Chapitre 6 : Journée des Visites 3/4

     Mon attention revient avec ma famille. Ryan gueule ... Il y a des choses que ne change pas et c'est toujours à propos des Altruistes.

- De toute façon il faut faire sauter Marcus et Andrew. Les Érudits devraient avoir le gouvernement. Ce sont les plus intelligents donc ça serait pas mal qu'ils servent à quelque chose autre qu'à la recherche. Décrète-t-il sûr que l'on va appuyer ses propos.

- Ryan ... Tu es un peu dur, tu remets en question la société des Fondateurs ? Questionné-je pour qu'il réfléchisse à l'absurdité de ses paroles.

- Laur' ... Arrêtes de défendre des moins que rien. Ils ne servent à rien à part à épuiser nos réserves pour les donner à des sans-factions sans importance.

- Justement, c'est plutôt bien comme geste. C'est altruiste et c'est peut-être pour ça qu'ils sont les plus à même de gouverner. Pourquoi on laisserait des gens mourir de faim quand on a les moyens de les nourrir. Pourquoi on donnerait le pouvoir à des gens vaniteux comme les Érudits ? Ce serait une connerie qui engendrerait l'effondrement des factions. Chacun a une fonction, si on supprime les Altruistes, l'équilibre est rompu et tout s'écroule.

Mon frère écarquille les yeux tandis que ma mère esquisse un léger sourire. Je crois que j'ai été trop loin dans mon argumentation. De toute façon, je ne pense pas comme lui. Ryan c'est le penseur typique des Érudits. Mais nous ne sommes pas les seuls dans la ville. Tout le monde a besoin de vivre puis si les factions ont été créées ainsi c'est que c'est comme ça point finale. Les Altruistes gèrent le gouvernement car c'est comme ça et pas autrement. Je ne verrai pas pourquoi on rajouterai du travail aux Érudits pour gérer un gouvernement qu'ils ne sauraient justement pas gérer sans créer une dictature et une guerre civile. C'est pour cela aussi que je suis partie de cette faction de fou qui se croit supérieur aux autres et qui écrase les faibles. Le pire c'est que cette tension des Érudits contre les Altruistes est très présente, et je crains que ça explose dans peu de temps si cela continue.

Ma mère ne dit pas grand-chose à ce sujet, c'est ça qui est étrange. Elle est Érudite, la faction la plus arrogante et elle ne dit rien du tout sur ses opinions. Elle pourrait se lever et crier haut et fort qu'il faut éradiquer les Altruistes et leurs lois à la con, mais elle reste silencieuse. Elle est secrète, j'ai l'impression de ne pas la connaître quelquefois. Je n'arrive pas à l'analyser, c'est la seule personne qui résiste à mes observations. Je ne parviens pas à la cerner alors que c'est la première personne à être entrée dans ma vie.

Quatre est assis pas loin de nous, je le remarque car Ethan lui a fait un signe de la main. Je lui souris ce qui n'échappe pas à Ryan qui est sur le qui-vive pour faire chier son monde.

- Ethan ? Pourquoi tu traînes tout le temps avec un faible comme Quatre ? Demande Ryan pour essayer de piquer à vif tous les membres de la famille.

- Un faible ? Il est arrivé premier à l'initiation. Annonce Jacob outré.

- C'est un natif Altruiste, je ne vois pas pourquoi vous lui laissez le poste d'instructeur qui est d'une importance capitale.

- C'est un Audacieux maintenant, ce n'est plus un Altruiste. C'est tout à fait normal qu'il joue un rôle essentiel à cette faction vu comment il a réussi à l'initiation. Le défend mon frère aîné.

- Attendez ? Il est natif Altruiste ? Demandé-je abasourdie par cette révélation.

- Bah oui Laur'... Tu ne le savais pas ? En plus, c'est le fils de Marcus Eaton.

- Tu blagues c'est ça ? Demandé-je pour être sûr.

- Je n'ai jamais été aussi sérieux ! Rit Ethan en voyant ma tête.

Je change de couleur quand il me dit ça. Je suis trop conne, j'ai insulté son père devant lui et il n'a eu aucune réaction. Je suis vraiment débile et forte pour faire des gaffes...

- Laur' ? Il se passe quoi ? Demande le plus jeune de mes frères.

- Rien de spécial Ryan. Ne t'inquiète pas.

- Tu pourrais avoir la franchise de le dire hein... Me sermonne-t-il.

- C'est bon ... Tout le monde n'est pas comme toi Ryan... Tu aurais dû choisir les Sincères vu ton côté franc abrutissant.

Je ne le reconnais plus ... Il est vraiment trop con. Entre son discours extrémiste pour les Érudits et sa haine envers chaque Altruistes, c'est bon il a touché le jackpot de ce que je n'aime pas du tout. Non puis comme si Quatre était un méchant Altruiste... C'est pathétique comme pensée, mais ça ressemble bien à Ryan. Le problème c'est que je ne pensais pas qu'il allait avoir des opinions pires que celles qu'il avait avant de partir de la maison.

