trouve le système de récompense et les émotions. Le divergent agit donc sans but précis, sans réflexion profonde et sans émotions. Il est donc dangereux car ses décisions peuvent nous mener à une guerre terrible.
- Nous sommes déjà en guerre... Il n'a pas fallu que les divergents mettent leur grain de sel pour nous mettre dans ce conflit. Excusez-moi Jeanine mais je trouve que votre explication sur l'analyse de l'IRM n'est pas assez poussée. Avez-vous effectué des tests pour savoir si un divergent agissait sans réfléchir ??
- Non Laur' mais l'IRM est une preuve scientifique donc nous n'avons pas besoin d'effectuer de tests comme vous le dites.
- Non, l'IRM montre juste ce que nous ne pouvons voir et c'est à nous d'expliquer les anomalies inscrite sur cette image. Votre théorie est plausible mais sans la soumettre à des expériences, elle ne vaut rien.
- Et bien trouvez-moi une expérience à effectuer sur cet homme Laur'. Vous avez l'air d'être beaucoup plus calée que moi sur le sujet.
- C'est très simple ! Faites lui passer une simulation dans laquelle même un divergent n'en serait pas conscient, et analysez l'activité de son cortex préfrontal grâce à une IRM ou un scanner. Vous m'étonnez Jeanine car la science ne se fait jamais sur une théorie non vérifiée... Vous prônez pourtant l'idée que la science est la solution à tout.
Elle me dévisage et son air dur reprend le dessus sur sa sérénité d'hypocrite. Je l'énerve mais je ne me met pas du tout en danger car je donne juste une solution à ce problème de divergence qui ne fait qu'accroître la violence dans Chicago.
- J'étudierais ta proposition avec mes conseillers Laur'. Merci beaucoup pour ta coopération mais je tiens à te rappeler qu'ici, c'est moi qui explique et qui donne les ordres. Je n'aime pas la façon que tu as de donner ton point de vue.
- Je suis désolée de vous avoir offensé mais je ne suis pas Érudite mais Audacieuse donc mes manières sont quelques peu différentes des vôtres. Je souhaiterai rentrer chez moi... Béatrice en a marre et elle commence à avoir faim.
- Allez-y et bonne fin de journée Mademoiselle Scott.
Je lui fais un signe de tête et sors de la pièce encore toute retournée par mon opposition face à Jeanine. Je n'aurai jamais cru qu'un jour je me mettrai en travers de son chemin... J'ai réussi à la déstabiliser et j'en suis plutôt fière ! Je sors de la zone sous surveillance des Érudits et m'empresse de sortir de la Ruche. Arthur et l'autre homme courent derrière moi pour me rattraper afin de me suivre comme des petits chiens...
- Vous me lâcherez donc jamais ??
- Exact et même si nous sommes d'accord sur le fait que Jeanine soit une garce, nous devons obéir aux ordres.
- Hummm... Excuse-moi pour tout à l'heure mais j'ai horreur qu'on rentre sans toquer.
- Ce n'est pas grave, ta réaction était normale.
- Je suis obligée de rentrer ou je peux me balader un peu ??
- Bien sûr, tu n'es pas une prisonnière Laur'.
- Pourtant, j'ai l'impression d'en être une...
Je sors Béatrice du porte-bébé et la fais marcher à côté de moi. Nous nous rendons au parc pour qu'elle se dégourdisse les jambes et qu'elle prenne un peu le soleil. Elle a du mal à me lâcher mais elle cède vite à la tentation et courre vers le petit toboggan. Je l'aide à monter l'échelle et je me poste en bas pour la rattraper. Ses éclats de rire résonnent et cela me rend heureuse... Pauvre Béatrice qui a du vivre ses premiers cours d'école à l'âge d'un an...
- Tu as tiré une leçon à Jeanine ??
- Euh... Pas vraiment... Comment tu sais ça Arthur ??
- Chez les Érudits, les rumeurs se diffusent très vite vois-tu.
