Chapitre X : Le Bureau de Bien-Être Génétique

Chapitre corrigé au trois quarts et reprise des explications de David car j'ai fais une incohérence mais je voulez vraiment publier aujourd'hui. Merci de votre compréhension !!

Des immeubles couchés ou partiellement dressés, c'est tout ce que l'on voit depuis que nous sommes remontés dans le 4x4. Nous traversons des rues dévastées par les bombardements de la Guerre de Pureté. Elles sont déchirées par les missiles ainsi, de larges gouffres se sont dessinés et accrus au fil des années. Les secousses du véhicules se répètent de plus en plus fréquemment quand nous venons à passer dans une large avenue débouchant sur une ancienne gare. Son horloge est intacte, elle ne fonctionne pourtant plus comme figurant l'arrêt du temps lors des nombreuses canonnades qui ont révolues l'ère des êtres humains vivants grossièrement sans réel but. Le reste du bâtiment de pierre taillée est à l'abandon... Un lampadaire est appuyé contre les portes bouchées par les débris de terre, de fer, de roche et de bois. Ce qui est étonnant, c'est de le voir encore debout malgré son oxydation qui lui donne cette couleur orangée typique des objets rouillés. Les fenêtres de la station de train sont explosées et la lumière du soleil les traverse en laissant des faisceaux lumineux éclairer le sol cabossé du trottoir qui longe la bâtisse. Des arbustes ont réussi à s'enraciner au premier étage, sur le rebord carboné de l'édifice en lambeaux. La suite des paysages ne diffère pas de ce que je viens de voir, il y a juste des endroits où la végétation est plus dense. Les ronces ont envahis les carcasses de buildings gigantesques et ont dissimulées la misère générée par les conflits armés. Le sol redevient plat et nous sortons de cette ville en ruine sinistrement vide et sans vie. Je vérifie si l'état d'Haley n'empire pas et continue d'observer ce qui m'entoure. De la terre stérile sans arbres et sans bâtiments à perte de vue, c'est le spectacle qui s'offre à nous. Seul un animal à cornes vient nous offrir la preuve formelle que la vie a repris son cours. Son pelage brunâtre ainsi que ses petites tâches crème me font l'admirer durant les quelques secondes de sa fulgurante apparition. Nous n'avons pas ce genre d'animaux sauvages dans Chicago et encore moins de cette taille là...

- Il faut que je te dise quelque chose. Me signale Éric le regard concentré sur la route.

- Je t'écoute...

- J'aurais aimé te le dire seul à seul et dans d'autres circonstances que celle-ci, mais je me retrouve à ne pas réellement avoir le choix.

- Tu me fais peur Éric...

- En soit, ce n'est rien de grave. J'ai juste dénoncé la divergence du type qui s'appelle Amar et Jeanine a ordonné son exécution dans le plus grand des secrets. Je devais gagner sa confiance et faire tomber quelqu'un de haut placé. Puis comme mon instructeur était une bonne stratégie quand j'ai appris qu'il était divergent, j'ai décidé de l'accuser. C'est pour ça que Quatre m'en veut autant, j'ai tué celui qui l'a aidé à s'en sortir.

Pas un bruit n'est émis par les occupant du véhicule comme quand quelque chose de grave vient d'arriver. Je pense qu'on attend ma réaction mais à vrai dire, je ne sais pas vraiment quoi omettre face à cette révélation.

- Quand tu ne dis rien, ce n'est jamais bon... S'inquiète Éric.

- En fait, je ne sais pas quoi te dire. Il y a longtemps que tu as fais ça puis il n'est pas mort donc je ne vois pourquoi je t'en voudrais. On est partis de Chicago en acceptant ses torts donc tolère d'avoir voulu tuer un divergent puis n'en parlons plus. J'espère juste qu'il ne cherchera pas à se venger...

- D'accord. J'avais peur que vous réagissiez mal face à mes actes malveillants. S'expliquent Ric' en s'adressant à tout le monde.

- En fait, Amar te ressemble pas mal ! Il était censé être mort mais il a survécu, comme toi. Plaisante Haley qui a tout de même la force de dire des conneries même après avoir perdu une grande quantité de sang.

- Merci Haley pour cette remarque plus qu'indispensable. S'exaspère Éric en accélérant un peu.

Je souris un instant et retourne à ma curiosité d'Érudite en scrutant l'horizon. Je vois des remparts se dresser au loin, ils sont très hauts un peu comme la Clôture. De grands arbres feuillus cachent l'aspect brut du béton grisâtre que forment les murailles étendues du Bureau de Bien-Être Génétique. Leur branches sont élevées et du lierre grimpe le long des murs à certains endroits. Un vingtaine de mètre, c'est l'altitude de la forteresse que forment ces parois de ciment surmontées de fils barbelés et de câbles électrifiés grésillants. Un titanesque panneau où est écris « Bureau de Bien-Être Génétique » est incrusté dans le mur. Le portail fait d'un métal bleuté, a un symbole qui montre un ADN et un gène observés au microscope qui signifient bien que nous arrivons dans un lieu baigné dans la science de la génétique. Il s'ouvre lentement pour nous laissé entrevoir ce qu'il y a à l'intérieur. Des gardes habillés en vert kaki sortent et entourent nos véhicules et nous font signe de suivre la voiture d'Amar et de Nita. Nous entrons peu à peu dans l'enceinte et faisons face à deux grandes tours de guets qui forment les piliers d'une autre porte faite de grilles aux piques pointant vers l'extérieur. Il y a au moins cent mètres qui sépare la grosse muraille de la clôture aux larges barres noires dressées verticalement sur un muret en granit. Notre voyage reprend et nous fait découvrir de vastes étendues de pelouses agrémentées de petits arbustes et de grands pins. Des tours se hissent sur leurs robustes fondations de tous côtés. D'après les panneaux fléchés, à droite sont réservés des logements pour la direction et à gauche les habitations sont pour ceux qui ont un travail quelconque. Cet élément montre qu'il y a une hiérarchie et cette notion est loin de me plaire... Faire une distinction entre différents types de personnes, c'est ce qui crée la haine et les conflits. J'évite de me fier aux apparences et retourne à observer le paysage. La devanture d'un hôpital entièrement en verre et en bois est face à nous.

