Chapitre VIII : L'amorce du cataclysme
NON CORRIGÉ ! Fautes à prévoir !
Le bruit des draps qui remuent me tire doucement de mon sommeil mais je ne réagis pas tout de suite que l'agitation d'Éric est anormal car quelques secondes plus tard, je l'entends se lever. Il se rue sur la fenêtre, l'ouvre violemment et pousse les volets d'un geste rapide.
- Je peux savoir ce que tu fais ?
- Chut.
Il se penche et scrute le paysage sans émettre un bruit. Je me redresse et enveloppe mon corps dans le plaid plié et rangé dans le tiroir de ma table de chevet. M'approchant d'Éric, je remarque que des bruits de pas résonnent en bas de l'immeuble et montent jusqu'à nous. Une once d'inquiétude grimpe en moi et vient mettre en éveil chacun de mes sens.
- Il se passe quoi ?
- Je n'en sais rien, mais ça remue depuis cinq minutes dehors et ils sont armés...
- Il faut lancer une alerte...
- Trop dangereux car on risquerait nos vies pour quelques choses dont on ne connaît pas la nature. On est cerné Laur'... Tout le monde dort et personne est armé pour lutter contre ce genre d'attaque.
- Déjà, on ne sait même pas qui nous tombe dessus.
Je me fige quand plusieurs explosions retentissent à l'extérieur de l'appartement. Une lueur orangé éclaire faiblement la lisière de la forêt et des cris commencent à éclater. Je ne réfléchis pas vraiment et enfile un pantalon et une veste tout en prenant mon arme posé sous mon oreiller. Éric m'emboîte le pas et toque à toutes les portes du logement pour réveiller mes frères, ma sœur et Arthur. Mike est le premier a sortir de sa chambre, il a l'air affolé par les détonations qui ont fait tremblées les murs du bâtiment où nous vivons.
- C'est quoi ce bordel ? Il faut y aller, il faut qu'on aille mettre l'assaut à ces abrutis.
- Non, il ne faut pas prendre de décisions hâtive. Commençons par sortir d'ici pour voir ce qu'il se passe.
Je me prépare à tourner la clé dans la serrure quand soudainement la porte explose et me projette à l'autre bout de la pièce. Cinq hommes pénètrent dans l'habitation et immobilisent chacun de mes proches en leur collant le canon de leur mitrailleuse sur la tempe. Encore sonnée, j'ai du mal à émerger pour trouver la force de me relever. J'ai encore mon arme, je la serre fort et retire le cran de sûreté avec énervement quand une silhouette que je connais que trop bien se positionne face à moi. Encore à terre, je peine à me hisser sur mes deux jambes et, lorsque apparaît le visage de ce monstre et celui du petit être innocent de ma sœur, je sens l'énergie en moi prendre la fuite. Toute ma détermination, ma rage et mon entrain disparaît et laisse place à un vide. L'arme que place Edgar sur la joue de ma sœur me fait un effet dévastateur qui me rappelle douloureusement le souvenir où Richard avait pointé son revolver sur elle.
- Si j'étais toi, je poserai cette arme calmement au sol. Le sang a déjà été trop versé à cause de tes décisions irréfléchies.
Les muscles de ma main droite se relâche comme des élastiques tendus au maximum. Mon colt 1911(*) tombe avec fracas sur le carrelage, le son métallique vient cogner mes tympans et résonne dans la pièce comme lorsqu'un coup de feu vient retentir dans une grande avenue et arrête le temps dans son écho pendant quelques secondes.
- Pose-la s'il te plaît... Elle n'a rien à faire dans cette histoire...
- Connaître son ennemi Laur'. C'est ce que l'on apprend chez les Audacieux et je n'ai pas particulièrement aimé tes façons de faire. Te souviens-tu du jour où tu as « entraîné » mes hommes ? Moi, je m'en rappelle très bien. J'ai fermé ma gueule pour te laisser l'assurance de continuer tes magouilles à la con et ça a porté ses fruits. Quand je t'ai dis que je venais de chez les Audacieux, tu ne t'aies jamais dis que je savais toutes les sortes de manipulations ? Ça ne t'ai jamais venu à l'idée que je savais toutes les techniques de combat ? Je suis plus malin que toi ma belle, donc arrête de résister ainsi sinon je vais te plier et tu ne sauras jamais te relever. Rassure-toi, ce n'est qu'un avertissement ! Et je me trouve bien gentil de t'épargner toi et tes proches. Or, j'ai encore besoin de toi mais, ne prend pas cette énième chance comme un feu vert pour me niquer comme tu as tenté de le faire ces derniers jours. Je ne sais pas comment tu as réussi à trouver ma mère mais ça m'a permis de m'aider à me venger. Viens voir, j'ai envie d'admirer l'horreur que ton visage va afficher !
Il esquisse un sourire malsain, dépose ma sœur et m'attrape le bras tout en me poussant hors de l'appartement. Dehors, le vent s'est levé et de hautes flammes montent dans le ciel obscur comme augurant de nombreux morts. Plusieurs sans-factions ont regroupé les Conformistes à l'extérieur des logements. Ils les ont confiné à côté de l'immeuble, en rang d'oignons comme pour les exécuter les uns après les autres. Ils ont l'air terrifié par ce réveil plus que brutal, je le vois dans leurs regards qui m'implorent de faire quelque chose. Cependant, je suis totalement impuissante face à cette situation qui me dépasse, cette situation qui a été créée par ma faute... Je descend les escaliers encore maintenue fortement par Edgar qui file à toutes allures. Son hystérie m'effraie, et je ne sais pas ce qu'il souhaite me montrer qui puisse le mettre dans cet état là. Arrivée tout en bas, mes chaussures touchent la terre boueuse d'une couleur brunâtre teintée d'un rouge sombre qui forme une traînée jusqu'à un corps. Je frémis un peu mais je n'ai pas beaucoup de temps avant de ressentir une quelconque appréhension. Edgar me tire et avance d'un pas sûre pour me planter devant le cadavre d'une femme. Elle a été éventrée, ses organes ressortent et pendent au dessus du sol. Le sang ruisselle encore le long de l'intestin et imbibe la terre qui boit goulûment l'amoncellement d'hémoglobine. Une entaille étroite mais bien distincte est située sur la gorge de la morte, elle a dû se noyer dans son sang... Il y a eu beaucoup d'acharnement dans ce meurtre et je devine avec effroi l'identité de l'être au corps inerte... Veronica, c'est elle, ou du moins, c'est ce qui reste d'elle... Mes jambes peinent à me tenir debout face à autant de cruauté et la haine d'Edgar vient une fois de plus me bousculer quand il se met à toucher le corps de sa mère avec le bout de sa chaussure, comme si elle n'était qu'une vulgaire charogne. Il passe une main dans mon dos et approche sa bouche de mon oreille afin de siffler et m'influencer comme si un serpent venait m'encercler de son corps mince et musclé pour s'empiffrer de la peur qui sévit en moi.
