Chapitre 8 : Divergence, synonyme de mort 2/2
- Laur', tu es divergente...
- Non, pourquoi tu dis de pareilles conneries ? M'exclamé-je en bondissant du fauteuil.
- Parce que tu l'aies. Tu ne peux pas faire apparaître d'éléments pour t'aider à affronter ta peur. C'est impossible... Là, tu as fait surgir de nulle part une sortie...
Je change de couleur, mon sang ne fait qu'un tour dans mon organisme avant que je comprenne que ma vie est en grave danger. Il va me tuer, c'est sûr. Je vais mourir à cause de cette putain de divergence. La peur doit se lire dans mon regard, je prends donc la décision de fuir et commence à me ruer sur la porte, mais Quatre me retient puis me tire avec une force terrifiante vers lui.
- Je ne suis pas ton ennemi, je vais effacer l'enregistrement et faire passer ça pour une panne. Tu joueras le jeu avec Éric, car lui, il ne va pas te louper s'il apprend ta divergence.
- Pou... Pourquoi tu m'aides ? Balbutié-je les yeux brouillés de larmes. Je ne comprends pas. Tu n'es pas censé tuer tous les divergents ?
- Je t'aide parce que tu es quelqu'un de bien et surtout parce que je suis comme toi. Dit-il en me regardant dans les yeux.
- Tu ... Tu es divergent ? Demandé-je interloquée.
- Oui, mais si tu veux qu'on en reparle, viens manger avec moi ce midi. Et n'en parle à personne. Ta vie en dépend, la divergence te tuera si tu ne fais pas attention.
- Je sais, mais comment je dois faire pour les simulations prochaines ?
- On en reparle ce midi. J'ai du travail, à tout à l'heure.
- Je dis quoi à Éric si je le croise ?
- Qu'il y a eu un problème avec le système, qu'il a planté et que tu étais encore en simulation. Je n'ai donc rien pu contrôler visuellement et j'ai eu l'obligation de t'injecter le sérum antidote pour te faire émerger. Fais-lui comprendre que tu as beaucoup souffert, il t'aime bien et compatira. Il a confiance en toi, ne doute pas de ça. À plus tard. Ajoute-t-il en me poussant à l'extérieur de la pièce.
Les gens me dévisagent, ils ont dû entendre le boucan... Comment être discrète après ça, et comment ne pas être jugée faible en ayant le visage mouillé et rougi par des pleurs. J'ai honte, je baisse donc la tête et pars le plus rapidement possible de cet endroit.
Je suis complètement perdue. Quatre est divergent et sait que j'en suis une aussi. Donc nous sommes à égalité. Il est comme moi. Mais pourquoi me protège-t-il au péril de sa vie ? Éric est étrange avec moi, et maintenant c'est au tour de Quatre. Je ne comprends rien du tout, je ne sais pas s'il y a un piège quelque part. Je suis anxieuse. Si je continue à faire comme ça pour mes simulations, je vais très vite me faire démasquer et tuer par la même occasion. Ho et les dires de Quatre résonnent dans ma tête... Éric m'aime bien... Je dois le prendre comment ça encore ?! Il y a un mode d'emploi du leader sadique qui fait une fixette sur l'un de ses novices ? J'ai l'esprit en pagaille, je ne parviens pas à avoir une idée fixe. Je crois que je n'ai que rarement autant paniquée dans ma vie. Je décide d'aller à l'appartement d'Éric, autant jouer le jeu directement même si j'ai un léger doute sur le fait qu'il soit chez lui. Je souffle un grand coup devant sa porte, libérant toutes les pensées intempestives qui me nuisent. J'appuie sur la poignée puis rentre sans faire de bruits au cas où il dormirait. J'ai bien fait car il est dans le canapé, plongé dans un sommeil sans fond, le torse dénudé. Il va avoir froid, je lui remets donc la couverture sur son buste. La dureté qu'il fait paraître au quotidien n'existe plus. Je trouve même que son visage est plutôt beau, ses piercings lui donnent un côté viril mais ne gâche en rien sa beauté. Mon cœur s'emballe lorsqu'il se tourne sur le côté gauche, manquant de me toucher en balançant son bras droit vers ma jambe. Je vais tenter de l'extirper de son sommeil, j'ouvre donc la baie vitrée en jetant un œil dehors. J'aperçois la Ruche et repense aux Érudits, à ce que j'ai évité en partant de là-bas. C'est sans nulle doute la meilleure décision que j'ai pu prendre. Sans ça, je serais encore éprise d'une peur mordante envers mon père et je serais le pantin articulé de Janine qui démasquerait bien vite ma divergence. J'ai bien fait de les quitter, je suis à ma place ici même si l'insécurité me guette à cause de ma divergence. J'espère que ce n'est que temporaire. Je nettoie la tasse de café et la cuillère qu'a utilisé Éric ce matin. Je fais exprès de faire plus de bruits qu'il n'en faut. Je l'observe commencer à s'agiter. Il finit par se redresser lorsque je ferme la fenêtre, j'ai dû lui faire peur vu son regard.
