Chapitre IV : Te cacher

NON CORRIGE ! Fautes à prévoir ! 

Il est vingt-deux heures, Éric s'est endormis à cause des effets que les médicaments ont sur lui. Les médecins lui ont prescris des corticoïdes et des sédatifs pour l'aider dans sa convalescence post-opératoire. Je sors du lit, prend soin de ne pas faire de bruit en m'habillant et pars dans le salon. Lara est assise sur le canapé, elle a un livre dans les mains.

- Tu ne dors pas ?

- Non, je ne sais pas comment les gars font pour trouver le sommeil à cette heure-ci. J'ai l'habitude de me coucher aux alentours de minuit.

- C'est normal, vous n'avez pas le même mode de vie que les personnes des factions. Tu lis quoi ?

- Je ne sais pas lire... Et encore moins écrire...

- Je t'apprendrai tout ça, ne t'en fais pas.

- Merci Laur'... J'aimerais tellement comprendre et savoir les processus des choses qui nous entourent. J'aurais aimé être Érudite, ça m'aurait tellement plus.

- C'est vrai que les Érudits sont calés niveau connaissance, ils conçoivent ce qui se passe dans la nature pour pouvoir le manipuler et en tirer bénéfices.

Je me lève, enfile une veste en cuir havane et enroule une écharpe en laine autour de mon cou. Je prend une lampe torche et une carte de la ville pour les mettre dans mes poches.

- Tu vas à la réunion ?

- Oui, je veux savoir ce qui va être dis et décidé.

- Laisse-moi le temps de m'attacher les cheveux et j'arrive.

Lara pose le bouquin sur la table basse et file dans la salle de bain où je l'observe coiffer ses cheveux bruns. Elle fait un chignon, met un chandail et un long manteau orangé pour ensuite venir me rejoindre sur le pas de la porte.

- Il n'est pas un peu tôt pour y aller ?

- Ça risque d'être suspect s'il y a un mouvement intense de personnes vers un point précis. Puis, pour être discrètes, j'ai prévu que l'on se rallonge le chemin pour passer par des endroits très peu fréquentés. On va prendre le train et descendre à la frontière du secteur Audacieux et Sincère.

- Il faut donc prendre la deuxième voies ferrées qui ne passe par le centre Érudit.

- Exactement. Bon, allons-y. Je ne souhaite pas y aller avec Jacob et Tyna car ils ne seront pas d'accord avec mes prises de risques.

- Je te comprend Laur'... Jacob est légèrement excessif pour te protéger. Heureusement que Mike n'est pas comme ça.

Je souris légèrement et entraîne ma sœur vers les entrepôts placés près des rails de la deuxième ligne de chemin de fer. Nous nous enfonçons dans l'obscurité de la réserve pour ne pas qu'on nous remarque. Je discerne le clignotant rouge d'une caméra, sa trajectoire est en plein sur nous. Je fixe Lara un instant pour réfléchir à une solution.

- Quoi ?

- Fais comme si tu étais bourré. Une caméra est pas loin, on nous voit clairement donc joue le jeu.

Elle me regarde, sourit et s'appuie sur mon épaule droite tout en hurlant des injures. Elle se décroche de moi, vacille légèrement et s'étale sur le sol pour finir par exploser de rire. Elle devrait faire comédienne, ça lui réussirait vraiment bien ! Elle se relève et commence à courir vers les rails tout en me faisant des grands signes pour que je la suive. Je secoue la tête et lui fais un doigt pour tenter de la suivre dans sa connerie.

- Train ! Y'a un train Laur' ! On monte !

Elle se dandine sur place et se prépare à sauter. Je légifère et fais genre que j'essaie de la retenir. Elle se hisse dans un wagon et là, commence ma course folle pour grimper dans ce fichu train. J'ai pris du retard, j'ai donc eu du mal à monter à l'intérieur et en prime je me suis violemment cogner le genou contre la paroi d'une porte. Lara est couchée au sol, elle pleure de rire à en avoir mal au ventre.

- Tu aurais du voir ta tête !

- Bah je ne m'attendais pas à ce que tu joues aussi bien !

- Quand je te dis que je me vois bien Érudite !

- Oui mais pour eux, on parle de manipulation et de mensonge.

- Bah c'est en parti ce qu'on vient de faire nan ? On a simulé que j'étais saoul donc on a mentis.

- Hummm... Bonne déduction ! Tu as l'intelligence d'un Érudit, tu le sais ça ?

- Avec zéro de QI ?! Tu rigoles toi !

Je secoue la tête et m'assois sur le rebord du wagon pour laisser pendre mes jambes. Le vent s'infiltre entre les mailles du tissu de mon pantalon pour arriver à ma peau. La froideur de l'air me donne la chair de poule. Lara vient se placer à ma gauche et pose sa tête sur mon épaule. J'observe les ombres d'arbres, de bâtiments, de panneaux qui défilent devant moi. J'ai à peine le temps de m'attarder sur les éléments qui différencient un arbre d'un autre. Je vois juste des troncs avec plusieurs bifurcations de branches qui sont déformées par la vitesse grandissante du train. La pénombre me montre un endroit que je suis censée connaître mais, qui me paraît inconnu tant le point de vue est différent de celui que j'ai en plein jour. Cependant, je reconnais un hangar où deux voitures Audacieuses dorment en attendant de pouvoir servir pour un quelconque déplacement. Je fais un signe à Lara pour lui dire qu'on descend et nous nous élançons afin d'atterrir sur la terre ferme. Je trébuche et manque de tomber mais, ma sœur me rattrape en me tirant le bras vers elle. Je la remercie et regarde autour de nous pour essayer de me repérer dans le secteur que je connais le moins des cinq. Je sors la carte et suis l'itinéraire que j'ai tracé à l'aide d'un stylo. J'observe chaque entrée de rues pour voir s'il n'y a pas de gardes et aussi pour voir le nom de l'avenue afin de ne pas nous égarer dans ce labyrinthe d'immeubles qui se ressemblent tous autant les uns que les autres. J'aperçois enfin le monstre de verre et de fer se dresser au loin, dans l'obscurité. Les diodes fixées à ses extrémités font qu'on voit le QG des Sincères de loin comme s'il servait de point de repère aux habitants de ce secteur. Nous arrivons enfin aux pieds du géant de cristal aux illuminations qui forment une balance en total équilibre. J'invite Lara à me suivre pour entrer par une porte située à l'arrière de la tour afin d'éviter d'éveiller des soupçons et surtout qu'on soit aperçu par plusieurs caméras. Nos capuches cachent notre visage et nous avançons tête basse pour franchir un faisceau de lumière comme des voleuses en plein délie de fraude. Nous arrivons à une sortie de secours qui ne peut que s'ouvrir d'un seul côté mais une planche est là, la laissant entre-ouverte afin que l'assemblée des Loyalistes puissent se réunir sans attirer l'attention des hommes d'Evelyn. Nous entrons et suivons les quelques flèches pour atteindre enfin la salle de jugement qui... Qui est exactement comme Danny Liebnecht la voyait dans ses peurs... Ça me trouble un peu car j'entends et voit des images défilées dans mon esprit, celle du jugement du père de Danny... Le portrait de cet être immonde et dénué d'humanité est imprimé dans ma mémoire, comme s'il m'avait atteins moi, et pas son fils... Jacob et Tyna me sourient et s'approchent de moi.

