Chapitre 2 : Premier combat 4/4
Je dois m'arrêter, elle est inconsciente... Je ne m'en suis même pas rendue compte tellement ma colère m'a aveuglé. Les gens me regardent avec surprise et effroi. J'inspire la peur comme mon père m'insuffle de l'épouvante.
- C'était un bon combat. Tu es rapide mais ne te laisse pas avoir par ta colère. Elle te manipule et tu ne calcules plus ce que tu fais donc fais attention à ça Laur'. Pour un premier combat, tu t'en sors vraiment bien. Surtout, ne lâche rien sur tes efforts. Rien n'est gagné pour le moment. M'expose Quatre.
- Mais je n'ai pas frappé trop fort... ? Chuchoté-je remplie d'horreur face à l'état de Natacha.
- Non, au contraire. Devant quelqu'un qui voudrait ta mort, tu réagirai comment ?
- Bah comme je viens de le faire. Enfin, je pense. Examiné-je dubitative en massant mes poings endoloris.
- Ne t'inquiètes pas, ta force est bien dosée mais n'oublies pas que la colère ne te fera pas gagner à tous les coups. Tu as quartier libre, tache de te reposer Laur'. Tu as une mine effroyable.
- Merci, je vais prendre ça pour un compliment. Dis-je sans trop réfléchir au fait que je parle à mon instructeur.
Quatre ne relève pas car Eric hurle sur l'autre duo qui est en plein combat... Ça ne change pas de ses habitudes.
J'ai donc gagné mon premier combat. Non sans peine mais j'ai réussi. Néanmoins, j'ai eu l'impression d'être un animal qui s'acharnait sur sa proie. Je ressens de la peur car j'ai l'impression de voir mon père quand je remémore cet affrontement. Je ne veux pas du tout être comme lui... Mais la faction que j'ai choisis ne me laisse guère le choix. Il faut être impitoyable. Je l'ai choisi, je dois l'assumer. Je trouve très désagréable le fait d'avoir de l'effroi face à ce potentiel miroir qui refléterai celui qui m'a tant fait de mal. C'est torturant de donner les mêmes coups que j'ai reçu.
- Et mais tu es une bête quand tu t'y mets toi ! S'extasie Alex en marchant dans ma direction.
- N'exagères pas... Tu as été bien meilleur que moi. Ma colère m'a troublé et je n'ai même pas vu qu'elle était dans les vapes. Toi, tu as calculé tes coups. On parlait ce matin du fait de devoir réfléchir et j'ai fais tout l'inverse.
- Tu as fais le contraire certes mais je suis sûr que c'était spécialement pour te contredire. Tu avais tort et tu l'as démontré toi-même. Tu es quand même trop forte. Avoue. Éclaire-t-il en me charriant lourdement avec une tape dans l'épaule.
- J'aimerai pouvoir blaguer mais je me suis effrayée moi-même par mon animalité.
- Tu te fais trop de mouron pour rien Laur'. Les Audacieux doivent défendre les plus faibles. Tu crois que tu feras dans la dentelle quand tu auras affaire à une horde de cinglés qui voudront te massacrer ? J'en doute. Donc cesse de te tourmenter pour des choses qui n'en valent pas la peine petite Audacieuse.
- La petite Audacieuse t'emmerde ! Puis, après tout, tu as raison... Notre animalité est faite pour défendre la nation.
- Je n'appellerai pas ça de l'animalité mais plutôt de la force mêlée à de la bravoure. C'est assez péjoratif comme mot « animalité », nous ne sommes pas des bêtes assoiffées de sang... Tu n'as pas agis instinctivement, tu as laissé ta colère venir te donner de la détermination mais tu as étudié ton adversaire avant de bouger. L'animalité est reliée à ton cerveau archaïque, c'est l'instinct. Ce qui te fait survivre quoi. Et crois-moi que si tu avais agis instinctivement, tu n'aurais sûrement pas gagné. Je te connais un tout petit peu pour être certain que tu te serais repliée sur toi-même si tu avais agis sans penser. Développe-t-il.
