Chapitre 15 : Salle de contrôle 4/4

     Je suis de nuit dans la salle de contrôle. Cela fait une semaine que j'ai entamé ma mission de surveillance de la population. Même si cela a démarré sur les chapeaux de roues, je suis dans une routine plutôt tranquille ici. Je n'ai pas eu d'incidents importants et je parviens à offrir une gestion de qualité à cet endroit. Je commence même à connaître tout le monde et à y avoir clairement ma place.

Avec Éric, on arrive à tenir pour ne pas se montrer en public. On déguste nos retrouvailles chaque soir chez nous. C'est très intense, on a beaucoup de désir l'un pour l'autre et ça me fait flipper. Je garde donc une légère distance, je ne veux pas aller trop vite et me brûler les ailes. Chaque moment avec lui me procure une dose d'amour surpuissante. Je suis totalement accroc... Je suis folle de lui à cause de ses yeux qui me dévorent toute la journée dans l'obscurité de la salle de surveillance. Je suis dingue de ses mains qui m'effleurent ou me caressent une micro seconde, et de son odeur qui vient à moi quelques fois lorsque l'on parle au travail. Retenir mon envie irrépressible d'être collé à lui est très difficile certaine journée. Ça attise encore plus notre amour cette distance tenue coûte que coûte le jour. Passé le seuil de la porte de chez lui, cet espace se rompt d'un coup. C'est violent et paisible à la fois. Tout est encore rempli de pudeur et de peur. C'est très niais mais je trouve notre relation belle et saine pour le moment.

Je reviens à mes moutons en passant derrière un surveillant du secteur Audacieux. J'aperçois Jeanine passer dans un couloir avec une horde d'Érudits. Je demande que cette caméra soit notifiée puis envoyée à mon pupitre. Je trouve ça louche qu'elle soit ici avec sa meute de toutous scientifiques. Je regarde discrètement sur ma table les caméras aux alentours de sa position. Il y a celle de la pièce où figure le poste informatique de Max et celle qui donne dans notre couloir où sont tous nos bureaux. Je m'hasarde à choisir la moins probable à mes yeux ou je la sélectionne pour me convaincre que Jeanine n'a pas rendez-vous avec le leader pour fomenter un plan à la con. Je ne sais pas.

Le comportement de la dirigeante des Érudits m'a quelque peu inquiété avant mon départ. Je la trouvais de plus en plus extrémiste dans sa façon de parler des Altruistes et de certains sujets sensibles. Mon père était muet à la maison donc je ne savais aucun élément de ce qu'elle tramait dans le dos des gens.

L'image apparaît à droite de la table tactile. Je la place devant moi et observe ce que je craignais. Max attend le regard concentré derrière son bureau. Je serre les dents, je sais pertinemment que Jeanine vient le voir lui. La question est : pourquoi ? Et aussi : pourquoi avec autant d'autres Érudits ?

Je l'observe entrer avec son air supérieur, ses cheveux bien coiffés avec trois tonnes de laque et son petit grain de beauté au coin des lèvres qui accentue sa mine détestable. J'active l'audio pour pouvoir avoir un aperçu de leur conversation. Elle salue Max et présente ses larbins bien sapés et alignés autour d'elle. Mon père n'est pas là. Étant son bras droit, il a sûrement dû rester à la tour Hancock pour prendre la direction en son absence.

Jeanine annonce la couleur en énonçant l'attaque des Sans-Factions et en dénonçant l'inefficacité des réunions des factions pour coopérer afin de trouver une solution même si elle doit être désagréable. Elle continue en déclarant qu'elle n'est pas là pour parler de ça mais des Altruistes. Je l'entends juste dire qu'ils détiennent je ne sais quoi qui serait dangereux pour notre société. Éric m'a brutalement coupé dans ma curiosité en appuyant sur la croix pour fermer la page affichant les deux leaders. Je me fige, je sais que ce que je viens de faire n'est pas correct. Ce n'est pas digne de la jeune leader que je suis et je viens de prendre un risque inutile pour rien.

- Je peux savoir ce que tu faisais Laur' ? Me demande-t-il sur un ton menaçant qui m'est familier quoi que lointain vu qu'il arborait cet air seulement au début de l'initiation.

- Je n'ai pas réfléchis. J'étais juste curieuse de voir cette garce ici. Signalé-je gênée et à la fois légèrement agacée de la savoir dans nos locaux.

- Surveille ton langage, tu parles d'un leader quand même. Puis qu'est-ce qu'il t'a pris d'espionner ton supérieur ? Tu te rends compte de ton acte ? Si c'était Gus qui te formait, il t'aurait mis un avertissement et aurait émis un signalement. Tu aurais été dans une sacrée merde putain... S'énerve-t-il déçu par mon comportement.