- Fallait que tu viennes... Te reposer, c'est possible ou pas ?

- C'était trop important pour que je loupe ça, puis je n'arrivais pas à dormir et ce n'est pas Éric qui allait me distraire avec ses ronflements...

Le couple que forment mon frère et Tyna me sourit en s'échangeant un regard complice que personne d'autre qu'eux ne peut comprendre. Johanna et Cara, une jeune Érudite sœur de Will, passent la porte principale et se postent face à nous.

- Bonjour à tous, nous dit Cara.

Le silence se fait comme si ces paroles avaient instaurées le calme. Toutes les personnes réunis dans la salle de jugement se rapprochent de nos deux interlocutrices.

- Comme nous n'avons pas le droit d'être ici, je serai brève. Certains d'entre vous – je pense à Zeke et à Tori – nous ont déjà aidés ces derniers jours.

Je ne savais pas qu'ils se connaissaient ces deux-là... Mais vu que Zeke a servis d'espion aux Audacieux, il a du la rencontrer à ce moment là dans le secteur Érudit. Tris le fixe avec une interrogation inscrite sur son visage comme si elle ne comprenait pas le fait que Zeke ait aidé Cara. Johanna s'avance et joint ses mains, geste très puissant chez les Fraternels qui montre que l'union fait la force.

- Quant aux autres, nous leur avons demandé de venir ici ce soir pour solliciter leur soutien. Mais tous, vous êtes là parce que vous n'êtes pas prêts à laisser le sort de cette ville entre les mains d'Evelyn.

- Nous défendons les valeurs des fondateurs de cette ville qui se sont exprimés sous deux formes : la création des factions et la mission des Divergents telle que l'a décrite Edith Prior, à savoir aider ceux de l'extérieur une fois qu'il y aura suffisamment de Divergents parmi nous. Et il nous semble que même si nous n'avons pas encore atteint ce stade, la situation est assez désespérée pour qu'on effectue une sortie. En accord avec les intentions des fondateurs, nous nous sommes fixés deux objectifs ; renverser Evelyn et les sans-factions pour rétablir les factions, et envoyer quelques uns d'entre nous à l'extérieur de la ville pour découvrir ce qui s'y trouve. Johanna s'occupera du premier et moi du second, qui sera notre principal sujet de discussion ce soir. Nous ne pourrons pas sortir en trop grand nombre, ça attirerait trop l'attention. Evelyn tentera évidemment de s'y opposer ; j'ai donc préféré recruter des personnes rodées à affronter le danger.

Je lance un regard à Jacob qui secoue la tête en fronçant les sourcils, comme s'il savait que j'étais capable de partir. Cependant, il a oublié Éric et je ne partirai jamais sans lui puis vu dans la situation où nous sommes, partir est une impossibilité.

- J'ai choisi Christina, Tris, Tobias, Tori, Zeke, Laur' et Peter. Vous avez tous fait la preuve de vos capacités, et pour cette raison, j'aimerais que vous m'accompagniez. Vous êtes libres de refuser, bien entendu.

- Peter ? S'exclame Tris.

- Il a empêché les Érudits de te tuer. Je suis bien placée pour le savoir. À ton avis, qui lui a fourni les produis qui ont permis de simuler ta mort ?

Tris, réfléchis un instant mais n'ajoute rien à ce que vient de dire Cara. Je pense qu'elle n'avait pas du réfléchir à qui avait aidé Peter pour l'aider à s'échapper. Je m'avance un peu pour prendre la parole.

- Je suis désolée Cara mais, si je pars, c'est avec toute ma famille et non pas seule. Puis... Evelyn va être abasourdis par le fait que Quatre parte, elle sera donc en position de faiblesse et apte à me faire des confidences qui ne pourront que nous aider. Je vous serai beaucoup plus utile ici qu'à l'extérieur de cette ville. Mise à part ça, vous avez mon dévouement total. J'ai une cinquantaine d'hommes prêts à me suivre, prêts à se soulever pour renverser Evelyn de l'ancien trône de Jeanine Matthews.

- Nous comprenons ton choix Laur'... À vrai dire, on se doutait que tu allais décliner notre offre. Merci pour ta dévotion envers les Loyalistes, nous ferons appel à tes services dans très peu de temps.

- Merci pour votre compréhension.

- Notre groupe se nomme les Conformistes car c'est une division de soldat Audacieux qui vont se battre pour la restauration des factions et non pas un mélange des cinq factions. Indique Lara dans un ton ferme qui m'a surprise.