- Je ne suis pas d'accord. Pour moi, j'ai agis clairement de façon instinctive sinon mon cerveau n'aurait pas buguer en ne me faisant pas réaliser que Natacha était inconsciente. La peur de se faire dégager d'ici, ça rend agressif et donc animal. On n'a pas le droit au repli ici. C'est pour ça que j'ai combattu. Ta théorie est clairement erronée.
- Oui bon... Tu marques un point. N'empêche que tu ne dois pas avoir peur de ce que tu es capable de faire tant que c'est pour la faction. Ton devoir sera de protéger donc de faire appel à la violence et à la force pour régler des conflits. Tu es sensée savoir tout ça avec tes frères bon sang ! Remarque-t-il toujours pour me taquiner.
- On n'avait pas trop de conflits entre nous. Pour pas dire aucun.
- Une fratrie sans bagarre, sans paroles atroces ? C'est triste ! Pourtant, avec deux frères leaders, ça devait déménager à la maison quand vous étiez plus jeunes.
- Donc tu es au courant qu'ils tous les deux leaders ? Demandé-je inquiète face à un potentiel changement de comportement dû au rang des membres de ma famille.
- Je m'en fiche de la place qu'occupe tes proches Laur'. Ne va pas te faire plus de cheveux blancs que tu en as déjà. Il reste notable que vous êtes une sacrée famille de leader ! C'est dans vos gênes !
- Ryan n'en est pas un, ma mère et moi-même non plus aux dernières nouvelles.
- Ryan dirige une brigade du secteur Sincère me semble-t-il et ta mère a un rôle extrêmement important au sein des Érudits donc ne nie pas que ta famille est toujours aux places importantes.
- Ça ne veut rien dire Alex... Je ne suis pas comme mes frères et encore moins comme ma mère. J'ai juste eu de la chance pour le combat de cette après-midi.
- Tu es trop humble Laur' pour reconnaître le fait que tu sois prédisposée à un poste à responsabilités.
- Je veux qu'on me considère en tant qu'individu simple. Pas comme étant un Scott au père et aux frères leaders. Je refuse de vivre au travers des réussites de mes proches. Je souhaite faire mon chemin seule. Et ce n'est pas une victoire qui fait de moi quelqu'un qui a des prédispositions Alex. Bref, tu racontes des conneries. On va manger, parce que j'ai vraiment la dalle. Ordonné-je pour couper court à la conversation.
N'importe quoi lui... Mes frères sont des hommes aux caractères bien trempés qui ne se sont pas cachés du danger qu'était mon père. Moi, j'étais fuyarde. Je vivais dans l'ombre. Je n'ai pas la carrure d'un décisionnaire. Je ne suis qu'une petite femme fébrile qui ne survivra peut-être pas ici. J'ai un peu de mal à comprendre cet éloge. Je trouve cela gênant ces gens qui sont fascinés par ma famille et qui la connaisse sans que je n'ai à en parler. C'est troublant. Je n'aime pas que l'on « m'admire » car je n'ai rien fais et je refuse de briller dans l'ombre de mes frères.
Je piétine derrière Alex qui fonce vers le buffet. Je remarque qu'il n'est pas si grand que ça. En fait, il fait à peu près ma taille c'est à dire un mètre soixante-dix tout au plus... Il est trapu et a une carrure très bien sculptée pour un Sincère.
- Tu n'as pas l'habitude qu'on te fasse des compliments. Je me trompe ? Demande-t-il avant de continuer. Tu es pensive, encore une fois. Tu sais, je suis née dans une faction où le langage corporel n'a pas de secret.
- Et tu lis quoi quand tu me regardes ?