Je me lève pour bouger un peu, faire baisser la pression qui monte en moi mais surtout pour retrouver Éric afin de clarifier ce qui a pu se produire cette nuit.

- Tu vas où ? Demande Jacob en se levant à son tour.

- Prendre l'air.

Je ne sais pas du tout où est Éric mais il faut absolument que je le retrouve pour savoir ce qui s'est passé hier soir. Je le cherche dans la Fosse mais je ne le vois pas avec cette foule. Je vais dans les couloirs en espérant le trouver, je marche vite et pose les yeux partout. Je ne vais jamais le trouver et en plus de ça, il y a une forte probabilité qu'il soit chez lui loin du tumulte que provoque ce pique d'affluence. Je passe devant la salle d'entraînement et entends quelqu'un qui cogne dans un sac de frappe. Je continue sans m'y attarder mais fais demi-tour presque instantanément. J'ai une chance sur mille que ce soit lui donc j'entre et me dirige vers les punchingballs. Il est là, tapant avec force et rage. Je vais le déranger à coup sûr, mais ma curiosité prend le dessus. Puis après tout, c'est ma vie et c'est le seul à détenir ce petit brin d'herbe qui manque terriblement à ma mémoire.

- Éric ?

Il se tourne vers moi, les poings serrés. Il est en sueur et les traits de son visage, tirés par la concentration, se relâchent et laissent paraître un visage neutre d'expression.

- Tu veux quoi ?

- Euh ... Pas grand-chose mais à ce qu'il paraît, tu m'as ramené au dortoir cette nuit mais je ne m'en souviens pas.

- C'est étrange mais ça ne m'étonne pas vu dans l'état dans lequel tu étais. Dit-il sur un ton dédaigneux.

- Ah... Je t'arrête tout de suite, je sais que je n'ai pas géré.

- C'est le moins qu'on puisse dire. Laur'... Ne vis pas dans l'excès, surtout avant la fin de l'initiation.

- Oui mais ce n'est pas ça que je voulais savoir. Je n'ai rien dis de spécial ou même fais quelque chose ?

Il fronce les sourcils et réfléchis quelques secondes qui semblent être de longues minutes pour moi. Je rougis de honte, j'aimerais me planquer dans le trou le plus minuscule de l'univers. Il est tellement en position de supériorité que c'en ai déstabilisant autant qu'angoissant.

- Tu me parlais bizarrement mais tu n'as rien fais. Ne t'inquiète pas.

- Ouf, tant mieux. Je suis vraiment désolée en tout cas... Ça ne se reproduira pas, tu as ma parole.

- T'en fais pas, je ne t'aurais pas ramené si je ne t'avais pas trouvé ivre. C'était ma décision, je n'ai pas à recevoir d'excuse de ta part. Je sais pertinemment les risques qu'il y a lorsque l'on est avec une personne ayant abusé de l'alcool. Si tu avais eu un comportement inadéquat, je ne l'aurais pas pris pour moi. Tu étais seulement joyeuse.

Il me regarde bizarrement. Sois je lui fais pitié, sois il est mort de rire intérieurement. C'est clair que si ça arriverait à quelqu'un d'autre je serai la première à rire.

- Tu n'es pas avec ta mère et tes frères ? Me demande-t-il en remettant en place les bandages sur ses articulations.

- Non... Ryan me saoul. C'est un abruti, le stéréotype de l'Érudit.

- Il est Audacieux, plus Érudit. Puis, c'est ton frère... Tu as de la chance de faire partie d'une fratrie, ne crache jamais dessus même si tu es en désaccord avec eux. Sauf si leurs paroles ou leurs actes attaquent la faction, ce qui me semble inconcevable venant de leur part.

- Certes, tu as raison mais j'ai beaucoup de mal à concevoir que mon propre frère ait des discours aussi extrémistes envers une population. Expliqué-je en campant sur mes positions.

Il n'a pas l'air de comprendre ma réaction. J'ai l'impression d'avoir fait naître une forme d'agacement chez lui. Je m'attarde sur sa corpulence aux muscles bien sculptés. Le tissu de son débardeur est tellement tendu qu'il laisse deviner ses pectoraux. Il range les haltères dans le placard et je me surprends à regarder ses bras musclés. Je cesse d'être dans la lune et aide à finir de débarrasser le sol des différents poids qu'Éric a sortis. Je serais presque attirée par ce corps tout en muscle si l'homme que j'ai face à moi se montrait plus humain.

- Je retourne avec ma famille. Merci pour les informations Éric.

- Ne te perd pas en chemin. Ironise-t-il en éteignant les lumières de la salle d'entraînement.

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