Johanna hoche la tête et Cara reprend la stratégie qu'elle a élaboré pour que l'unité qu'elle a constitué puisse d'échapper en toute sécurité. Je ne prête guère attention à ce qu'ils disent mais, ce qui me réveille d'un seul coup est le « demain » direct de Tris. Je l'ai dévisagé pendant quelques secondes au point qu'elle me jette un regard d'incompréhension pour que je lâche mon regard d'elle. Demain, Quatre et une poignée de personnes vont aller au-delà de la Clôture. Tobias Eaton va s'évaporer dans un monde inconnu... Je ressens un pincement au cœur rien qu'en songeant au fait que je ne le reverrai peut-être jamais. « Mon frère va partir », cette phrase trotte dans ma tête jusqu'à mon endormissement dans mon appartement de bois au senteur de cirage.

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Je suis encore dans mes pensées et même mon bol de céréales au miel ne me ramène pas à la réalité. J'angoisse énormément... J'ai peur qu'il arrive quelque chose à Quatre lors de cette expédition. Pourtant, c'est bien lui qui a tiré sur Éric sans réfléchir aux conséquences engendrées par son geste. Il n'a pas eu d'état d'âme sur le fait que sa relation avec sa petite soit mise à néant à cause de ce geste... Cependant, Éric a survécu mais, s'il aurait été bien mort, je n'aurais jamais pardonné ça à Quatre. Je me demande soudain si je joue bien mon jeu... Éric est sensé être mort et j'agis comme si de rien n'était avec Quatre... Je devrais me méfier. Je dois cacher Éric, je dois mentir à beaucoup de personnes pour le protéger et... Je ne sais pas si je suis capable de faire ça bien... Le mensonge est un vice qui m'horripile pourtant, je vais devoir en faire usage pour faire survivre l'homme qui a su me montrer ce qu'est le sentiment le plus puissant qu'un être humain peut ressentir. Ric' sort de la chambre ; les yeux encore tout ensommeillés, il vient déposer un baiser sur ma tête. L'inquiétude est inscrite sur son visage comme si un peintre avait voulu émettre cette émotion à travers Éric en y peignant la peur.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as l'air tendue depuis que tu es rentrée de la réunion des Loyalistes.

- Quatre part... Il t'a peut-être mis une balle dans le thorax mais, ça ne change en rien le lien qui m'unit à lui.

- Ce n'est pas peut-être, il m'a réellement tiré dessus dans le but de me tuer. Cependant, je comprends tout à fait ce que tu ressens pour lui... Je ne suis pas mort donc tu n'as plus de haine envers lui.

Liam sort de la salle de bain et s'étire en baillant d'une manière pas du tout discrète. Ma sœur est encore en train de dormir, je n'ose pas aller la réveiller vu qu'elle partage le même lit qu'Arthur... Puis, la dernière fois que je suis entrée comme une sauvage dans une chambre, je suis tombée sur Quatre qui avait Tris dans ses bras. Ce jour là, j'ai eu de la chance de ne pas avoir eu à voir une scène quelque peu intime, donc je préfère m'abstenir de réveiller Lara. Mike prépare des œufs brouillé et du bacon, l'odeur pourrait en allécher plus d'un mais, moi, ça me donne plus envie de vomir qu'autre chose... Je ne raffole pas du salé au petit déjeuné, ce qui peut être étonnant quand on sait à quel point je peux être gourmande.

- Tu peux m'en faire aussi s'il te plaît Mike ?! Demande Éric en hurlant à l'autre bout de la pièce.

- Pas de soucis!

- Eh mais ya des gens qui dorment ici. Baissez d'un ton les gars.

- Tu parles ! Ils sont plutôt en pleine partie de jambes en l'air !

Je souris et lève les yeux au ciel avant d'exploser de rire face à Liam qui colle son oreille à la chambre de Lara et d'Arthur. Tout à coup, quelqu'un tambourine à la porte d'entrée. J'ai été légèrement surprise et peine à trouver le courage à me lever pour aller ouvrir. Je regarde Éric et lui fais signe d'aller dans la chambre au cas où une personne de l'extérieur attendrait derrière le bloc rectangulaire en bois. Je le regarde disparaître dans la pièce où nous dormons, je tourne la clé dans la serrure et appuie sur la poignée pour ouvrir la porte. Quatre se tient debout face à moi.

- J'ai entendu Éric parler. Il est où ?

Mon frère me pousse légèrement et pénètre dans l'appartement. Mike se raidit un peu et regarde méchamment notre frère.

- Tu l'as tué d'une balle en plein cœur. Tu t'en rappelles pas ? Crache d'un coup Liam en s'approchant dangereusement de Quatre.

- Je ne suis pas dingue, je suis sûr d'avoir entendu sa voix.

- Mais tu as du culot de dire ça comme ça putain ! Attends. Tu te permets de retirer la vie de l'homme que j'aimais et après tu viens nous voir en prétextant avoir entendu Éric parler ! Je n'aurais peut-être pas dû t'accorder mon pardon. Maintenant, dégage de cet appartement. Je ne veux plus te voir.

Il s'est tourné vers moi, il a l'air de s'en vouloir d'avoir agis ainsi. Je viens de mentir à Quatre mais, il faut que je fasse en sorte qu'il croit en la mort de Ric'.

- Je suis désolé... J'ai dû confondre sa voix avec celle de Mike... Je ne suis pas venu ici pour me prendre la tête avec toi Laur'. Je viens pour te dire au revoir. Dit-il en posant une main sur mon épaule.

- Fais attention à toi et tâche de ne pas mourir... Je ne t'ai peut-être pas totalement pardonné mais, sache que je t'aime et que je tiens à toi.

Il me prend dans ses bras et m'embrasse le front avant de partir dans un silence de plomb. Je met mes chaussures et prend une veste pour partir, j'ai besoin d'air pour réfléchir à tout ça... Éric me retient par le bras.

- Tu vas où ?

- Je veux être seule. Je reviens.