- Ho quelqu'un qui manque un peu de confiance en soi mais qui a pourtant assez de rage pour réussir ce qu'elle entreprend. Tu n'aimes pas le fait que certaines personnes puissent avoir de la sympathie pour toi car tu crois que ça vient de ton rang. Tu sembles hyper bornée et très torturée. Tu calcules tout comme si ta vie était menacée. Et là je vois que tu es mal à l'aise vu ta posture et ton visage. Analyse Alex en se rendant compte qu'il est trop excessif dans son compte-rendu psychologique. Je voulais juste te dire que je suis content de t'avoir rencontré. Tu es en quelque sorte ce que je cherchais chez les Audacieux.
Je ne peux m'empêcher de rougir et j'ai tout d'un coup très chaud... Les Sincères sont réellement sans gênes et ils disent tout ce qui leur passe par la tête.
- Et en quoi je suis ce que tu cherchais Alex ? L'interrogé-je sur un ton moqueur.
- Et bien, tu es aventurière, tenace, audacieuse et ton côté calme ainsi que tranquille adoucissent ta dangerosité. C'est typique Audacieux.
- Ah... Lâché-je embarrassée par ces louanges. On ne se connaît que depuis vingt-quatre heures mais je suis heureuse d'avoir un si bel effet sur toi. Plus sérieusement, je suis contente de t'avoir rencontré aussi. Tu es quelqu'un de vrai et le mélange Sincère-Audacieux est très marrant.
Il me sourit faiblement tout en me tendant une pomme que je place dans mon plateau. Je m'assois en face de lui et contemple discrètement ses yeux qui ont cette étincelle de vie si charmante. Le regard est la fenêtre sur l'âme, ma mère m'a toujours répété ceci. Une personne qui vous laisse le regarder dans les yeux et qui vous parle avec son regard est quelqu'un de franc avec vous.
- Excuse-moi de t'avoir déstabilisé tout à l'heure. Je ne voulais pas te faire rougir comme ça... Je ne me rends pas compte que ce que je dis peut être intimidant ou éventuellement intrusif. Je n'ai pas toutes ces notions de bienséance. Je n'ai pas de filtre quoi.
- Tu vois ? C'est ce côté-là que j'aime chez toi. Tu n'as aucune gêne pour dire ce que je n'oserai faire remarquer.
- Ah... Désolé, c'est naturel.
- Je comprends, je fais pareil quand je vois quelque chose que je peux expliquer par la science. C'est ancré en nous ces coutumes de nos anciennes factions. Seul le temps pourra atténuer cela.
Nous discutons pendant le repas de tout et de rien. Alex m'a confié avant d'aller dormir que j'étais désormais sa nouvelle famille. Celle qu'il a choisi. Ça m'a fait bizarre mais il a en quelque sorte raison car ma famille se fera ici avec Alex et sûrement de nouvelles rencontres. Les factions cassent les liens du sang en favorisant les liens amicaux, les liens du cœur. J'aime bien Alex, il est sympa en fin de compte. Un peu rude mais gentil et surtout honnête. Il me fait rire par moment, même si quelquefois il n'est pas très discret... Tout à l'heure, il gueulait tellement fort qu'Éric lui a lancé un regard noir. J'ai cru qu'il allait le tuer.
En fin de compte, je me sens à ma place dans cette faction pour le moment. Il y a toujours une bonne ambiance et on se défoule. Tout ce que j'attendais en venant ici. J'ai fait le bon choix même si le fait de ressembler à mon père lors des combats m'effraie énormément. Je pense à ma mère et à sa voix, ça m'apaise. Mes contusions me font mal mais je soignerai ça demain matin...
Dans le dortoir le silence règne même si parfois quelques soupirs se font entendre accompagnés de reniflements dus à de discrets pleurs. Sûrement ceux de Caren. La nuit dernière, elle pleurait aussi. Je pense qu'il ne faut pas qu'elle vive dans le regret et qu'elle rebondisse pour avancer sinon elle finira Sans-faction. Mais bon, je peux parler moi... Je pense trop à ma mère et mon premier combat me fait penser à Richard. J'espère devenir plus forte mentalement autant que physiquement par la suite. Vais-je réussir cette première étape de l'initiation ? Je l'espère vraiment, je ne peux pas finir à la rue.
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