- Ça aurait pu être le corps d'Éric ma belle. Je suis plus intelligent que toi, c'est donc moi qui ait le pouvoir. Tâche de ne pas faire encore d'écarts, je ne te le pardonnerai pas. Bon, j'ai du travail pour toi ! Il faut que tu te rattrapes mais avant ça, j'aimerais que tu dises à tes chiens de gardes de rester en place et de ne pas bouger de ce secteur aux risques de perdre leur vie misérable.
Je détourne mon regard de la dépouille et fixe un rocher positionné à deux pas de moi. Je ne me sens pas capable de parler à mes hommes sans montrer une once de faiblesse en moi... Nous sommes vaincus donc comment être positive après ça ? Puis Edgar viendra saccager le moindre espoir que mes mots feront naître dans l'esprit des hommes et des femmes sous mes ordres. Je n'ai guère le temps de choisir le registre de mon discours qu'Ed' me plante face à une foule tétanisée attendant de moi des phrases rassurantes. Grimpée sur la roche que je regardais, je surplombe la population à quelques mètres de moi. Pour la première fois de ma vie, je sens indéniablement que ma place n'est pas ici, que je ne suis pas capable de parler à autant de gens en étant crédible et sûre de moi. Edgar est à côté de moi, il me tient très près de lui, ce qui déplaît à Éric qui se prend un coup de cross dans la tête par un des sbires d'Evelyn. Je lui fais un signe de la main afin de le faire obtempérer pour éviter que la situation s'aggrave. Je gonfle mes poumons alarmés par les battements rapides de mon cœur et prend la parole devant les visages crispés.
- Je ne souhaite pas vous dire grand-chose car que dire devant une situation qui est néée par ma faute ? J'ai joué avec le feu dans mon coin alors que nous ne formons qu'un... L'union fait la force, mais ça, je ne l'ai guère compris et je l'ai surtout oublié. Bref... Je ne vais pas m'étaler sur ce sujet, je vais laisser Éric vous expliquer mes actions qui nous ont mené à ça. Je veux juste vous demander quelque chose qui me tient à cœur et qui va être difficile à faire... Restez ici et n'entreprenez rien qui irait contre le gouvernement d'Evelyn Johnson. Ne sortez surtout pas du secteur des Fraternels... Vous risquerez de ne pas revenir vivant... Soyez comme Johanna, soyez pacifiste et bienveillant malgré les différends qu'on entretient avec les hommes d'Evelyn. Je compte sur vous, je serez bientôt de retour.
Un discours de soumis, un discours qui ferait vomir un Audacieux pur, un discours qui n'est pas digne d'un soldat... La honte s'empare de moi et vient ravager toute la vertu que j'incarnais pour ces Audacieux nostalgiques des factions. Je baisse les yeux et descend de ce rocher pour me mettre à la hauteur de cette foule à la dignité souillée par mes actions impétueuses et irréfléchies. J'aimerais me terrer dans le noyau de cette planète pour ne pas devoir supporter les regards pesants et déçus des Conformistes. Une Laur' vaincue, c'est ce que je ne voulais pas qu'ils voient et c'est encore moins ce que je voulais qu'ils subissent. Edgar hurle des menaces de mort auxquelles je ne prête pas d'attention tant l'arrogance et la violence se confondent dans ses dires. Il revient vers moi encore plus confiant et m'indique le chemin à suivre en me désignant un véhicule blindé garé à quelques pas de moi.
- Je peux juste lui dire au revoir ? C'est la seule requête que je te demanderai aujourd'hui.
- La seule requête ? Tu sais, vu que je n'ai plus confiance en toi, je te permettrai rien qui puisse te faire plaisir. Tu n'avais qu'à songer aux conséquences qu'engendrerai ta conversation avec ma mère. Désormais, j'aimerais que tu grimpes dans cette putain de bagnole sans que j'ai à te pousser à l'intérieur.
- Tu n'as jamais eu confiance en moi donc ce n'est pas prêt de changer. Dis-je en me tournant vers le côté gauche de la foule où se trouve Éric.