- Faut qu'on te dépose là Haley. Dis-je calmement.

- Non, il faut suivre Amar. Il vaut mieux obéir aux ordres qu'ils nous ont donné si on veut éviter que l'état d'Haley ne s'aggrave pas. M'explique l'ex leader Audacieux.

- Arrête de parler de moi au passé, c'est flippant Aaron.

Je fais signe à Éric de continuer de suivre Amar en faisant un geste avec ma tête et mon regard pour l'inciter à redémarrer. Le vrombissement du moteur marque la reprise des contemplations du paysage environnant. À ma droite se dresse le complexe secondaire fait de bois, de verre et de métal. Je le trouve gigantesque et je viens à me demander si la taille du complexe principal surpasse l'envergure de celui-ci. Notre parcours arrive à sa fin, je le sens car la densité de personnes marchant sur les sentiers s'accroît brutalement. J'aperçois le sommet d'une serre à l'armature métallique luisant au soleil et au verre reflétant le ciel parsemé de nuages grisâtres. La végétations offre une cadre idyllique de par ses rosiers parfaitement élagué et se pelouse divinement tondue à la manière du secteur Sincère. J'entrevois enfin notre point d'arrivée qui m'impressionne par son volume colossal et son architecture atypique. Le bâtiment primaire du Bureau est extrêmement long mais ne dégage guère la même prestance que celui de la Ruche. Même l'hôtel situé à sa gauche est plus haut mais il n'exhale pas pareil puissance que ce monstre architectural, qui expose bel et bien l'atout majeur du Bureau de Bien-Être Génétique, qui n'est autre que la science. Quand mon pied foule pour la première fois le sol bitumé de cet endroit, j'ai comme une sensation étrange d'être déjà venue ici. Le voyage en voiture nous détache de la réalité et nous fait voir que quelques éléments qui accrochent notre regard. C'est une sorte d'illusion... Par contre, quand nous sommes réellement en face d'un tel édifice dans un endroit baigné d'érudition, le ressenti est tout autre. Pourquoi cette impression de déjà vu me frappe-t-elle ? Je crois bien que la raison n'est rien d'autre que Marie Scott, celle qui m'a élevé, celle qui m'a transmis indirectement son secret sous forme d'histoires enfantines. Retracer sa vie pour comprendre ce qu'elle faisait au sein des factions, c'est l'un de mes objectifs.

Des médecins surgissent de l'entrée principale et s'empressent de mettre Haley sur un brancard pour l'emmener se faire hospitaliser. Je caresse sa main et lui souris avant de la voir partir en trombe dans une voiturette blanche et rouge avec Aaron et deux soignants. Les regards sont insistants, je les ressens comme si on me martelait le dos à l'aide d'une masse. Hommes, femmes et enfants vêtus de bleu ou de kaki nous dévisagent tout en fuyant notre regard. Amar nous fait signe de le rejoindre et nous appâte vers le hall d'entrée où la chaleur vient nous revitaliser. Nita part et laisse place à une autre jeune femme. Brune aux yeux émeraudes, elle nous sourit et commence à parler.

- Bonjour, je me nomme Zoé et je travaille au Bureau de Bien-Être Génétique depuis près de dix ans. Nous sommes à l'aéroport O'Hare de Chicago qui a été réhabilité en pôle scientifique. Nous menons une expérience à laquelle vous avez participé sans pour autant avoir été au courant vu que la vidéo d'Edith Prior a été diffusé il n'y a que quelques semaines. Notre but est de créer un nouvel être humain meilleur que l'espèce antérieur et nous les nommons les Divergents. Ce projet génétique est financé par notre pays, les États-Unis. Je vous prie de me suivre au Check-Point pour rencontrer David, le responsable du Bureau qui vous accueillera et vous expliquera tout.

Le terme « aéroport » m'est inconnu, mais je devine rapidement son sens grâce à son préfixe « aéro » qui veut dire air et au suffixe « port » qui désigne le lieu où était stocké les petits bateaux du lac en perdition à côté des serres Fraternelles. L'idée que des engins peuvent voler me rend curieuse car c'est scientifiquement une prouesse que j'aimerais pouvoir comprendre mais pas réellement expérimenter. Néanmoins, pour ce qui est du pays États-Unis, je ne vois rien qui puisse donner une définition compréhensible à ce terme. Pourtant, je crois avoir déjà entendu ça de la bouche de ma mère, mais cela me paraît tellement loin que je ne cherche pas à savoir la signification des dires de cette Zoé. La lumière qui réverbère sur le carrelage m'éblouit légèrement et me fait pointer le nez vers le haut. Une espèce de construction énigmatique est plantée au milieu du vestibule et attire toute notre attention. Éric la regarde sans vraiment s'y attarder. Moi, je la fixe et me demande quelle est son utilité. Une roche de granit veinée et fissuré forme la base, elle est rectangulaire et disgracieusement taillée. Un récipient au verre brisé est suspendu juste au dessus. L'eau qu'il contient s'écoule par petites gouttelettes qui ont polis la pierre et forme de minuscules cratères remplis de ce liquide aqueux. Une lampe fixée au plafond souligne les rainures du verre cassé.

- Vous devez sûrement vous demander ce que c'est vu comment vous la regardez. Nous questionne Zoé.

- En effet... Je ne vois pas à quoi elle peut servir... Indiquais-je en haussant un sourcil.

- Eh bien, c'est une sorte de métaphore. La roche est le problème, le réservoir est le savoir que l'on a pour le régler et la goutte d'eau est notre action sur cet élément problématique avec le temps qu'elle met pour avoir une incidence. Plus le temps passe, plus notre action pour régler le problème que l'humain représente porte ses fruits. L'eau du réservoir a modifié la pierre et notre travail a aussi changé l'envergure de la difficulté que nous rencontrons pour former un homme meilleur.