Je dégage mon bras de son emprise et claque violemment la porte pour ensuite dévaler les escaliers de l'immeuble. Je décide d'aller dans les vergers, à cette heure-ci, personne ne pourra me sortir de mes pensées. Je m'assois par terre contre un arbre fruitier. Je ramène mes genoux contre ma poitrine et observe la faune très riche du secteur Fraternel. Un oiseau est à quelques mètres de moi, il fait de petits bonds pour se déplacer. Son plumage est splendide... Sa tête, couleur tabac, est surmontée d'une huppe avec une pointe de noir aux extrémités supérieur des plumes. Son corps et ses ailes sont d'un noir et d'un blanc d'une pureté absolue qui forment des rayures homogènes. Son long bec fin est gris anthracite tout comme ses pattes aux griffes fourchues. Je ne bouge plus, ne respire plus pour pouvoir l'observer encore quelques secondes avant qu'il ne prenne peur en découvrant ma présence. Il picore le sol à plusieurs reprises avant d'en extirper un verre qu'il mange rapidement pour continuer à chercher d'autres victuailles. Il me regarde, je le vois car il ne bouge plus pendant un instant et s'éloigne de moi en bondissant sur quelques mètres. J'aime bien cet oiseau, il n'est pas commun contrairement aux espèces que j'ai déjà pu observer.

- Une huppe fasciée.

Cette fois-ci, ce n'est pas le volatile qui bondit mais bel et bien moi. Johanna est derrière moi et observe l'animal qui est resté malgré le mouvement brusque que je viens d'effectuer.

- Vous m'avez fais peur.

- Ce n'était pas le but, je m'en excuse.

- Dîtes... Avez-vous déjà été obligé de mentir alors que c'est contre vos principes mais, que c'est pour une cause vitale ?

- Oui, ça m'est arrivé plusieurs fois et je n'en suis pas morte. Si mensonger est indispensable pour faire régner la paix, c'est qu'il est donc bon de le faire.

- Pourtant c'est un vice...

- Vous ne faites de mal à personne en dissimulant la survie d'Éric. Cessez de vous torturer l'esprit Laur'...

- Je ne veux juste pas agir mal... Je ne veux pas qu'on m'oblige à faire des choses atroces parce que ma vie ou celle de mes proches est en danger.

- Vous parlez d'Edgar n'est-ce pas ?

Avant même que j'ai pu répondre, l'oiseau s'envole et Aaron apparaît essoufflé et l'air grave.

- Il se passe quoi ?

- C'est Alex... Il... Il est partis dans le secteur Érudit et a eu une altercation avec un garde...

- Bah vas-y, dis-nous ! M'exclamai-je

- Il a réussi à dérober l'arme du gars et lui a tiré dessus... Une patrouille est arrivée et...

- Il est mort c'est ça ?

Aaron acquiesce tristement d'un hochement de tête, une larme glisse le long de sa joue. Je reste assise les genoux serrés contre mon torse et laisse échapper quelques larmes. Je ne parviens pas à garder mon calme et finis par pleurer, par lâcher toute cette pression sur mes épaules. Alex est mort, je ne le reverrai plus jamais et ça par la faute de je ne sais qui... Je ne lui ai pas parlé depuis si longtemps que je ne sais même pas s'il allait bien. Je me sens coupable de ne pas avoir su lui donner de l'attention... Si j'avais été une bonne amie, peut-être qu'il serait encore en vie à nous faire rire avec ses conneries.

- Putain mais pourquoi il a fait ça ?!

- Il était étrange depuis notre sortie de prison... Je pense que c'est un coup de sang... J'aurais du t'alerter de son attitude anormale.

- Un coup de sang qui lui a coûté la vie.

Je me suis levée et tourne en rond tout en respirant fortement pour retenir mes larmes. La fumée de la colère monte en moi, elle a engloutis la tristesse dans les profondeurs de l'Enfer, et elle est d'un noir ébène qui ne pourrait être transpercé même par la lumière la plus intense de ce monde. Ma fureur va se tourner vers Evelyn, vers ses chiens, vers Edgar. La porte parole des Fraternels s'avance vers moi et me prend les mains.

- On le vengera en temps voulu donc calmez-vous Laur'. Ne me forcez pas à vous administrer une fiole de sérum de la paix...

- Justement, faites moi une faible injection. Aujourd'hui, je ne dois pas m'emporter...

- Le sérum a les effets du gaz hilarant, vous êtes sûr de ce que vous voulez ?

- Oui, si ça peut m'aider à ne pas vouloir exterminer Edgar ou Evelyn...

- L'emprise du produit ne dure que trois heures. Puis, ne prenez pas le sérum pour un anti-dépresseur...

Je dois être détendue pour distraire Evelyn afin de faciliter la fuite du groupe d'insurgés. Puis les flots de larmes qui mouillent mes joues ne m'aideront guère surtout pour supporter Edgar. Je suis Johanna qui m'insère l'aiguille dans ma carotide pour y déverser le sérum qui fera effet pendant un laps de temps qui m'aidera à garder mon calme. Je ne sais pas vraiment ce que je ressens face à la mort d'Alex... Je suis en colère mais, la tristesse n'est pas intense... Comme si les décès ne m'affectaient plus, comme si j'étais immunisé face au ressenti que l'on face à l'annonce d'une vie anéantis pas la trajectoire d'une balle. Le liquide est froid, je le sens circuler dans mon cou et une sensation saugrenue parcourt mon corps. Je vois Aaron se tenir en face de moi et une envie incommensurable de rire me prend. Je commence à partir dans un délire fou et serre dans mes bras mon ami. Je le sens se raidir face au surplus d'affection que j'ai envers lui. Je me détache de lui, sautille en direction de la sortie et tombe sur Edgar qui se tenait en dehors de la grange qui sert de bureau à Johanna.

- Salut Ed' ! Hou, tu as le teint pâle aujourd'hui ! Ça ne va pas ? Quoi de prévu en cette belle journée ensoleillée ?!

- Ne me touche pas... Tu es totalement pétée, tu as fais quoi ?

- Rien. J'essaie juste d'être gentille avec toi ! Bon ! On fait quoi alors ?! Je m'ennuie moi.