- Ah... Bah je lui ai en quelque sorte dis qu'elle n'était pas une vraie scientifique car elle ne faisait pas d'expérience sur sa théorie. En gros, elle impose une explication qui est pour moi fausse, et qui est là juste pour lever le peuple contre les divergents. C'est une manipulatrice de très haut niveau mais ça ne marche pas avec moi.
- Tu es une grosse malade... Je comprend pourquoi Max t'a choisis en tant que leader.
Je souris et accompagne ma sœur sur un cheval à bascule. Elle se balance et ses cheveux volent au vent, elle est adorable. Elle courre et s'accroche aux jambes d'Arthur pour tenir debout, ce qui le fait sourire. Nous partons de cet endroit et je me permet de faire un peu de repérage pour voir par où je pourrai partir si je venais à m'enfuir d'ici. Mes frères me manquent et je veux être à leur côté pour pouvoir les protéger ou même juste être avec eux... Je donnerai n'importe quoi pour pouvoir serrer mes trois frères dans mes bras... Il faut que je m'enfuie d'ici, c'est un vrai cauchemar ce lieu et je ne souhaite pas y vivre toute ma vie. Les immeubles se ressemblent tous mais je connais comme ma poche le secteur Érudit et j'ai assez d'informations pour pouvoir rejoindre ma famille. J'ai envie de voir Evelyn... C'est la seule personne qui ne me trahirais pas et même si je ne lui pardonne pas ce qu'elle a fais, je reste consciente que c'est ma mère et que l'on ne renonce aux liens du sang... Elle ne remplacera jamais Marie, ça c'est sûr et je ne la laisserai pas la remplacer même si c'est tout à fait normal qu'elle veuille avoir une place importante dans ma vie.
- Tu cherches quelque chose Laur' ??
- Je veux me barrer d'ici et je pense avoir besoin de votre aide.
- Et comment peut-on t'aider ?? Sachant que si tu t'enfuis, tu auras intérêt à nous frapper fort pour que Max croit que tu nous as battu.
- Je veux savoir où sont placés chacune des caméras et je veux la carte de la ville ou du moins la carte du secteur Érudit. Ensuite, je compte sur vous pour m'informer de toutes les missions exécutées par les Audacieux. Je veux savoir où sont les insurgés.
- C'est noté, nous t'aiderons mais en échange, tu devras nous couvrir si les insurgés renversent Jeanine.
- J'accepte. Attendez ! Je vais devoir vous frapper pour faire croire à Max que je vous ai évincé ?? Je ne suis pas capable de ça...
- On trouvera une solution mais pour le moment, tu dois rentrer. C'est bientôt l'heure du couvre feu...
- Oui...
Arthur et l'autre homme me raccompagnent jusqu'à l'appartement où Richard m'attend. Je ne lui dis pas bonjour et pars prendre une compote pour Béatrice dans la cuisine. Je la place dans sa chaise haute et la fais manger, je lui donne la moitié d'un boudoir pour qu'elle mange quand même un peu ce soir.
- Qu'est-ce que tu fais là ??
- Je viens voir mes filles... Je ne devrais pas ??
- Hummm...
J'essuie la bouche de ma sœur et la met dans son parc avec ses jouets. Je m'installe sur le fauteuil en face de Richard qui boit encore un verre de whisky.
- Tu veux encore me faire boire ?? Parce que si c'est le cas, je ne suis pas d'humeur ce soir...
- Non, je voulais te parler de ce que tu as dis à Jeanine cette après-midi. Tu as du courage pour t'opposer à elle mais ne sois pas trop téméraire car cela pourrait te coûter ta vie. Fais toi petite Laur'...
- Elle n'a qu'à être une vraie Érudite et vérifier ses théories avant de sortir des explications bidons. C'est une manipulatrice tout comme toi.
- Merci pour ce compliment Laur'. Bon, je suis là pour t'annoncer quelque chose et je veux que tu restes calme et que tu sois disposée à parler et non à hurler.