- Intéressant. Lâche Jacob un brin curieux.

- C'est bien beau tout ça mais à part utiliser des mots que l'on ne connaît pas et nous parler de votre travail sans dire ce que vous faites concrètement, on n'a pas de réponses à nos questions. S'énerve Ryan en croisant ses bras.

- David vous attend. Vous aurez la possibilité de lui demander des explications. Passons d'abord au Check-Point.

Je n'avais pas remarqué mais le hall est en forme d'arc de cercle avec de nombreux couloirs dont plusieurs ne peuvent être accéder qu'en passant par le portique où nous mène Zoé. Il y a cinq gardes et j'ai l'intuition que ce qu'il va arriver ne va pas me plaire.

- Posez vos armes dans ce bac et passez ensuite là-dedans. Nous ordonne l'un des soldats.

- Pourquoi ça ? Qui sait ce que vous allez nous faire ? Je n'ai pas confiance en vous.

- Ici, il y a des règles et vous n'êtes pas en mesure d'être au dessus d'elles Laur' Scott.

- Et bien, vous ne verrez pas d'inconvénients à aller me trouver ce cher David car je ne me plierai pas à des consignes qui peuvent menacer la vie de mes hommes ainsi que la mienne.

- Putain Laur' ! Quoi que tu fasses et où que tu ailles, tu fous le bordel ! Fais leur confiance, je suis encore en vie et pourtant, tout le monde sait que je suis la pire des ordures. S'écrie Peter Hayes de l'autre côté du couloir.

- Qui me dit que tu me tend pas un piège ?

- Il y a des centaines de gardes armés donc de toute manière, tu es déjà piégée. Ramène-toi et chipote pas.

Cette façon de parler, c'est typique du Sincère... Et je sens que je dois pour la première fois avoir foi en ce qu'il me dit. Je serre les poings et donne le feu vert tout en posant mes armes dans le bac de plastique. J'y pose aussi mon canif ainsi que les trois grenades et le taser que j'avais accroché à mon gilet pare balle. Je passe après Jacob dans l'étroit portique qui manque de m'étouffer à cause de son exiguïté frustrante. Le reste de mes acolytes se joignent à moi et se tiennent prêts à entendre ce qu'il va nous être divulgué. Un groupe de médecins s'occupent d'abord de nous et essaient de prendre les enfants pour soigner leurs éventuelles blessures dû à notre évasion. Les parents de la petite fille âgée de six ans refusent de se séparer d'elle et le ton commence à hausser fortement. Je décide donc d'intervenir même si je n'ai pas réellement de droit sur leur fille.

- Ils vous ont dit non donc ne forcez pas. La discussion avec David devrait être courte, vous vous occuperez donc des enfants plus tard et ne comptez pas sur moi pour vous donnez Béatrice et Emmett.

- Vous ne comprenez pas Mademoiselle Scott. On vous laisse l'opportunité de vous décharger des enfants pour être tout ouïe lors des explications de David. Puis, les plus jeunes ont besoin de soins. Ne le niez pas, vous êtes la plus consciente de ça par votre éducation Érudite. Le petit qui vient de voir ses parents mourir a besoin d'attention, c'est urgent.

- On a dit non et on ne changera pas d'avis. Affirme Éric avec dureté.

- Laur' Scott ! Je savais que ton arrivée allait être très remarquée. Marie t'a transmis ce côté méfiant de sa personnalité mais n'aie pas peur. Je me présente, je suis David. Suivez-moi, nous allons nous entretenir dans la grande salle de contrôle.

Habillé d'une grande veste bleue semblable à celle des Érudits, il nous invite à le suivre. Ses cheveux grisonnants et ses rides indiquent approximativement son âge. Il a des mains propres mais abîmées et asséchées par le temps comme si la vieillesse dévitalisait au fur et à mesure les parties du corps qu'il utilise le plus. La motricité est ce que l'on perd le plus lentement, car les jambes ne peuvent plus nous porter et le dos ne parvient plus à être droit. Se déplacer devient donc compliqué tout comme parler qui est une aptitude que bon nombre de personnes âgées perdent à cause de la maladie d'Alzheimer. Cependant, David a encore toutes ces facultés et je ne vois pas pourquoi je me suis embusquée dans ce genre de réflexions. Sûrement à cause des paillasses servant d'appui pour mener à terme des expériences, qui sont disposées dans les salles aux portes ouvertes. Nos regards s'égarent dans cet interminable couloir et nous observons tout ce qui nous entoure comme pour analyser chacune des parcelles qui forment le complexe, afin d'avoir une infime explication de ce que fait le Bureau envers notre ville natale. Certains laboratoires sont vitrés et laissent paraître les gestes des scientifiques munis de pipettes et de petites éprouvettes. Je les fixe un instant avant que leur regard surpris et curieux ne viennent me faire détourner les yeux par pudeur. Je m'approche d'Éric et prend sa main gauche que je serre fort pour marquer mon inquiétude. David marche droit devant lui sans tourner la tête et sans nous dire un seul mot. Sa posture est vertical et elle paraît être inébranlable vue sa place au sein du Bureau. Il me fait penser à mon père avec ses poches sous les yeux et son expression totalement neutre voire impassible. Je trouve que son sourire dissimule quelque chose, et je ne sais pas vraiment pourquoi... Ma méfiance triple quand nous entrons dans une pièce circulaire au innombrable écrans d'ordinateurs qui affichent différents points de la ville ainsi que l'intérieur des bâtiments et même des habitations.

- Mais c'est quoi ça ? Vous vous foutez de notre gueule ? Demande Jacob vraisemblablement agacée.