Mes lèvres chuchotent un « je t'aime » inaudible que seul l'homme aux yeux bleus glacials peut entendre. Il me répond en positionnant sa main sur son cœur comme pour me faire comprendre que l'on peut réparé l'esprit mais pas le corps. Je dois me plier aux désirs d'Edgar si je veux revenir vivante auprès de Ric'... J'entre dans l'auto et m'assois auprès d'un garde agrippé à son fusil d'assaut. La portière coulissante se referme brutalement et le moteur se met à ronfler bruyamment avant que quelques secousses se fassent ressentir. Nous allons vite, je le sens car je suis obligée de me cramponner à mon siège pour éviter de tomber. Les chemins de terres bossus sont assez désagréables à franchir... Heureusement que les suspensions sont faites pour pratiquer ce genre de terrain car le voyage serait encore plus mouvementé si c'était le contraire. Je fixe le sol sans oser relever le regard comme si ma défaite ne me permettait pas de regarder la statue de marbre face à moi. Je perçois juste ses mains musclées serrant le canon de son arme à la crosse posée par terre. Le monstre aux six roues tangue beaucoup et sa mécanique fait un bruit effroyable qui fait vibrer toute son armature quand il cesse de rouler. Lorsque les convulsions de l'animal métallique s'interrompent, je sens la peur monter en moi et je regrette très vite de ne pas avoir assez profité du calme de cet itinéraire. Je me raidis quand j'entends la portière d'Edgar claquer et le temps semble se figer dès que la lumière perçante des sous terrains Érudits viennent m'aveugler. Les deux gardes présent avec moi à l'arrière de la voiture me prennent les bras pour me déloger de mon siège afin de me faire entrer dans une cage d'escalier qui sert de sortie de secours en temps normal. Cependant, je crois qu'Edgar souhaite dissimuler mon arrestation et je me demande encore comment il a pu manipuler tout les acolytes de ma mère. Mon regard interrogateur l'interpelle, je le comprend quand je vois les traits de son visage être tirés par ses sourcils froncés.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as encore une remarque désobligeante à me faire ?
- Comment as-tu pu user de la manipulation auprès d'autant de gens dévoués à Evelyn.
- Oh mais il n'y a pas besoin d'avoir tout le monde dans sa poche ma belle. La simplicité Laur' ! Tu oublies qu'être simple ne peut que réussir... J'ai un ancien Érudit qui a mis hors d'usage une caméra dans une salle de contrôle. Nous sommes donc libres d'y aller car ta mère a eu comme explication que des manifestations dangereuses devaient se dérouler dans la zone où vous habitez avec tes hommes. Elle a donc accepter que l'on intervienne et que l'on t'intercepte pour mettre les choses au clair. Evelyn est naïve pas vrai ?
- Elle a juste confiance en toi... Elle a foi en un fourbe qui veut juste la mettre plus bas que terre pour un peu de pouvoir.
Edgar se retourne vers moi, la rage incrusté en son corps. Il renvoie les gardes tenant mes bras et m'attrape le cou dès que les deux hommes disparaissent derrière une porte. Je sens l'espace où l'air circule se rétrécir dans mon larynx. Mes poumons ne peuvent plus se gonfler, l'oxygène manque à mon organisme et je sens que je vais perdre connaissance s'il ne lâche pas ma gorge. Le mur touche ma colonne vertébrale et me procure une sensation de froid que j'absorbe pour me rebeller. Je rassemble le peu d'énergie qu'il me reste pour poser ma main sur son bras droit aux muscles contractés par la force qu'il exerce sur mon cou. Je ne parviens pas à agir autrement et ma vue commence à être envahis de tâches noires. Je réussis tout de même à apercevoir l'effondrement de la fureur d'Edgar lorsque le contact de ma main sur son bras l'a ramené à la réalité. Je sens son étreinte s'affaiblir avant qu'elle disparaisse totalement pour me laisser m'effondrer sur le carrelage glacial. Ma respiration reprend son cours brutalement, ce qui me fait tousser à plusieurs reprises avant que je parvienne à stabiliser mon souffle. Malgré cela, ma tête continue à tourner et ma vue ne s'améliore pas.
- Lève-toi... On a du travail.
- Je ne peux pas.
- Si je te transporte, ta mère va être alarmée... Dit-il en soufflant.
- Je trouverai une excuse... Un faible taux de glucose devrait faire l'affaire pour la convaincre.
L'idée qu'Edgar va me porter me révulse mais mes muscles encore en manque d'oxygène ne me permettent pas de marcher correctement. Je ne suis même pas apte à me dresser sur mes deux jambes... Je commence à mieux voir ce qui m'entoure et devine rapidement qu'Ed' s'apprête à me soulever. Il place un bras sous mes genoux et me tient le buste en positionnant sa main sur mon flanc droit. Il marche pendant quelques minutes, sans dire un mot dans le silence de mort des couloirs peu éclairés de la Ruche. La nuit, cet endroit est assez glauque de par sa blancheur qui nous paraît terne et de par son niveau de fréquentation quasi nulle. Nous arrivons dans une salle peuplée d'ordinateurs et de petits moniteurs. Il y a une estrade avec trois sièges qui ont chacun quatre écrans à gérer. Un escalier de verre aux design épuré mène à ces bureaux. Plus bas, il y a la même organisation avec face aux paillasses des tables de travail, une vitre géante qui sert à afficher les éléments importants observés dans cette pièce. Edgar me pose à terre et passe son index sur le verre qui réagit directement et illumine la pièce grâce au symbole Érudit. C'est le même genre de système qu'utilisait Jeanine pour contrôler les simulations des Audacieux. Mais c'est aussi ce que nos professeurs employaient pour rendre les cours plus ludiques et surtout compréhensible rapidement. J'ai réussi à reprendre mes esprits et ma peur envers Edgar s'était envolé quelques minutes, juste le temps que son autre identité parte et vienne reprendre place en lui. Son regard redevient dur, toute la compassion qui avait surgit de nulle part vient de disparaître comme si elle n'avait jamais existé. Il allume tout les postes informatiques et s'assoit sur un des fauteuils. Il sourit légèrement et croise les bras, ce qui indique que les instructions ne risquent pas de me plaire et qu'elles ne vont sûrement pas créer chez lui une insatisfaction qu'il regretterait.
- Bon, maintenant je souhaite être quitte avec toi. Tu me poignardes, je te rend la même chose mais en pire vu que tu es bel et bien soumise à mon pouvoir, nul besoin de te faire une autre démonstration. Tu vas aller dans la banque de données où sont stockées les images du meurtre de mon père. Si tu ne les trouves pas, tu prendras un meurtre quelconque que tu trafiqueras comme bon me semble.
- Et si je ne sais pas faire ça ?
- Arrête... Je sais très bien que tu as appris à manipuler des images et des vidéos. Vous êtes les pros de la manipulation, vous, les Érudits. Ce n'est pas nouveau...