- Tu es plutôt serein de dormir en laissant la porte déverrouillée. Dis-je pour détendre l'atmosphère.
- Je ne me doutais pas que tu allais te pointer dans la journée vois-tu.
- Je te laisse dormir ?
- Je suis réveillé maintenant. Avec la peur que tu m'as faite, je ne pense pas pouvoir retrouver le sommeil. Pourtant, je tiens à te préciser que je n'ai dormis que trois heures cette nuit. Toi tu as eu huit heures de repos... Tu aurais pu avoir l'amabilité de ne pas faire de bordel, afin de me laisser tranquille.
- Tu es leader, tu n'as pas d'autres choses plus importantes à faire ?
- Figure-toi que je ne travaille pas aujourd'hui grâce à la nuit que j'ai passé. Tu fais chier Laur'. Pourquoi es-tu là ?
- Ma simulation ne s'est pas bien passée... Me confié-je en m'asseyant à ses côtés.
- Comment ça ? S'énerve-t-il très irrité par son sommeil interrompu.
- J'étais bloquée dans la simulation, le système a planté et Quatre a dû m'injecter l'antidote. J'étais en panique totale, je n'arrivais pas à me calmer. Ma performance n'a pas pu être enregistrée...
- Ah... Ce sont des choses qui arrivent. Le serveur n'est pas infaillible, il a des bugs et ça peut être dangereux. Crise cardiaque, stress post-traumatique ou encore détresse respiratoire. Le sérum est sans cesse amélioré mais il y a des sujets plus sensibles que d'autres. Je suis désolée que tu aies eu à vivre ce genre d'expérience... Tu vas mieux ?
- Ce qui m'inquiète, c'est que j'ai une simulation en moins d'enregistrer contrairement aux autres.
- Je te promet que ça ne jouera pas sur le classement. Si ça te perturbe autant, je t'en fais repasser une.
- Pour le moment, je vais pouvoir m'en passer. On verra ça plus tard.
- Tu te fais du mauvais sang pour rien.
Je suis stupéfaite, il ne se doute de rien. Il me fait réellement confiance, cette situation est complètement dingue. Je serre les dents en songeant que je lui mens, pourtant, c'est pour ma propre survie. J'ai beaucoup de mal avec le fait qu'il puisse vouloir ma mort. Son comportement sympathique en mon égard m'empêche de croire qu'il puisse me vouloir du mal. Il joue peut-être bien son jeu... Je ne peux pas savoir vu que je suis toujours dans l'ombre avec lui. Il a cette facette qu'il tente de retenir et ne souhaite pas me dévoiler. Cependant, je suis persuadée qu'un côté est sincèrement bon en lui et qu'il me laissera le découvrir un jour ou l'autre. Il se rapproche de moi et pose une main sur mon épaule en cherchant mon contact visuel.
- Tu as l'air bouleversée, tu ne veux pas rester ici pour te relaxer ?
- Non, merci. Affirmé-je en me levant avec soudaineté. Je... Je ne peux pas m'octroyer du repos. Si je veux devenir Audacieuse, je ne dois pas fuir face à la fatigue. Ajouté-je en détournant mon regard de ses pectoraux avec le feu aux joues.
- Fait comme bon te semble. J'essaie juste de t'aider. Me signale-t-il amusé par mes pommettes rougies.
- Je n'en ai pas besoin. Merci. Ajouté-je avec une rudesse qui m'échappe.
Sorti de son lit rapidement, il ferme la porte de la salle d'eau avec tumulte. Il me rend de moins en moins indifférente... Pourtant, j'ai ce besoin de refuser son aide, comme si je craignais que la distance avec lui s'amenuise. Les choses qui me sont hors de contrôle, je n'apprécie pas vraiment ça. Et même si je me sens bien avec lui, je souhaite me garder éloigner de tout ce qui pourrait avoir lieu entre lui et moi. En fait, je ne sais pas ce qui pourrait se passer. Ça se trouve, je me fais des idées. Il est sûrement bienveillant avec moi grâce à mes frères. Sinon, il serait indifférent et cruel. Mais pourquoi cette réaction quand j'ai rejeté son aide ? Rah... J'en ai marre de ce foutoir. Je n'y comprends rien, c'est un supplice ! Il est ingrat avec tout le monde puis tout le contraire en ma compagnie. Néanmoins, il me porte quelques fois des paroles blessantes. Il ne s'en rend vraisemblablement jamais compte... Ou il le fait exprès afin de me remettre à ma place de novice.
Je m'éclipse de chez lui sans émettre un décibel en vue de ne pas être une énième fois la source de sa colère.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top