- Éteignez-moi ces écrans et prenez votre pause. Jacob, je vais vous expliquer tout ceci, il n'y a pas sujet à se méprendre. Tout d'abord, je vous souhaite la bienvenue au Bureau de Bien-Être Génétique ! Dit-il en joignant ses mains. Je suis le dirigeant de cette mission génétique et je vais tenter de vous exposer la situation du mieux que je peux. Je vais utiliser les mêmes termes qu'avec le groupe de Béatrice Prior. La première chose à savoir est que les informations que vous a données Edith Prior ne sont qu'en partie vraies. Elle s'est contentée de vous fournir les données qui étaient nécessaires pour remplir les objectifs de nos implantations. Cela oblige souvent à simplifier, à omettre, voire à mentir. Maintenant que vous êtes là, nous allons pouvoir rectifier cela.

- Vous voulez dire quoi en disant « implantations » ? On est des êtres humains, pas une expérience avec diverses molécules. Intervient Ryan.

- Oui, oui. Tobias avait aussi soulevé ce point et je vais vous l'expliquer de suite. Il y a de ça très longtemps, le gouvernement des États-Unis...

- On a pas la science infuse donc expliquez-nous ce que veut dire « États-Unis ». Essayez au moins d'être pédagogique dans ce que vous faites vu que vous nous avez laissé dans l'ignorance depuis des centaines d'années. Le coupe Ryan qui paraît exacerbé par David.

- C'est un pays, un très vaste pays qui est doté de frontières ainsi que d'un gouvernement. Nous sommes au Nord-Est de ce pays. Je vous montrerai si vous le souhaitez. Nous explique Amar.

David a l'air déstabilisé par les remarques intempestives de mon frère car je le vois entremêler et démêler ses doigts à de nombreuses reprises. Il relève la tête qu'il avait baissé et continue son allocution.

- Il y a plusieurs centaines d'années, le gouvernement de ce pays a commencé à vouloir modeler les comportements de ses citoyens. Il résultait de certaines études que les tendances violentes d'un individu était parfois en partie inscrites dans ses gènes. Le premier qui a été identifié a été baptisé « gène du meurtre » mais on en a découvert d'autres par la suite : des prédispositions génétiques à la lâcheté, au mensonge, à la bêtise. En résumé, à tous les comportements humains qui, à terme, fragilise une société.

David a éveillé tous mes sens, il les a piqué à vif et me fait boire ses paroles comme si j'étais dans une déshydratation extrême. Je regarde mes frères qui me regardent aussi à leur tour avec cette lueur qui nous anime quand tout s'éclaircit dans notre esprit. Ma mère nous a vraiment tout transmis et elle a tout relié au système des factions. Le Bureau veut régler un problème tout comme les factions qui avait pour but de séparer les défauts de chacune des factions pour en faire un tout qui fonctionne en harmonie. Le Bureau voulait justement corriger ces défauts et je suppose que le résultat ne peut être que les Divergents. La génétique est vraiment fascinante et manipuler les gènes était ce que je préférais faire à l'école. Je suis ravie de pouvoir comprendre tout ce que dit cet homme même si je pense qu'un point va devoir être fait avec mes compagnons qui doivent être largués par autant d'informations compliquées à saisir.

- Il est évident que les facteurs qui déterminent la personnalité sont divers, continue David ; l'éducation et le vécu jouent aussi un rôle. Mais malgré la paix et la prospérité qu'a connues ce pays pendant presque un siècle, il a paru judicieux à nos ancêtres de réduire le risque que ces comportements indésirables se perpétuent dans la population en les rectifiant. Autrement dit, en « retouchant » la nature humaine. Voilà comment sont nées les expériences de manipulation génétique. Bien sûr, elles devaient être menées sur plusieurs générations avant de produire des résultats concrets. Des gens ont été sélectionnés en grands nombres sur la base de leur environnement ou de leur comportement, et on leur a offert la possibilité de faire un cadeau aux futures générations, par le biais d'une modification génétique qui améliorerait progressivement le profil moral de leurs descendants.

Jenna et Lara ont un sourcil de relevé et Mike regarde le sol les bras croisés. Tyna a Béatrice dans ses bras qui la distrait en faisant de grands gestes avec ses petits bras. Elle n'a pas l'air intéressée par les dires de David ou c'est juste qu'elle ne comprend pas un mot de ce qu'il nous dit... Les deux hypothèses sont probables. N'empêche que je comprend ce qui est dit mais le soucis est que je ne vois pas où nous avons notre place là dedans.

- Cependant, poursuit David, quand les effets des manipulations sont apparus, ils se sont révélés catastrophiques. Ces expériences n'ont pas eu pour effet de rectifier les comportements mais de les aggraver. Ôtez à un individu sa peur, sa paresse intellectuelle ou sa capacité à mentir... et vous le privez de sa compassion et de la tolérance. Ôtez-lui son agressivité et vous lui retirez ses motivations, ou le pouvoir de s'affirmer. Ôtez-lui son égoïsme et vous lui retirez son instincts de conservation. Réfléchissez un peu, et je pense que vous comprendrez où je veux en venir.

Marie ne nous avait pas fait part de ça, elle ne nous avait pas dit que les résultats n'étaient pas bon... Elle nous avait juste dit que l'expérience était menacée par les Érudits... Mais en effet, il parle des factions qui quadruplent les défauts de chacun. Les Audacieux sont dénués de peur mais sont extrêmement violents ; les Fraternels sont pacifiques mais d'une passivité déconcertante ; les Altruistes sont généreux mais effacés ; les Érudits sont d'une intelligence admirable mais leur vanité vient tout casser ; les Sincères sont francs mais blessants... On corrige un défaut pour en amplifier un autre, c'est un réel échec...

- Le genre humain n'a jamais été parfait, reprend David, mais les modifications génétiques n'ont fait qu'aggraver les choses. Cela s'est manifesté dans ce qu'on a appelé la Guerre de Pureté, une guerre civile menée par ceux qui souffraient de gènes déficients contre le gouvernement et les autres individus. La Guerre de Pureté a engendré des destructions jamais atteintes sur le territoire américains et décimé presque la moitié de la population.

- La carte est prête, notifie un jeune homme vêtu de kaki.