- Tu vas devoir former mes hommes au tir. On va aller se placer au niveau de la Clôture, ça changera de vos endroits clôt dans le secteur Audacieux.

- Héhé ! Tu as cru que j'allais apprendre le tir à tes guignols ?! Ils ne savent même pas se battre !

- Pas besoin d'apprendre à se battre... Je veux juste qu'ils se fassent la main avec des armes plus puissantes dans le but d'étouffer les manifestations contre le régime qu'Evelyn a mis en place.

- Il en est hors de question Ed'. Bon ! On va aller dans le secteur Audacieux, je vais initier tes gars aux bases du combat.

Il me regarde un instant, un sourcil levé et finit par céder en faisant un geste aux personnes qui le suivent. Nous partons à l'Ouest de la ville avec Thomas, l'ex Audacieux qui m'a mené à Jeanine lors de ma mission suicide. Je n'arrête pas de ma dandiner comme un enfant ayant une envie pressante d'aller aux toilettes. Des vagues de joies déferlent en s'écrasant contre mon esprit qui lutte tant bien que mal face à la force grandissant du sérum. Je marche avec Edgar et Thomas, je m'accroche a leur bras et les serre contre moi. Ed' se dégage de moi en me poussant légèrement sur la gauche.

- Putain mais elle a quoi là ?!

- Je ne vois pas ce qui te dérange. Elle a toujours été comme ça... Contrairement aux sans-factions, les Audacieux sont chaleureux et très tactiles.

Thomas a lâché sa réponse en me fixant avec énervement, comme s'il m'ordonnait de bien me tenir. Mon entrain se calme dès que je me rend compte que la situation dans laquelle je suis est assez compliquée. Je dois faire attention et ne pas éveiller les soupçons d'Edgar mais, mon comportement est totalement absurde qu'il risque d'en parler à Evelyn. Avoir demandé cette injection était une mauvaise idée et heureusement que j'ai réussi à reprendre mes esprits. La gaieté allait engloutir totalement ma vraie personnalité, je suppose que ma divergence est la cause de ma prise de conscience. Sinon, je serais encore sous l'influence de ce produit euphorisant qui me mettait plus en danger qu'autre chose. Il faut que je reste concentrée sur mes principaux buts pour ne pas plier sous la vigueur de la substance. Nous arrivons dans la Fosse, cet endroit qui m'était si familier autrefois, me paraît différent, comme si la vivacité du lieu était morte avec la destruction des factions. Je lève les yeux vers la plate-forme où je me suis présentée en tant que leader, où j'ai eu mon premier contact avec le pouvoir. La nostalgie envahie mon cerveau et commence à appeler la tristesse que je repousse violemment en revenant à la réalité. Nous nous rendons dans la salle d'entraînement où je commande une série d'échauffements à la dizaine d'hommes éparpillés autour de moi. Thomas et Edgar sont au niveau de la porte principale, les bras croisés et le regard vide, perdu dans l'immensité du monde de la pensée. Je déambule dans la grande pièce où je me surprend à remémorer la fois où Éric m'aidait à bien placer mon dos lorsque j'effectuais une pompe. Il avait posé sa main sur mon dos, c'était la deuxième fois qu'il y avait un contact physique entre nous...

- On fait quoi maintenant ?

- Mettez-vous en face des sacs de frappe et entraînez-vous à cogner. Il vous faut cibler les membres, ça vous permettra de mettre à terre la personne pour la finir. Frappez aux visages, c'est important et mettez-y beaucoup de force.

- Il ne faut pas visez les organes vitaux ? Enfin... Ce que je veux dire, c'est que cibler les membre ne sert pas à grand-chose.

- Écoute-moi bien. Ne me contredit jamais. J'ai été leader Audacieux donc je sais très bien comment combattre quelqu'un. Fais ce que je te dis !

Je le regarde dans le blanc des yeux et j'attends qu'il baisse les siens en signe d'approbation et de soumission. Tous s'exécutent et frappe l'objet de couleur abricot avec férocité. Thomas se poste à côté de moi.

- Tu leur apprends les mauvais gestes.

- Bonne observation.

- Tu fais bien.

Un petit rictus se dessine sur son visage, il doit être satisfait de voir que je fais tout pour affaiblir notre ennemi. L'homme qui a remis en question mes aptitudes à l'initier au combat ne fait pas de grands efforts. Il me lance des regards noirs de temps à autre et ne cesse de grommeler. Je retire donc ma veste et pars dans le ring.

- Ramène-toi.

- Pourquoi ?

- Parce que tu as l'air de ne pas être d'accord avec moi. Je vais donc te prouver que je sais parfaitement me battre.

- Ok mais attends-toi à te prendre une raclée.

Edgar s'approche de moi et m'agrippe le bras en me tirant vers lui.

- Arrête de déconner. Ta mère m'a demandé de veiller sur toi donc cesse de faire ta rebelle en voulant défoncer la gueule à tout le monde. On rentre et tout de suite.

- D'accord.

- On dégage d'ici. Hurle-t-il à ses hommes.

- Renoncer à un combat, ce n'est pas ton genre. Tu joues a quoi Laur' ? Me murmure Thomas.

- Je suis sensée être joyeuse donc je tente d'être cohérente dans mon attitude. Je vais aller voir ma mère, je te laisse rentrer seul et prévenir le reste des Conformistes.

J'ai réussi à totalement prendre le dessus sur le sérum, j'ai juste sentis l'euphorie revenir à plusieurs reprises mais sans victoire de sa part. J'évite de penser à l'effet que m'aurait fait de voir le corps inerte d'Alex sur le bitume frais aux premières lueurs du jour. Je crois que ça m'aurait détruite... Voir la mort coloniser une personne que j'aime m'aurait meurtris. J'ai vu une fois la mort prendre quelqu'un, et c'était ma mère. La petit lueur qui scintillait dans ses yeux s'est brusquement éteinte comme quand on souffle une bougie qui éclaire faiblement une petite pièce. Et c'est précisément au moment où l'obscurité de la mort s'installe autour de nous que l'on regrette... On regrette de ne pas avoir tout fait pour changer le destin, on ressasse le passé en cherchant quelque chose à se reprocher et une culpabilité terrifiante vient massacrer tous nos espoirs de paix intérieur. Puis viennent les souvenirs et en particulier celui de la rencontre. Je remémore les premières paroles que j'ai échangé avec Al', c'était assez violent mais, c'était le début d'une amitié chaotique qui m'a apporté beaucoup de fous rire au début de mon initiation chez les Audacieux. Je scrute les alentours, marchant avec Edgar.