- Je vais essayer de pirater l'accès pour pouvoir atteindre les films de ces dernières années. Je ne sais pas si certaines scènes sont supprimées au bout de quelques années donc on va croiser les doigts pour trouver ça.
- De un, tu ne vas pas essayer, tu vas le faire car je ne te lâcherai pas tant que ça ne sera pas fait. Et bouge-toi, un coup d'état ça se prépare longuement et je n'ai pas envie que tu me ralentisses encore plus...
Je me place devant la vitre tactile et commence à chercher le fichier mère où les données les plus privées sont stockées et verrouillées par de nombreux systèmes indéfectibles. J'ouvre et ferme d'innombrables fenêtres qui ne m'intéressent guère et continue de fureter dans les dossiers. Après une heure de recherche, la peur commençait à m'anesthésier au point de ne plus savoir quoi faire... Mon index reste bloqué sur l'écran et ne parvient plus à bouger. J'ai l'impression de chercher une aiguille dans une botte de foin... Je suis face à des millions voire des milliards d'informations que je dois trier afin de trouver ce que je veux essentiellement. Edgar tourne en rond et tapote sur son bureau d'une façon des plus anxiogène que je connaisse. Je n'ai pas le droit de ne pas trouver, je le sais et donc ne pas y arriver serait mener mes proches vers une mort imminente.
- Chacune de mes recherches sur le réseau seront localisé ailleurs qu'ici ?
- Oui, j'ai fais en sorte que l'ordinateur soit détecter dans le secteur des Audacieux et en particulier dans votre salle de réunion.
Je souffle un « merci » et entre sur le réseau de la ville. Je réfléchis aux mots clés que je pourrais mettre et prend soin de ne pas faire de fautes de frappe comme si la moindre erreur pouvait être fatale. Même si une simple faute d'orthographe n'éveillerait nullement la fureur d'Edgar, bien au contraire, mais je préfère jouer le jeu de la prudence. Je tape « banque données surveillance vidéo » et scrute les résultats affichés. Aucun ne répond à ma demande... Je n'ai juste que les emplacements de certaines caméras ainsi que leur modèle et leur fonctionnalités, mais rien d'autres. Je soupire et me vautre dans l'un des trois sièges du bas de l'estrade. Mes mains sont moites et mon corps est en alarme totale. Les pulsions de mon cœur ainsi que ma fréquence respiratoire sont considérablement élevées, je le sens car ma carotide se gonfle et se rétracte frénétiquement. Les coups que donne le pouce d'Egdar sont ressentis comme le « tic tac » d'une horloge lors d'un examen, et mon cerveau tétanisé ne sait pas comment contrer les machinations du monde informatique.
- Bon ! J'en ai marre d'attendre ! On va passer à la vitesse supérieur ma belle. Je vais accélérer la réflexion de ton cerveau et par la même occasion, je vais en finir avec tes idées de résistance.
- Comment ça ? Je n'arrive pas à trouver le portail qui me fera atteindre les données vidéos... Ce n'est en aucun cas une opposition.
- Oh mais je veux bien te croire mais cela me paraît trop facile. Vu que tu es née chez les Érudits, nous allons procéder à un mode de torture typique de chez toi. Connais-tu les différentes sortes d'acides ?
- Pourquoi tu fais ça ? Ça t'avance à quoi de faire souffrir les gens pour arriver à tes fins ?
- Sans ça, tu ne ferais pas ce que je t'ordonne. La souffrance physique devrait pouvoir te remettre les idées en place. Alors, tu choisis l'acide chlorhydrique ou nitrique.
- Le vrai Edgar n'a pas cette cruauté, je le sais et tu le sais encore mieux que moi.
- Le « vrai » Edgar est faible et il n'y a pas de place pour les faibles ici. Je vois que ma mère t'a raconté de belles sornettes... Je suis un détraqué mental que l'on devrait enfermer, c'est ce que les médecins disent. Néanmoins, je reste un être humain conscient de ce qui m'entoure et refuse donc de croire des abrutis ayant des soit-disant qualifications pour déceler ce genre de pathologie. Je ne suis pas malade, je suis juste incompris ! Cette ville a besoin d'un vrai dirigeant qui saura gérer les conflits avec une main de fer. Evelyn se laisse trop distraire par ses problèmes personnels, elle est trop sensible aux éléments qui lui font penser à son passé et ça, ça lui coûtera très cher si elle reste au pouvoir.
- Tu voulais retrouver ton père... Et non pas gouverner une ville... Tu voulais retrouver un membre de ta famille.
- Ils sont tous morts maintenant et je ne souhaite qu'aucun homme ait à subir ce que j'ai subit, c'est pour cela que mes lois feront la différence avec celles des factions et celles d'Evelyn. Mais, revenons au sujet initial ma belle !
- Acide chlorhydrique...
- Hummm... Il y a un problème vois-tu ? Je t'ai demandé de choisir mais tu as mis trop de temps à te décider. J'ai donc choisis l'autre qui est beaucoup plus agressif pour la peau.