Un plan s'affiche sur l'écran géant derrière David. Je n'en ai jamais vu de pareil... Des taches colorées mouchettent la carte et je ne comprend que ce qu'elles représentent après l'affichage du même plan mais avec les auréoles teintées de rouge, de rose et de vert rétrécis comme quand un lac se dessèche et rapetisse. Ce sont les populations avant et après la Guerre de Pureté... Calculer la densité de perte humaine m'est impossible et l'échelle grandissime du plan m'affecte encore plus. Nos conflits à Chicago n'ont rien de pareil à celui-ci... Les morts entassés dans les rues, c'est ce que j'imagine un moment avant que David ne reprenne son monologue.

- À la fin de la guerre, dit le vieil homme, les gens ont exigé une solution permanente au problème génétique. D'où la création du Bureau de Bien-Être Génétique. Armés de toutes les connaissances scientifiques dont disposait le gouvernement, nos prédécesseurs ont mis au point des expériences pour restituer aux hommes un patrimoine génétiquement intact. Ils ont demandé aux individus génétiquement modifiés de se présenter pour que le Bureau intervienne sur leurs gènes. Il les a ensuite accueillis dans un environnement protégé où ils ont pu prendre un nouveau départ, en les équipant de sérums pour les aider à réguler leur société. Ensuite, il a fallu laisser passer beaucoup de temps pour que chaque génération en produise une nouvelle génétiquement plus saine et, à terme, des individus à l'ADN réparé. Ceux que vous appelez les Divergents.

- Attendez... Vous dîtes que notre implantation est un échec car les comportements que vous vouliez corrigé ont été comblé par un autre comportement néfaste. Comment les Divergents peuvent être le résultat que vous attendiez car nous ne sommes qu'une infime minorité.

- Les Divergents ne sont pas trop vaniteux ; ils ne sont pas trop passifs ; ils ne sont pas trop violents ; ils ne sont pas trop blessants et ne sont pas trop inhibés. Votre ville héberge l'une de ces tentatives de réparation génétique, qui s'avère être de loin notre plus grande réussite, et ce grâce aux agents de modification comportementale. Je veux parler des factions, bien sûr.

- Vous avez donc créé notre monde, vous avez dicté notre vie mais le résultat est loin d'être efficace. Croyez-vous qu'un millier de Divergents font le poids sur les dizaine de milliers de personnes non divergente ? Il vous faudra un millénaire pour corriger le code génétique de tout le monde...

- La science est ainsi Laur'... On avance lentement mais sûrement. Bref... Je finis. En créant les factions, nos prédécesseurs ont tenté d'intégrer à votre implantation un élément « nourrissant » car ils ont découvert qu'une simple rectification génétique ne suffisait pas à modifier les comportements. Il a été établi un nouvel ordre social, associé à ces rectifications, serait la réponse la plus complète aux problèmes comportementaux créés par les altérations génétiques. Les factions ont ensuite été mises en place dans trois de nos implantations. Nous avons consacré beaucoup d'énergie à vous protéger, à vous observer et à tirer des leçons de ces observations.

- Edith Prior a donc mentis ? On n'est pas nécessaire à la survie de la ville.

- En effet, elle a dit ça car les gènes des Divergents doivent être transmis dans l'implantation pour pouvoir corriger l'ADN de tous les habitants. Nous n'avions pas prévu que les leaders vous pourchassent et vous exterminent...

- En gros, ceux qui ne sont pas Divergents n'ont que peu d'importance pour vous ? Questionne Ryan.

- Ils sont génétiquement déficient et les Divergents sont génétiquement pures.

- D'accord et vous pouvez m'expliquer pourquoi vous avez laissé ma mère mourir vu qu'elle était Divergente.

- Nous avons un champ d'action très étroit pour votre ville. Nous intervenons rarement physiquement... Envoyer des données nouvelles ou infiltrer un sérum, c'est nos seuls pouvoirs.

- Je vois tout a fait ce que vous voulez dire mais vous êtes conscient que nous sommes humains ? Nous ne sommes pas des souris enfermées dans une cage... On fait partie de votre propre espèce et vous nous manipulez comme des animaux en laboratoire. Puis, je ne suis pas Divergent donc pour vous, je suis intelligent parce que mes ancêtres ont eu leur code génétique de l'intelligence modifié. Donc je ne suis dévoué qu'à être munis de ma vanité la plus extrême à cause de mes gènes déficients. Je suis limité à être Érudit, point. Demande Ryan.

- Les gens peuvent faire des choix qui contre leur défaut. Vous pouvez être généreux Ryan car vous le choisissez mais vos gènes vont souvent vous rapporter à votre égoïsme. Je sais, ça vous fait beaucoup de choses à avaler. Allez à l'hôpital, vous avez besoin de soins et de repos. Zoé va vous y conduire.

- Excusez-moi mais j'ai une ultime question. Vous m'expliquez le rôle de ma mère et de Natalie Prior ? Questionnais-je la respiration saccadée par le trop pleins d'informations entendues.

- Ce sont les personnes qui agissent physiquement mais je vous en dirai plus demain. Ce n'est pas avec le peu de crème cicatrisante que vous a mis Edgar que votre plaie ne va pas s'infecter.