- Ce n'est pas de ma faute si ton Alex est mort.

- Pour moi, c'est de ta faute que ce soit toi qui lui ai tiré dessus ou un autre.

- Nan mais tu ne te rends pas compte que son geste méritait qu'on l'élimine. Il était armé et dangereux Laur'. Tu aurais de même, je le sais. Tout le monde ne meurt pas en héro, tu devrais le savoir.

Edgar n'a pas si tort que ça... Alex a été totalement fou et inconscient en prenant l'arme du garde pour ensuite l'abattre. Pourquoi a-t-il fais ça ? Je n'arrive pas à comprendre, surtout que ce n'est pas son genre d'être autant violent. Je veux bien comprendre que l'on vit dans un nouveau système qui n'est pas celui que l'on voudrait mais, tuer n'a jamais été la solution pour se faire entendre. Edgar est calme, il ne parle pas vraiment et a un regard triste plongé dans un vide lointain.

- Ça ne va pas ?

- Tu en as rien à foutre donc pourquoi poses-tu la question ?

- Parce que je trouve ça fatiguant de se faire la guerre... On se déteste alors que l'on ne se connaît pas du tout.

- Moi je te connais.

- Normal, tu me connais car des personnes ont fouillé mon passé pour chercher la moindre faille en moi, la moindre petite chose qui ferait tomber. Je n'appelle pas ça connaître une personne. Pourquoi tu ressens autant de dégoût quand je suis avec toi ?

- Parce que tu as trahis ta famille de sang, tu as fondé une coalition qui allait contre ta propre mère. Tu as trahis les tiens et ça, je ne le pardonne pas. Surtout que tu as toujours eu ce que tu désirais, tu es une gosse pourri gâté qui n'a aucune idée de la valeur qu'on les choses.

- Une gosse pourri gâté ?! Mon père m'a battu mes frères et moi pendant seize ans et tu me dis que j'ai toujours eu ce que je voulais ?! Puis déjà, je n'ai jamais trahis les miens, car les miens, ce sont les Audacieux et donc les factions. En fait, il vaut mieux pas que j'apprenne à te connaître. Tu es dénué d'intelligence tellement que tu te laisses aveugler par la jalousie et la haine.

Je presse la pas pour m'éloigner de lui afin d'échapper à mon envie colossale de lui coller mon poing dans sa figure. Je suis dans l'ancien secteur Érudit, j'entre dans la Ruche et me dirige à vive allure au bureau de ma mère. Je ne toque même pas et entre sans prévenir. Mon énervement a eu raison de moi et Evelyn me regarde les joues en feu à cause de la colère qui monte en elle.

- Tu l'as tué ! Tu as tué Edward !

- Il a mis à mort un jeune homme ! Dans une société juste, tous sont égaux. Tes proches ne sont pas intouchables et encore moins toi.

- Oui mais je n'ai pas créé un gouvernement juste. La vraie justice sera réhabilitée quand la population ne fera aucun écart de conduite. Tu es peut-être de moi Laur' mais, tu es en aucun ma fille. Je ne t'ai pas élevé, ce sont les Érudits qui t'ont éduqué et ça, on le voit directement à ta façon de penser. Tu es un monstre comme Richard, comme Marie ! Me lance-t-elle dans un élan de fureur

Je lui attrape le bras et la fixe, les yeux exorbités par la rage.

- Ne parle plus jamais de ma mère. Tu ne la connais pas et tu ne sais pas ce qu'on a vécu avec Richard. Et n'oublie pas ton passé, n'oublie pas que tu te faisais massacrer par Marcus. Puis si je suis un monstre, c'est de ta faute et c'est que je dois tenir un minimum de toi pour être autant inhumaine. Moi qui croyait que tu m'aimais un peu, je crois que je ne vais plus mettre d'espoir sur la pauvre femme que tu es devenu.

Je lâche prise, remet le col de ma veste en place et décide de partir en ne prêtant pas attention aux appels d'Evelyn qui me supplie de l'excuser. Putain de journée de merde, je commence à réellement en avoir marre. Je vais rentrer dans le secteur Érudit et ne plus ressortir de là-bas jusqu'à demain. Je vais rester collé à Éric... En plus, je n'ai même pas déjeuné ce midi mais, la faim n'est pas réellement un problème. Je suis naïve d'avoir cru en Edgar et en Evelyn, ils sont tous les deux cruels. Désormais, je vais croire qu'en les Conformistes qui ne m'ont encore jamais trahis et qui ont toujours vécu en harmonie depuis que le groupe s'est formé avant la révolte. J'ai couru pour traverser les différentes zones de la ville, ce qui m'a aidé à évacuer cette envie de trucider chaque personne qui m'ont fais face aujourd'hui. Je croise l'un des membres des Conformistes, je le reconnais grâce à ses piercings et à ses poings tatoués. Je le questionne sur l'endroit où se trouve Éric et pars dans les sous-sols des bâtiments où nous nous logeons. D'après l'homme que je viens de rencontrer, il y a quelque chose qui va me faire plaisir en bas de ses escaliers que je dévale en accélérant un peu mon rythme de marche. J'atteins une pièce qui a tous les éléments requis pour avoir le statut de salle d'entraînement. Des sacs de frappe sont pendus à ma gauche, un ring est au centre, puis les différentes infrastructures de renforcements musculaire sont placées autour de la zone de combat. Je ne m'attendais pas à trouver ça dans les sous-sols d'un immeuble Fraternel... C'est une assez bonne surprise, les adhérent de notre petit groupe d'ex Audacieux rebelle va pouvoir continuer à cultiver son habileté au combat et au tir. Éric est torse nu, il fait des tractions qui rendent sont corps brillant de sueur. Ses abdominaux, ses biceps ainsi que ses triceps se contractent à chaque mouvement qu'il entreprend de faire. Je reste un instant à observer cette musculature hors du commun qui a suscité presque automatiquement une sorte d'admiration envers l'homme qui s'est emparé de mon cœur. Il remarque ma présence, esquisse un sourire et triple ses efforts pour tenter de m'impressionner. Je jette ma veste et agrippe la barre au dessus de mon crâne. Je fais plusieurs tractions et lâche prise quand Éric vient me distraire en me chatouillant l'abdomen. Je lui donne une légère tape sur l'épaule et le pousse mais, il m'attrape les hanches et me ramène rapidement contre lui d'un geste sec.