Cet acide est, en effet, le plus offensif et je tremble rien qu'en me remémorant sa propriété corrosive. Mes tentatives de dissuasion n'ont pas été concluantes et c'est ma plus grosse défaite aujourd'hui... Je le vis péniblement comme si un poids infini était posé sur mes épaules et qu'il était sur le point de m'anéantir comme l'insecte qui perd la vie sous la semelle d'un homme apeuré. Lorsque les gardes arrivent les mains couvertes de gants avec la petite fiole, je sens l'angoisse me ronger comme en prévision de l'effet que va avoir le produit sur ma peau. La rage d'Edgar n'a cesser de croître et ses menaces n'étaient aucunement en prévention de ce qui pouvait m'arriver, ce n'était même pas des menaces... C'était bien plus que ça... Je n'avais qu'une chance et j'ai l'ai gaspillé à cause de cette stupide peur que les hommes cultivent parce que ça fait partie de leur humanité. Je hais ce sentiment d'infériorité, je hais cette émotion qui corrode les parois de l'estomac et le grignote entièrement pour aller s'attaquer au pouls et aux poumons. Mettre trop de temps pour trouver ce que demande Edgar m'était interdis et je n'ai pas su prendre le dessus sur les milliards de données informatiques. Les deux hommes qu'a appelé Edgar me serrent fort les bras tout en me les collant aux accoudoirs du siège. Leur poigne ne m'effraie pas mais elle ne me rassure pas non plus... L'homme au deux personnalités enfile des gants de protection pour se préserver du produit abrasif qu'il va manipuler. Il dévisse le bouchon du flacon en verre et saisit une pipette posée sur le bureau. Elle se remplit d'acide, je le vois et frémit quand le regard bleu morbide d'Edgar se pose sur moi. Je serre les poings et les dents comme pour me préparer à ma dernière heure dans ce monde. Il me prend le menton et relève ma tête vers son visage afin de me déstabiliser et de me faire perdre mes moyens le plus rapidement possible. Il verse une goutte du liquide sur le bureau à côté de moi afin de me faire une petite démonstration avant de passer à moi. Le métal du meuble se désintègre dans une fumée orange de dioxyde d'azote nauséabonde qui me fait retenir ma respiration un court instant afin de ne pas inhaler ce gaz toxique. Mon corps est en alerte, j'ai l'impression de ressentir un réel tremblement de terre en moi. Les secousses sont interminables et mes muscles ne savent plus comment répondre à cause de la panique qui sévit en moi. Les phalanges des hommes qui me tiennent sont semblable à un matériaux indestructible qui ne saurait être détruit même par une bombe surpuissante. Je me sens prisonnière et incapable de faire demi-tour afin de fuir la souffrance que va engendrer l'acide nitrique sur mon corps. Cramponnée à mon siège, je regarde Edgar se délecter de l'épouvante dessinée sur mon visage et incurvée dans mon corps. Il fronce les sourcils et reprend son air effrayant avant de positionner la pipette au dessus de ma cuisse. Quelques gouttelettes s'échappent du compte-gouttes, j'inspire bruyamment et retient ma respiration tout en serrant ma mâchoire pour éviter qu'un cri sorte de mes cordes vocales. Le début pique légèrement mais ce qui suit est un déchaînement de brûlure comme si mon corps était en train d'être dévoré et désintégré entièrement. Une larme prend la fuite et dévale frénétiquement ma joue pour tomber sur ma plaie putrescente. Je sursaute comme si l'eau salé partis de mes yeux implorant avait eu le même effet que le produit résultant de ma brûlure. Je saigne, je le sens car quelque chose de chaud coule sur ma cuisse... Je n'ose pas regarder de peur de tourner de l'œil et d'accentuer la douleur. Les deux hommes lâchent prise doucement et partent en fermant la porte silencieusement en faisant un dernier signe de tête à leur chef. De loyaux sujets tout autant cruels qu'Edgar, c'est ce qui fait la force de cet homme qui a désormais pris place à mes côtés. Il a recommencé son orchestre inquiétant et tape encore sur la table avec son pouce dans un rythme très frustrant.
- Maintenant, reprend ton travail pendant que je te fais les premiers soins. Il faut agir rapidement avec ce genre de brûlure...
Je me fige un instant et le regarde surprise par le retour de sa vraie personnalité. Ma douleur est si intense que mon cerveau ne parvient même pas à émettre l'idée d'une quelconque manipulation sur Edgar. Je me remet à scruter les écrans et à creuser dans ma mémoire ce qui pourrait m'aider à trouver une solution pour obtenir ce que je veux dans ce labyrinthe d'informations. Le désinfectant qu'administre le monstre au regard aussi froid qu'un iceberg sur ma plaie, me brûle encore plus et déclenche une autre sorte de rhumatisme qui m'empêche de me concentrer pleinement sur les innombrables écrans aux pixels qui dansent. Je prend la souris posé sur le bureau et déplace le curseur vers le système mère qui est à l'origine de toute cette banque de données. J'espère pouvoir déchiffrer les codes qui forment une potentielle barrière qui protège les détails de chacune des vidéos de ces dernières années. Je navigue sur une sorte de toile d'araignée et cherche à aller au centre, à la racine de cet engrenage afin de pouvoir démonter les mécanismes qui s'oppose à moi. Je passe plusieurs minutes à décoder les chiffres et les lettres inscrites sur les écrans et tente de passer entre les mailles du filet. Je réussis après plusieurs échecs et commence donc à fouiner pour avoir le dossier où sont stockées les vidéos des caméras de surveillance.
- Ça fait vingt putain de minutes que tu cherches ce dossier de merde. Il n'y est pas donc trouve autre chose et dépêche-toi. Je te laisse seule quelques minutes, je te conseille de ne pas me faire de coup de pute car ça pourrait bien te causer préjudice. Puis, de toute manière, je t'enferme ici et sache que tu pourras hurler autant que tu veux. Personne ne pourra t'entendre.
- Et tu vas faire quoi ?
- Prendre de la crème cicatrisante dans une pharmacie d'un laboratoire dans l'ancienne zone secrète des Érudits.
- Tu sais. Je peux largement encaisser la douleur... Je suis Audacieuse, pas une simple Érudite.
Il fronce les sourcils et saisit la plus petite des clés que contient son trousseau. Il part vers la porte et s'occupe de modifier le fonctionnement de celle-ci afin qu'elle ne se déverrouille qu'avec son empreinte digital. Il se tourne vers moi, un sourire de tracé sur son visage.
- Il faut bien que je te soigne vu que tu vas rester ici plusieurs jours... J'ai beaucoup de projets pour toi Laur'.