Ce n'est pas aujourd'hui que je vais avoir des réponses à mes questions car je sais bien qu'elle ne nous a pas dit toute la vérité et qu'il reste encore beaucoup de points à éclaircir dans cette affaire. Je sais qu'elle jouait un rôle important mais lequel ? Si ce n'est pas d'éviter que les Érudits ne fassent un massacre de masse. Est-ce que ce n'était pas justement d'empêcher que les Érudits n'exterminent les Divergents ? Puis pourquoi nous a-t-elle raconté ces histoires basées sur des faits réels ? J'espère juste que ma mère n'adhérait pas à ce que David vient de nous dire, j'espère qu'elle n'était pas à parler de nous comme d'animaux d'expérience. J'ai peur de ce que je peux apprendre sur elle. J'ai peur car j'ai l'impression de ne pas l'avoir réellement connu. Elle a essayé de nous dire son secret mais elle n'en avait pas le droit... J'aimerais de tout cœur te connaître maman comme tu me connaissais moi, ta fille. Peut-être que tu as commis des crimes mais je cultive l'espoir que tes actes seront pardonnables à mes yeux et aux yeux de Jacob, d'Éthan et de Ryan. Je ne bronche pas devant David mais rumine bien le fait qu'il m'ait observé pendant que le cinglé d'Edgar me torturait. Je me demande bien comment on peut regarder chaque jour les atrocités que s'inflige les habitants d'une ville sans hausser le petit doigt. Corriger le code génétique... J'ai bien l'impression que David ne parle pas au nom de la science mais bel et bien au nom de sa soif de pouvoir. Il a utilisé le terme génétique déficient et génétique pure, et je crois bien que faire une distinction sur les gènes de certaines personnes est une preuve de l'inégalité qui règne en maître ici. Cependant, mon opinion est altérée par la fatigue, la colère, la tristesse, la peur et tout un groupe d'éléments qui m'empêche d'être lucide. Nous marchons derrière Zoé qui est suivie d'Amar. Nous nous déplaçons dans ce couloir d'une longueur infinie et je me rend compte de l'impact qu'ont eu les paroles de David sur moi. Le message d'Edith Prior n'avait pas eu un tel effet car il était décoré par un mensonge et quand le voile se lève, le monde entier s'effondre. Tout mais vraiment tout a été basé sur un putain de mensonge... Je ne supporte pas le fait qu'on ait été manipulé et encore moins qu'on nous ait observé s'entre-tuer. Je me sens oppressée comme quand Richard m'enfermait dans le placard étroit de la salle à manger. La vérité me fait le même effet, elle me broie les organes et fait de la bouillie avec mes neurones. J'aimerais être dans un rêve et pouvoir me réveiller en me pinçant la peau du dos de ma main, mais je sais pertinemment que ce que je vis là a sa réalité intangible. Notre arrivée à l'hôpital ne fait qu'accroître mon malaise car les visages sont rivés sur nous comme si l'on avait commis des crimes irréparables et qu'on était sur le point d'être jugé (ce qui n'est pas si faux que ça quand on regarde nos actions passées).

- Bonjour, je suis le médecin Anderson. La famille Scott et la famille Eaton, vous allez venir avec moi. Les autres, je vous prie de suivre ma collègue.

Je regarde un instant Éric qui a l'inquiétude d'inscrite dans ses yeux. Le docteur remarque de suite notre perplexité à se séparer et se permet d'ajouter que même les compagnons et les compagnes des membres de notre famille doivent se joindre à nous. Je souffle et saisit la main de Ric' qui est moite, signe de stress. Nous arrivons dans une pièce où une une dizaine de lit sont placés à ses extrémités. Je m'assois sur l'un d'eux et attend que l'on vienne me voir pour m'ausculter. Je regarde le thérapeute qui s'occupe d'Éric, le manipuler avec soins. Il regarde la cicatrice de son thorax, écoute les battements de son coeur, regarde ses yeux, sa bouche et ses oreilles. Il vérifie ses réflexes en tapant son genou à l'aide d'un petit marteau et s'empresse de vérifier sa température. C'est là qu'arrive un problème. Éric a quarante de fièvre et c'est loin d'être normal surtout après une opération cardiaque.

- Avez-vous mal quelque part Monsieur Wagner ? Même la plus infime des douleurs peut nous guider vers un diagnostic.

- J'ai souvent mal au niveau de mon buste. Je sens une douleur aiguë quelques fois mais ça ne me dérange pas. Indique Éric un brin soucieux.

- Ce doit être un épanchement pleural mais il faut vous faire un scanner pour vérifier cela. C'est l'excès de liquide dans cavité pleurale, autrement dit la plèvre, qui provoque ce mal. Cette cavité se trouve entre les deux plèvres qui recouvrent vos poumons et votre cage thoracique et permet une respiration normale en faisant glisser vos organes respiratoire. Ce syndrome peut être causé par une infection dû à une bactérie. Il nous faut vous faire des examens, mais ne vous en faites pas. Votre vie n'est pas mise à l'épreuve, vous pouvez avoir une vie normale sans pour autant forcer. Donc plus d'activité physique et il vous faut du repos.

Debout et accrocher au lit d'Éric, je ne réussis pas à retenir mes larmes. Ma respiration s'accélère et mes pleurs s'intensifient.

- Laur'... C'est rien, on va me guérir.

Je sens des mains se poser sur mes épaules et me pousser vers mon lit. On me force à m'allonger et je sens une aiguille s'insérer dans mon bras puis plus rien.

Point de vue d'Éric :

Les médecins cloître Laur' dans le lit à ma droite et l'endorme avec un léger sédatif. Je ne dis rien et je ne fais rien pour les en empêcher car je sais qu'ils font leur travail et qu'il n'y avait pas meilleure solution. Ils lui mettent une perfusion et s'occupent de la plaie située sur sa cuisse. Désinfecter, nettoyer et recouvrir de bandages, c'est que les spécialistes ont fait sous mes yeux. Je ne prête pas une réelle attention au diagnostic qu'ils m'ont fait au sujet de mes douleurs thoracique. Je suis juste resté terrifié à l'idée qu'on m'ait observé depuis les premiers jours de ma vie. On démonte la réalité pour avoir une vérité mais cela se fait en un temps plus ou moins long. Là, j'ai eu les morceaux du mensonge où ma vie s'est basée pendant dix-huit ans et je n'arrive pas à l'avaler. Je n'ai même pas d'appétit devant le plateau garnis que Bureau nous a envoyé. Je mange parce que le docteur Anderson m'a menacé, sinon je ne toucherai pas à l'assiette de purée et de jambon que l'on m'a servis. Un repas des plus commun mais qui me remplit l'estomac et me donne un minimum de forces pour affronter les prochaines épreuves que nous réserve cet endroit. Je pars prendre une douche rapide après que Jacob ait pris la sienne. Je m'habille avec ces nouveaux vêtements qui ont l'air autant connoté que le bleu des Érudits, et me presse pour retourner au chevet de Laur' qui commence à se réveiller tout doucement. Je me suis assis sur le bord de son lit et lui caresse les cheveux tout en songeant à tout ce qu'elle a dû traverser aujourd'hui sans moi. J'aurais aimé la protéger... Mais j'ai une fois de plus échouer à la préserver des dangers qui la guettent au moindre de ses pas.