- Tu n'es plus aussi habile qu'avant ma belle.

- N'essaie pas de me provoquer car, tu sais que je vais te battre.

- Ou te laisser gagner par politesse !

Je sourie et souffle en lui donnant un regard rempli d'exaspération. Il me retient bloquée dans ses bras forts plein d'assurance. Je pose mes mains sur ses joues où la barbe a pris place et vient l'embrasser avec douceur. Je vois son expression facial changer, elle montre un amour profond, sans faille et sans frontières. Je me mord la lèvre et inférieure et lui susurre un « je t'aime » en embrassant l'arrière de son oreille droite.

- Eh ! C'est chose là, c'est dans votre chambre nuptiale les gars !

Je me détache de Ric' et me tourne vers la voix, c'est Arthur. Lara arrive quelques secondes après son arrivée, elle se met à côté de lui.

- C'est pas mal cette petite salle ! On va pouvoir s'entretenir ! M'écriai-je

- Ouais, c'est cool ! Johanna nous a permis d'aller récupérer le matos dans le secteur Audacieux pour le transférer ici à l'abri des regards. Je vais pouvoir apprendre à ta sœur les règles du combat. Elle va être implacable !

- Tu exagères... Le temps que j'apprenne à me battre, les factions seront déjà rétablis. Riposte Lara.

J'échange un regard inquisiteur à ma sœur qu'elle ignore en me questionnant sur mon état psychologique. Je répond par un haussement d'épaules et me tourne vers Éric qui me caresse légèrement le dos afin de me montrer sa compassion face à la perte d'Alex. Je chasse les larmes qui avaient pris place et pars coller mon pied dans un sac de frappe. L'objet est ébranlé par la force de mon coup comme quand le vent se déchaîne sur un pauvre arbre. Éric croise les bras, il me regarde sans vraiment afficher d'expression. Je décide de rester un peu seule avec lui et le traîne jusqu'à dehors où nous trouvons une souche d'arbre pour nous asseoir.

- Tu as quelque chose à me dire ?

-Non, je voulais juste passer du temps avec toi.

Je pose ma tête sur son épaule et ramène encore mes genoux contre mon buste. Cette position m'aide à me sentir bien, comme si j'étais protégée de tous les éléments extérieur qui pouvaient avoir un effet négatif sur moi. Les mouvements d'air caressent les cheveux d'Éric qui commencent à être long et bouclés. Ses yeux bleus gris sont posés sur moi et se délectent de la vie qui frétille sur mon visage. Je prend sa main gauche, la pose sur mes cuisses et entremêle mes doigts avec les siens comme pour matérialiser notre union qui est si abstraite pour certaines personnes. Sa peau est légèrement asséchée, je le sens car la rugosité de son épiderme vient accrocher assez désagréablement mes mains douces. Ses ongles sont bien soignés contrairement aux miens que je malmène à cause du stress qui me fait les ronger jusqu'au sang. Je viens enfouir ma tête dans son cou et dépose quelques baisers qui le font légèrement frissonner. Je sens sa carotide pulser les flots d'hémoglobines au rythme de son cœur et sa respiration calme me fait imaginer les alvéoles de ses poumons s'emparer de l'oxygène que le sang va transporter partout dans son corps pour le maintenir en vie. La machine humaine est fascinante ou c'est plutôt la force de la nature parfaitement bien faites qui m'impressionne... Je ne sais pas vraiment. Les Fraternels pensent qu'une force supérieur a créé ce monde pour y faire vivre des êtres vivant. Cet être divin aurait établis une réelle harmonie dans notre monde sauf pour l'être humain qui est envahis par les vices de la perfidie. Vivre en paix, pardonner et aider son prochain est la devise du « Créateur » d'après les Fraternels. Je ne crois pas en ces superstitions car la science détruit toutes les explications que les croyants donne afin de comprendre ce qui nous entoure. En fait, je ne crois pas en tout ce qui est subjectif sauf pour l'amour bien sur... Mais, avoir quelqu'un qui me dit qu'une personne invisible a tracé ma destinée et a créé l'Homme en son image, je ne réussis pas à y croire puisque la science vient donner des informations précises et objectives pour apporter des raisons à ces phénomènes. Je ne crois qu'en ce que je vois, qu'en ce qui est vrai et scientifiquement vérifiable. Éric n'a pas survécu parce que la divinité l'a choisis mais, parce qu'une communauté s'est battu pour lui attribuer son pardon et donc lui sauver la vie. Je touche sa barbe qui s'épaissit de jour en jour lui donne un baiser sur le bord des lèvres.

- J'aime passer ce genre de moment avec toi sans que l'un de nous deux parle. J'ai l'impression de sentir une sorte de connexion avec toi en écoutant ton corps me parler.

- Et mon corps te dit quoi ?

- Tu angoisses mais, c'est une angoisse qui te ronge les organes de l'intérieur comme une sorte de parasites. Je te sens écouté les battements de mon cœur comme si tu t'abreuvais de l'énergie que je dégage en étant vivant à tes côtés.