Il disparaît derrière la porte en laissant résonner ces dernières paroles qui n'augurent rien de bon pour moi. Ma blessure me rappelle à l'ordre et m'incite à reprendre mes recherches. Où sont ces saletés de données vidéos ? Qui y avait accès ? ... Je réfléchis... Qui ? C'est ça qu'il fallait que je me pose comme question. Les Audacieux gérer la sécurité de la population sur le terrain et dans la salle de contrôle. C'est donc eux qui devaient enregistrer ces vidéos... Puis Jeanine devait sûrement avoir accès à cette banque de données vu qu'elle avait réussi à amadouer Max pour qu'il s'allie à elle. Il y a donc un gros risque que les images recherchées ait été totalement effacées des archives vidéos. Je me presse et entre rapidement sur le serveur Audacieux qui me demande de m'identifier. J'entre mon pseudo ainsi que mon mot de passe et farfouille les dossiers que les leaders ont le droit d'accéder. « Vidéos archives », c'est la rubrique qui élève en moi une once de joie. Je commence à inscrire l'année, le mois et le secteur qui m'intéressent dans la barre de recherche. Edgar arrive au même moment et se poste devant la grande vitre servant d'écran géant. Il croise les bras et observe les vidéos défiler pendant quelques instants avant de s'écrier « Là ! ». Je stoppe la molette de la souris et clique sur l'image datant du vingt et un mars 2233.
- Ça s'est passé aux alentours de trois heures du matin.
- Tu es sûr que c'est cette caméra ? Je ne savais pas que le secteur des sans-factions était doté de vidéo surveillance. En tout cas, je ne m'étais jamais rendu sur cette plate-forme informatique mais ce qui m'étonne, c'est que Max ne m'en ait jamais parlé au vu de ma mission d'extermination des SF.
- Qui gère l'accès à ce genre de données ?
- Les Érudits bien sûr...
- Qui dans les Érudits ? Me demande Edgar un peu énervé de ne pas avoir de réponses.
- Et bien... Il me semble qu'il y avait une unité spécifique à ce genre de système bureautique.
- Max n'y avait sûrement pas accès et encore moins Jeanine sinon elle aurait déjà eu raison de nos vies bien avant de massacrer les Altruistes.
- Bref... Cherchons le meurtre qu'a commis ta mère et faisons en sorte de faire un montage avec le visage de la mienne.
- Je t'aime bien quand tu es productive Laur'. Maintenant, fais ce que tu as à faire et présente moi un résultat digne d'un bon coup d'état qui détrônera cette salope d'Evelyn.
- Tu permets que je bosse sans que ce que je fasse soit projeté sur le grand écran ? Ça me déconcentre de voir en double ce que je fais...
- Fais comme tu le sens, je m'en fiche mais ne me berne pas sinon tu retrouveras la tête de ta chère petite sœur dans un carton à tes pieds.
Je hoche la tête avec un brin d'appréhension et débute les multiples manipulations sur les images en modifiant la tête du meurtrier. J'ai trouvé une solution pour contrer Edgar et son insatiable envie de faire souffrir les gens. L'anéantir au plus vite est désormais mon but ultime... Aujourd'hui, il est trop tard pour tenter de le dissuader ou de ralentir son coup d'état. Le tuer est la seule option qui d'offre à moi. Je vais donc truquer cette vidéo comme il me la demandé et lui montrer le résultat finale. Je gagnerai donc sa confiance et pourrait ensuite l'entraîner dans un piège mortel ou nulle caméra pourrait me trahir vu que je partirai de cette ville juste après avoir assassiner l'homme désirant la mort de ma propre mère. Evelyn est loin d'être parfaite et je ne lui dois pas grand-chose à part la reconnaissance de m'avoir donné la vie même si je constate de jour en jour que ce n'est pas réellement un beau cadeau quand on regarde ce que j'ai vécu. Néanmoins, je dois éradiquer ces idées pessimistes et sauver la vie d'une mère perdue qui risque de mourir de la main de son plus loyal sbire. J'imbrique donc des images, les colle, leur donne un aspect semblable au décor et met différents filtres afin de donner un côté réel et normal à cet assemblement. Le film de quarante cinq secondes, je le regarde et le décortique au moins une vingtaine de fois pour éviter qu'il y ait une anomalie. Le temps et la précision que je donne à mon travail fait croire à Edgar que je me donne à fond. Je sens ses yeux caresser mon écran au dessus de mon épaule et cela me stresse légèrement car je dois tout de même prendre mes précautions et créer une barre de chargement infini qui se fera lors de l'assemblage de mon montage vidéo. En gros, il n'y aura jamais de clip pour inculper Evelyn des crimes qu'elle n'a pas commis. Je programme le système de chargement pour ne jamais se finir et fais une démonstration à Edgar en projetant le court métrage que j'ai réaliser sur le grand écran. Il observe dans le silence et a l'air plutôt satisfait de mon travail. J'ai ajouté une voix off, celle de Jeanine, et j'ai aussi mis des écritures qui appuie les mots clés dit à l'oral afin que la population se fixe sur l'idée général que veut véhiculer le mini film. Les images du meurtre sont répétées cinq fois pour impacter au maximum l'esprit de ceux qui les regarderont.
- Tu as bien bossé... Je suis subjugué par tant de talent et d'entrain de ta part. Tu t'es donc décidé à te ranger de mon côté ?
- Tu sais Edgar, il faut se rendre à l'évidence. Tu es plus puissant que moi et mes hommes puis Evelyn doit payer de ses crimes. J'estime que le système gouvernemental doit changer et vu que tu es le seul à vouloir faire bouger les choses, je me plie donc à tes désires. Néanmoins, je ne suis pas d'accord avec tes façons de faire et campent donc sur mes positions du point de vu politique. Mais ça, c'est une toute autre affaire.
- Exactement ! Dis-moi... Pense-tu que réintégrer Éric dans cette ville serait une bonne idée ? Je vous vois bien vivre toi et tes hommes dans la Ruche et protéger le peuple comme les Audacieux l'ont fais auparavant.