- Elle t'aime, c'est indéniable. Me dit Mike qui se tient derrière moi.

- Je n'arrive pas à veiller sur elle... Quoi que je fasse, elle souffre. J'en ai marre d'échouer... Ma vie est un échec surtout avec elle...

Soudain, sa main saisit la mienne et la pose sur son coeur.

- Tu vois toujours où tu as échoué mais jamais où tu as gagné. On a gagné la sécurité de ce lieu et c'est aussi ta gloire Ric'. Tu as conduis le 4x4 et tu as élaboré le plan avec nous. C'est une victoire comme tu as pu en voir d'autres. Tu as gagné mon coeur, la loyauté de presque toute ma famille et tu as obtenu le pardon des Sincères qui t'ont accordé une nouvelle chance pour vivre une nouvelle vie. Tu as gagné ton droit d'être leader, d'être entraîneur des novices Audacieux et tu as emporté le statut d'Audacieux. Tu as réussi à me protéger de Jeanine car je ne suis pas morte... Tu as fais beaucoup de choses qui prouvent que tu triomphes même après avoir échoué.

- Le sédatif n'était pas du tout puissant pour que tu réussisses à me dire une telle chose.

- Pourquoi évite-tu le sujet ? Serais-ce de la modestie ?

- Génétique pure ou génétique déficient, je peux faire le choix d'être modeste quand tu me fais ce genre d'éloge même si je suis née dans une faction dévorée par la vanité.

Elle sourit et se lève pour venir m'enlacer. Je respire son parfum et pose une main dans son dos et glisse l'autre dans sa nuque. Je sens son souffle chaud dans mon cou et frissonne au touché de ses lèvres sur ma peau.

- À ce que je vois, vous êtes réveillée une heure avant la fin des effets Mademoiselle Scott. Résistante au sérum et au sédatif, vous m'impressionnerez toujours.

- Je ne sais pas ce qu'il m'a pris tout à l'heure...

- Quand on n'a pas dormis et qu'on a beaucoup de révélations en une heure, c'est ce qui arrive. Le cerveau n'emmagasine plus normalement et interprète ce qui se passe autour de lui en amplifiant les émotions qui découle de ce qu'il perçoit. Vous devez manger un morceau avant de vous rendre sur votre lieu d'hébergement Laur'. Vos acolytes attendent dans la pièce d'à côté. Ils n'ont pas de problèmes de santé à part le petit garçon qui a un traumatisme dû au choc d'avoir vu périr ses parents. Il aura des séquelles mais s'il est pris rapidement en charge par une famille, il devrait avoir une vie a peu près normale. Je vous souhaite une bonne journée et je vous revois demain pour le scanner Monsieur Wagner. N'oubliez pas de prendre les antibiotiques que je vous ai prescris Éric. Au revoir.

Nous saluons le médecin et le regardons disparaître derrière la porte blanche.

Point de vue de Laur' :

Le mets que contient mon plateau sont appétissants et je ne met pas beaucoup de temps à engloutir mon entrée faite de concombre finement rappé en lamelles et mélangé avec de la crème fraîche et du vinaigre. Éric se demande comment je peut avoir la sensation de faim après avoir appris que nous étions des marionnettes depuis notre naissance. Je ne sais moi même pas ce qui me fait avoir envie de manger... Je devrais avoir envie de vomir après les révélations apprises mais ce n'est pas vraiment le cas. En fait, je veux juste combler le vide que me fait ressentir l'angoisse de revoir Quatre. Mais la sensation de satiété ne me permet pas ce luxe et je me sens très vite obligé d'affronter la peur et l'envie de serrer dans mes bras le frère qui m'a tant donné. La douche que nous offre l'hôpital est apaisante mais pas assez pour panser les blessures que m'a infligé Edgar et encore moins les dégâts qu'à laisser la mort de ma mère. Avant de me rendre à l'hôtel avec Zoé et le reste de mes hommes, je pars voir Haley. Elle est endormie dans son lit blanc et sa pâleur me fait froid dans le dos. Elle a dû être opérée en urgence et les médecins sont plutôt rassurant pour sa remise à pied, mais la voir dans cet état me rend malade. Je n'arrive pas à supporter le fait qu'elle ne soit pas présente psychologiquement avec moi pour me faire sourire malgré les larmes dévalant mes pommettes rosies par la tristesse. Je prend sa main et m'assois à ses côtés comme pour lui faire part de ma venue.

- Ça a été difficile d'affronter ça tout seul... M'explique Aaron.

- J'aurais dû t'accompagner...

- Non, en aucun cas un chef abandonne ses hommes. Tu es peut-être la plus impulsive du groupe mais tu sais nous diriger et malgré tes défauts, tu ne nous as fais tombé qu'une fois sans qu'il n'y ait véritablement de morts. Tu devais rester pour voir David vu que tu es notre représentant.

- Tu as la bonté d'un Fraternel Aaron... J'espère pouvoir te donner la vie que tu mérites.

- Je prendrais ce que l'on me donne tant que je suis avec Haley que ce soit dans la douleur ou dans le bonheur.

Je lui souris et lui donne une tape amicale dans le dos avant de m'éclipser pour rejoindre les autres qui se sont déjà rendus à l'hôtel. Je descend les escaliers de l'établissement de santé et sors en cherchant les panneaux fléchés pour trouver le lieu où je vais me loger avec mes hommes. Je marche dans la grande allée principale et respire l'odeur des rosiers orangers en fleurs. Je me sens totalement perdue dans cet engrenage de mensonges à moitié dévoilé... Je regarde mes pieds sans faire attention à ce qu'il peut y avoir devant moi et bute dans la bordure d'un par terre de fleurs. Je relève la tête et la pointe vers le ciel pour retenir mon envie de pleurer quand une voix grave retentit derrière moi.