- Comme je t'ai dit, je n'ai pas songé aux répercussions que pouvait entraîner le fait de surveiller nos leaders.

- Et bien réfléchis un peu plus dans l'avenir. Je t'aime, j'ai envie que tout se déroule bien pour toi mais il faut que tu y mettes du tiens. Ne sors pas du sentier et brille dans tes missions puis ne recommence pas ça. Merde. Tu es totalement insouciante Laur'... Me prévient-il en reprenant un visage plus doux et un ton plus tendre.

Une notification vient briser le malaise qui s'est installé chez moi. Je sens que je l'ai déçu et j'ai l'impression d'être une petite fille qu'on réprimande. Je trouve ça hyper désagréable surtout quand ça vient de l'homme que j'aime. Je sais que mon attitude était déplacée et dangereuse. Je ne m'en suis pas rendue compte sur l'instant tellement j'étais happée par la discussion de Max et Jeanine. J'aurais aimé en savoir plus mais c'est peut-être bien qu'Éric soit intervenu avant que j'en sache « trop ».

N'empêche que les Altruistes détiennent quelque chose qui semble attiser tout le négatif qui vit chez Jeanine... Qu'est-ce qu'ils peuvent bien avoir pour qu'elle se ramène ici avec sa clique de binoclards ? Je suis piquée de curiosité malgré le rappel à l'ordre d'Éric. Il faudrait peut-être que j'en parle à Quatre vu que c'est sa faction de naissance. Il aura potentiellement des réponses à m'apporter.

Je regarde un instant autour de moi pour vérifier si chacun est à son poste puis me décide à me changer les idées en faisant une ronde. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à Jeanine et Max. Je suis un peu inquiète. J'ai peur de ce qu'elle peut avoir la capacité de faire pour obtenir ce qu'elle convoite.

- Tu n'as pas fait gaffe à l'heure ? On doit débaucher Laur'.

- Ah. Je n'avais pas prêté attention à l'heure... Je suis un peu à côté de la plaque ce soir. Excuse-moi... Lui signalé-je confuse.

Je restitue le matériel et salue la personne prenant la relève. Je me sens lessivée par ces nuits de travail... Je trouve ce rythme absolument épuisant. Le pire, c'est que j'ai l'impression d'être fatiguée à rien faire alors que je suis pourtant très active... Ce poste détient cette difficulté de bouffer l'énergie psychologique des gens. Les écrans accentuent cet abattement continuel à cause de la lumière bleue qui m'explose les yeux. J'ai été obligée de demander des antalgiques car je ressors de là souvent avec un mal de crâne infâme.

Ma blessure à l'abdomen est d'ailleurs totalement guérie. J'ai refait un contrôle à l'hôpital la semaine dernière et je peux arrêter les antibiotiques. Mes fils vont se résorber dans peu de temps et j'ai le droit de reprendre une activité sportive dans une semaine. Je suis enfin sortie de cette spirale infernale des médicaments et des soins quotidiens hyper chronophages.

Ben ne m'a d'ailleurs pas mal parlé depuis que je l'ai remis en place l'autre jour. Je pense avoir été assez claire avec lui ! Je suis enfin remise de l'initiation et je me sens heureuse dans mon rôle de leader. Je ne ressens plus de peur constante. Je me sens enfin sécurisée dans ma vie de tous les jours. C'est agréable d'être un membre à part entière d'une faction et de ne plus avoir l'angoisse de devenir S-F. Même si je dois encore faire mes preuves au sein des dirigeants Audacieux, je constate que je respire la sérénité. Éric participe clairement à ce sentiment...

Le bruit des clés qui tournent dans la serrure me libère de toute cette retenue que je tiens depuis des heures entre lui et moi. Il me serre dans ses bras dès lors que la porte se ferme. La chaleur de son corps dans notre lit m'endort. J'aimerais discuter avec lui, j'aimerais continuer à le câliner mais je sens que c'est au-dessus de mes forces. Je dois me reposer. Je suis à plus de la moitié de cette mission. Je dois continuer à me surpasser.

Voilà pour le chapitre 15 qui est vingt fois plus technique que le 14 mais il faut bien que vous visualisiez ce que c'est être leader ! On se retrouve pour le chapitre 16 qui commencera peut-être du point de vue de... Et oui vous verrez bien même si vous avez déjà sûrement deviné. J'avoue que j'ai du mal à écrire en ce moment car ce n'est pas facile de faire en sorte que vous soyez toujours intéressé. En tout cas dans au moins 5 chapitres le tome 1 sera fini. Je ferai une pause d'un mois et ensuite je reprendrai pour le tome 2. J'espère que ça vous plaît toujours autant ! Commenter et voter !

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