- J'ai toujours peur d'être dans un rêve et si ce n'est pas un rêve, j'ai peur que quelqu'un te porte atteinte en t'ôtant la vie grâce à un couteau, une arme à feu ou une bactérie. Si je pouvais, je te ferais porter un gilet par balle à chaque fois que tu sortirais de notre appartement.

- Ne sombre pas dans la paranoïa, je suis là maintenant.

- Alex est mort, ça aurait pu être toi ou Lara ou quelqu'un d'autre ! On est tous en danger ici, je ne supporte plus ce sentiment de peur et d'impuissance face à l'ennemi ! On est plus rien, juste des pions qui répandront l'effroi dans chaque ruelle, chaque logement, chaque parcelle de cette putain de ville.

- Calme-toi... Obéis et tout se passera bien pour notre fuite.

- Je veux pas faire les mêmes erreurs que toi, je ne veux pas verser le jus de la souffrance dans les rues de Chicago. Tu sais quelle expression s'affiche sur le visage des personnes que je croise ? C'est l'inquiétude et rien d'autre. Evelyn est un tyran et je dois lui obéir ? Nan, je refuse ça ! Dis-je dans un élan de colère.

Éric se met à genoux devant moi, m'enveloppe la tête avec ses mains et s'enfonce dans les profondeurs de mon âme en regardant par mes deux petites ouvertures de couleur noisette. J'attrape ses bras crispés et me met à pleurer.

- Respire Laur'.

- Ma mère est morte ! J'ai vu ma mère mourir ! Alex aussi est mort ! Des milliers de gens sont morts, j'en peux plus de devoir assister à ce funeste spectacle ! Je n'en ai plus la capacité Ric'... Fais quelque chose... Je t'en supplie.

Il baisse les yeux, il ne sait pas quoi faire, je le vois, je le sens. Des avalanches de larmes dévalent la pente de mes joues pour venir s'écraser sur mon pantalon. Éric me serre contre lui, la pression qu'il exerce se renforce comme s'il voulait étouffer la douleur qui me meurtris. Nous restons peut-être une dizaine de minutes enlacés à ne pas bouger, à attendre que la mal s'éteigne doucement. Mon pommettes encore humidifiées sont essuyer par Ric' qui passe la manche de son pull sur ma figure. J'entends des bruits de pas dans les graviers derrière nous. Je distingue en une fraction de seconde que la personne présente n'est pas la bienvenue et qu'elle est dangereuse grâce au changement brutal d'expression faciale d'Éric.

- On est mort. M'indique-t-il avant qu'il ne me laisse le temps de me retourner.

Edgar se tient à trente mètre de nous, un sourire exagéré est incurvé sur sa face. Je m'appuie contre Ric' comme si un tremblement de terre était en train de sévir sous nos pieds. Il se met devant moi pour me protéger de la cruauté qu'Edgar va manifester très prochainement.

- C'est ça qu'il me fallait Laur' ! Un point de pression sans faille ! Je ne sais pas comment tu as réussi à survivre toi mais, je m'en contre fiche. Ce que je veux, c'est que Laur' suive mes directives en fermant sa gueule.

- Ce n'est pas un jouet. Fous-lui la paix, va t'attaquer à quelqu'un d'autre.

- Ferme ta gueule toi, tu n'es pas en mesure de me donner des ordres. Laur', tu voulais en apprendre plus sur moi ? Et bien, on se verra très prochainement pour que tu puisses m'aider à régler une affaire familiale que tu ne partageras pas avec Evelyn bien évidemment sinon ton mec là, il crèvera sous tes yeux.

Éric serre les poings, commence à s'approcher d'Edgar mais, je le retiens fortement contre moi. Je crois que je n'ai jamais autant serré son bras pour le retenir de frapper quelqu'un qui mérite amplement d'avoir un poing dans la gueule.

- Ho !! Mais c'est que tu es féroce Éric... Wagner, c'est ça ? Oui, il me semble que c'était toi le petit chien de Jeanine. Tu dois être vraiment très con pour te soumettre à une telle femme ! On se demande qui c'est qui porte la culotte dans ton couple.

Je me positionne entre les deux et pousse Ric' qui s'est encore plus raidis après avoir entendu les injures d'Edgar.

- Laur', tu es tranquille pendant quelques jours ici. Je viendrais te chercher pour que tu m'aides à arranges mes soucis familiaux. Je te conseille de bien te reposer et j'exige de ta part un comportement exemplaire.

Il m'a caressé le bras du dos de sa main ce qui a entraîné Éric dans une démence monstrueuse. Jacob est arrivé au bon moment et a réussi à tenir Ric' à l'écart. Ed', lui, est partis comme si de rien n'était. Je retourne auprès d'Éric et de Jacob plus tendus que jamais.

- Il te touche souvent comme ça ce fils de pute ?!

- Il l'a fais exprès pour que tu réagisses comme ça... Il ne fait jamais ça...

- Il va te manipuler jusqu'à ce que tu meurs rongée par son sadisme

Cette phrase, elle m'a figé. Elle m'a anéantis, m'a détruite telle une bombe qui vient souffler sur une construction de carte. La sûreté a fuis notre monde et les tirs qui ont éclaté lors de la fuite de Quatre et de Tris ont soulevé une forte dose d'inquiétudes qui vont remuer ma vie d'une façon des plus terrifiantes. Cacher Éric a échoué.

Voilà pour ce chapitre 4 !! Votez et commentez ! J'espère qu'il vous plaît ! Je vous avoue avoir plusieurs doutes en ce moment sur ce que j'écris donc n'hésitez pas à m'indiquer si quelque chose vous dérange. Ça ne peut que m'aider ! Sinon, vous pensez quoi d'Edgar ? Vous croyez qu'il est capable d'aller très loin ou qu'il veut juste mettre la pression à Laur'? Et pensez-vous qu'il est réellement malfaisant ? Bon je vous souhaite un très bon dimanche et vous fais de gros bisous ! Je vous aime et merci pour tout ! ♥♥♥♥

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