- Laur' ?

Je me tourne vers lui et frémit quand je m'aperçois que c'est bien lui, en chair et en os. Son regard marron foncé n'a pas changé, son air invincible non plus. Il s'approche de moi et cherche à capter mon regard en me touchant l'épaule. Ses épaules parfaitement sculptées, ses cheveux un peu en pagaille et cette expression inquiète, c'est lui... C'est mon frère, c'est celui qui m'a entraîné et protégé du monde des factions qui ne voulait guère des Divergents. C'est Quatre, c'est Tobias...

- Tu ressembles à Evelyn quand tu prends cet air. Lui dis-je en caressant sa joue entre deux sanglots.

Il ne réfléchit qu'un court moment avant de se précipiter pour me prendre dans ses bras.

- Je n'aurais jamais dû te laisser seule là-bas Laur'... Il t'aurait tué... Mais j'étais impuissant face à lui et ici, c'est tellement compliqué...

- Quatre... On a notre dose de responsabilités et ne regrette en rien tes actes. Le passé est derrière nous, c'est le principal.

- Sûrement mais... Il faut que je te fasse des excuses à toi et à Éric...

Je me fige à l'écoute de ses paroles et me décolle de mon frère brusquement.

- Tu le sais donc ?

- Oui... Ici, on apprend tout ce qui se passe là-bas et j'ai très vite appris qu'Éric était en vie. Ne crois pas que j'ai toujours envie de le tuer, ce n'est pas le cas même si je cultive encore cette colère envers lui. Je n'avais pas le droit d'ôter la vie à l'homme qu'aime ma sœur même si des milliers d'Audacieux le voulaient.

- C'est du passé, je n'ai pas envie de le ressasser sans arrêt. Il s'est passé ce qu'il s'est passé et nous n'y pouvons rien. Le pire a été évité et il faut recommencer depuis le début maintenant.

Il croise les bras et acquiesce d'un signe de tête.

- Euh... Je cherche l'hôtel...

- Oui, il est par là. Suis-moi.

Nous prenons la petite allée qui mène à la serre et entrons à l'intérieur. Nous la traversons et aussi surprenant que ça puisse l'être, je ne me suis pas attardée sur son intérieur et son contenu. Je m'en suis tenue à observer Quatre que je n'ai pas vu depuis quelques semaines. Il n'a pas changé, c'est juste bizarre car j'ai l'impression de le découvrir mais je pense que l'environnement joue là-dessus. Je connais mon frère et ce n'est pas en l'inspectant de la tête au pied que je vais me prouver que son caractère est le même qu'à Chicago. Il m'emmène au dixième étages où des voix donc celle d'Éric résonnent.

- Tu veux le voir ?

- S'il se sent prêt à voir son assassin, oui.

Je lui lance un regard noir et me dirige vers la porte qui laisse passé les cris de Béatrice et les rires d'Éric.

- Je voulais juste détendre l'atmosphère... M'indique Quatre.

- C'est raté. Fais preuve d'un peu plus de subtilité avec lui s'il te plaît... J'en ai marre de faire la médiatrice à chaque fois donc fais un effort.

Je toque et ouvre la porte et entre en première pour ne pas surprendre Éric qui a ma sœur sur ses genoux. Son sourire s'efface dès qu'il voit mon frère et je sens la tension qui subsiste entre reprendre de plus belle.

- Je n'aurais pas dû te tirer dessus ce jour-là... J'aurais dû faire confiance à ma sœur qui aime en effet, quelqu'un de bon. Je n'ai juste pas pu le voir à cause de la rancoeur que j'entretenais en ton égard. Je souhaite m'excuser pour tout le mal que j'ai pu te causer à toi et à Laur'.

- Ne t'excuse pas... On vivait dans un système merdique qui nous a poussé à nous haïr. Je suis fautif aussi, j'ai fais les mauvais choix et mon passé m'a contraint à commettre l'irréparable. J'ai failli tuer Laur' et j'ai échoué à protéger sa famille et en particulier sa mère. Aujourd'hui, je ne suis plus enchaînée à Jeanine et je n'ai donc plus de raisons pour faire sévir le mal autour de moi. Je pense que maintenant, notre problème est commun et qu'il fera notre union. Je ne te dis pas que je vais t'aimer mais je peux t'assurer que te supporter et te soutenir font partie de mes objectifs.

Ils se serrent tout deux la main et se sourient mutuellement. J'ai du mal à croire ce que je viens de voir et encore moins ce que je viens d'entendre. Je suis émue et je ne sais pas vraiment le cacher. Une nouvelle vie commence, elle sera bien différente mais ce qui est sûr, c'est que l'on ne va pas s'ennuyer. Je regarde mon frère et Éric tout en serrant ma sœur contre moi puis je me dis que même si l'on croit que la vie ne nous réserve que des atrocités, il y aura toujours quelque chose pour faire naître une lueur d'espoir.

Qu'est-ce que le Bureau nous réserve ? Que vais-je apprendre sur ma mère ? Ces questions, je les ressasse tout le long de la journée dans cette chambre d'hôtel jusque tard dans la nuit où la fatigue vient me prendre de court pour me baigner dans un sommeil bien mérité.

Voilà pour ce chapitre 10 ! J'espère qu'il vous plaît et je vous incite grandement à voter et à commenter ! Dîtes-moi, ce que vous en pensez !

Voilà le plan que j'ai entièrement conçu ! Il a d'abord été fait main et ensuite, je l'ai numérisé pour que ça devienne ceci. La personne qui veut l'utiliser doit OBLIGATOIREMENT me citer comme étant l'auteur de ce plan donc pas de plagia sinon je vais me fâcher toute rouge ! x')

Et voici la sculpture que Tris et Laur' décrivent ! J'ai fais de mon mieux pour la reconstituer mais c'est loin d'être parfait... Merci d'être indulgent les amis ^^

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