- Qu'est-ce qui se passe ??
- Max est mort et Éric s'est fais capturé par les insurgés et les Sincères.
Mon cœur cesse de battre à ce moment précis et je ne ressens plus rien, je ne sais pas comment réagir...
- Laur' ?? On va le sauver...
- Non ! Dans cette ville c'est chacun pour soi ! Vous allez le laisser crever comme vous l'aurez fais avec moi. Ils vont le tuer et ça, juste pour cette pute de Jeanine.
Je me répète sans arrêt la même phrase : « Ils vont le tuer. Ils vont le tuer. Ils vont le tuer. Ils vont le tuer ». Je ne le reverrai plus, je vais le perdre... J'aurais dû l'aider à déjouer les plans de Jeanine, j'aurais dû être auprès de lui. Je suis bloquée ici et je ne peux même pas aller le secourir. Cela me rend dingue et je tourne en rond dans le salon. Je pleure de colère ou de tristesse, je ne sais pas. Je frappe le mur devant moi et Béatrice pleure mais je ne prête pas d'attention à elle. Mes pensées sont uniquement tournées vers Éric ou l'homme que j'aime... Ce n'est pas possible... C'est faux... Je suis dans un cauchemar. Un médecin entre dans l'appartement et m'injecte un sédatif pour me détendre. Je n'ai pas refusé le produit mais je pense que je dois m'endormir pour oublier, pour ne plus ressentir ce vide et cette panique de mon âme face à la mort très proche d'Éric.
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- Laur'... Réveille-toi...
- Quoi ??
- Il est quinze heures...
- Laisse-moi dormir Richard...
Il est assis à côté de moi et me prend le bras doucement. Son comportement est anormal et je me redresse pour voir apparaître son regard inquiet.
- Il est mort c'est ça ??
- Je suis désolé mais ton ami Quatre l'a tué d'une balle dans la poitrine...
Je ne bouge plus, ma respiration s'emballe et les larmes coulent à flots. Je l'ai perdu... Je me rappelle de la première fois que nous nous sommes embrassés... Je ne ressentirai plus jamais ça. J'ai rêvé qu'on pouvait s'aimer... Mais il n'est plus là, nous ne serons plus ensemble... On m'a arraché le cœur, je ne peux plus aimer. Pourquoi lui ?? Pourquoi pas moi ?? Éric était quelqu'un de dur mais de sensible et nous avons perdu un ange... J'ai perdu l'amour de ma vie... J'ai rêvé du mot aimer avec cet homme qui m'a bercé... Je veux le serrer contre moi, je veux pouvoir sentir son cœur qui bat, je veux sentir sa présence. Je prend un de ses tee-shirt et respire son odeur, cela vide mon âme. Je suis détruite, effondrée... Éric est mort et je n'ai même pas pu lui dire au revoir... Je ne l'ai même pas embrassé lorsqu'il est partis hier... Il n'est pas mort en paix à cause de moi... Je m'en veux, je m'en veux de ne pas l'avoir embrassé car je donnerai tout pour le serrer une dernière fois contre moi... Je donnerai ma vie pour lui dire un dernier « je t'aime ».
Voilà pour le chapitre 12 !! C'est LE chapitre que je déteste le plus et je peux vous dire que j'ai pleuré en écrivant ce que ressentait Laur' lors de l'annonce de la mort d'Éric. Pour ceux qui croient que c'est bon, Éric est plus là et que ça ne sert à rien de continuer de lire, détrompez-vous. Je suis le maître de mon histoire et tout est possible et je dis bien tout. Petit indice : Il y a trois tomes et le titre de l'histoire est La face cachée d'Éric donc voilà voilà... J'espère que ce chapitre vous a plu !! Merci à tous et n'hésitez à voter et à commenter ! Veuillez excuser ce retard de publication ! Bisous de pandas ♥♥♥♥♥♥♥
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