- C'est une bonne idée. Il est grand tant qu'Éric reprenne du service dans la sécurisation du territoire. Cependant, je dois avant tout te montrer quelque chose que j'ai découvert après les tortures que l'ont a pratiqué dans l'ancien musée. C'est en rapport avec le Bureau du Bien Être Génétique et je pense que ça peut être bénéfique pour ton coup d'état.
- Développe...
- Je pense que tu devrais venir voir ça avec moi pour que tu aies une interprétation propre à toi même.
- Tu ne me mènes pas à un piège j'espère ?
- Je ne suis pas suicidaire vois-tu... Je ne risquerai pas encore une fois de perdre mes proches. Après, si tu n'as pas confiance, tu iras par toi même mais tu ne sauras pas forcément comprendre la science que contient l'objet et le message.
- Pourquoi ne l'as-tu pas transporté ?
- Il est incurvé dans la roche d'une carcasse d'immeuble... Je me ballade pas avec un marteau piqueur... Je n'avais pas prévu de devoir extraire une partie d'un bâtiment.
- Allons-y mais avant je souhaite te mettre de la crème. J'avais oublié de le faire tout à l'heure... Pendant ce temps-là, lance le chargement.
Je le regarde un instant dans le blanc des yeux mais détourne le regard quand son expression s'adoucit. Je me souviens des paroles de sa mère et serre les poings. Edgar m'aime bien et je sais que Veronica ne disait pas ça en pensant à de l'amitié... C'est un pervers narcissique qui pense que ce qu'il aime est censé lui appartenir et l'aimer en retour. Une plainte sort de mon corps lorsque la texture de la crème entre en contact avec ma brûlure et la douleur revient de plus belle et paralyse mon cerveau débordé par les signaux d'alerte que les nerfs lui envoie. Je trouve tout de même la force pour attraper l'opportunité qui s'offre à moi qu'est de rédiger un message d'urgence à Johanna Reyes pour qu'elle m'envoie du renfort sur le lieu où je vais achever Edgar.
Le communiqué établit, je l'expédie au QG Fraternel et plus particulièrement au bureau de Johanna Reyes qui a toujours quelqu'un qui surveille les informations induites afin de voir s'il n'y a pas d'urgence immédiate. Edgar cesse d'étaler la crème et me lance un regard interrogateur.
- J'ai horreur qu'on me touche... Excuse-moi...
- Je comprends... C'est vrai qu'après avoir été battu pendant seize ans, on a pas le même ressenti au touché qu'une personne normal.
Je met à charger la vidéo mais rumine jusqu'à la voiture le mot « normal » qu'a prononcé Edgar comme une sorte de formule de mathématique que seuls quelques adeptes connaissent le système. C'est la première fois que je me demande si je suis normal. Après tout, je suis un être humain comme un autre mais j'ai bien peur que la notion de « normal » aille beaucoup plus loin que l'enveloppe corporelle. La norme, c'est bien ça qui me tracasse. Est-ce que mon passé fait de moi quelqu'un de normal ? C'est à dire de commun à la globalité des hommes et des femmes de cette ville. Certaines de mes réactions sont dues aux coups que mon père me donnait mais pour moi, elles n'étaient plus influencées par les souvenirs douloureux de mon enfance. Pourtant, j'ai bien eu cette envie de repousser Edgar non pas par pudeur mais par défense... Peut-être que je suis esclave de mon passé car je ne l'ai toujours pas totalement accepté. Combattre et vaincre une peur, ce n'est pas admettre qu'elle a un impact sur mes interactions avec le monde extérieur. Je n'ai pas fini de me battre contre ma propre mémoire marquée au fer rouge... Cependant, ce qui me dérange, c'est que je ne rentre pas dans une norme comme l'a supposé indirectement Edgar.
- Je ne prétend pas te connaître mais je sais que ton attitude est bien différente de celle que tu arbores normalement.
- Tu parles de normalité et ça me perturbe... J'ai été battue, ça ne fait de moi un être extraordinaire... Je ne suis pas dans la norme, c'est plutôt dégradant.
- Tu te poses trop de questions... C'est passé tout ça et ok, ça t'a marqué mais ce n'est en aucun cas dégradant si tu en fais une force. Tu es divergente et c'est à peu près pareil. Réfléchis bien... Me dit-il avec un brin de dédain dans son intonation.
Je baisse les yeux et monte dans le véhicule qui figure face à moi dans les sous-sols de la Ruche. Le silence règne en tyran dans l'habitacle et mes tremblements pourraient me trahir et me tuer si les secousses dues à la route cabossée ne faisaient pas bouger l'auto. Je n'arrive pas à casser ce calme qui précède bien un ouragan d'émotions qui va sévir en moi pour ôter la vie de l'être inhumain que forme Edgar. Le paysage défile jusqu'à ce que la végétation contrôlée disparaisse et laisse place à des ronces et des arbustes bancales accrochés à d'anciens balcons d'un immeuble effondré. Plus le temps passe et plus l'angoisse croît jusqu'à me faire perdre le sens de l'orientation... J'ai l'impression d'être perdue... Je ne sais plus où on est et pourtant, je connais très bien le point où je souhaite assassiner Ed'. Mes yeux cherchent un repère à la hâte et tombent sur une plaque métallique incurvée dans un mur de granit noir. Le nom de la rue y figure et me permet de visualiser où je me trouve et aussi de voir dans combien de temps nous atteindrons la destination finale. Quand j'aperçois les abords du musée, je sens une vague de peur mélangée à de la rage s'affaler sur moi. Mes mains ne tremblent plus, mon visage est inexpressif et mes pensées ne divergent pas. Elles sont fixées sur un seul et même but, celui d'éteindre la vie qui frétille hargneusement dans le corps de l'ex Audacieux devenu quelqu'un d'autre. Je touche mon poignet et, passe l'index sur l'anneau de métal qui l'entoure comme pour me donner la force qu'Éric a su m'allouer à toutes les épreuves que j'ai dû surmonter lors de mon initiation. Edgar n'est pas armé, il a baissé sa garde et je ne peux pas me permettre de louper mon coup. L'ultime combat est très proche et l'avenir de cette ville est entre mes mains déjà trop tâchées de sang. Le moteur cesse de vrombir et nous sortons tout deux de la voiture en claquant nos portières derrière nous. Je passe la main sur la carrosserie froide et entraîne Edgar vers le musée en décomposition.
- C'est où ? Me questionne-t-il anxieusement.
Je me tourne vers lui, croise les bras et observe son regard se gorger de colère. Il est en train de comprendre, il sait ce qui va se passer, c'est indéniable.
- Je croyais que je pourrais t'épargner Ed'... Cependant, ta force et ta férocité ont fait que ma décision n'a pas été clémente envers toi. Je suis Laur' Scott, leader Audacieuse et garante de la sécurité des habitants de Chicago puis plus particulièrement de son dirigeant. Éliminer les dangers qui rôdent dans ces rues, c'est mon travail... Et je ne te laisserai pas faire couler le sang pour soulager ta soif de pouvoir.
- Prépare-toi donc à mourir ma belle. Tu as choisis ton camp et tu le paieras de ta vie. Crache-t-il les poings ficelés et tendus comme les câbles des ponts suspendus.
- Un combat à mort, je te demande. Lui demandai-je sûre de moi et autant déterminé qu'un animal devant sa proie.
Il acquiesce d'un léger signe de tête et sort rapidement un couteau de son manteau. Il tente de me donner un coup mais je saisis son poignet et lui assène un coup de pied dans les mollets pour essayer de lui faire perdre équilibre. Il ne faiblit pas et retente avec force de me poignarder la poitrine. Je l'esquive mais la lame frôle ma joue et laisse un filet de sang jaillir puis ruisseler le long de mon visage jusqu'à l'arrête de mon menton. Il sourit nerveusement et continue sa danse machiavélique en tournant autour de moi. Je lève les yeux une seconde vers le sniper posté sur le toit du musée et lui fait un signe.
- Tire sur le couteau ! Lui criai-je furtivement.
Edgar distrait, se tourne et cherche le tireur. Cela me laisse le temps de lui piquer son arme et de le mettre à terre. Étalé au sol sur le dos, je vois la tornade de colère ravagé le vrai homme qui sommeille en lui. Je pose un pied sur son thorax et appuie fortement tout en ne mettant pas tout mon poids au cas où l'idée de le faire tomber lui viendrait en tête.
- On ne touche pas à ma famille Edgar Green.
J'aperçois Éric dans l'ombre de l'entrée du muséum et lance le couteau dans la rambarde en bois à côté de lui. Il croise les bras et me fait un signe de tête pour me signifier d'aller au bout de mon acte. Je retire donc mon pied du buste d'Edgar et le laisse se relever.
- J'ai dit un combat à mort d'égal à égal. Ça veut donc dire pas d'armes.
Dépourvu de son couteau, sa prestance n'existe plus et son arrogance a totalement disparu. Cela fait longtemps qu'il n'a pas combattu et être devant un leader Audacieux ne doit pas le rassurer... Il baisse les yeux et croise les bras.
- Tu ne seras pas capable de tuer quelqu'un s'il ne se bat pas.
- Ne cherche pas à me manipuler. Je sais très bien où sont mes limites et honnêtement, quand on s'attaque à ma famille, aucune frontière existe. Je peux aussi être atroce vois-tu.
Sa tête se relève, la cruauté a repris place et flambe dans ses yeux. Il élance son poing que je stoppe net en lui faisant une clé de bras. Il laisse échapper une plainte aiguë que j'ignore pour ne pas me laisser rattraper par la pitié. Je le pousse pour qu'il s'écroule au sol mais il m'agrippe le bras et m'entraîne dans sa chute. Je reçois un coup de genou dans les côtes qui me fait hurler de douleur et me retrouve à la merci d'Edgar déjà dressé sur ses jambes. Il lance son pied contre mon abdomen à plusieurs reprises et se penche vers moi.
- Ce sont ça tes limites ?
Au même moment, j'expédie mon pied sur ses jambes pour le distraire et le déséquilibrer afin de me mettre debout. Ma garde me protège un court instant avant qu'Edgar se remette à frapper fortement. Je ne suis pas dans un combat d'entraînement et je sais qu'il faut que je sois plus agressive et que je sorte le petit poignard planqué dans ma botte. Je le cogne violemment à la tête et tourne furieusement autour de lui pour le désorienter. J'attrape ma petite lame et attire le fourbe vers un pan de mur. Des éclaboussures de sang apparaissent sur le sol ainsi que sur mes vêtements. Les coups que j'ai donné sont fatals et Edgar s'étale de tout son poids sur le sol. Je me baisse lentement, passe rapidement le couteau au niveau de sa carotide gorgée de sang. Le voir se noyer de ce liquide teinté d'un rouge noirâtre est sans doute un des plus grands soulagement que j'ai ressenti dans ma vie. Ses yeux se voilent et s'éteignent comme quand on obscurcit une pièce en tirant les rideaux. Je détourne mon regard à l'égard du crime que je viens de commettre sauvagement puis me redresse.
- On fait quoi maintenant ? Demande une voix qui ne peut être que celle d'Éric.
Je pivote sur la gauche pour faire front aux Conformistes qui attendent dans l'inquiétude une réponse optimisant leur chance d'avoir un futur plus calme que le présent.
- Il faut qu'on parte ... maintenant.
Voilà pour ce chapitre !!! Désolée pour le temps d'attente... J'ai pas vraiment le moral pour écrire en ce moment et j'ai l'impression de faire de la merde... J'espère que ça vous plaît et VOTEZ ET COMMENTEZ ! Gros bisous mes amours et encore désolée pour l'attente :/ Dîtes-moi ce que vous pensez de ce chapitre ! Je me suis bien amusée à faire le communiqué ainsi que le montage ^^ Bisous ♥♥
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top